Lieu-dit
Église
LA GACILLY
56200
Morbihan
56

Création de la paroisse de La Gacilly.

De nombreux documents rapportent qu’une ordonnance épiscopale de 1745 de Monseigneur Charles-Jean de Bertin, évêque de Vannes, érigea la trève de La Gacilly en paroisse. De fait, pendant toute cette année 1745, dans les registres paroissiaux, il est question de la paroisse de La Gacilly. Mais ce mot « paroisse » ne parait plus en 1746 et le prêtre desservant continue de s’appeler curé de la trève de La Gacilly alors qu’il aurait dû devenir recteur. Il est certain que cette trève n’eut point de recteurs particuliers avant la Révolution et qu’elle fut soumise jusque-là à la juridiction du doyen de Carentoir. L’abbé Le Claire évacue trop facilement la question qui le dérange en écrivant : « Il est d’ailleurs inutile d’insister sur ce point qui n’est même plus discuté » ; peut-être mais, en attendant, il y a bien eu une ordonnance épiscopale signée en 1745 qui élevait La Gacilly au rang de paroisse et il semble bien qu’elle fut effectivement paroisse pendant toute cette année-là. De nombreux auteurs, dont Ogée dans son Dictionnaire de la Bretagne, annoncent très ouvertement que La Gacilly est devenue paroisse en 1745. Que s’est-il passé exactement ? L’évêque s’est-il rétracté ? Il faut dire, qu’en 1745, Jean-Joseph Caradec était doyen à Carentoir et, étant licencié en théologie de la Faculté de Paris, il avait une influence certaine sur l’évêque. Est-ce lui qui intervint auprès de celui-ci ? Jean Devinel qui était curé desservant de la trève de La Gacilly depuis 1710 cède la place à son sub-curé René Glains justement en 1745 mais ce dernier n’entre en fonction que l’année suivante, en 1746. Là aussi, pour quelle raison ?

A sa formation, en 1790, le Morbihan comptait 207 paroisses. Le 15 juillet 1801, le Concordat était signé et la religion catholique commença à respirer car il restaura officiellement le culte. Monseigneur Antoine-Xavier Mayneaud de Pancemont, du diocèse d’Autun, fut nommé évêque de Vannes le 9 avril 1802 et prit possession de son siège le 15 août suivant. Il est chargé, par le Concordat, de réorganiser le diocèse de Vannes. Il envoie son tableau de réorganisation au préfet le 1° septembre et le décret officiel d’approbation est signé le 17 mais il ne parvient à Vannes que le 5 octobre. Entre temps, l’évêque a déjà changé, de sa propre autorité, 27% des anciennes nominations officielles dont celle du curé de Carentoir pour donner une plus grande stabilité à sa nouvelle organisation. (LANG1 p.120) Cette stabilité se retrouve dans le découpage des paroisses. Leur petit nombre (239) est certes un avantage. Il ne manque pas néanmoins de trêves désireuses d’acquérir leur autonomie; 11 paroisses trop petites sont supprimées et 43 nouvelles sont créées dont 38 sont des anciennes trêves (La Gacilly en fait partie) ; certaines paroisses, comme Carentoir, étaient vraiment trop grandes. (LANG1 p.121).

Chronologie de la construction.

  • 1837 : première allusion à la construction par le maire Mathurin Robert
  • 1844 : premiers travaux, architecte M. Charier
  • 1845 : achèvement des murs
  • 1846 : achèvement de la couverture
  • 1853 : plafonnage du chœur et de la nef
  • 1859 : bénédiction de l’église
  • 1873 : construction du clocher, installation des cloches
  • 1883 : réparation de fissures
  • 1909 : consolidation avec des contreforts sur les murs extérieurs et pose de tirants.

 

CONSTRUCTION DE L’EGLISE ACTUELLE

A- Acquisition des Terrains.

Plutôt que d’acquisitions, il vaudrait mieux parler de dons. En effet, les trois parcelles principales sur lesquelles sera construite la nouvelle église furent données à la commune. Qui a pu intervenir pour obtenir les terrains nécessaires à une telle construction ? Ce fut très certainement M. Robert, le maire de l’époque qui avait choisi l’emplacement de cet édifice ainsi que celui de la place du Champ de Foire et qui, de plus, connaissait très bien les futures donatrices. Le 5 mai 1832, Madame Veuve Joseph Le Roy, née Jeanne Turquety, donne à la commune un terrain qui lui appartenait déjà depuis longtemps, terrain dit « la Butte du Vieux Château » de 32 ares et 50 centiares, (section E2, parcelle n° 1395 du cadastre de 1824) planté de jeunes châtaigniers et autres arbres à la condition que « les matériaux existants sur le dit terrain (en clair les restes du château) seront employés à la construction des murs du cimetière.» A cette époque, tous les dons d’une certaine importance faits à une municipalité devaient être acceptés d’abord par le roi. C’est la raison pour laquelle le roi Louis-Philippe adresse, le 10 février 1834, à M. Robert, par l’intermédiaire de la préfecture du Morbihan, une ordonnance permettant d’accepter la donation. En signe de reconnaissance, le maire fait inscrire sur l’acte notarié que la donatrice et sa famille « auront droit, eux et leurs descendants, à une place d’honneur, tant dans la nouvelle église que dans le nouveau cimetière.» Sur ce même acte, la donatrice fait cependant porter la mention suivante : « Tous objets précieux en or ou en argent qui, par hasard, pourraient être découverts dans la Butte du Château par suite des fouilles qui y seront faites pour l’extraction de pierres, appartiendront aux représentants de la donatrice.» Cette mention, vraiment très curieuse, laisse à penser que l’on croyait à la présence d’un trésor à cet endroit. Cette donation faite en 1832, acceptée par le roi en 1834, devint définitive le 15 mars 1841 par acte notarié de Maître Saulnier et rédigé en présence de M. Constant-Marie-Vincent Le Roy, médecin, sa sœur Mme Le Roy, veuve de Joseph Seguin, ancien juge de paix du canton et Jeanne Turquety, veuve Le Roy, leur mère et grand’mère.

Le 17 octobre 1837, les deux sœurs « Grinsart Lasalle, Marie-Elisabeth-Augustine et Jeanne-Louise-Augustine-Françoise, élevées à La Gacilly pendant la Révolution, majeures sans profession, demeurant à la communauté des Ursulines établie à Redon, font don à la ville de La Gacilly, de trois immeubles:

  • le clos dit le Petit Château contenant 31 ares et 10 centiares inscrit sous le n° 1364, section E2 du cadastre, le dit clos en terre de labour.
  • la butte dite le Vieux Château contiguë à celui ci-dessus et à l’Est du dit clos contenant 8 ares et 60 centiares inscrite sous le n° 1394, section E2 du cadastre, la dite butte « plantée de bois futaye. »
  • et une maison sise rue de la Bourdonnaye avec toutes ses appartenances et dépendances situées au Nord de la dite maison et consistant en écuries, cours et jardins le tout inscrit sous les n° 1379, 1385,1386 et 1389, section E2 du cadastre ».

L’acte notarié porte la mention suivante : « à charge à la dite commune de construire sur les deux terrains une église consacrée à l’exercice du culte catholique, apostolique et romain et de consacrer la maison et ses dépendances à l’instruction primaire et à la demeure de la personne qui pourra être chargée de diriger l’éducation ? petites filles de cette commune.» Comme pour la première donation, une ordonnance royale du 31 septembre 1838 autorisa le maire à accepter cette donation qui devint définitive par acte notarié du 27 octobre 1838.

Le 10 mai 1840, par délibération du conseil municipal, une commission est nommée pour l’achat des matériaux destinés à la construction de l’église ; elle est composée du maire, Mathurin Robert, de Constant Orinel, de Julien Saulnier et de Louis Poligné.

B- Projets

Un premier projet fut dressé par l’architecte de la ville et de l’arrondissement, M. Charier. Il comportait déjà une « coque », c’est à dire la partie principale de l’édifice telle que nous la connaissons aujourd’hui ; le clocher, par contre, était différent avec deux étages. Ce projet, comprenant deux documents, une partie plan et une partie descriptive, est daté du 18 mars 1844 par l’architecte ; il est approuvé par le préfet du Morbihan le 16 avril de la même année et accepté par la municipalité de La Gacilly quelques jours plus tard. Certaines modifications furent demandées : le clocher fut ramené à un seul étage, les niches du chœur destinées à recevoir des statues, de trois, passeront à cinq et une pièce prévue sous la sacristie qui devait servir de lieu de dépôt pour les archives de la fabrique sera également supprimée. Elle sera remplacée par trois pièces supplémentaires qui feront le tour du chœur : la sacristie, l’ancienne bibliothèque et la pièce de décharge où sera installée plus tard la chaudière pour le chauffage.

La partie descriptive de ce document est intitulée : « Eglise de La Gacilly projetée à l’extrémité de la Place Robert » et commence par cette phrase : « L’église que se propose de faire exécuter l’Administration Municipale sera construite en face du champ de foire sous le vocable de Saint Sauveur. » Qui avait pris cette décision du vocable ? L’architecte, le maire, la municipalité ? Mystère. De toute façon, le clergé d’alors avait sûrement été consulté et il est permis de penser que c’est plutôt lui qui avait pris une telle décision. Mais alors pourquoi cette décision n’a-t-elle pas été appliquée ?

Le descriptif de la construction est très détaillé avec la description des différentes parties de l’édifice, l’emplacement précis : le Domaine du Petit Château, les matériaux à employer avec leurs particularités et même leur provenance comme par exemple la chaux qui devra être « de bonne qualité, celle du mont Saint-Jean près de Nantes est recommandée, elle sera éteinte avec de l’eau douce d’après les procédés en usage. » Le granit pour le perron et le soubassement du péristyle devra provenir des carrières d’Aucfer près de Redon. Tous les murs tant en fondation qu’en élévation seront en moellons et mortier de terre argileuse. Toute la charpente sera en bois de chêne ou de châtaignier. L’église sera couverte en ardoises ; les avant-corps, attendu leur peu de pente, seront couverts en zinc ainsi que la coupole.

C- Adjudication des Travaux.

Elle eut très peu de succès vraisemblablement à cause du bas prix demandé et un cahier des charges plus que pointilleux. L’adjudication « au rabais » fut annoncée par des affiches apposées le 15 avril 1844 « aux lieux ordinaires et accoutumés » et d’une annonce insérée le 20 du même mois dans le journal le Morbihan. Le dimanche 5 mai à 12h, le dépouillement des soumissions eut lieu à l’hôtel de ville en présence du maire, Mathurin Robert, de Constant Orinel, l’adjoint, de Julien Saulnier, conseiller municipal, de M. Courtel, receveur de la commune et de M. Charier, l’architecte. Le cahier des charges comportait quatre articles qui devaient être adjugés séparément : la maçonnerie, la charpente, la couverture et la ferronnerie. Quatre soumissions furent reçues. La première provenait de Julien Epaillard, maître-charpentier demeurant à La Gacilly qui proposait un rabais de huit pour cent sur le prix de la charpente. La seconde souscrite par le sieur Julien Sorel, maître-couvreur, pour la couverture ; la troisième souscrite par le sieur Pierre Morel, maître-serrurier pour la ferronnerie et la quatrième souscrite par le sieur Louis Chantreau également pour la ferronnerie. Seule la première soumission fut retenue, les trois autres ayant été rejetées comme étant irrégulières et contenant des offres inacceptables. Julien Epaillard accepta l’adjudication et ses contraintes mais, ne sachant signer, apposa une croix sur le procès-verbal.

D- Construction

Les travaux débutèrent en 1845 et devaient durer de nombreuses années à cause d’ennuis de tous ordres. D’abord, cette année-là, une grande sécheresse fit baisser le niveau d’eau de la rivière ce qui empêcha les bateaux de remonter jusqu’à La Gacilly ; le tuf de Crazanne de Charente dut être voituré depuis Redon ce qui retarda l’avancement des travaux. Ensuite, les fonds vinrent à manquer à cause d’un devis sous-estimé qui s’élevait pourtant à plus de 45.000 francs ; par suite, pour essayer de terminer les travaux, le maire s’employa à combler un surcoût très important. Le toit sera pourtant posé en 1846 mais tout l’intérieur reste à faire. En 1848, il adresse un premier cri d’alarme au département, qu’il renouvelle le 22 janvier 1854 en dressant « l’état sommaire des dépenses faites et à faire pour l’entier achèvement de l’église de La Gacilly. » Dans ce manifeste, il annonce clairement qu’il ne prend pas en compte « les 1484 mètres cubes de moellon, toute la terre nécessaire à la construction des murs et une centaine de pieds d’arbres de choix », matériaux qui ont été donnés par quelques habitants de La Gacilly. Lui-même a fait des avances de fonds gratuites sur ses deniers personnels et l’architecte a repoussé la perception de ses honoraires jusqu’à l’achèvement de l’église. Le maire fait amende honorable lorsqu’il écrit que cette construction devait l’entraîner à des dépenses peu en rapport avec les ressources de la commune mais que l’autorité supérieure donna son entière approbation. Il est vrai que les évènements de 1848 changèrent « en illusions de si belles espérances.» Il espère que « le Gouvernement de sa Majesté daignera venir en aide à une population fidèle qui lui tend la main.»

E- Description de l’église

Architecture

Le bâtiment est de style néo-classique, c’est à dire que l’on y trouve colonnes, fronton, portique qui sont des éléments gréco-romains. Le théâtre Graslin à Nantes, construit par Crucy, est dans le même style. Charier construisit aussi, dans le département, la chapelle du Champ des Martyrs à Brech près d’Auray et l’église de Ménéac. A ce néo-classicisme, s’ajoutent quelques traits caractéristiques du style palladien comme un perron, un escalier monumental et des escaliers latéraux. Autres bâtiments ressemblant à l’église de La Gacilly : l’église de Ploerdut près de Guémené-sur-Scorff, le tribunal de Redon et la chapelle des Sœurs de St-Gildas-des-Bois

Aspect Général

Le plan général global de l’église est engendré par un parallélogramme dont les deux longueurs principales sont accompagnées par des bas-côtés ; la largeur du bas est terminée par le péristyle donnant entrée à l’église et l’autre extrémité comporte une abside en hémicycle formant le chœur. A remarquer aussi que l’axe principal prend en enfilade le portique, le péristyle, la nef et le chœur, une caractéristique du style néo-classique L’Extérieur Quand on arrive devant l’église, on remarque tout de suite ce portique avec, en pierres de Crazanne, quatre colonnes isolées d’ordre dorique (le plus ancien des trois ordres d’architecture grecque). Les bases des colonnes reposent sur un perron en granite composé de dix marches formant trois volées d’escalier dont une de face et deux latérales. Dans l’axe longitudinal du bâtiment et entre les deux colonnes médianes est placée la porte d’entrée avec chambranle et corniche de couronnement. Au-dessus de cette porte, se trouve un fronton triangulaire décoré et placé sur un entablement.

La façade est tournée vers l’ouest.
A propos de cette façade, l’écrivain redonnais Desmars a écrit : « Elle est de style exclusivement grec comme la chapelle du Champ des Martyrs à Brech, son riche fronton triangulaire et son entablement peut convenir à un temple antique, à un tribunal, à un théâtre…aussi bien et peut-être mieux qu’à une église chrétienne ».

L’Intérieur

En poussant la porte d’entrée, on découvre d’abord Le péristyle. Cet endroit, autrefois, servait à tirer les cordes des cloches et dispose de deux grands bénitiers. De chaque côté de cette entrée, des piles supportent le clocher. Dans ces piles, des arcs donnaient accès à deux chapelles : celle de gauche en entrant est réservée au baptistère ; l’autre, celle de droite, permet d’accéder par un escalier à la tribune qui surplombe la nef et où se rassemblait autrefois les enfants et la chorale. De cette tribune, une échelle permet d’accéder au local des cloches. La nef Est divisée en sept travées qui ont 3,35m d’axe en axe avec six colonnes isolées de 0,63m de diamètre d’ordre dorique comme le portique, en pierres de Crazanne. Elles sont aussi couronnées d’un entablement d’ordre dorique de 1,30m de hauteur en plâtre qui recouvre des palâtres en bois reposant sur les colonnes ; du sol au sommet du chapiteau des colonnes, il y a une hauteur de 6,45m. La nef a 9,09m de largeur ; au-dessus de la corniche de cet entablement s’élève une voûte demi-cylindrique de la même largeur que la nef ; elle est construite en lattes de plâtre soutenues par des arcs en planchettes reliées à la charpente de l’église. Au sommet de la voûte, des châssis vitrés de 1,70m de côté éclairent l’intérieur de l’édifice. La nef est encadrée par deux bas-côtés ayant chacun 3,10m de largeur ; ils sont couverts au moyen de plafonds formant caissons soutenus par des pièces de bois transversales placées à la hauteur des chapiteaux des colonnes de la nef et reliés avec des palâtres longitudinaux ; le mur des bas-côtés, fermant l’église, est orné de 12 niches destinées à recevoir des statues. Le chœur Est précédé d’une partie droite qui est en fait le prolongement de la nef, faisant pied-droit avec le chœur de 8,50m de largeur et 4,20m de longueur ; cette partie porte les arcs doubleaux dans lesquels s’ouvre, à droite, la porte de la sacristie et, à gauche, celle de la pièce où a été installé la chaudière du chauffage. Ces deux pièces tournent tout autour du chœur dans le prolongement des bas-côtés.

Décoration – Ornementation – Ameublement

Le Chœur.
Il est élevé de trois marches au-dessus de l’enceinte réservée aux fidèles. Le chœur lui-même, de forme semi-circulaire, est orné de cinq niches destinées à recevoir des statues. Dans ces cinq niches du chœur, ont été placées les statues de Notre-Dame des Victoires au centre ; à droite du chœur, Saint-Joseph et Saint-Paul et, à gauche, Saint-Nicolas et Saint-Pierre. Un inventaire les recense comme étant en plâtre et un autre comme étant en calcaire ce qui leur donnerait beaucoup plus de valeur car, au lieu d’avoir été moulées, elles auraient été sculptées et donc leur nombre aurait été plus retreint. Malheureusement, il se confirme qu’elles sont bien en plâtre. Le sculpteur qui les a faites travaillait aussi bien le plâtre que la pierre. Il s’agit de M. Le Merle de Vannes qui a signé, à la base, les cinq statues et daté de 1869 celle de Notre-Dame des Victoires. Une des œuvres maîtresse de ce sculpteur se trouve à Quiberon où il a élevé un monument au bord de la mer. C’est une colonne, mince et haute, se dressant sur un soubassement de granit surmonté d’une statue de St-Clément, à l’emplacement d’une chapelle du XII° siècle dépendant d’un prieuré fondé en 1027 par Alain III, duc de Bretagne (SR 3 avril 1872).

Comme pour toutes les statues, on reconnaît les personnages au moyen de symboles : St-Pierre a une clé ; St-Paul a un livre ; N.D. des Victoires est une des Vierges à L’Enfant ; St-Joseph avec le lys et St-Nicolas, évêque avec mitre et crosse (qui a d’ailleurs disparu), donnant la bénédiction aux enfants. (Fiche de la DRAC de Rennes du 27 octobre 2006). Dans un état dressé par le Conseil de Fabrique en 1885, ces cinq statues étaient estimées à 1.500fr (BP février 1965) Toutes les cinq, elles ont été inscrites à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques sous le numéro IM 56001 037 le 6 juin 1985. (Dossier du 28 décembre 1998) Normalement, d’après les règles canoniques, le Saint Patron de la paroisse doit figurer au milieu du chœur devant le maître-autel. Or, à La Gacilly, ce n’est pas le cas. Pour quelle raison ? Mystère. C’est une des raisons pour lesquelles le tableau de Saint-Nicolas’ après sa restauration, a été replacé au centre du chœur. .Le maître-autel en marbre que nous avons encore aujourd’hui, fut placé en 1851 par les soins d’un marbrier de Rennes et coûta la somme de 600fr, pose comprise. (BP 12-1967). Sur la face visible par les fidèles, est gravé l’Agneau Pascal, tout un symbole pour les chrétiens. En 1967, les évêques de France, avec l’approbation du Souverain Pontife, ayant autorisé la récitation du Canon de la messe en langue française et pour mettre en œuvre les préconisations du Concile, « la question se trouve posée de l’aménagement de l’autel : il conviendrait, en effet, qu’il fut tourné face à l’assemblée. Le problème n’est pas facile à résoudre. Nous aimerions connaître vos réactions et vos suggestions ». (BP décembre 1967) Dans les mois qui suivirent, le maître-autel fut laissé en place mais inutilisé car remplacé par un autel en bois placé devant, au centre du chœur, le célébrant faisant face aux fidèles. Cette situation dura jusqu’ en 1979. Cette année-là, l’ancien maître-autel fut démonté pièce par pièce et reconstruit face à l’assemblée ; seul le tabernacle resta dans le fond du chœur dans la perspective de l’autel ; La table en bois fut remplacée, à cette date-là, par une dalle en marbre noir des Pyrénées. Cet autel a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 6 juin 1985 ainsi que le tabernacle. (Dossier du 28 décembre 1998).

Tableau « Le Miracle de Saint-Nicolas »
Dans un article sur la vieille église paru dans le bulletin paroissial de septembre 1928, on peut lire : …. « 20 février 1642. Ce fut aussi à cette époque que l’église s’enrichit du joli tableau de l’école italienne actuellement placé dans la nouvelle église au-dessus de l’autel de N.D. du Perpétuel Secours. Sur ce tableau, en bas et à droite, figurent les armoiries des de Talhouët : d’argent à trois pommes de pin de gueules 2.1, les pieds en bas ; ces armoiries sont alliées à celles des Kerguézec : d’argent en chêne arraché de sinople. Ce tableau représente, à droite, le miracle de Saint-Nicolas ressuscitant deux enfants ; au milieu, une délicieuse figure de Sainte-Catherine faisant fuir devant le Crucifix, le dragon infernal et, à gauche, le portrait de la donatrice Catherine de Kerguézec assise, vêtue d’une robe fourrée d’hermines, portant sur la tête une couronne de marquise et tenant de la main gauche une épée au fourreau. Derrière elle, un cardinal inconnu joint les mains dans l’attitude de l’admiration ou de la prière. Comme Catherine de Kerguézec ne devint propriétaire de La Gacilly qu’en 1632, à la mort de René de Talhouët son mari, et que la seigneurie de La Gacilly fut démembrée et vendue en 1644, c’est sans doute vers 1640 qu’il faut fixer l’exécution de cette peinture remarquable par ses couleurs et sa facture mais malheureusement en mauvais état de conservation ». En 1885, un état dressé par le Conseil de Fabrique de l’époque donne une valeur de 100fr à ce tableau alors que celui de la Femme Adultère est estimé à 150fr. (BP février 1965). En 1962, quand on commença la restauration de l’église, il fallut enlever ce tableau. Un bulletin paroissial du mois de février 1965 donne une nouvelle description de ce tableau : « Six personnages figurent sur la toile, de gauche à droite : 2 enfants, un évêque avec sa crosse, une dame portant une croix, une autre couronnée d’un diadème et touchant une épée, enfin un cardinal reconnaissable à son chapeau rouge accroché près de lui à l’arête d’un rocher. De toute évidence, cette peinture représente Saint-Nicolas opérant son fameux miracle de résurrection. Mais les autres personnages, comment les identifier ? Dans l’angle droit du tableau (gauche pour celui qui le regarde) sont représentées des armoiries qui mettent sur la voie. Ce sont celles des deux familles nobles, les Talhouët et les Kerguézec. La dame au diadème doit être Catherine de Kerguézec, épouse de René de Talhouët, seigneur de La Gacilly. En 1632, devenue veuve et héritière au moins partiellement de son mari, elle voulut montrer et perpétuer son attachement à une église que son mari et elle-même avaient agrandi de deux chapelles latérales dont l’une dédiée à Saint-Nicolas. La dame représentée à son côté et tenant la croix peut désigner Sainte-Catherine et le cardinal, un parent ou un protecteur. Le tableau, du début du XVII° siècle, est incontestablement la pièce la plus originale et la plus riche de notre église ; il y a quelques années, l’archiviste départemental en visite dans notre église, l’avait spécialement remarqué. Mais voilà, cette richesse, cette valeur se trouve bien dépréciée du fait que la toile se trouve en très mauvais état, trouée qu’elle est en trois ou quatre endroits. Et pour n’avoir pas su l’entretenir à temps, elle est devenue presque irréparable, du moins avec le peu de moyens dont nous disposons. Et c’est pourquoi nous n’avons pu la replacer dans l’église où l’humidité continuerait de la détériorer, mais elle se trouve en lieu sûr et plus sec, dans une chambre du presbytère, en attendant, pourquoi non, qu’un ami de notre église et des belles choses veuille bien s’y intéresser ». (BP février 1965) 26 juillet 2000 : Les Infos : article et photo du tableau de St-Nicolas retrouvé au presbytère. Le tableau représentant « Le Miracle de Saint-Nicolas » a été porté au répertoire départemental des monuments historiques. (Lettre du 15 janvier 2001) . 2003 Tableau de St-Nicolas Le tableau fut restauré dans le courant de l’année 2003 et, en novembre, M. le recteur Jean Frapsauce envoie une lettre au maire de La Gacilly « pour remercier la municipalité d’avoir accepté la restauration du tableau de Saint-Nicolas que j’ai trouvé en piteux état. Un beau travail a été réalisé et Saint-Nicolas a retrouvé la place d’honneur qui lui revenait dans le chœur de notre église. Je dois un merci spécial aux agents techniques municipaux pour la mise en place de ce tableau qui n’était pas si simple ». (BP décembre 2003)

Bas-Côté droit Autel Sainte-Anne : En marbre, du début du XX° siècle, il ressemble beaucoup au maître-autel. Il est surmonté par des plaques en marbre sur lesquelles sont gravés les noms des disparus gaciliens de la guerre 14-18. Plus tard, ces noms figureront sur le Monument aux Morts et aussi au Mémorial de Sainte-Anne d’Auray à condition que la famille verse 200fr pour faire graver la plaque. Cet autel a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 6 juin 1985 Tableau « Le Christ et la Femme Adultère ». L’œuvre originale fut réalisée par Émile Signol ; elle fut réalisée et exposée au salon de Paris en 1840 puis exposée au musée du Luxembourg du 1° juin au 18 novembre 1844, transférée au Louvre le 8 janvier 1903 puis inscrite à l’Inventaire des Peintures ( RF 1520 ), elle est déposée au musée de Marseille en 1904, renvoyée au dépôt de l’État en 1971 pour revenir au Louvre le 26 mai 1972 et enfin, en 1998, elle se retrouve au musée de Marseille où elle semble être restée. Elle mesure 1,39m de haut et 1,14m de large. C’est une illustration d’un passage de l’évangile de Saint-Jean. Émile Signol, né à Paris en 1804 et décédé à Enghien en 1892, était le frère d’Eugène Signol. Il étudie à Paris à l’École des Beaux-Arts avec Gros et Blondel. Il expose pour la première fois au salon de 1824 ; il obtient le second prix de Rome en 1829 et le Grand Prix en 1830. Vivant alors en Italie, il se consacre presqu’exclusivement à la peinture religieuse. En 1834, il reçoit la médaille de 2° classe et, l’année suivante, celle de 1° classe. En 1841, il est décoré de la Légion d’Honneur et, en 1865, promu chevalier de cette même Légion. En 1860, il devient membre de l’Institut. Tenant fidèle de l’académisme, il participa à la décoration de nombreuses églises parisiennes. Le tableau de l’église de La Gacilly est donc une copie réalisée par Antoine Chintreuil, né le 15 mai 1814 à Pont de Vaux (Ain). Cet artiste commence à être connu avec le salon de Paris en 1847 puis il obtient une médaille en 1867 ; c’est un élève de Corot et il s’affirme comme un peintre paysagiste de premier ordre. Il décèdera à Septeuil (Seine et Oise) le 7 août 1873. Certains musées conservent certaines de ses œuvres : Amiens, Angers, Arras, Dijon, Douai, Lille, Montpellier ou encore Rennes. (Lettre du Conseil Général du 28 décembre 1998). La copie qu’il réalisa du tableau de Signol lui fut probablement commandée par l’État en décembre 1845 à la demande du député Bernard de Rennes: il était très proche du maire gacilien de l’époque M. Mathurin Robert mais aussi de Louis-Philippe, roi des Français ; elle lui fut payée 800fr par l’État le 30 décembre 1845. Ces renseignements proviennent d’un mémoire de maîtrise rédigé en 1980 par Éric Bonnet ayant pour thème : « Les envois d’œuvres d’art par l’État en Morbihan (1804-1884) ». Cette copie est beaucoup plus grande que l’original puisqu’elle mesure 2,86m de haut et 2,33m de large et il semble bien qu’elle fut réalisé pour pouvoir garnir tout l’emplacement où elle se trouve Elle fut réceptionnée à La Gacilly à la fin de l’année 1846, franco de port. Le cadre en bois original avait été fabriqué par la maison « A La Grande Fabrique, P. Souty fils, 16 et 18 place du Louvre, en face de la colonnade à Paris » ; ce renseignement figurait sur deux étiquettes collées au verso du tableau avant sa restauration. Une même copie se trouve dans l’église de St-Denis d’Amboise. Dans son chapitre des Théories sur les élèves d’Ingres, Maurice Denis cite ce tableau « dont les draperies lourdes et les tons opaques ne manquent pas d’une certaine grandeur ». . Dans une lettre du 3 avril 1979, le conservateur du département des peintures au Musée du Louvre annonce qu’il lui a été signalé la présence dans l’église de La Gacilly d’une copie d’un tableau d’Émile Signol « Le Christ et la Femme Adultère » copie faite par Chintreuil. Il demande si cette toile est toujours en place et s’il serait possible de lui en faire une photo. Sur une page jointe en annexe, il y a la vie de Signol, la description et l’histoire du tableau, textes rédigés à l’occasion de l’exposition du Luxembourg en 1874. Cette toile a été inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 14 octobre 1980 (dossier du 28 décembre 1998) 21 septembre 1998 et 6 octobre 1998 : deux devis de restauration du tableau « La Femme Adultère » H 270 ; L 380 ; du XIX° siècle, huile sur toile d’Antoine Chintreuil. Bas-Côté gauche. Autel de Notre-Dame du Perpétuel Secours : Avant de parler de cet autel, il faut dire deux mots des missions. C’est une période de prières, de prédications, de réflexion sur la vie, sur l’éternité et sur la place de Dieu pour les chrétiens. En 1913, elle dura trois semaines et, quelques mois après, il y eut un retour de mission d’une semaine. Ces missions étaient marquées par beaucoup de cérémonies religieuses mais aussi par l’édification de monuments religieux en guise de souvenir. Cette année-là, il y eut le lancement d’une souscription pour l’érection du calvaire de Gazeau et la mise en place de cet autel de Notre-Dame du Perpétuel Secours dont la dévotion était très forte à cette époque-là. A la fin de la mission, il n’était pas tout à fait terminé ; c’est la raison pour laquelle sa bénédiction n’eut lieu qu’au retour de mission de novembre 1913. Par contre, la bénédiction du calvaire eut lieu à la fin de la mission. Datant du début du XX° siècle, cet autel est en marbre et orné d’un retable en chêne de Hongrie ; ce bois fut choisi pour sa jolie couleur mais aussi parce que, en séchant, il ne se fend que très difficilement. Il est de style renaissance, soi-disant, pour mieux s’harmoniser avec l’ensemble de l’église. Il est vraiment remarquable par ses lignes qui se détachent parfaitement et par ses sculptures très fouillées. Des dorures appliquées avec goût l’enrichissent considérablement. L’image de Notre-Dame du Perpétuel Secours très riche et très jolie, apparaît au milieu d’un encadrement magnifique. (BP janvier 1914) La même image existe dans l’église de Quelneuc. Ce retable est l’œuvre des Ateliers de M. Ély-Mombert sculpteur à Caurel dans les Côtes-d’Armor De chaque côté de ce retable, il y a les statues du Bienheureux Curé d’Ars et de Sainte- Jeanne d’Arc. Après avoir été commandées, elles mirent plus d’un an à rejoindre leurs emplacements ; le chanoine Brien, un Gacilien, recteur à Rochefort-en-Terre, présida la fête de Jeanne d’Arc en 1914 or, à cette occasion, il devait bénir les deux statues ; il fut très déçu car elles n’étaient toujours pas arrivées. Cet incident n’empêcha pas la foule de chanter la gloire de la Sainte Vierge en reprenant, entre autres, le cantique dédié à N.D. du Perpétuel Secours dont voici le refrain : Notre-Dame du Perpétuel Secours Veillez sur vos enfants toujours ! Notre-Dame du Perpétuel Secours, Priez pour nous toujours Toujours, toujours ! (BP de mai 1913) Le tout forme une œuvre vraiment artistique et du meilleur goût. Cet autel a été inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 6 juin 1985. (Dossier du 28 décembre 1998)

Fonts Baptismaux :
En marbre rose avec un chapiteau en cuivre. En 1962, lors des travaux de restauration, on leur a « donné un peu de profondeur. Une fontaine, çà ne peut tout de même se situer en surélévation comme c’était le cas auparavant, on y descend… Donc une marche descendante et, pour accentuer la similitude, on a donné au dallage en mosaïque, la couleur bleue des eaux limpides ; l’endroit étant obscur, on a dû suspendre au milieu de la coupole une lampe d’éclairage assez puissante. Quant à la cuve baptismale, on n’y a rien changé, elle est très convenable. Seul le couvercle laisse à désirer et un jour prochain il faudra songer à son remplacement ». (BP février 1963)

Chemin de Croix
« Nous avons connu un moment d’embarras quand, à une semaine du carême, nous avons regardé les murs de notre église débarrassés des pieuses images que nous avions accoutumé de regarder durant l’exercice. Entre parenthèses, personne ne songera à les trop regretter. Elles seront certainement remplacées, en mieux nous l’espérons. La commande même est passée. Mais le travail est assez long, il demande, nous a–t-on dit, beaucoup de soins et de minutie. Il s’agit d’une peinture polychrome sur émail. Mais nous en reparlerons au moment de la livraison et de la nécessaire bénédiction. En attendant, de véritables talents se sont révélés pour nous constituer une série de stations très simplement conçues et stylisées mais fort convenables. Merci à nos religieuses et à leurs petites élèves ». (BP mars 1963) «La cérémonie d’érection et de bénédiction du nouveau Chemin de Croix aura lieu le dimanche 22 septembre dans la soirée. Elle sera présidée par un Père franciscain de Rennes. Les disciples de Saint-François d’Assise (Franciscains et Capucins) possèdent en effet le privilège exclusif de ce genre de bénédiction, sans doute à cause de la dévotion particulière à la Croix de Notre-Seigneur inscrite dans leurs constitutions et leur liturgie. Le rituel de la cérémonie comporte deux parties très distinctes. D’abord la bénédiction et l’encensement des tableaux représentant le sujet des quatorze stations ; ensuite la bénédiction des croix de ces stations. Il faut savoir que l’essentiel de chaque station n’est pas l’image mais la croix (il existe même des types très valables de Chemin de Croix qui comportent une simple croix), et la vénération des fidèles qui font l’exercice du Chemin de la Croix doit aller à la Croix bénite plus qu’au tableau. Cette double bénédiction accomplie, on procède ensuite à la fixation au mur de chacune des stations, cependant que l’officiant dirige la première méditation des scènes représentées. La souscription ouverte pour régler l’achat de ce Chemin de Croix a été très satisfaisante. Certaines personnes ont tenu à payer intégralement une station ; 3 autres ont fait un don substantiel de 10.000fr et 5 de 5.000fr. De multiples offrandes plus modestes ont fait le reste. Que tous soient vivement remerciés ». (BP septembre 1963).
Notre Chemin de Croix a été réalisé par les Ateliers Mignard de Paris. Il arriva à La Gacilly en juin 1963 mais, en fin de compte, « la cérémonie d’érection et de bénédiction eut lieu le 15 septembre, en la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, aucune date ne convenant mieux pour magnifier la croix du Seigneur que le jour où l’Église se remémore le souvenir de Marie au Calvaire. Et ce fut un Franciscain du Couvent de Rennes, au nom prédestiné, le Père Jean de la Croix, qui présida à cette cérémonie. A toutes les messes de ce dimanche, il nous parla très simplement et très profondément du mystère de la Croix du Christ dont il releva surtout l’aspect de triomphe : Victoire, tu règneras O Croix, tu nous sauveras ! La cérémonie de bénédiction se situa à la fin de la grand’messe ; bénédiction d’abord des tableaux puis des Croix qui forment l’élément essentiel des stations. Dans la soirée, se faisait le premier exercice de dévotion à ce nouveau Chemin de Croix et le Père dirigea magnifiquement notre méditation. C’était sobre, spontané, sans inutile pathos, c’était de la vraie et belle prière ». (BP octobre 1963)

Statue de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus
« Le dimanche 16 mai (1926), la paroisse de La Gacilly se trouvait réunie tout entière pour offrir ses hommages et ses prières à une Française et à une Sainte, Thérèse de l’Enfant-Jésus, la petite carmélite de Lisieux morte à 25 ans en 1897 que le Souverain Pontife, répondant aux vœux de la France et du monde chrétien, vient de placer sur les autels. Une famille généreuse et chrétienne avait offert à l’église de La Gacilly une statue de la jeune Sainte en même temps qu’une parcelle de ses précieuses reliques et c’est pour assister à la bénédiction de la nouvelle statue et vénérer les reliques de Sainte-Thérèse qu’une foule de plus de 500 personnes se pressait dans notre église. Ce fut une vraie fête de famille pieuse et touchante et qui laissera le meilleur souvenir dans la mémoire de tous ceux qui y assistaient et sera une source de grâces et de bénédictions pour la paroisse. Le panégyrique de la Sainte fut prononcé par M. le chanoine Bertrand, supérieur du collège Saint-Sauveur de Redon qui montra, dans une langue claire et précise et d’une éloquence persuasive, l’opportunité de la canonisation de Sainte Thérèse pour ramener la croyance au surnaturel trop oublié dans un monde pénétré de matérialisme et de rationalisme et pour qui les plaisirs et les jouissances sous toutes leurs formes constituent les seules raisons de vivre…. Puis ce fut la bénédiction de la statue. Elle apparut radieuse et souriante sous son voile sombre et son manteau blanc encadrée de lumières semblant s’élever d’un massif éblouissant de roses rouges, jaunes et blanches, dépouilles généreusement offertes de tous les jardins de la ville dont elle semblait avoir cueilli les plus belles pour en entourer le Crucifix qu’elle serrait sur son sein. C’était une vision charmante dont avaient peine à se détacher les regards pendant que les voix pures et fraîches des jeunes filles du Patronage Sainte-Anne, chantaient dans un chœur à trois voix les gloires de la fleur du Carmel lui demandant de laisser tomber la pluie de roses de ses bénédictions sur la France et sur La Gacilly. Après la bénédiction du Saint-Sacrement, une belle procession s’organisa, encadrant de ses deux longues théories d’enfants, de jeunes filles et de femmes le brancard fleuri de roses où étaient exposées les reliques de Sainte-Thérèse et que portaient des jeunes filles vêtues de leurs blancs costumes de communiantes. Le spectacle était ravissant pendant que la procession se déployait autour de la grande place qu’elle entourait plus qu’à moitié et que tous à plein cœur chantaient les louanges de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. A la rentrée, on bénit les roses naturelles que les assistants portaient à la main, puis des médailles et des pétales de roses qui furent distribuées à tous pendant qu’ils venaient à la Sainte-Table pieusement vénérer et baiser les reliques de la jeune Sainte » (BP juin 1926) En 1962, cette statue de Sainte-Thérèse fut placée au fond de l’église Reliquaires.

« Le dimanche 6 décembre (1874), la petite ville de La Gacilly célébrait son glorieux patron Saint Nicolas ; mais cette année, la fête avait un éclat inaccoutumé. Grâce à la générosité de Mgr Fournier, évêque de Nantes, M. le recteur de La Gacilly a pu enrichir son église de deux belles reliques, l’une de Saint-Nicolas et l’autre de la Bienheureuse Françoise d’Amboise. C’est pour la paroisse un véritable trésor. Dimanche, on devait faire la translation solennelle de ces deux reliques et les exposer pour la première fois à la vénération des fidèles. Mais, pour enfermer le précieux trésor, il fallait des reliquaires. La charité y a pourvu. Monseigneur de Vannes, qui n’est étranger à aucune œuvre de son diocèse, a stimulé, par une généreuse offrande, le zèle des personnes pieuses et M. le recteur de La Gacilly a pu faire exécuter deux charmants reliquaires en bronze doré et, de plus, un brancard garni de belles draperies au chiffre de Saint-Nicolas et de Sainte Françoise. Avant la grand’messe, le clergé s’est rendu au presbytère et les reliques ont été solennellement portées à l’église, au milieu d’une foule immense, accourue de toutes parts pour vénérer ces restes de deux grands saints. Malgré le temps peu favorable, la procession a été aussi belle qu’on pouvait le désirer. Les autorités de la ville, la musique municipale, la gendarmerie et surtout l’attitude religieuse des assistants, contribuaient à faire de cette procession une véritable marche triomphale. Inutile de dire que l’église était ornée avec toute la magnificence possible. La messe solennelle a été célébrée par R.P. Supérieur du Séminaire de la Roche-du-Teil et l’abbé Paget, vicaire à Monteneuf, est monté en chaire et a développé, dans un intéressant discours, ces paroles de l’Écriture qui expliquaient très bien au peuple le sens de la cérémonie « les corps des Saints ont été ensevelis dans la paix ; leur mémoire vivra dans les siècles des siècles ». Ce discours a été écouté avec la plus religieuse attention. Après les vêpres, les reliques ont été de nouveau portées en procession autour de l’église. Les heureux habitants ont pu admirer alors le riche brancard et les beaux reliquaires et rendre un dernier hommage à leur Saint Patron. Avant de terminer, nous devons un remerciement spécial à MM. les musiciens dont la présence a grandement contribué à l’embellissement de la fête. Nous n’espérions vraiment pas entendre, dans cette petite ville, une musique aussi sérieuse, aussi bien composée. Et pourtant, nous a-t-on dit, elle n’est qu’à son début ! Un pareil début présage les meilleurs succès ; et sous l’habile direction de M. Robert, la musique de La Gacilly pourra certainement rivaliser avec les meilleures musiques municipales du pays » (Semaine religieuse du 17 décembre1874).

Objets sacrés classés
En 1984, une enquête est menée par Yves Pascal Castel et Isabelle Barbedor concernant 2 calices ; 1 ciboire ; 1 croix reliquaire ; 1 ostensoir ; 1 patène et 5 statues (St-Pierre ; St-Paul ; Vierge à l’Enfant dite Notre-Dame des Victoires ; St-Nicolas ; St-Joseph) Le 29 novembre 2006, la préfecture adresse une lettre au maire pour lui annoncer que Melle Vergne est missionnée pour une étude sur la conservation et la localisation des éléments d’orfèvrerie propriété des communes et affectés à l’usage religieux. Dédicace -. « La dédicace est en fait la consécration d’un édifice au culte divin mais aussi l’action de le placer sous l’invocation d’un saint qui devient le titulaire de l’église ; celui-ci est soit une personne divine (St-Sauveur par exemple), soit un mystère ( Sainte Trinité par exemple) ou soit un saint ( St Nicolas) en l’honneur duquel l’église est dédiée à Dieu. Le titulaire donne son nom à l’église. Il est choisi par les fondateurs de l’église ou les paroissiens à la pose de la première pierre et entériné par l’évêque à la bénédiction de l’église. Si l’église a un titulaire, la paroisse peut avoir un patron qui est une créature ou un saint puisque le mot « patron » évoque l’idée d’intermédiaire entre les hommes et Dieu. Il en résulte que tout patron peut être le titulaire de l’église mais non l’inverse. La plupart du temps, le patron de la paroisse est aussi le titulaire ; on dit alors que l’église et la paroisse sont placées sous le vocable du saint, c’est à dire sous son patronage ». (BP décembre 2003) Saint Patron de La Gacilly Il faut se rappeler que le plan de l’église de La Gacilly en 1844 de M. Charier était intitulé : « Église de La Gacilly projetée à l’extrémité de la Place Robert sous le vocable de Saint-Sauveur ». Qui avait pris cette décision du vocable ? Mystère. L’église aura bien comme saint patron Saint-Nicolas comme l’ancienne église. 1866 – Achèvement de l’église. Le maire relance le préfet pour que les derniers travaux d’achèvement de l’église soient entrepris. Le 10 janvier 1866, le préfet lui demande de lui fournir les plans et devis qui avaient été faits par M. Charier. Mais ils ont été perdus et le préfet s’adresse à l’architecte lui-même pour savoir s’il les a conservés. Dans sa réponse, l’architecte fait remarquer que la commune lui doit pour honoraires la somme de 1.760,52fr et il en demande le paiement. Clocher Description Au lieu de clocher, il serait plus judicieux de parler de campanile. Deux piles placées dans le péristyle le supportent. Percé sur ses quatre faces de quatre croisées munies d’abat-sons, les quatre angles sont à pans coupés. Comme le dit Desmars, cette façade « est de style exclusivement grec comme la chapelle du Champ des Martyrs à Brech, son riche fronton triangulaire et son entablement peut convenir à un temple antique, à un tribunal, à un théâtre…aussi bien, et peut-être mieux, qu’à une église chrétienne. » L’église de Ploerdut près de Guémené-sur-Scorff ressemble également à celle de La Gacilly, tout comme le tribunal de Redon et la chapelle des Sœurs de Saint-Gildas-des-Bois. Les Cloches Les deux vieilles cloches provenant de l’ancienne église St-Nicolas avaient été installées devant la nouvelle église, le 23 mai 1859, sur un échafaudage provisoire. L’échafaudage en question s’était d’ailleurs écroulé à plusieurs reprises et une des cloches était fêlée. Dans le compte-rendu du conseil municipal du 23 mars 1869, il est prévu la construction d’un clocher afin de : « placer convenablement les cloches qui étaient depuis plusieurs années suspendues au dehors à un échafaudage peu solide et par cela même dangereux tant pour les sonneurs que pour la cloche ». Après la construction du clocher, ces deux vieilles cloches furent remplacées par trois nouvelles. Le Mois Paroissial de novembre 1959 nous dévoile les prénoms qui furent donnés à ces cloches. Voici l’article in extenso : « Elles sont trois, comme chacun sait, discrètement cachées dans leur beffroi, si discrètement que la plupart des Gaciliens ne connaissent d’elles que leur voix bien timbrée. Puisqu’elles sont à l’ordre du jour (électrification)), nous allons essayer de dévoiler un peu de leur mystère. 1. Que l’on sache d’abord leur âge. C’est en 1873 qu’elles naquirent dans les fonderies de M. Cornille Havard à Villedieu-les-Poêles et qu’elles furent installées dans le clocher de notre église. 2. De leur baptême ou cérémonie de bénédiction, nous ne savons à peu près rien sinon que la chose se passa le mardi 10 juin de cette année 1873 et fut l’occasion de festivités très solennelles. Ce que nous pouvons très facilement indiquer, c’est leurs noms de baptême puisqu’ils se trouvent gravés sur leurs « robes ». Voici pour chacune les inscriptions relevées : o Pour la plus grosse, nommée : Julienne, Joséphine, Désirée, Flavie Parrains : abbé Julien Bizeul, et abbé Joseph Homet Marraines : Désirée Gaudin et Flavie Roussel o Pour la moyenne, nommée : Jeanne, Marie Parrain : Jean-Marie Denis Marraine : Marie Poligné o Pour la petite, nommée : Françoise, Jeanne de La Gacilly Parrain : François Homet Marraine : Jeanne de Longeaux Enfin, sur le côté opposé, pour chacune identiquement, on lit : 1873- MM. Édouard Bonté, curé de La Gacilly -Lévêque, vicaire- J-M Roussel, trésorier. Un dernier petit détail pour ceux qu’intéresse la finance : elles furent payées au fondeur la coquette somme de 4.000fr ». C’est M. Bonté, alors recteur de La Gacilly, qui prit l’initiative d’une quête pour pouvoir les payer ; elle couvrit pratiquement la dépense de 4.000fr. Grâce au compte-rendu de la réunion du conseil municipal du 23 août 1936, on apprend que, dans le clocher, ont été installées trois cloches dont voici les caractéristiques principales : Une grosse cloche D’un diamètre de 1,02m, d’un poids de 600kg environ » Sonnant en FA dièse Une moyenne cloche De 92cm de diamètre, pesant 500kg environ et sonnant en SOL dièse Une petite cloche Ayant un diamètre de 81 cm, pesant 300kg environ et sonnant en LA dièse ». La Bénédiction Des trois cloches eut lieu le mardi 10 juin 1873 ; voici l‘article qui parut dans la Semaine Religieuse du jeudi 19 juin 1873 alors que le recteur de La Gacilly était l’abbé Bonté qui avait pour vicaire l’abbé Lévêque : « Ce mardi 10 juin, une cérémonie touchante réunissait les fidèles de La Gacilly et ceux des paroisses environnantes. Ils étaient venus en grand nombre assister à la bénédiction solennelle de trois cloches très belles. Nous les devons au zèle de M. Bonté, notre pasteur : une quête, dont il a pris l’initiative, a presque entièrement couvert la dépense occasionnée par cette nouvelle acquisition. Notre église avait été ornée pour la circonstance et parée comme aux plus beaux jours de fête. M. Flohy, vicaire général de Mgr l’évêque de Vannes, présidait la cérémonie ; plus de quarante prêtres y assistèrent. M. le recteur de Peillac sut intéresser son auditoire par des paroles appropriées à la circonstance et parfaitement expliquer aux fidèles l’utilité des cloches. Il les montra suivant l’homme dans tout le cours de la vie ; répandant au loin, à sa naissance, leurs joyeux accents ; l’appelant à ses devoirs de chrétien aux jours des solennités de l’Église ; lui servant partout de guide dans la voie du bien et de la vertu ; enfin annonçant de leur lugubre son qu’il vient de quitter cette terre. Aussi, s’écriait-il, qui n’aime son clocher ? Qui ne se sentirait ému en le voyant, surtout après une longue séparation ? La patrie et la famille n’y sont-elles pas personnifiées ? Cette belle fête laissera dans notre population un précieux souvenir ». Les comptes du conseil de fabrique pour l’année 1880 comportent une dépense de 700fr pour les cloches (Document du 29 avril 1881) En août 1936, le maire, M. Bruc, demanda à la maison Les Fils de Georges Paccard, fonderie générale de cloches, bourdons et carillons à Annecy d’envoyer leur agent général, M. Félix Gaisse de Gagny, afin d’examiner l’état des cloches qui n’ont jamais été entretenues depuis 1873. Cet expert devait découvrir que les ferrures devaient être sérieusement resserrées et, surtout, que les axes étaient usés et donc à changer. A cette occasion, il serait judicieux de les monter sur billes. Un devis fut demandé et la réparation fut estimée à 900 fr en plus des six journées du monteur, ses frais de transport et ceux du matériel. De plus, le monteur devra être accompagné d’un homme de métier (charpentier ou forgeron) et d’un bon manœuvre. Le conseil municipal, soucieux de la sécurité publique et estimant que les réparations prévues s’imposent vu l’état des lieux qui leur a été exposé, qu’elles sont nécessaires et urgentes, que la somme demandée n’est pas excessive, décide de faire exécuter les travaux. Ceux-ci sont terminés pour la fin de l’année et, dans le Mois Paroissial de janvier 1937, M. le recteur remercie sincèrement tous les acteurs de ces travaux et « désormais et pour longtemps, nos trois belles cloches, sérieusement consolidées et montées sur billes… en attendant leur électrification (car il faut l’envisager), annoncent avec sécurité et plus de facilité aussi, les évènements joyeux et douloureux de la paroisse ». L’actionnement électrique de ces trois cloches sera réalisé dans la semaine du lundi 12 au samedi 17 novembre 1959. Voici l’article paru dans le bulletin paroissial de ce mois-là : Durant plusieurs jours, nos cloches se sont tues puis, après quelques hésitations, ont retrouvé leur voix et, pour le bien montrer, dans la soirée du samedi 17, elles ont lancé à tous les échos leur plus beau carillon. Que s’était-il donc passé ? Tout simplement, elles avaient été l’objet de travaux destinés à leur actionnement électrique. Donc maintenant plus de cordes ni de bras pour les tirer, seulement quelques boutons de commande et même, pour l’angélus, un automatisme absolu. La paroisse sait gré à la municipalité d’avoir aussi pratiquement simplifié les choses et modernisé un système qui ne manquait sans doute pas de pittoresque mais qui avait fait son temps. Le mardi 9 janvier 1962 Bien des têtes se sont levées vers le ciel gacilien en direction du clocher. On venait en effet de hisser jusqu’au sommet de celui-ci, entièrement rénové et un peu exhaussé, une monumentale croix en métal galvanisé remplaçant avantageusement l’ancienne devenue une pauvre ferraille rongée de rouille. Préalablement, comme il se doit, mais dans la plus stricte intimité, avec les seules présences de M. le maire de La Gacilly, de M. Caubert architecte et de M. Cheval, entrepreneur du clocher, on lui avait donné la bénédiction appropriée. Cette nouvelle croix attirait donc l’attention en ce matin du 9 janvier, mais ne l’attirait pas moins son ornement terminal, en l’espèce un coq-girouette superbement empanaché et crêté, auquel il ne manque que de pouvoir lancer, de temps à autre, un vibrant cocorico. Est-il superflu de rappeler le sens symbolique de cet animal ? D’abord, si l’on veut, il est dans la tradition la plus française ou plus exactement gauloise. Mais, au sommet d’une église, il est l’expression du Christ lui-même, du Christ victorieux de la mort et annonçant au monde que se lève pour lui l’aube d’un jour nouveau, jour lumineux du salut offert à tous les hommes. Signalons enfin pour satisfaire les curieux intrigués par ce qu’ils aperçoivent au-dessus du coq, qu’il s’agit là d’un paratonnerre. Il est constitué, le plus simplement du monde, mais le plus efficacement, par une pointe métallique centrale, à effet attractif, renforcée de trois autres à l’extrémité d’un dispositif à branches et par une coupole de porcelaine radioactive à effet puissamment répulsif ». (BP février 1962) La coupole du clocher est maintenant dégagée de son échafaudage et, de l’avis unanime, le coup d’œil n’est pas déplaisant. Le cuivre n’étincelle pas, il se ternit même rapidement ; pourtant, croyons-nous, le ton restera toujours assez chaud et s’harmonisant fort bien avec la blancheur du beffroi. Il a fallu refaire entièrement une fraction importante de la toiture, tout ce qui avoisine le clocher et qui se trouvait très sérieusement endommagé par suite de l’humidité. (BP mars 1962)