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exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

René Noël
RUBAULT
MALESTROIT (56)
 - sans postérité
Culte
 - Curé constitutionnel 1792 | Paroisse :: LA GACILLY
LA GACILLY :: Ville en ?

de 1776 au 14-11-1784, il fut curé de La Gacilly (à moins que ce ne soit que sub-curé ?) ; il reviendra comme curé constitutionnel en 1792 René-Noël Rubault de Béculeux en Ruffiac était très connu des Gaciliens. Né à Malestroit de Jacques Rubault et de Honorée Jarnier en 1743, il apparaît à La Gacilly dès 1766 où il signe au registre des baptêmes comme clerc minoré (il avait pris l’habit chez les Bernardins de Prières le 4 janvier 1765) puis en 1770 comme sous-diacre. Ces séjours à La Gacilly s’expliquent par le fait, qu’à cette époque, résidait à La Gacilly un nommé Jarnier, homme de loi et procureur du marquisat de la Bourdonnaye. Or c’était sans doute son oncle et il venait chez lui passer ses vacances de séminariste. Ordonné prêtre le 21 septembre 1771 au Mené par monseigneur de Bertin, il revient à La Gacilly comme vicaire de Claude-René Le Masle, en 1776 ; il demeure à La Gacilly jusqu’en 1784 où il est nommé curé de Malansac. Il signe, le 27 novembre 1784, pour la dernière fois le registre paroissial de La Gacilly ; il fait d’ailleurs suivre sa signature de curé de Malansac.De là, il n’oublie pas ses amis de La Gacilly où il vient de temps en temps comme en 1785 et en 1786 pour présider à un baptême et à un mariage. Le 15 novembre 1785, il signe le registre paroissial de La Gacilly pour un mariage et il fait suivre sa signature de curé de Glénac; au cours de cette année, il assiste à deux sépultures et plusieurs baptêmes dans cette trève ; en 1788, il y fait quatre baptêmes, un mariage et quatre sépultures et, en 1789, quatre baptêmes et deux mariages. Il avait peut-être abandonné dès 1788 son poste de Glénac pour se retirer à La Gacilly, car il dit la messe matines à l’église de cette ville en 1789 et, en 1790, il assiste à la bénédiction de la seconde cloche où il signe Rubault de Béculeux sans faire suivre son nom d’un titre clérical comme auparavant. Il prête le serment constitutionnel le 20 février 1791. Il signe encore un baptême en avril de cette même année sur le registre de La Gacilly puis il rejoint Malestroit où il vient d’être nommé vicaire par l’évêque schismatique Le Masle. Le 10 septembre de cette même année, il refuse le rectorat de Taupont à cause de « sa santé ruinée par le chagrin et la calomnie » écrit-il au district mais plutôt parce qu’il sait la façon dont les catholiques de la région de Ploërmel accueillent les prêtres jureurs. Resté à Malestroit dans l’attente vaine d’un traitement qui ne vient pas ou par bribes insignifiantes, il y est dans la misère et meurt de faim. On le retrouve « vicaire et bénéficier » à Sérent en 1792. Il prête encore, le 8 janvier 1793, le nouveau serment exigé par la loi de septembre 1792 de tous les fonctionnaires publics : « Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la Liberté et l’Egalité ou de mourir à mon poste ». Mais une première lâcheté en entraîne une autre et pris dans l’engrenage, le pauvre Rubault ne pourra plus se dépêtrer qu’il n’ait touché le fonds de l’abîme et ne soit devenu traître à ses engagements les plus sacrés. Il prêtera en effet sans hésitation et sans trouble apparent de conscience tous les serments demandés aux fonctionnaires et il en signera les formules variées au registre de La Gacilly, de sa grande écriture épaisse et anguleuse. A aucune époque on n’eut recours au serment comme pendant la période révolutionnaire. En onze ans, de 1789 à 1800, on exigea pas moins de sept serments différents des membres du clergé de France, pour ne parler que d’eux. L’état misérable de René-Noël Rubault fut vite connu à La Gacilly et émut ses nombreux amis. En particulier les jeunes qui tenaient alors le haut du pavé et se partageaient les honneurs et les traitements, ne purent rester indifférents aux malheurs de celui qui, quinze ans plutôt, avait été leur maître d’école. Comme il n’y avait pas alors d’école publique, les prêtres de paroisse et ordinairement les vicaires s’occupaient seuls de l’instruction des enfants surtout de ceux qui aspiraient à des fonctions publiques pour lesquelles la connaissance du latin était obligatoire en ce temps-là. Les Cheval, Leroy, Grinsart, Saulnier et Seguin devaient donc aux bonnes leçons du vicaire Rubault, leurs situations lucratives et leur rapide fortune. Dans l’espoir de procurer à leur ancien maître une situation stable qui le mettrait à l’abri du besoin, ils l’appelèrent auprès d’eux. Invité à venir à La Gacilly dans les premiers jours de février, il y accourt de suite et y célèbre la messe deux dimanches. Après la délibération en sa faveur du 24 février 1793, il n’attend ni l’avis du citoyen évêque du Morbihan, ni la confirmation du Directoire du département et il continue de dire la messe dans l’église Saint-Nicolas. Il pouvait croire cette fois que sa vie, jusqu’alors agitée et vagabonde, avait enfin trouvé un lieu de repos sûr et confortable. Entouré d’amis dévoués soucieux de ses intérêts même matériels, bien accueilli par une population qui ne voyait en lui qu’un prêtre connu depuis longtemps, de bonne vie et mœurs, il est prêt à leur donner les secours religieux dont il sentait la privation ; du reste, il était bien incapable dans sa théologie simpliste et son ignorance religieuse de discuter les questions de serment qui divisaient alors les esprits, ; il était assuré d’un traitement convenable qui lui permettait désormais de vivre sans l’âpre souci du pain de demain ; il va enfin connaître la tranquillité. Ce bonheur ne dura même pas un mois. Le 19 mars, à peine installé dans la chambre qu’il vient de louer chez la veuve Legouër, boulangère, dans la deuxième maison de la rue du Pont, à droite, en partant du Cas-Rouge (emplacement de l’ancienne maison P. Debray, n° 2 de la rue La Fayette d’aujourd’hui), il est obligé de fuir en toute hâte et d’aller se réfugier à Redon, sous la protection des soldats du général Beysser, pour éviter la colère des paysans révoltés qui se portent partout dans notre pays à l’assaut du centre où le pouvoir révolutionnaire est organisé. A la fin du mois, les Chouans se retirèrent et l’abbé Rubault put revenir. C’est alors que Montméjean est arrêté et guillotiné ; ses propriétés en Carentoir sont vendues comme biens nationaux ; sa métairie et son pourpris de la Danais sont adjugés à René Rubault pour la somme de 7.175 livres. Mais l’accalmie, cette fois encore, ne devait pas être bien longue pour notre curé, la Terreur n’était pas loin. En janvier 1794, La Gacilly eut sa fête de la Raison sous les yeux du curé constitutionnel Rubault, honteux, humilié et impuissant. Le petit troupeau de fidèles qui s’était réuni autour de son curé constitutionnel se dispersa pendant cette période troublée et leur curé jureur prit le parti de se cacher. Le pauvre René-Noël Rubault ne pouvait qu’être effrayé par les ruines amoncelées par le torrent dévastateur dont il avait contribué lui-même à rompre les digues par sa complaisance pour des idées nouvelles et dangereuses, sa désobéissance vis-à-vis de ses chefs spirituels, sa lâcheté devant Dieu et devant les hommes. On n’arrête pas un torrent débordé, on est nécessairement entraîné ou broyé par lui. Le curé intrus put croire un instant que le flot destructeur ne monterait pas jusqu’à lui qui avait pris tant de précautions, même coupables, pour sauver son existence, car la persécution furieuse et sanglante s’abattit d’abord sur les prêtres restés fidèles à leurs devoirs et cachés dans le pays pour pouvoir venir au secours des pauvres âmes désemparées. Les prêtres restés en France au péril de leur vie, furent traqués comme des bêtes fauves, les uns comme réfractaires au serment schismatique, les autres comme entrés sur le territoire après leur exil ou leur déportation. Dénoncés ou pris au hasard des perquisitions exercées par les troupes républicaines dans tout le pays, jeunes, ils étaient exécutés dans les vingt-quatre heures, comme le demandait le décret de la Convention du 11 mars 1793 ou envoyés en prison s’ils avaient plus de soixante ans ou étaient malades. C’est ainsi que Rubault vit deux de ses confrères voisins qu’il avait nécessairement connus dans son ministère régulier d’autrefois à La Gacilly et à Glénac, monter à l’échafaud pour rester fidèles à leur foi : Michel Després, natif de Bains-sur-Oust et vicaire de cette paroisse qui, tombé entre les mains des révolutionnaires, fut guillotiné à Redon le 24 octobre 1793 et Julien Racapé, né à Saint-Just et vicaire à Brain-sur-Vilaine. Ce dernier, caché chez ses parents, arrêté, traduit devant le tribunal révolutionnaire et condamné à mort, marcha vers l’échafaud le 1° novembre 1793 en chantant courageusement le cantique du Père de Montfort : « Allons amis au bonheur véritable » . Bains-sur-Oust et Saint-Just faisaient alors partie du diocèse de Vannes comme La Gacilly et Glénac. Le pauvre renégat put, de même, voir partir pour être emprisonnés à la retraite de Vannes les prêtres âgés ou malades de son voisinage qu’il avait connus, respectés et estimés autrefois. De même, Rubault ne peut ignorer l’arrestation et l’emprisonnement à Josselin de son ancien confrère et prédécesseur à Glénac, l’abbé Fleury de Buléon, car le fait suivant consigné aux archives de Josselin ne put manquer de défrayer les conversations de La Gacilly lorsqu’il y fut connu. M. Fleury était l’oncle des Clésio de La Gacilly. Le bruit de sa mise en prison ayant couru, l’un de ses neveux partit immédiatement pour Buléon afin d’avoir des renseignements sûrs. Ayant reçu là-bas confirmation de l’emprisonnement de son oncle à Josselin, il résolut d’aller le voir avant de rentrer à La Gacilly et de lui porter quelques secours. Accompagné et guidé par un de ses cousins, Trévalinet de Buléon, aussi neveu de l’abbé Fleury, il se dirigea sur Josselin et tenta d’entrer en relation avec son oncle. Mal lui en prit, car le 23 décembre 1794, le directeur de la poste de Josselin annonçait au département l’arrestation de Trévalinet de Carascouët en Buléon et de Clésio de La Gacilly « parce qu’ils demandaient à voir un prêtre nommé Fleury et avaient l’intention de lui remettre quelque chose ». Les deux cousins payèrent de quelques mois de séjour dans les infectes prisons de Josselin (c’est le mot du représentant du peuple, Prieur de la Marne) leur acte de dévouement pour leur vieil oncle. Ces exemples de courage et de fidélité au devoir de ses anciens amis, n’ont pas l’air d’émouvoir l’endurci Rubault et il reste dans sa situation pénible de jureur et de révolté. Il n’est pas encore tombé assez bas et il faudra qu’il touche le fond de l’abîme pour voir ses yeux se dessiller et comprendre l’indignité de sa vie. Mais voici que la persécution menace à leur tour les prêtres constitutionnels et il va avoir à trembler pour lui. C’est que la Convention, sous la poussée des clubs de Paris composés d’impies et de francs-maçons, ne tendait à rien moins qu’à l’athéisme officiel, à la suppression de tout culte religieux et d’abord du culte catholique, pour le remplacer par celui de la déesse Raison. Après avoir réquisitionné les églises pour le culte de la Raison et interdit l’exercice du culte en dehors du décadi, sans tenir compte du dimanche, ils vont exiger des prêtres jureurs la remise de leurs lettres d’ordination et la renonciation à l’exercice de leur culte. Le 13 avril 1794, Le Carpentier, représentant du peuple (c’est à dire de la Convention) en mission dans la région prend l’arrêté suivant : « Sont déclarés suspects, tous les prêtres qui ont attendu jusqu’à ce jour pour déposer leurs lettres de prêtrise soit à la municipalité, soit au district ; tous ceux qui, après avoir renoncé à leurs fonctions en ont repris ou continué l’exercice, les autres prêtres qui travailleraient d’une façon quelconque à exciter le fanatisme dans les cités ou dans les campagnes. En conséquence, tous les prêtres ci-dessus désignés (et tous les prêtres restés dans le pays rentraient dans l’une ou l’autre des catégories énoncées) seront mis en état d’arrestation et conduits à la maison d’arrêt du lieu comme perturbateurs ou ennemis de l’ordre public. Les autorités constituées sont expressément chargées de procéder à la célébration du décadi dans les lieux où cette institution morale et civique ne serait pas encore établie, comme de veiller à son maintien dans les communes qui ont déjà élevé un temple à la Raison. » Voilà donc le curé schismatique, malgré son empressement à prêter tous les serments qu’on lui demande et même ceux qu’on ne lui commande pas, considéré à son tour comme suspect et menacé d’être mis en état d’arrestation. Les autorités constituées ayant devancé l’appel du représentant du peuple en célébrant la fête de la Raison et de l’Etre Suprême, il avait dû, impuissant et caché, subir les mascarades impies et sacrilèges des Laloy, Saulnier, Chedaleu et Seguin. Maintenant que va-t-il faire devant la menace d’emprisonnement qu’il sait être sérieuse car il n’a pas été sans apprendre que l’évêque jureur du Morbihan, Le Masle, ses vicaires généraux et d’autres prêtres constitutionnels ont été enfermés au Petit Couvent de Vannes pour n’avoir pas voulu livrer leurs lettres de prêtrise ? Il prend peur comme d’habitude et n’a même pas le courage d’imiter ses chefs schismatiques. Dès le 18 avril, il est à Rochefort-en-Terre devant le district pour y remettre ses lettres d’ordination et de prêtrise et renoncer à ses fonctions sacerdotales. « Citoyens, déclare-t-il, vu que les fonctions de mon ministère paraissent contraires à l’esprit public et ne voulant en rien contrevenir aux lois, je déclare y renoncer. N’ayant en vue que l’entretien du bon ordre et du bien public, je me ferai toujours un devoir indispensable de donner en tout des preuves de mon civisme et d’obéir perpétuellement aux lois si sages de notre république. » Il semble qu’il soit impossible d’aller plus loin dans la voie de la lâcheté vis-à-vis de sa conscience et de la flagornerie, vis-à-vis d’un pouvoir injuste dont il ne pouvait pas ne pas voir la tyrannie. Voilà le pauvre René-Noël Rubault renégat et apostat. Il rentre en hâte à La Gacilly cacher sa honte dans sa petite et étroite maison de la rue du Pont (la 2° à droite en partant de la place du Cas-Rouge, partie de l’ancienne maison Debray, n° 2 de la rue La Fayette de maintenant ) où il restera terré pendant plusieurs mois, n’osant plus remplir publiquement les fonctions de son ministère par crainte de la persécution religieuse qui sévit alors dans toute son horreur multipliant les victimes dans toute notre région. Et alors commence aussi le temps de la grande pitié pour l’église de La Gacilly qui va rester pendant vingt mois sans garde ni surveillance, ouverte à tous et dans laquelle ne se fera plus aucune cérémonie du culte même constitutionnel. Abandonnée, elle servira de refuge aux passants sans abri, en attendant qu’elle soit prise comme corps de garde par la troupe républicaine qui viendra bientôt creuser des tranchées et construire des barricades autour du cimetière pour garantir la ville contre les incursions des Chouans qui la menacent du côté de la Forêt-Neuve. La pauvre église sera, entre temps, témoin de scènes encore plus tristes. Des bandits, comme il en pullulait à cette époque de trouble, profitèrent de l’abandon et de l’isolement de l’église pour y commettre leurs crimes ou y cacher leurs victimes. C’est ainsi que le 22 août 1795 on y trouva, le matin, le corps d’une femme assassinée pendant la nuit ou la veille comme en fait foi le procès-verbal : « Le 2 fructidor an III, sur la déclaration de Jacques-Marie Le Roy, officier de santé, nous, Joseph-Marie Seguin, juge de paix et officier publique (sic), assisté de Pierre Soulaine et Jean Hersart, accompagné d’Augustin Briand, officier de santé de Carentoir, nous sommes transportés en l’église de cette ville de La Gacilly, où nous avons trouvé un corps mort, lequel vérifié et examiné s’est trouvé être celui d’une femme âgée d’environ 36 ans et connue pour être Louise Année, du Patis-Sébillet, en la commune des Fougerêts, morte tout récemment de mort violente, soit par chute ou par avoir été frappée ». Au printemps de 1794, les Gaciliens n’ont plus de prêtres ou, du moins, s’il leur reste un curé constitutionnel, celui-ci n’exerce plus aucun ministère public. Il se cache d’abord et bientôt, pour mieux montrer son civisme, il accepte toutes les fonctions dont veut bien le charger la municipalité. C’est ainsi que nous le voyons successivement agent de recensement pour les toiles, puis pour les chanvres et, un peu plus tard, pour les grains. Cependant, comme il sait bien que le fait d’avoir déposé au district de Roche-des-Trois sa lettre d’ordination ne lui enlève point le caractère sacerdotal et qu’il reste prêtre pour l’éternité, il continue en cachette à baptiser, confesser, préparer à mourir, marier religieusement ceux qui s’adressent à lui, lorsque le danger d’être dénoncé ne paraît pas à craindre. C’est ainsi que le 25 mai 1794, ayant appris que Pierre Chevalier, un des chefs de l’insurrection paysanne de 1793, vient d’être pris traîtreusement par les soldats républicains et que, pour effrayer les populations, il a été condamné à être guillotiné à Carentoir, sur la place en face de l’église, il va le trouver pour lui offrir les secours de son ministère. Nous ne savons pas comment fut accueillie par le prisonnier cette démarche pourtant courageuse, cette fois, de René Rubault. Il est probable cependant que Pierre Chevalier qui était un catholique convaincu et généreux refusa les offres du prêtre jureur. Nous avons une preuve de ses sentiments intimes dans sa lettre qu’il écrivait, peu de temps avant son arrestation, à un de ses amis républicain de La Gacilly : « Mon cher frère et ami, malgré tes sentiments, tu peux encore venir auprès de moi, pourvu que tu aimes la religion, car c’est pour elle et pour le bien des malheureux que nous combattons, pour Dieu et sa Sainte Mère. » Quoiqu’il en soit de ses rapports avec le curé constitutionnel de La Gacilly, Pierre Chevalier monta courageusement à l’échafaud le 26 mai 1794. Si le curé Rubault échoua auprès de Pierre Chevalier, il avait plus de succès auprès des Gaciliens qui, par nécessité ou par accoutumance, recouraient volontiers à ses services. Il dut en particulier faire en cachette les baptêmes, les mariages et même le catéchisme car, lorsqu’il reprendra la rédaction des registres de l’église en 1796, il donnera la sépulture chrétienne aux enfants nés à cette époque et inscrira comme époux légitimes ceux qui s’étaient mariés pendant cette période, sans qu’il soit question de nouvelles cérémonies religieuses. C’est ainsi qu’à la fin de cette année 1794, en novembre en particulier, il eut à célébrer plusieurs grands mariages : « 14 brumaire an III. 5 novembre 1794. Devant nous, Pierre Roussel, officier publique de la municipalité, à quatre heures du matin se sont présentés à la maison commune, Jean Cheval, âgé de 29 ans, agent nassional et notaire publique de cette commune, demeurant au Châtelier, fils de feu Pierre Cheval et de Thomasse Phélippot, futur marié, et Marie Bizeul, âgée de 23 ans, fille de défunt Jean Bizeul et de Julienne Polignée. Ont été témoins et signent : Jean-Marie Duhirel, de la Ville Orion, Jean Hersart, marchand, beau-frère de la dite Bizeul, Joseph Texier, de la Ville Chaplet, en Carentoir, Louis Pignaud, chamoiseur, Pierre Soulaine, tanneur, Petit, tanneur, Vincent Thomas, tanneur, Jean Sandenis, tanneur, Joseph Provost, chapelier, Joseph Guéhenneuc, cultivateur, Joseph Danard, cultivateur. » « 17 brumaire an III. Devant nous, officier publique, à six heures du soir, se sont présentés, Louis Viviers, âgé de 53 ans, originaire de Chartre en cy-devant Dauphiné, négociant de profession (il habitait le presbytère actuel), fils de Jean Viviers et de Marie Chabrot, demeurant au dit lieu de Chartre, futur marié et Marie-Anne Le Gall, âgée de 33 ans, fille de Gilles-Joseph Le Gall, homme de loi et de Magdelaine-Gillette Blanchard, décédée, veuve de Noël Le Quéré de Plonéour (Finistère). Gilles-Joseph Le Gall demeurant à Roche-des-Trois. Ont été témoins : Joseph Morice, tisserand, Jean Cheval, agent national et notaire public, Mathurin Boucher, blatier, Joseph Antoine, du Filhol, négociant, domicilié à La Gacilly depuis le 5 vendémiaire an III. » Ce qui frappe tout d’abord dans ces deux procès-verbaux, c’est le grand nombre de tanneurs existants alors à La Gacilly. Cinq signent au mariage de Jean Cheval en y comprenant le chamoiseur. Comme nous savons par ailleurs que Viviers était aussi tanneur ainsi que du Filhol, d’abord son associé, puis son successeur à la Chamoiserie, qu’un frère de Marie Bizeul, Joseph Bizeul, le maire de l’époque Augustin Grinsart, Le Guiff d’Hennebont domicilié à la Bouère et plusieurs autres encore exerçaient le même métier, nous sommes amenés à conclure que la tannerie était, à ce moment, l’industrie la plus florissante de La Gacilly. Une autre remarque s’impose, c’est le grand nombre d’étrangers qui sont venus se réfugier à La Gacilly, en ces temps troublés et qui y prennent tout de suite le haut du pavé. Viviers est de la Drôme, Le Gall de Quimper, du Filhol de Lorient, Clémenceau de Rennes, Laloy, on ne sait d’où. Ce sont pourtant ces gens-là qui, avec tous les anciens fonctionnaires de la Royauté et du marquisat de la Bourdonnaye, et à qui quelques Gaciliens emboîtent le pas par ambition, qui vont parler, écrire, agir au nom de La Gacilly et donner au loin à la localité une réputation peu enviable et qui durera au moins un siècle et peut-être un peu plus. Enfin, il est à remarqué les heures de la célébration civile de ces deux mariages : quatre heures du matin et six heures du soir, au mois de novembre. Ils furent enregistrés aux chandelles. Ceci montre bien que, sous le régime de l’Egalité qui sévissait alors sur notre pays, comme sous les autres régimes, lorsqu’on est riche ou revêtu d’une parcelle d’autorité, il y a toujours avec la loi commune des accommodements. Rubault sera membre du Synode de Lorient en juillet 1800 avec le titre de « vicaire de La Gacilly depuis 1776 ».

Histoire de La Gacilly, page 442