Symboles utilisés
o : naissance,
x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

Jérome
CANCOUËT (de)
CANCOUËT (de) :: Jacob
KERROUALLAN (de) :: Ysabelle
MARNIERE (de La) :: Jeanne.1 (x?)
 - Gillette.3 (o?)
 - Isabeau (o?)
 - Yves (o1644)
LA GACILLY :: Roche-Gestin (La) en ?
BUBRY :: Kernivinen en 1653

Fils aîné de Jacob de Cancouët et de Ysabelle de Kerrouallan, il épouse Jeanne de la Marnière. Il avait un frère qui portait le nom de la Roche Gestin et une sœur nommée Marie, dame de la Garaudière. Il avait également une autre sœur. Il demeurait habituellement dans son manoir de Kernivinen, en la paroisse de Bubry. Par son testament qui porte la date du 31 octobre 1653, il déclarait qu’il devait à son frère et à sa sœur, dame de Tréolan, la somme de 1000 livres ; il donnait aux paroisses de Saint-Gravé, 40 livres et de Carentoir, 50 livres pour messes et services. Il demandait que ces messes fussent dites dans l’église de Carentoir, à l’autel Sainte-Marguerite devant lequel se trouvait l’enfeu de la Roche Gestin et aussi dans la chapelle de Saint-Jugon, près la Roche Gestin ; en outre, il donnait 150 livres à l’église de Guern, 150 aux Cordeliers de Pontivy, 150 aux Capucins d’Hennebont, 3 perrées de blé à Notre-Dame de Quelven, 2 perrées à Saint-Sébastien et Saint-Fiacre, 2 minots de blé à toutes les chapelles où il y avait des maisons et une rente de 40 livres pour sa chapelle de Cancouët ; il instituait pour son exécutrice testamentaire sa sœur Marie, dame de la Garaudière, avec l’assistance du prêtre Jean Rolland. Le legs fait aux Capucins d’Hennebont fut accepté le 29 avril 1654 par le prieur, en son nom et en celui de tous les religieux. L’acte d’acceptation fut signé au manoir de la Vigne en Languidic où demeurait la dame de la Garaudière, par frère Martinien de Saint-Jean, prieur, Olivier de Sainte-Anne, Constantin de Sainte-Hélène, François de la Croix, Pierre de la Résurrection, Ignace de la Conception, Bernard de la Sainte-Trinité, Séraphin de Saint-Pierre, Simon de Saint-Albert, tous religieux du couvent d’Hennebont. Cette histoire est bien réelle et montre le comportement et les agissements surprenants des derniers de Cancouët résidant au château de Kernivinen en Bubry, au château de La Roche-Gestin en Carentoir et de Kériec dont dépendait la chapelle Saint Yves. "Le prêtre de Bubry, Jean Eliot, était responsable de 1591 à 1630 des comptes, de la trésorerie et de la gestion des dons de la chapelle. Mais ses comptes manquaient de clarté pour l'Archidiacre Claude Gouault qui réclama plus de rigueur et surtout des comptes chiffrés sur papier dès 1620. Les dépenses somptueuses à des fins personnelles du petit prêtre avaient mis la puce à l'oreille de l'Evéché. Mais il semblait qu'il prêtait sans compter les deniers du culte. Ces prêts étaient-ils effectués sous la menace du châtelain de Cancouët ou par bonté d'âme? Quoiqu'il en soit les premiers bénéficiaires de ces prêts étaient en tout premier lieu les membres de la famille de Cancouët, à commencer par les seigneurs eux-mêmes, c'est ainsi que Jacob de Cancouët confesse avoir pris 100 écus de l'argent de la chapelle Saint Yves et en donne quittance au trésorier, le 22 mai 1609. Sa veuve Isabeau de Kerouallan, reconnaît avoir reçu de messire dom Jean Eliot, le 15 juin, 15 livres en argent et du beurre pour 6 livres tournois. Leur fils Jérôme fit de plus fréquents et de plus copieux prélèvements soit 2644 livres de 1617 à 1627. D'autres membres de la famille profitèrent de cette manne: Christophe de Cancouët, seigneur de Kériec, en trois emprunts, emporta 1040 livres en 1625. Jean de Cancouët, sieur de La Roche-Gestin, 700 livres entre 1627 et 1630 consentis partie par Jean Eliot et autre partie par son successeur Simon Jouanno. D'autres gentilhommes bénéficièrent des largesses du prêtre pour une somme totale de 2180 livres. Des gens de plus humble condition avaient bénéficié de 268 livres et de quelques autres prêts en nature, tels que blé, beurre, orge... Une bonne partie des revenus profitait ainsi à des particuliers. Jean Eliot se justifiait en invoquant la crainte des voleurs et aussi le souci d'augmenter les revenus de la chapelle. Il déclare en 1620 avoir "baillé en prêt par obligation (des sommes) de peur de les perdre par les troubles et bruits de voleurs qui couraient alors". De même le 4 mars 1623, il remit à Jérôme de Cancouët 1200 livres sur le bruit qui courait lors, qu'il y avait nombre de voleurs dans le pays et craignant de perdre le bien de l'église. En 1625, il lui confie encore 300 livres, "n'étant homme fort, attendu son âge et n'ayant maison suffisante à les conserver". Dans son intention ce n'était là que prêts temporaires et destinés normalement à produire des intérêts. Jacob de Cancouët avait promis de rendre les 100 écus empruntés avant un an ou d'en payer le denier vingt, ce qui faisait 5 écus d'argent (5% d'intérêt l'an). Contre les 1200 livres perçues en 1623, son fils Jérosme hypothéqua une métairie noble "pour payer par an le nombre de 9 perrées de seigle, jusqu'à parfait paiement de la somme". Souvent ces reconnaissances de dettes n'étaient que de simples papiers, mais parfois elles étaient établies devant notaire. Même Jérôme de Cancouët se soumit, en 1620, à cette formalité. Leurs perrées de seigle de 1625 furent l'objet de contrat en bonne et due forme. En 1630, Jean de Cancouët, par acte fait devant la cour de Largouët, dans la salle basse de sa maison de Grandchamp, reconnut avoir reçu auparavant, à cause de loyal prêt, les sommes de 315 et de 185 livres qui faisaient 500 livres provenant des deniers et oblations de la chapelle Saint Yves, promit et s'engagea à payer dans un an prochain. Il est vrai qu'à cette date, il se trouvait menacé de poursuites et trouva ce moyen de régulariser sa dette. Depuis plusieurs années déjà, le recteur de Bubry et l'archidiacre de Vannes s'inqiétaient de ce détournement de l'argent déposé par les pélerins dans les troncs de la chapelle. Ils avaient d'autant plus lieu de le faire que les intérêts n'étaient pas servis et que les remboursements se faisaient attendre. En 1621, François de Baud, sieur de Bresséan, acquitta bien une somme de 60 livres, mais il la remit à Jérôme de Cancouët qui la garda par devers lui contre une cédule remise au trésorier par laquelle il promettait de la rendre à la Saint-Gilles. A la mort de Jean Eliot, en 1630, la plupart des emprunts restaient dus et l'un d'entre eux remontait à 1590. On a l'impression qu'il s'agissait plutôt de placements à intérêts et même à fonds perdus. En réalité, par la personne interposée du gouverneur nommé par lui, le sieur de Cancouët disposait à sa guise des revenus de la Chapelle, comme en témoigne un billet écrit de sa main, en octobre 1622: "Dom Jean, donnez deux cents livres à monsieur Quillio de l'argent de la Chapelle. Puisque j'en ai affaire, j'en suis autant responsable qu'un autre." Les perrées de seigle sont attribuées, en 1625, sous la garantie du seigneur de Cancouët. En 1627, Jean Eliot accorde 100 livres au sieur de La Roche-Gestin, du consentement du seigneur de Cancouët, son frère. Un autre billet de Jérôme de Cancouët, en date du 28 juin 1629 déclare:" Je confesse avoir eu des deniers de la chapelle de Monsieur Saint Yves 315 livres tournois pour envoyer à mon frère de la Roche-Gestin et laquelle somme je m'oblige de rendre en mon propre et privé nom." Ces pratiques allaient finalement motiver une plainte du recteur de Bubry devant le Parlement de Rennes et un grave conflit avec le sieur de Cancouët. Le placement auprès de particuliers des deniers provenant des oblations faites à la chapelle Saint-Yves ne pouvait laisser indifférent l'évêque de Vannes et encore moins le recteur de Bubry. Au cours de sa visite du 16 juin 1619, l'archidiacre de Vannes avait consigné, sur l'inventaire des biens de la chapelle, les obligations consenties à son gouverneur, Jean Eliot. En 1625, il requit de lui plus de précisions sur sa gestion. Mais les comptes étaient rendus devant les officiers de la seigneurie de Saint-Nouan et le représentant de l'évêque se déclarait dans l'impossibilité d'avoir la connaissance exacte des biens et revenus de la chapelle. Interrogé, en 1628, Jean Eliot avoua plus de 4500 livres d'obligations qui furent couchées sur un nouvel inventaire, alors que le compte de 1627 n'en faisait pas mention et ne signalait aucune rente. Aussi le promoteur de la cour ecclésiastique de Vannes, Jacques de Belleville, frère du recteur de Bubry, décida d'appeler le gouverneur de Saint-Yves à comparaître pour le contraindre à présenter les titres qu'il détenait, à en exiger le règlement, principal et intérêts (...). Il adressa une supplique en ce sens au Parlement de Bretagne qui lui accorda, le 26 août 1628, d'assigner Jean Eliot devant la cour ecclésiastique de Vannes. Par-delà le trésorier de Saint-Yves, c'était, en fait, le sieur de Cancouët qui était directement visé parce qu'il décidait, à son gré, de l'attribution des oblations destinées à la chapelle. Le recteur voulait avoir droit de regard et il persistait à revendiquer, conformément au droit coutumier, le tiers des revenus de la chapelle. La situation s'envenima au cours de l'année 1630. Au début du Carême, la première semaine, précise le prêtre Etienne Marec, le sieur de Cancouët et son frère sieur de Kériec, accompagnés de plusieurs de leurs serviteurs, descendirent au bourg de Bubry, dans l'intention manifeste d'intimider le clergé de la paroisse. Effrayés, le recteur Pierre de Belleville et son curé Guillaume Le Floch coururent se réfugier dans la maison du menuisier Jacques Poirier. Les deux gentilshommes les y poursuivirent et se firent ouvrir la porte du "degré" qui conduisait aux chambres hautes, mais ils se trompèrent de pièce et firent irruption dans l'appartement de Julienne Lorans, veuve d'écuyer Charles Lucas. Cette femme prétendit ensuite qu'elle ignorait ce qu'ils cherchaient: elle avait bien vu les deux ecclésiastiques fuir devant les Cancouët, mais elle ne savait, dit-elle, "si c'était crainte de boire avec eux ou autrement". La troupe redescendit. Les serviteurs étaient surexcités et l'un d'eux, nommé le Lorrain, ne parlait rien moins que de destiner deux coups de pierriers de chasse, l'un au recteur et l'autre à son vicaire. Au bout d'une heure environ, les deux prêtres se hasardèrent à quitter leur refuge. Toujours selon Julienne Lorans, qui ne quittait pas sa fenêtre, peu après, Le Lorrain lui cria que le recteur n'avait pas besoin de se cacher et qu'on ne le cherchait pas. Il semble qu'on en voulait surtout à Guillaume Le Floch. Etienne Marec dépose que le sieur de Kériec lui avait coupé la barbe et il avait vu dans la chambre basse de Jean Guilloux, les serviteurs du gentilhomme "qui excédaient et battaient à coups de pieds, de poings et de bâtons" l'infortuné vicaire. Ils l'eussent même tué si leur maître n'était intervenu pour contenir leurs violences. Visiblement Etienne Marec cherche à limiter les responsabilités du sieur de Kériec et déclare qu'il ignore tout des motifs de cette agression, ce qui montre combien les seigneurs étaient redoutés. Depuis plusieurs années Jean Eliot était souffrant. Les suspicions portées contre sa gestion ne pouvaient que le troubler et le tourmenter. Pris entre les exigences du sieur de Cancouët et les réclamations de son recteur, il se trouvait dans une situation inconfortable. Tous ces tracas ne sont pas étrangers à sa mort survenue subitement à Saint-Yves. Appelé à son chevet, messire Jacques Le Breton, son petit neveu et son légataire, voulut s'assurer de la clef de la chambre qu'il habitait dans leur maison de Listoir- Coetano. Mais les serviteurs de Cancouët veillaient et représentèrent qu'ils avaient ordre de leur maître de se saisir de cette clef pour que personne n'entrât dans la chambre. Eux-mêmes se chargèrent d'aller y "quérir du linge pour ensevelir le corps". Il est clair que M. de Cancouët avait quelque chose à protéger ou à dissimuler. Le conflit atteignit son paroxysme, le 19 mai, jour de la fête de Saint-Yves. M. de Cancouët avait convié à dîner, en son manoir de Kernivinen, le recteur de Bubry et le prêtre Etienne Marec qui vivait avec lui au presbytère. Mais ce dernier les quitta pour se rendre aux vêpres. Que se passa-t-il alors entre les deux hommes? Nous en sommes réduits à des conjectures car nous n'avons pas la plainte du recteur, mais seulement la déposition d'Etienne Marec. Il fut certainement question des oblations de la chapelle. Le seigneur-patron aura vainement tenté d'obtenir la complaisance du recteur et une violente altercation éclata entre eux, le jour même, ou le lendemain, à l'ouverture des troncs. Le 20, au soir, Etienne Marec était déjà au lit, quand un serviteur du recteur vint lui demander de se rendre immédiatement auprès de son maître qu'il avait laissé, à Saint- Yves fort blessé. Le prêtre trouva son recteur couché dans une maison voisine de la chapelle et tout couvert de sang. A sa demande, il s'en fut chercher une charrette pour le transporter au bourg. Le lendemain, il apprit de lui que c'était le sieur de Cancouët qui l'avait mis en ce triste état. Nous savons par ailleurs que Cancouët l'avait frappé de son épée. La cause, jusque-là religieuse et civile, devenait criminelle. Monsieur de Belleville porta immédiatement sa plainte devant le Parlement de Rennes et, le 23 mai 1630, au nom du clergé de Vannes, le chapitre décida de l'appuyer. Un conseiller de la Cour procéda, les 26 et 27 juin, à une première information qui n'a pas laissé de traces. Il semble qu'elle ait entraîné, le 13 juillet, la prise d'un décret contre le sieur de Kériec, principal responsable des événements du début du Carême, dont la victime a été Guillaume Le Floch. De son côté, Monsieur de Cancouët ne demeurait pas inactif. Il s'était pourvu devant la juridiction de Pontcallec, dont le sénéchal rendit, le 1er juin 1630, un décret de prise de corps contre le recteur. Une première transaction entre les deux parties intervint le 21 juin, mais le procès devant le Parlement suivait son cours. Pour se prémunir contre l'accusation d'avoir détourné les biens de la chapelle, Monsieur de Cancouët avait fait procéder, le 16 mai, par les officiers de sa juridiction à leur inventaire en y inscrivant un certain nombre de cédules et d'oblations détenues par feu D'autres seront mentionnées dans un second inventaire, celui-là des meubles et des papiers qui se trouvaient dans la chambre du trésorier, et le procès-verbal portera la date du 2 août 1630. Le 9 août, le chapitre, agissant en son nom et au nom de l'évêque et du clergé de Vannes, adresse une requête au Parlement pour être admis comme partie prenante dans le procès engagé par Pierre de Belleville contre le sieur de Cancouët. Il faisait valoir qu'il s'agissait du détournement de biens d'église et de sévices exercés à l'encontre de deux ecclésiastiques qui cherchaient à jouir de leurs droits. Il demandait réparation et désirait faire comparaître Simon Jouanno qui avait succédé à Jean Eliot dans le gouvernement de la chapelle. Cette requête fut jointe au dossier et, le 3 septembre, la Cour rendit un arrêt pour lui faire droit, convoquer à la conciergerie les serviteurs de Cancouët mêlés à l'affaire, publier le monitoire obtenu par le recteur qui serait désormais placé sous la sauvegarde du Roi (Louis XIII) , tandis que le sieur de Cancouët devait demeurer à la disposition de la justice. Maître Laurent Peschart, conseiller au Parlement, était désigné comme commissaire-rapporteur, chargé d'informer sur les faits. L'affaire était cette fois, sérieusement engagée. Dès qu'il eut reçu signification de cet arrêt, Pierre de Belleville, qui se trouvait alors à Pontivy, s'empressa de le communiquer à l'archidiacre en le remerciant de son intervention. Il n'était cependant qu'à demi rassuré, car dans une seconde lettre, datée du 18 septembre, à Bubry, il écrivait: "Je vous assure, que pour ma vie je ne trouverais homme qui de loin ni de près voulut faire quelque chose contre le sieur de Cancouët, lequel ne pouvant être ici, a envoyé gens de sa part pour devoir empêcher la publication de mon monitoire, ce qui a été fait malgré eux. Aujourd'hui, ils tâchent d'empêcher ceux qui pourraient parler, jusqu'à les faire dédire par force." Cependant le chapitre prenait ses dispositions pour soutenir l'instance. Le 20 septembre, il déchargea l'archidiacre Claude Gouault de suivre cette affaire et décida un emprunt pour faire face aux frais de procédure, se réservant de se dédommager sur les revenus de la chapelle. Tout était en place désormais pour que se déroulât le procès. Sachant qu'ils ne pouvaient plus y échapper, les frères de Cancouët tentèrent de le contrecarrer et de le désamorcer. Du mercredi 25 septembre au vendredi 4 octobre, Messieurs de Keriec et de La Roche-Gestin vinrent s'établir au bourg de Bubry. Sans aucun doute leur destin était d'empêcher que la lumière se fît et peut-être d'obtenir le désistement des demandeurs. Le samedi 28 septembre, le sieur de Keriec se rendit au presbytère dans l'espoir d'y rencontrer le recteur. Il ne trouva qu'un religieux jacobin devant qui il se répandit en insolences: dans sa fureur, "il mordait son épée de rage et de colère". Le lendemain, les deux frères prièrent messire Guillaume Le Floch de venir souper avec eux dans la maison Guilloux qui était leur pied-à-terre. Il est vraisemblable que des démarches aient été faites aussi auprès de l'évêque, car Monsieur de Rosmadec définit les conditions auxquelles pourrait intervenir une transaction. Le commissaire Laurent Peschart se rendit à Bubry pour procéder aux informations, dès le début d'octobre. Le 2, il enquêta sur le "divertissement" des deniers de la chapelle et, à cet effet, appela à comparaître, à Saint-Yves, tous ceux qui avaient participé aux deux inventaires de la succession Eliot: Simon Jouanno, nouveau gouverneur, Guillaume Jagu, sénéchal de la juridiction, Honoré Lesper, commis au greffe et les héritiers : messire Jacques Le Breton et Jean Le Breton, son père. L'inventaire des biens de la chapelle ne faisait pas difficulté, mais les témoignages ne concordaient pas au sujet du second. Simon Jouanno signala, en effet, qu'en plus des obligations mentionnées dans le premier inventaire, "il en fut encore trouvé d'autant dans la maison d'Eliot, desquelles le greffier est saisi". Le sénéchal, qui avait fait procéder aux deux inventaires, précisa que le second remontait à un mois, donc au mois d'août. Vint alors le greffier, il commença par affirmer qu'il avait toujours vu le gouverneur se saisir de l'unique clef des troncs et disposer à son gré des recettes: "Messire Jean Eliot, dit-il, maniait et recevait les deniers de la chapelle comme bon lui semblait." Puis il confirma avoir consigné l'inventaire des biens de la chapelle et peu de jour après en avoir délivré copie à maître Le Duc, conseiller à la Cour, de passage à Bubry. Quant aux meubles et actes laissés par Eliot dans sa maison, il n'en fut pas fait de sitôt inventaire, "d'autant que les héritiers s'étaient portés héritiers bénéficiaires" et il présenta le procès-verbal daté du 2 août 1630. Comme on lui faisait remarquer que ce n'était qu'une copie, il répondit n'en avoir plus la minute pour l'avoir brûlée. Le commissaire lui rétorqua alors qu'il ne disait pas la vérité, mais qu'il avait bel et bien "supprimé la minute à la prière du sieur de Cancouët" et que les obligations rapportées dans la copie ne se trouvaient pas, le 2 août, dans la maison d'Eliot. Le greffier maintint cependant sa version et produisit à l'appui une lettre du sieur de Cancouët. Le sénéchal est alors appelé pour une seconde audition et déclare que le greffier, "après avoir certifié les meubles et les papiers qui se trouvaient dans la chambre, tira de sa pochette plusieurs obligations qu'il fit aussi employer audit inventaire, ne sait en quel endroit il les avait prises". Quant à la date, il ne peut "coter positivement le jour où fut fait l'inventaire mais croit que ce fut au mois de septembre". Méssire Jacques Le Breton et son père expliquèrent comment ils avaient été dessaisis des clefs de l'appartement d'Eliot et le prêtre croyait se rappeler que le second inventaire avait eu lieu, le lendemain de la Saint-Gilles, donc le 2 septembre et non le 2 août. Le commissaire regagna le bourg et, peu après, Simon Jouanno l'y rejoignit. Il désirait compléter sa déposition. En ce qui concernait les obligations consenties par le sieur Abraham, le sieur de Cancouët lui avait dit "qu'il pouvait prêter la somme hardiment" puisqu'il se portait lui-même caution. Le nouveau gouverneur précisa aussi que, s'il était seul à posséder la clef du tronc placé au bas de la chapelle, le sieur de Cancouët en détenait une pour les deux autres troncs. Honoré Lesper, le greffier, arriva à son tour et reconnut piteusement "qu'il y avait eu erreur sur la date du dernier inventaire: il est rapporté avoir été fait le 2 août; la vérité est qu'il fut fait le 2 septembre". La supercherie imaginée par le sieur de Cancouët se retournait contre lui. Il était désormais établi qu'il détenait et dissimulait des obligations appartenant à la chapelle. Le lendemain, 3 octobre, au bourg, Laurent Peschart poursuivit son enquête au sujet des violences subies par le recteur et son vicaire." Sur ces preuves le jugement du sieur de Cancouët pouvait avoir lieu. "Le sieur de Cancouët s'avisa alors de tenter "in extremis" un arrangement avec le recteur. Le 9 novembre, à Rennes, tous deux conclurent, devant notaire, un accord en vertu duquel ils se désistaient mutuellement de leurs plaintes et déclaraient les mettre "hors Cour et procès". (...) Mais le ministère public poursuivait le procès, ainsi que le chapitre de Vannes qui avait présenté, le 29 octobre, une règle détaillée pour l'administration de la chapelle. Le sieur de Cancouët, sa famille et ses serviteurs étaient condamnés à verser 1 800 livres d'amende en plus des sommes empruntées et de leurs intérêts à rembourser. "La sentence était rendue, il restait à l'appliquer, ce qui n'ira pas sans de nouvelles et graves difficultés." Laurent Peschart évalue les emprunts et intérêts de Monsieur de Cancouët à 4 496 livres. Celui-ci paye les 1 400 livres d'amende au recteur avec lequel il s'était "réconcilié", mais résiste pour payer son amende de 400 livres au procureur général ainsi que pour rendre l'argent emprunté. "Il avait entrepris de faire casser la sentence du parlement." Il chercha donc à brouiller les pistes en convoquant la Cour du Roi. La Cour rompt la sentence du Parlement de Bretagne qui se défend à son tour. Les choses devaient donc traîner pour finir par condamner messire de Cancouët. Un accord intervint entre l'archidiacre et Monsieur de Cancouët, le 11 juin 1632. "A Rennes, devant notaires, le sieur de Cancouët et messire Jean de Cancouët, sieur de la Roche-Gestin, son frère d'une part, d'autre part messire Claude Gouault, archidiacre de Vannes, convinrent de "transiger et s'accorder et mettre la dernière requête civile hors procès". (...) Monsieur de Cancouët acceptait de payer ses dettes familiales. La somme totale intérêts compris s'élevait à 6 214 livres et 5 sols. Cet argent resterait entre les mains du sieur de Cancouët et de ses deux frères, mais tous trois s'engageaient solidairement à créer et constituer sur tous leurs biens une rente annuelle de 388 livres 7 sols et 8 deniers, calculée au denier 16. Les sieurs de Cancouët avaient enfin trouvé une solution qui leur convenait. Jérôme de Cancouët devait mourir en 1655. "Aujourd'hui, disaient les chapelains, il n'y a plus de trouble et de différend et le seigneur de Cancouët qui avait commis des violences est mort et la paix est revenue". Les enfants mâles des trois frères à l'origine de ces actes répréhensibles, n'auront pas de descendance et la branche noble de la famille de Cancouët disparaît à jamais avec la mort d'Yves, fils de Jérosme en 1670. Source=famille Cancouët par Cancouët Éric 1995