ALAIN BASTARD, seigneur du Bois-Glé, et (du chef de sa femme) seigneur de la Porte-aux-Bastard, en la même paroisse de Guer, dut naître à la fin du XII siècle ou au commencement du XIII (vers 1193-1205). Sa vie nous est inconnue, mais il était rappelé, au témoignage de de la Cour, dans un anniversaire qu'avait fondé en 1320, en l'église de Guer, Pierre Bastard, seigneur de la Porte, en l'honneur de Jehanne de la Porte, sa mère, décédée, veuve alors d'Alain Bastard, seigneur du Bois-Glé, et enterrés tous deux dans leur enfeu : c'était le nom donné en Bretagne aux tombes personnelles et en général prohibitives à toute autre famille. L'enfeu des seigneurs de la Porte, comprenant deux pierres tombales, devant l'autel de Monsieur saint Jacques, était prohibitif ; et une rente de quarante sols avait été fondée par eux, et se payait encore à cet effet par leurs successeurs dans le XVII siècle. Alain Bastard épousa (vers 1240-5) Jehanne de la Porte, dame du dit lieu de la Porte, en Guer, issue d'une famille de Bretagne dont plusieurs sujets sont nommés par les historiens qui nous font connaître leurs armoiries. Elles rappelaient à la fois le nom de cette famille, et peut-être quelque charge remplie par elle à la cour de Bretagne, dont les clefs auraient été, comme de nos jours, le signe honorifique. Jehanne ne nous est connue que par l'anniversaire ci-dessus rappelé. Le fief de la Porte, dit depuis lors la Porte-au-Bastard, en la paroisse de Guer, au diocèse de Saint-Malo, resta près de trois cents ans dans la maison de Bastard. Il est rappelé dans les anciennes réformations (1420, 1444 et 1515) sous le nom de manoir noble, ancien et principal de la Porte. Cette expression, dans le langage de la réformation, sans être précisément synonyme de celle de château, réservée alors en Bretagne pour les places fortifiées, fait néanmoins comprendre qu'il y avait alors une habitation d'une certaine importance. Au manoir étaient joints le logement de deux métayers, et des terres nobles et franches d'affouages. Il relevait directement du duc de Bretagne, et, après la réunion de la Bretagne à la couronne, il ne releva que du roi de France. Au commencement du XVI siècle, il passa par vente aux Percherel de Villeneuve, et puis, par alliance, aux Servande, après lesquels il fut morcelé et divisé. Sept familles de la petite ville de Guer en possèdent aujourd'hui les débris, dont quelques restes, situés à l'extrémité de la rue du Four, attestent encore l'antiquité. Ce manoir ne doit pas être confondu avec le fief, aujourd'hui ferme de la Porte l'Étang, situé à quelque distance de Guer, non loin de la Ville-Hue. Celui-ci appartenait en partie aux moines de Paimpont, en partie à la famille de Saint-Malon : il est maintenant possédé par les comtes de Porcaro, de la Ville-Hue. Alain Bastard du Bois-Glé eut de Jehanne de la Porte : Pierre Bastard