Symboles utilisés
o : naissance, x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "naissance en 1584 environ"
- Capitaine
Armée > Terre
- Écuyer
Sa jeunesse s'écoula auprès de ses parents, à Carhaix. Son père, soucieux de lui donner une éducation bien équilibrée, lui fit faire de fortes études classiques, notamment latines, sans lui laisser négliger la pratique des exercices du corps tels que l'équitation et la chasse, pour lesquels le jeune homme prit vite un goût prononcé. Il ?t à Rennes des études de Droit, selon l'immuable tradition familiale. Mais se sentant attiré par la carrière des armes il quitta les siens, vint à Versailles, et le 7 février 1775, peu avant l'avènement de Louis XVI, entra au service dans la Compagnie des Gendarmes de la Garde du Roi, l'un des corps de cavalerie d'élite. Il n'abandonnait pas ses études pour autant, et revint en juillet à Rennes pour y passer son Baccalauréat de Droit. L'année suivante il était reçu à la Licence. Il quitta en 1778 la Maison du Roi et entra deux ans plus tard le 19 septembre 1780, comme Maréchal des Logis, dans la Maison de Monsieur le Comte d”Artois. Cette fonction, surtout honorifique, l'occupait assez peu, à tel point qu’il put dans le même temps être reçu lieutenant dans la Compagnie des Canonniers Garde-côte du Faou, unité chargée de la défense d’une partie de la rade de Brest. Le 7 décembre 1777, il avait adressé à M. Amelot, Secrétaire d’Etat, une requête en vue d’obtenir un jugement de maintenue de noblesse. Ses pièces furent examinées par Chénin, généalogiste du Roi, qui conclut favorablement 1778. Il y fut donc fait droit à sa requête. Ces preuves de noblesse lui permirent d”être reçu of?cier quelques temps après. En 1780 et 1781 il eut la douleur de perdre successivement son père et sa mère. En février 1786, il fut pourvu du brevet de capitaine des Canonniers gardes-côtes de Plugomelen(Finistère). Il pouvait néanmoins venir faire de nombreux séjours dans sa petite propriété du Pont d'Oust qu'il avait augmentée à deux reprises : en 1782 par adjonction des terres de Malaquest, en 1784, en achetant la métairie de la Touche à la succession Le Prévost de Bourgerel. Il se préoccupait en outre d'acquérir de nouveaux biens, c'est à cette époque qu'il acheta la Seigneurie de la Villerobert, en Ruffiac (ancien domaine de la famille Ermar). Vers 1789 (étant âgé de 38 ans !), il épousa René Françoise Louise Henry de Kergoët, ?lle de messire Louis Michel Henry Chevalier Seigneur de Kergoët, capitaine grenadiers au régiment de Béarn, Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de Dame Louise Reine de Suasse de Kervégan. Louise de Kergoët était née à Quintin le 23 novembre 1768. La famille Henry du Quengo et de Kergoët était d'excellente noblesse; elle fut maintenue noble d'ancienne extraction chevaleresque avec 16 générations à la Réformation de 1669. Ses armoiries étaient ‘ De gueules à trois épées d'argent posées en pal, la pointe en bas ››. Sa devise ‘ Potius mori quam foedari ››., Les jeunes époux, Sébastien de Préaudeau et Louise de Kergoët dont, en d’autre temps, les jours auraient pu s'écouler paisibles entre la Cour où les appelaient périodiquement le service de Monsieur, Comted`Artois, la région de Ploërmel et celle de Quintin, ne jouirent pas longtemps de leur tranquillité. La Révolution,qui grondait, éclata. Au début, il est vrai, elle ne se fit guère sentir en Bretagne. Les années 1790 et 1791 y furent assez calmes. Au mois d’août 1790, Sébastien de Préaudeau recueillit à Ploërmel l'héritage de son oncle Jean-Baptiste Houët ; cet héritage consistait en l’hôtel de famille et en diverses terres. L'année suivante, le Corps des Canonniers Garde-Côtes, où il servait depuis cinq ans comme capitaine, fut licencié. Les mesures révolutionnaires s'intensi?aient. S'étant refusé à suivre en émigration plusieurs membres de sa famille (son beau-père le chevalier de Kergoët, son oncle Paul de Kervégan, son cousin le comte de Quengo), mais reste ?dèle à la Monarchie, Sébastien de Préaudeau vit ses biens mis à sac : le château de la Villerobert incendié en 1792 avec toutes les récoltes qu’il contenait, le Pont d'0ust qu'il avait quitté en armes pour prendre part à l'insurrection, pillé l'année suivante. En 1794 la Chouannerie commençait à s`organiser sérieusement dans le Morbihan : il prit une part active à la formation des compagnies régulières et se joignit à l'une d'entre elles. Il serait trop long de raconter tous les faits qui compromirent chaque jour son existence et sa fortune : en toute occasion il aida et favorisa de tous ses moyens le parti Royaliste. La pacification survint. Le vaillant Chouan put enfin prendre quelque repos et goûter en paix, dans son hôtel de Ploërmel, les joies de la vie de famille auprès de sa femme, de sa fille Julie et de son ?ls Théophile qui avaient vu le jour au Pont d’Oust, en pleine tourmente. Une deuxième fille Rosalie et un deuxième ?ls Ange lui naquirent à Ploërmel en 1799 et 1801. Cette même année, Sébastien de Préaudeau ?t l'acquisition des terres et du château du Lobo en Caro, où il établit sa résidence d’été, ses diverses propriétés de campagne ayant été rendues à peu près inhabitables par les révolutionnaires. En 1804 et 1805 deux nouveaux ?ls, Louis et Gabriel, virent le jour à Ploërmel. De quels joyeux ébats le vieil hôtel ne dut-il pas alors être le témoin ! En juin 1812 la famille s'y réunit pour fêter l'heureux mariage de Julie (l'aînée des enfants) avec monsieur Auguste de la Touche. Pourtant la situation politique était loin d'être éclaircie et sous le calme apparent l'orage couvait. En effet la Restauration Royale tant désirée, était venue, mais elle avait été suivie presque aussitôt du retour de l'Ile d'Elbe. Au début des Cent Jours, l'Ouest resta relativement calme, mais le 15 mai 1815, une nouvelle insurrection royaliste y éclata. Sébastien de Préaudeau malgré ses soixante quatre ans, tint à reprendre son grade dans l'armée qu'organísaient dans le Sud du Morbihan, Messieurs de Sol de Grisolles et Joseph Cadoudal (frère du grand Georges) puis fut envoyé en liaison auprès du vicomte du Breil de Pontbriand qui commandait les forces de la région de Dinan. Ce fut la petite Chouannerie que le retour définitif de Louis XVIII (le 8 juillet 1815) rendit bientôt inutile. Sébastien de Préaudeau rentra à Ploërmel accueilli par la faveur et la considération générales. En août il était nommé président du Collège électoral de L'arrondissement de Ploërmel et prié par la grande majorité des électeurs de poser sa candidature à la Chambre des Députés ; mais il se sentit trop fatigué pour accepter un tel mandat et se retira dans ses terres. Le Roi lui octroya des lettres de Noblesse par lesquelles le titre d'écuyer lui est de nouveau reconnu et les armoiries dé?nitivement fixées comme suit : << D'azur à un aigle d'or. La tête contournée, tenant dans la serre gauche une banderole d”argent montée d'or ›› Ces Lettres patentes furent enregistrées au greffe de la Cour Royale de Rennes le 1er octobre 1816, En février 1819, il mariait sa seconde fille Rosalie à un jeune et brillant officier : Benjamin de Tuault de la Bouverie qui appartenait à une ancienne famille de Robe de Ploërmel et dont le père, premier magistrat et plusieurs fois député de la ville y avait joué un rôle fort important et fort heureux. De cette union naquirent à Ploërmel en l’espace de sept ans, de 1821 à 1828, six enfants qui firent le bonheur de leur grand-père. En 1820 Louis entra à l'Ecole Militaire de Saint-Cyr, l'année suivante Ange était reçu à l'Ecole Polytechnique. Puis ce fut 1823, la campagne d'Espagne, à laquelle Louis, Lieutenant d'infanterie légère, prit une part brillante. La même année, Benjamin de Tuault était nommé chef de bataillon, et en 1825, Gabriel entrait à son tour à Saint-Cyr. Quelques mois après, Théophile, le fils aîné, épousait à Quintin, Mlle de Kerbriac, nièce du célèbre chef chouan Saint Réjant. En 1830, Sébastien de Préaudeau dut être ?er de la conduite magni?que qu'avait eue son fils Ange, le jeune artilleur, au siège d'Alger. Malheureusement, quelques jours après, les émeutes de juillet venaient chasser de France la dynastie à laquelle il avait voué sa vie, en la personne même du prince dans la Garde, duquel il avait servi cinquante ans auparavant Ce fut pour lui une bien dure épreuve. Il put encore voir le mariage de son fils Gabriel, alors officier de cavalerie. Mais ses dernières années furent assombries par la mort prématurée de son gendre, le commandant de Tuault, et le chagrin qu'en éprouva sa fille. Le 20 mai 1836, trois jours après la naissance d'Arthur, fils de Gabriel, et son premier petit-fils du nom de Préaudeau, il s'éteignit en son hôtel, à Ploërmel, rue de Lannion, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans. Il avait su faire fructifier son bien et, par d'heureuses acquisitions, était arrivé à constituer un très beau domaine de plus de mille hectares contenant quatre châteaux ou manoirs (la Villerobert, le Lobo, Bodel et la Hâttais), trois maisons nobles (le Pont d'Oust, le Quily, La Touche) et très nombreuses métairies s'étendant principalement sur les communes de Caro, Guer, Campénéac, les Fougerets, Ruffiac, Ploërmel et Augan. Ce domaine fut partagé entre ses enfants en 1836. Il y eut six lots couvrant chacun cent cinquante à deux cent hectares. Les propriétés habitables furent réparties de la sorte : Le Lobo était attribué à Julie de la Touche, la Hâttais à Théophile, Bodel à Rosalie de Tuault, La Touche à Ange, le Quily à Louis, le Pont d'Oust et la Villerobert à Gabriel. Leur mère conservait l'hôtel de Ploërmel. Sébastien de Préaudeau fut pleuré de tous les siens. Il avait été le témoin d'une époque révolue à laquelle il dut souvent penser avec amertume. Il ne méconnut pas les erreurs et les fautes de cet Ancien Régime tant décrié, mais il resta toute sa vie ?dèle à son esprit et aux principes sur lesquels il était fondé. En dépit des bouleversements, des guerres et des révolutions (et Dieu sait s’il en traversa) sa ligne de vie resta absolument in?exible. Il avait cette magni?que vertu qu’il apprit à ses enfants à ne jamais transgresser et qui' constitue son plus bel héritage : la Droiture. Sa femme vécut encore une quinzaine d'années à Ploërmel. Elle mourut le 5 juin 1852, âgée de quatre vingt quatre ans. Extrait de la Généalogie de Philippe Barbié De préaudeau
