Symboles utilisés
o : naissance,
x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

Tanneguy
CHASTEL (du)
Baron de Renac en ?
RAGUENEL :: Jeanne (x?)
 - Jeanne (o?)
RENAC :: Bois-Raoul (Le) en 1418

était le neveu de cet autre Tanneguy qui, par son audace et sa décision, avait débarrassé le roi de France de Jean Sans-Peur, après avoir rendu, d'ailleurs, de grands services à la cause royale, comme Prévôt de Paris pendant la querelle des Armagnacs et des Bourguignons. Le 29 mai 1418, les Bourguignons massacrent les Armagnacs. Le Prévôt de Paris, Tanneguy du Châtel, prend précipitamment dans ses bras le dauphin, futur Charles VII, le cache dans son manteau et l'emmène pour le soustraire au, massacre, à la Bastille, puis à Melun (Gilles de Rai, Michel Bataille). Les du Châtel étaient de Basse-Bretagne, et nous avons vu que plusieurs membres de Cette famille s'étaient distingués dans la guerre de Blois et de Montfort. Les Seigneurs du Chastel, en la paroisse de Plouarzel, ajoutaient à leur nom celui de Tanguy, parce qu'ils prétendaient appartenir à la famille de saint Tanguy qui fut, au Vierne siècle, abbé d'un monastère, au pays de Léon. Après la mort de son oncle, Tanguy du Chastel resta à la Cour du Roi de France. Il servit Charles VII en qualité de grand écuyer, jusqu'à la mort de ce prince (1461), et c'est lui qui pourvut aux funérailles de son roi. Ce monarque en effet, avait à peine rendu le dernier soupir que les courtisans, sans même se préoccuper de la question des funérailles, se tournèrent aussitôt vers le soleil levant, représenté par le nouveau roi. Du Chastel, toujours dévoué, n'hésita pas à se charger des frais des obsèques pour lesquelles il dépensa 30.000 écus. Il ne fut remboursé que dix ans plus tard, après beaucoup de réclamations infructueuses. Cet acte de dévouement accompli par du Châtel frappa vivement les imaginations et toucha les coeurs. Cent ans plus tard on s'en souvenait encore, et quand le roi François II mourut, en 1560, 51 en présence de l'abandon où fut laissé le cadavre de ce jeune prince, on écrivit sur le drap mortuaire : Où est maintenant Tanguy du Châtel ? Quand il se fut ainsi acquitté de son devoir envers son prince "comme bon et loyal serviteur" Tanguy quitta la Cour de France et rentra en Bretagne, sur l'invitation du duc François II. Ce dernier, pour l'attacher à sa personne, le créa Grand Maître d'Hôtel. Tanguy eut bientôt l'occasion de montrer son savoir-faire. A l'avènement de Louis XI (1461) le duc François II vint à Tours pour faire hommage de son duché au Roi de France. Du Chastel accompagnait le duc, son maître. Quand l'huissier du Roi invita le duc à ôter sa ceinture, pour se conformer au cérémonial reçu, du Châtel soutint qu'un duc de Bretagne n'avait pas à se déceindre. Mors le duc François, se tenant debout, sans quitter sa ceinture, ni son épée, fit hommage. C'était du reste, continuer la tradition. Quelques années auparavant, Arthur II (Richemont) sollicité dans le même sens et pour le même objet, avait résisté à toutes les instances et le roi s'était soumis... (Villaret, Hist. de France XVI, p. 435). Quelques mois plus tard, à l'époque des démêlés du duc François II avec Amauri d'Acigné, évêque de Nantes, Tanguy soutint avec tant de conviction les intérêts de son maître, qu'une sentence d'interdit fut portée contre le duc et ses auxiliaires. Pour faire diversion, le duc envoya à Tours, une ambassade, vers le Comte du Maine, représentant du Roi de France. Ce fut encore Tanguy qui fut chargé de la représenter. Entre temps, cet habile homme avait été créé par le duc, capitaine de la ville et du château de Nantes. Mais bientôt François II allait mettre le comble à ses bienfaits : pour récompenser son dévoué serviteur, il lui donna la seigneurie du Bois-Raoul et de Renac, au diocèse de Vannes. En accordant à du Chastel ces avantages territoriaux, le duc avait un double but : reconnaître les services d'un fidèle vassal et en même temps lui permettre de réaliser une riche alliance. Cette donation, en effet, devait être la condition indispensable du mariage projeté entre Tanguy du Chastel et Jeanne de Malestroit, fille du maréchal de Bretagne, Jean Raguenel, sire de Malestroit, de la famille de Tiphaine Raguenel, première femme du connétable Bertrand Du Guesclin. Pour compléter la riche concession qu'il venait de faire, le duc octroya, en plus, à son vassal, la faculté de construire en ses terres "Château et place forte" —"d'avoir et lever le guet", sur tous les hommes de la seigneurie. En outre, en raison de la noblesse de sa maison et de son lignage, à cause de ses puissantes alliances, le duc de Bretagne créa Tanguy du Châstel, seigneur banneret de Renac, lui permettant, à lui et à ses descendants, d'avoir leurs armes en bannière (1). Cette faveur accordée par François II à Tanguy du Châstel fut l'origine de la baronnie de Renac (1462). Toutefois, la donation ne devint définitive qu'à la mort de Marguerite d'Orléans, comtesse d'Étampes (1466). En attendant, Tanguy du Châstel obtint l'usufruit des seigneuries de Québérieu et de Lausteuc, au diocèse de Vannes. L'acte par lequel le duc de Bretagne concédait à Tanguy du Châstel la terre de Renac, ne fut pas cependant, sans susciter quelques oppositions. La comtesse d'Étampes elle-même, mère de François II, voulut aux plaids de Ploërmel (1462) soutenir, par l'organe de son procureur général, Louis Mouraud, que le duc n'avait pas le droit d'aliéner la seigneurie de Renac, alléguant qu'elle faisait partie de l'héritage ducal. Le procureur mettait encore en avant, une autre raison. Le duc, disait-il, étant obligé, pour protéger et défendre son pays, de porter de nombreux impôts, n'avait pas le droit de se priver de ses biens, pour charger ensuite ses sujets. Guillaume de Coëtlogon, procureur général pour du Châstel, s'opposa à cette prétention et prouva, par différents témoignages qui furent produits en cette même séance, que la terre de Renac avait, antérieurement, appartenu en propre à différentes familles. jusqu'au jour où le duc Jean, pour punir des rebelles, avait disposé de ce domaine, d'abord en faveur de deux de ses serviteurs, puis en titre d'apanage. Coëtlogon en conclut que la seigneurie de Renac n'étant point du corps du duché, le procureur Mouraud n'avait aucune raison de continuer son opposition. Toute l'assemblée opina dans ce sens et opposa une fin de non-recevoir à la réclamation de la dame d'Étampes. Tanguy continua à montrer un zèle aussi vif que désintéressé pour les intérêts de son maitre. Mais il était trop indépendant pour être courtisan. Louis XI qu'il servit plus tard. l'accusait quelquefois "de faire la teste de Breton" (Brantôme). Cette franchise et cette fermeté de caractère déplurent à la favorite du Duc, Antoinette de Magnelais, Dame de Villequier. Elle perdit Tanguy dans l'esprit de son maître. Du Châstel remarquant cette défaveur, prit le parti de s'éloigner. Pour masquer sa se fit écrire par sa femme qu'elle était malade et désirait le voir. Il obtint son congé du retira d'abord dans ses terres, puis à la cour de France, auprès du roi Louis XI lequel s’empressa de lui donner les terres de la Dame de Villequier. En 1468, nous trouvons le premier baron de Renac, à Péronne, auprès de Louis était le Chambellan. Un peu plus tard, Tanguy fut créé gouverneur de Roussillon et de Ce chevalier de l'Ordre du Roi ou de Saint Michel. Louis XI venait en effet d'établir ce nouvel Ordre de chevallerie (1649) et Tanguy fut compris dans la première promotion de chevaliers avec les plus grands seigneurs du royaume. Par une clause du traité de Senlis (1475) qui amena la réconciliation entre Louis XI et François II, le duc rendit à Tanguy tous les biens qu'on avait confisqués sur lui lors de sa sortie de Bretagne Du Châstel, fut tué au siège de Bouchain en Flandre, (1477) d'un coup de fauconneau moment même où le roi était appuyé sur son épaule. Après avoir commandé les armées et gouverné des provinces, Tanguy du Châstel mourut pauvre, Au moment de mourir, il supplia le roi de payer ses dettes, jurant "qu'il n'avait pas dépensé un sou que pour le service de l'Etat". Ensuite, il lui demanda pardon de ses emportements et de ses désobéissances, "car folie, dit-il, me l'a fait faire plus que malice". Le Roi regretta sincèrement un ami si fidèle, un si brave officier et un homme si vertueux ; Il prit soin de ses obsèques et voulut qu'il fut enterré dans l'église de Notre-Dame de Cléry, où lui-même devait choisir plus tard sa sépulture. De son mariage avec Jeanne Raguenel, Tanguy du Châstel laissait trois filles, dont la seconde. Jeanne du Châstel, fut marié à noble et puissant Louis de Montejean, seigneur de Montejean. de Cholet, du Loroux-Bottereau, en Anjou. Mais cette dame mourut avant sa mère Jeanne Raguenel qui conservait toujours la propriété de Renac et décéda seulement le 23 juin 1506. Dans les années qui suivirent la mort de Tanguy du Châstel, la paroisse de Renac fut profondément éprouvée par les ravages de la peste et d'autres fléaux naturels qui amenèrent une diminution notable de la population. Les paroissiens de Renac présentèrent au duc François II, une requête dans laquelle ils exposaient leur détresse, déclarant "que la peste avait fait des ravages terribles les dix dernières années à Renac, que la plupart des plus riches contribuables avaient succombé et qu'on pouvait compter jusqu'à 20 maisons inhabitées dans la paroisse ; qu'en plus les inondations des deux dernières années et la rigueur du dernier hiver "qui fut moult long et aspre" avaient occasionné la perte de presque tous leurs foins et la mort de presque la totalité de leurs bestiaux : qu'enfin, plusieurs des plus riches parmi les contribuables, afin d'éviter de payer les fouages, étaient allés demeurer dans les 21 manoirs de la paroisse, au grand préjudice des autres imposés". Le duc François fit droit à la requête des paroissiens de Renac et, dans des lettres patentes rendues à Nantes le 15 janvier 1481, il nomma des experts qu'il chargea d'enquêter sur la situation respective "des paroissiens contributifs à fouage de la paroisse de Renac".