Symboles utilisés
o : naissance,
x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

Aimé Alexis Augustin
JOYAUT de COUESNONGLE
12 12 1777
1777
GLÉNAC (56)
JOYAUT de COUESNONGLE :: Augustin Pierre
BARBIER :: Marie Marthe Agathe
 - sans postérité
Armée > Terre
 - Aide de camp de Cadoudal

Dans la nuit du 4 août 1789, les archives de la famille de Rieux à la Forêt-Neuve furent brûlées par les « chauffeurs ». Or il y avait là un garçonnet de 12 ans présent à ce terrible spectacle qui orienta peut-être son avenir. Né le 12 décembre 1777 au château de la Forêt-Neuve en Glénac, Aimé Alexis Augustin Joyaut ne fut baptisé qu’un an plus tard le 19 octobre 1778. Il était le fils de noble homme Augustin Pierre Joyaut de Couesnongle, fermier général du comté de Rieux, résidant au château de la Forêt-Neuve, et de dame Marie Marthe Agathe Barbier. Le parrain fut noble homme Julien Alexis Joyaut, procureur fiscal de Redon, oncle paternel de l’enfant, et marraine dame Jeanne Dufour, veuve de noble homme Aimé François Barbier, négociant à Rennes, aïeule maternelle du baptisé. De très bonne heure, il conçut une haine farouche pour tout ce qui tenait à la Révolution. Son extrême jeunesse l’empêcha de prendre part aux premiers troubles en Bretagne ; s’il ne servit pas son parti à main armée, il se rendit à Rennes alors qu’il n’avait pas encore 16 ans où il ne resta pas inactif en se déclarant pour le parti royaliste qu’il servit avec autant de zèle que de courage. En l’an VII (1797-1798), il fut arrêté à Rennes, conduit à Paris et enfermé au Temple ; il obtint sa liberté en rejetant ce qu’il appelait ses écarts en raison de son jeune âge et de son inexpérience. Il retourna alors dans son pays et n’en servit pas moins la cause qu’il avait embrassée. C’est alors qu’il rencontra Georges Cadoudal dont il devint l’aide-de-camp et son fidèle lieutenant. Il fut chargé du recrutement pour l’insurrection de 1800. Il fut d’une grande utilité à Cadoudal après la soumission de la Bretagne insurgée. Il voua une très grande affection à son général que les instances de ses parents ne purent l’en détacher. Les démarches et les invitations d’une mère éplorée et d’une famille plongée dans la douleur n’ont pu l’en séparer. Son intrépidité chevaleresque et son dévouement à la cause royale le firent dénommer Joyaut dit d’Assas mais aussi Joyaut dit de Villeneuve. De concert avec Pichegru, Cadoudal envoya à Paris plusieurs de ses officiers dont Joyaut pour mettre à exécution le projet de renverser Bonaparte. Joyaut arriva à Paris sous prétexte de s’occuper de quelques affaires commerciales. Pendant son séjour à la prison du Temple, il avait fait connaissance avec une dame Guilloux ; en arrivant dans la capitale, il alla la trouver pour qu’elle accepte de loger Saint-Réjant, un autre officier de Cadoudal. Cette dame accepta et c’est dans ce logement que Joyaut, en rendant visite à Saint-Réjant, mis au point le projet d’attentat, y apporta la poudre nécessaire à l’explosion et même la blouse bleue qui devait lui servir à se déguiser le jour de l’attentat. Dans la matinée du 3 nivôse (24 décembre 1800), la machine infernale fut confectionnée, charrette chargée de combustibles et de poudre, puis conduite rue Saint-Nicaise où elle devait attendre le passage de la voiture de Bonaparte. La mise à feu fut sans doute trop tardive car elle n’explosa que lorsque le consul fut rendu un peu plus loin. Joyaut qui suivait la machine déguisé en charbonnier, comprenant tout de suite l’inutilité de l’effet, parvint à quitter les lieux, passa la nuit du 3 au 4 nivôse chez la dame Guilloux avec Bourgeois, un médecin et un prêtre, puis à se cacher ailleurs pendant un certain temps pour se soustraire aux recherches de la police. Mis en accusation le 23 ventôse an 9 (14 mars 1801), une ordonnance de prise de corps fut rendue contre lui et, deux jours après, elle lui fut même notifiée au 211 rue d’Argenteuil, à son domicile supposé. Ne se sentant plus en sécurité et étant obligé de changer de cache presque tous les jours, il réussit à quitter Paris et à s’embarquer pour l’île de Jersey. Puis il rejoignit Londres où il retrouva Cadoudal. Ils décidèrent alors de débarquer en France tous les deux ce qu’ils firent le 21 août 1803 à la falaise de Biville. En arrivant à Paris, ils logèrent trois ou quatre jours chez Denand, un marchand de vin de la rue du Bac, puis quai Chaillot, ensuite rue du Carême-Prenant et enfin rue du Puits L’Hermite près des Halles. Ils se retrouvent tous les deux chez Mellle Hizay, fruitière de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève lorsque Cadoudal est arrêté le 9 mars 1804. Joyaut quitte cette cache avec Burban de Questembert pour se loger chez Caron, un parfumeur de la rue du Four-Saint-Germain où ils resteront dix jours. Mais, craignant de compromettre le parfumeur, la police le recherchant toujours, Joyaut choisit pour repaire la maison de Dubuisson qu’il avait déjà occupée rue Jean Robert avec d’autres conjurés. Dans cette maison, une cache avait été aménagée derrière une cloison et masquée par une fontaine. Le 4 germinal (25 mars), la maison est investie par la force armée. Dubuisson qui était à sa fenêtre au moment où le commissaire de police arriva, se retire précipitamment et ferme la porte d’entrée. Des coups redoublés ne le déterminent pas à ouvrir. Un serrurier est alors appelé. En entrant, la police saisit des effets que Dubuisson déclare ne pas lui appartenir, que son épouse, absente mais qui arrive quelques minutes après, dit que ces vêtements ont été apportés par une femme qu’elle ne connait pas pour un jeune homme qui était resté chez elle pendant environ deux heures. Cette femme est interpellée de déclarer si elle avait logé des individus; après plusieurs réponses négatives, elle est convenue qu’elle avait logé deux frères ; ensuite elle a dit qu’elle avait encore logé deux autres personnes. Dubuisson interpelé a déclaré qu’il n’avait logé personne mais, revenant sur sa déclaration, il a dit qu’il avait donné asile à deux individus. Pressé de dire la vérité, il a déclaré qu’il y avait un individu qui logeait chez lui mais que cet individu, dont il ne connaissait pas le nom, était sorti et qu’il ne rentrerait que vers huit heures du soir. La police fit toutes les perquisitions possibles, elle tenta d’obtenir de nouveaux aveux mais se fut infructueusement. Elle allait se retirer lorsque, pour placer une sentinelle, on dérangea la fontaine appliquée contre la cloison. La police s’aperçut alors que la planche sur laquelle la fontaine était attachée, était mobile et laissait apparaitre une ouverture d’environ 75 centimètres de haut sur 50 de large. Le citoyen Pâques, inspecteur général près le ministère du grand juge, ayant passé sa main dans cette ouverture, se mit à crier : « Ils sont ici, A moi, gendarmes, je viens de toucher une jambe ».Aussitôt les gendarmes se placent devant l’ouverture par laquelle on a vu le bras d’un homme qui tenait un pistolet. C’était le bras de Joyaut. Un gendarme donna un coup de pointe de sabre sur le poignet de Joyaut. Plusieurs coups de pistolet furent alors tirés dans la cache sans que ceux qui y étaient parussent être blessés ni disposés à se rendre. Au contraire, on vit réapparaitre à l’ouverture le bras de Joyaut armé d’un pistolet ou d’un poignard. La police ignorait le nombre des individus qui pouvaient être retirés dans cette cache. Elle fit une réquisition au poste Saint-Martin et du renfort arriva. Malgré les coups de pistolet tirés, les coups de sabre et de baïonnettes lancés dans l’ouverture, la résistance fut longue. Enfin Joyaut qui s’était si souvent présenté armé, annonça qu’il se rendait. Mais dans l’instant, il lança un coup de poignard à un fusilier qui fut blessé à la main droite. Cette action infâme ayant décidé à donner l’ordre d’aller chercher les pompiers pour inonder les brigands, ceux-ci déclarèrent qu’ils n’entendaient plus résister. Joyaut sortit le premier ayant sur lui deux pistolets et un poignard de fabrication anglaise. Avec lui étaient Burban également armé de pistolets et de poignard et Datry, ex-chef des Chouans. Dans la cache, on découvrit divers effets qui leur appartenaient, un pain de 4 livres, 4 bouteilles de vin, 2 volailles et un jambon cuit. Joyaut portait 2 ceintures garnies de pièces d’or. Il avait aussi des cartouches à balles. Interrogé, il a prétendu que c’était Datry qui l’avait conduit chez Dubuisson comme si, en sa qualité d’aide-de-camp de Cadoudal, il ne connaissait pas tous les repaires utilisés. Il était aussi porteur d’un passeport anglais au nom de Villeneuve et de billets de banque d’Angleterre. Tous les trois rejoignirent la prison où se trouvaient déjà Cadoudal et trente-neuf autres soupçonnés de conspiration. Devant le magistrat chargé de l’instruction, il a dit qu’il ne pouvait affirmer s’il était ou non à Paris le 3 nivôse. Il est convenu d’avoir vu Saint-Réjant chez la femme Guilloux. Il a été reconnu par la femme Verdet et la femme Denand. Il l’a été également par la fruitière chez laquelle il a demeuré rue de la Montagne-Sainte-Geneviève et par sa fille. Il l’a été par Caron et par une de ses filles de boutique. Il l’a été par Léridant, frère d’un ancien aide-de-camp de Cadoudal qu’il a attaché à la conspiration ; par Léridant qui a été partout où il était avec Cadoudal ; par Léridant qu’il a envoyé porter dix louis à Versailles à une religieuse qui devait, sans doute, en faire emploi pour loger et nourrir les conjurés ; par Léridant qu’il a fait envoyer par Cadoudal à Rennes pour porter trois cents louis à Lahaye-Saint-Hilaire dit Raoul, autre conjuré ; par Léridant qui, le 16 ventôse, l’accompagnait boulevard Antoine pour rencontrer une fille nommée Julie Bouvet qu’il pensait pouvoir lui trouver une retraite assurée . Ses démarches auprès du secrétaire de Moreau, les propositions qu’il l’a chargé de faire, sont connues. Il avait remis une somme de onze mille et quelques cent livres à un banquier. Il a présenté au même banquier pour environ cent cinquante mille livres de lettres de change. Ces fonds appartenaient bien constamment à la conspiration dont il est un des principaux agents. Aimé Joyaut fut compris dans l’accusation de Cadoudal et de Pichegru. Il est condamné à mort le 10 juin 1804 avec vingt autres inculpés. Ils se pourvoient en cassation mais inutilement ; la sentence est confirmée sauf pour huit que l’empereur gracie et qui voient la peine capitale changée en prison perpétuelle. Joyaut allait subir son supplice avec une fermeté héroïque ; son visage ne souffrit jamais la moindre altération. Il fit entendre à plusieurs reprises sur l’échafaud le cri de « Vive le roi, Vive les Bourbons ». Il fut exécuté le 25 juin 1804 à onze heures sur la place de Grève. Par bonheur, il eut le secours d’un prêtre ami, l’abbé Grayo de Kéravenan. Ce prêtre, durant la Révolution, avait exercé un ministère très actif à Paris sous le nom de citoyen Levert, costumé en vitrier et portant sur ses épaules la hotte du métier. En 1793, il avait confessé Danton avant son mariage, la jeune fiancée du terroriste l’ayant exigé. Originaire de la frairie de Sainte Suzanne de Questembert, il fut heureux de pouvoir assister les malheureux condamnés dont l’un était le fils d’un de ses amis de Questembert, Louis Burban, sieur de Malabry. Il leur donne une dernière absolution puis il commence à réciter avec eux le Je vous salue, Marie. Après les mots « priez pour nous maintenant », Georges Cadoudal arrête ses compagnons « Mais continuez » dit le prêtre. « A quoi bon » réplique Cadoudal, l’heure de notre mort, n’est-ce pas maintenant ? Et, ayant baissé le crucifix, d’un pas ferme, lui d’abord, ses compagnons ensuite, s’avancent vers le couperet fatal, persuadés qu’ils mouraient martyrs du devoir patriotique, Napoléon n’étant pour eux qu’un usurpateur. Joyaut mourut, comme son intrépide chef, sans laisser paraître la moindre émotion. Il avait 26 ans. Il est fort probable que François Caillet, le fils du garde de la Forêt-Neuve et futur lieutenant du canton assista à l’exécution avec plusieurs de ceux que l’on retrouvera plus tard parmi les Chouans des environs de La Gacilly. Pour récompenser Aimé Joyaut de ses bons services à la légion de Sécillon, Louis XVIII l’anoblit sous le titre de Joyaut de Couesnongle, seigneurie de Saint-Jacut d’où était originaire la famille Joyaut et qui dépendait jadis du comté de Rieux