1891-08-22
1891-8-22-CXM

Revendications. Lettre ouverte à ses compatriotes par le père Pierre Louis MATHURIN-Connaissez-vous La Gacilly C’est une jolie petite ville assise aux bords de l'Aff une. bien jolie rivière. On pourrait décrire et la rivière et la cité, et la vallée qui se prolonge, pittoresquement enserrée entre deux rangées de collines ombreuses, bien loin, à perte de vue, dans le cœur de l’Ile et Vilaine. Mais hélas ! Rien de parfait en ce monde. A toute médaille un revers ; et la plus belle des fleurs est hérissée d'épines, Ainsi, cette terre si belle, où le voyageur s'arrête ravi, ce riant séjour aurait ses imperfections... morales. 0n.parle dans les temps passés d'élections plus ou moins bonnes, on affirme que les Gaciliens, sont plus que républicains, révolutionnaires ! Jusqu’à quel point dit-on vrai ? J’aime à croire qu'on a beaucoup exagéré. Au reste, les élections sont-elles toujours une preuve de la malice d'un pays ? Je ne le crois point. Des élections ! Ça tient souvent à si peu « de chose ! Un homme peut faire tant de mal à une commune sous ce rapport on avait confiance en lui ; on le croyait droit et honnête ; on marchait après lui sans hésitation, estimant être en bonne compagnie : on suivait un aveugle et un fourbe... heureux, lorsque plus tard on reconnaît sa méprise. La Gacilly n'est pas une paroisse irréligieuse. On y compte et on y montre du doigt les rares citoyens qui ne vont pas à la messe, on fait ses Pâques et même davantage. Le prêtre y est respecté, écouté et pourtant le prêtre dans la localité, dans la ville plutôt que dans la campagne, des ennemis aussi injustes qu'acharnés. Ces ennemis, croyez-vous qu'ils soient Gaciliens ? On m'assure que non. C'est “qu'en effet, ici comme dans tout chef-lieu de canton, on trouve des fonctionnaires très nombreux, puisque nous sommes en République ; plus ou moins catholiques, je ne sais trop pourquoi, très probablement parce qu'ils sont fonctionnaires républicains. Il paraît que la religion et la République ne peuvent plus s'accorder en France. Tant pis pour elle, pour la république s'entend. Je la laisse pourrir dans sa fiente : entre elle et la religion, je n'hésite pas un instant : vive la religion. Je suis sûr qu’à La Gacilly ce cri trouverait écho dans un grand nombre de cœurs honnêtes ; car il y a beaucoup Mais, si républicaine qu’on suppose une paroisse bretonne, je suis convaincu que lorsqu’on lui donnera à choisir : entre la politique et la religion le choix sera bientôt fait. Oui !, à La Gacilly comme ailleurs… Les Gaciliens ne sont pas des bâtards, ils sont bel et bien bretons, de la vraie race qui sait vouloir et agir fortement ; ils portent les habits tels que les portaient autrefois leurs pères, et ne trembleront pas devant deux ou trois queues-de-pie venus on ne sait d’où. Je ne suis pas obligé de tout dire aujourd’hui. Je vous parlerai plus tard d’une grande question qui s’est posée à La Gacilly comme dans toutes les paroisses voisines, celle des écoles libres et des droits du père de famille : La Gacilly n’a pas voulu rester en arrière ; son école est la plus belle des environs, c’est l’espoir de nos braves gens et la sauvegarde de notre foi et de nos mœurs. C'est le moment de montrer que nous voulons réellement la liberté, celle qui consiste à servir Dieu librement et à élever ‘honnêtement : ses enfants. Les chrétiens n'ont pas à choisir, leur baptême leur commande le chemin de la maison de Dieu et leur ordonne de fuir celle de Satan