Seigneurie ou maison noble
Pommeraye (La)
MESSAC
35480
Ille-et-Vilaine
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Saint-Malo-de-Phily vient de saint Malo, évêque d'Alet au VIème siècle, et du latin "felix" (heureux). Une légende rapporte qu'au début du VIIème siècle, trois prêtres du diocèse d'Aleth (Saint-Malo), en rapportant de Saintes les reliques de saint Malo, s'arrêtèrent à Fellit (lieu-dit cité au VIIème siècle), dans le pays de Guipry, chez un mactiern paralytique qui leur fit don de tout son village. Il fut aussitôt guéri et le village pris le nom de Saint-Malo-de-Phily. Saint-Malo-de-Phily est un démembrement de l'ancienne paroisse primitive de Guipry. Après le XIIème siècle, cette chapelle devient une église paroissiale. La paroisse de Saint-Malo-de-Phily dépendait autrefois de l'ancien évêché de Saint-Malo. Saint Malo ayant été inhumé à Saintes, où il avait terminé sa glorieuse carrière, les habitants d'Aleth, justement désolés d'être privés de ses reliques, trouvèrent moyen d'intéresser en leur faveur le roi Childebert III (695-711) et obtinrent par son entremise que la tête et la main droite du saint évêque leur fussent rendues. Les trois prêtres chargés d'apporter de Saintes ces précieuses reliques entrèrent en Bretagne par Guipry, et s'arrêtèrent en cette paroisse dans la demeure d'un homme noble, chef de son village, mais atteint d'une douloureuse paralysie (« Primam in Britanniœ partibus habuerunt mansionem in plebe quœ vocatur Wicbry, in una villa in qua erat nobilis vir, etc. » - Vita sancti Machuti ; Bulletin archéologique d'Ille-et-Vilaine, XVI, 244). Celui-ci leur abandonna sa maison, dans laquelle les prêtres élevèrent un autel pour y déposer momentanément les reliques, et chantèrent les vêpres. Plein de confiance envers saint Malo, le malade lui concéda alors tout son village et ses dépendances, « totam illam villam dedit sancto Machuti in dicumbitione, cum tota sua hœreditate pro vita œterna sine fine » (Ibidem.). Sa foi fut récompensée, car le lendemain matin il se leva guéri, ne se ressentant plus de son infirmité, et à partir de ce jour on nomma Felix ou Fellit le village offert à saint Malo (« Ille infirmus mane surrexit sanus, quasi nunquam infirmus fuisset, et ex illa die illaque hora ille locus Felix seu Fellit vocatur » - Ibidem). C'est ainsi que cette section de Guipry, dans laquelle fut vraisemblablement élevée une chapelle en souvenir du miracle, prit le nom, conservé de nos jours, de Saint-Malo-de-Phily. Vers l'an 1101, Gaultier, seigneur de Lohéac, donna aux moines de l'abbaye de Redon, avec le consentement d'Hamon, seigneur de Guignen, son frère, sa portion des dîmes de Saint-Malo, avec la chapelle et le cimetière de ce nom qu'il possédait par héritage, et autant de terre autour de cette église qu'une charrue peut en labourer en un jour ; il ajouta à ces dons le droit de construire un moulin sur la rivière voisine et la dîme d'un village qu'il possédait dans la paroisse de Saint-Séglin (« Partem suam de decima Sancti Maioci, cum ipsa capella et cum omni cimiterio quod hereditario jure sibi competebat, nec non tantum terre juxta profatam ecclesiam quod uni carruce abunde sufficeret, etc. » - Cartulaire de l'abbaye de Redon, 288). Un peu plus tard, vers 1108, Rotoald (ou Totoald), fils d'Hamon, se­gneur de Guignen et neveu du sire de Lohéac, tomba dangereusement malade et se fit transporter au monastère de Redon, où il revêtit pour mourir l'habit religieux. Il compléta dans cette circonstance la donation de son oncle et donna aux moines de Saint-Sauveur la moitié de la dîme de Saint-Malo en perpétuelle aumône pour le salut de son âme « Medietatem decime Sancti Maioci in eleemosyna perpetua tradidit » - Cartulaire de l'abbaye de Redon, 288) . Mainfinid, frère du donateur, approuva cette fondation, dont furent témoins Gaultier de Lohéac, Riwallon, archidiacre de Saint-Malo, et le prêtre David. Saint-Malo-de-Phily n'était donc encore, au XIIème siècle, qu'une chapelle sise en la paroisse de Guipry, et dont les seigneurs de Guignen, juveigneurs des sires de Lohéac, se prétendaient possesseurs ; les sires de Lohéac pouvaient bien d'ailleurs descendre de ce mactiern breton guéri par l'intercession de saint Malo. Mais les moines de Redon perdirent de bonne heure la chapelle et les dîmes de Saint-Malo ; la chapelle fut érigée en église paroissiale et son recteur fut présenté par l'ordinaire ; les dîmes redevinrent même la propriété de l'évêque et du Chapitre de Saint-Malo, qui les conservèrent jusqu'à la Révolution. Le recteur de Saint-Malo recevait une portion congrue du Chapitre et de l'évêque ; il jouissait, en outre, du presbytère, avec jardin et verger, relevant de la châtellenie des Huguetières, en Guipry. A cause de cela il devait au seigneur des Huguetières, chaque année, « une maille d'argent payable le jour et feste de Noël, au banc dudit seigneur, en l'église de Saint-Malo-de-Phily » (Archives Nationales, P. 1714 - Le fief des Huguetières, appartenant au XVIIème siècle à la famille du Bouëxic, fut uni à l'Adriennaye en 1658). Les habitants de Saint-Malo-de-Phily faisaient autrefois, le jour de l'Ascension, une procession autour de la paroisse, et au retour les trésoriers offraient une collation au clergé (Pouillé de Rennes). La seigneurie de La Driennais (ou La Driennaye), démembrement de la baronnie de Lohéac, appartient au XIVème siècle aux seigneurs de Guignen (issus de ceux de Lohéac). Elle possédait jadis un droit de haute Justice et de quintaine : ses fourches patibulaires à quatre piliers s'élevaient sur la lande d'Aunay. On voyait jadis dans le bourg de Saint-Malo-de-Phily les ceps et collier des seigneurs de la Driennaye. En 1654, Louis XIV érige en vicomté La Driennaye et Les Huguetières. On rencontre les appellations suivantes : Fellit (VIIIème siècle), capella Sancti Maioci (en 1101). Note : liste non exhaustive des recteurs de la paroisse de Saint-Malo-de-Phily : Julien Gaultier (il résigna en faveur du suivant). Guillaume Danour (il fut pourvu le 14 novembre 1566). Jean Jan (en 1598, il résigna vers 1611). Georges Patron (il prit possession le 1er mars 1611 ; il résigna en faveur du suivant, avec rétention de 180 livres de pension). Pierre Patron (prêtre du diocèse, neveu du précédent, pourvu en cour de Rome, il prit possession le 10 novembre 1641 ; décédé en 1658). Pierre Tréven (il fut pourvu le 27 août 1658 ; décédé en 1673 et inhumé dans le chanceau de son église). Gilles Juhel (pourvu en 1673, se démit en 1680 ; décédé à Messac en 1684). Jean Le Breton (il fut pourvu le 26 janvier 1680 ; âgé de soixante ans, en 1683). Jean Morin (en 1685 ; décédé en 1692). Alexandre Le Tort (sieur de Saint-Martin, pourvu en 1692, se retira en 1732). Luc Gérard (pourvu le 11 novembre 1732, se démit l'année suivante ; décédé âgé de soixante-huit ans, au village de Foulvaudier, en 1749, et inhumé dans le cimetière). Joseph Barbe (il fut pourvu le 27 mai 1733 ; décédé âgé de soixante-seize ans, le 3 avril 1776, et inhumé dans le cimetière). Louis Chevalier (recteur d'Iffendic, il fut pourvu le 22 avril 1776 ; décédé le 27 décembre 1777 et inhumé dans le cimetière). Joseph Nerhot (pourvu le 10 janvier 1778, gouverna jusqu'à la Révolution ; il demeura caché dans la paroisse et fut réinstallé en 1803 ; décédé âgé de quatre-vingts ans, le 3 mars 1818). N... Perret (1818-1821). Jean-Baptiste-Olivier Richard (1821-1822). Guillaume-François Gauchard (1822, décédé en 1827). Julien-Gilles Juhel (1827-1837). Julien Perdriel (1837-1842). Louis Lorent (1842-1874). Pierre-François Sorel (à partir de 1874), ..... Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier PATRIMOINE de SAINT-MALO-DE-PHILY l'église Saint-Malo (1900 – 1926), édifiée par Henri Mellet et Charles Coüasnon de Rennes. D'après la tradition locale, l'église primitive de Saint-Malo-de-Phily se trouvait sur les landes de Launay (ou d'Aunay), non loin de la voie gallo-romaine de Lohéac à Bain passant au Port-Neuf et au bord du ruisseau qui baignait les propriétés des moines de Redon au village de Goven, en Guipry. Cette position convient bien au récit de la translation des reliques de saint Malo au VIIIème siècle et à la chapelle mentionnée en 1101, mais depuis longtemps il ne reste pas trace de cet édifice antique. L'église actuelle, bâtie dans le bourg même, se compose d'une nef construite au XVIIème siècle et relevée en partie en 1835, et d'un choeur avec deux chapelles formant bras de croix, bâtis en 1852. Au-dessus de la porte méridionale de la nef est la date de 1666. La tour élevée au bas de la nef ne paraît guère plus ancienne, quoiqu'on y ait replacé d'anciennes lucarnes qui semblent romanes, et un écusson du XVème siècle, tenu par deux lions, surmonté d'un casque et de lambrequins, mais complètement martelé. En 1623, la baronne de Lohéac fut maintenue dans ses droits de dame supérieure en l'église de Saint-Malo-de-Phily, et Jean du Bouëxic, seigneur de l'Adriennay (Driennaye), déclara tenir d'elle sa terre, tout en étant lui-même seigneur fondateur et prééminencier dans cette même église. L'Adriennaye vel la Driennaye, érigée en 1658 en vicomté, pour Jean du Bouëxic, appartint successivement aux familles de la Lande, de Lesbiest et du Bouëxic ; celle-ci la possède encore. Le seigneur de l'Adriennaye avait le droit d'exiger tous les ans une soule, la nuit de Noël, des derniers mariés de la paroisse, et de faire courir quintaine tous les sept ans aux nouveaux mariés de la paroisse de Guipry, à cause de son fief de Renac à Macaire. Vers 1623 existaient en l'église de Saint-Malo deux chapelles seigneuriales prohibitives ; celle du côté de l'évangile appartenait au seigneur de l'Adriennaye, et celle du côté de l'épître à celui de la Gaudinelaye (ou Gaudinaye). A l'origine, les barons de Lohéac avaient leurs armoiries dans les vitres du choeur, mais celles-ci furent brisées pendant les guerres de la Ligue, et aux derniers siècles les vicomtes du Bouëxic y placèrent les leurs ; ils y mirent aussi, proche le grand autel, un banc et un enfeu où furent inhumés Jean du Bouëxic, décédé en 1671, et Luc du Bouëxic, décédé en 1703. Toutefois, Judith Picquet, marquise de Piré et baronne de Lohéac, obtint en 1748 un arrêt du Parlement la reconnaissant comme dame supérieure et fondatrice de l'église de Saint­Malo-de-Phily, et l'autorisant à y rétablir son banc, sa lisière et ses armoiries, et à y exiger les prières nominales (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, fonds de Piré). Le seigneur de la Fonchaye avait aussi un enfeu et un banc dans le chanceau de cette église, du côté de l'épître ; c'est là que furent déposés en 1642 le coeur de Louis Maudet, seigneur de la Fonchaye et de la Richardière, en 1650 le corps de sa veuve, Renée du Bouëxic, et en 1669 le corps de Jean Maudet. Le 5 septembre 1638 fut érigée en l'église de Saint-Malo la confrérie du Rosaire. Au XVIIème siècle existaient en cette église les chapellenies des Ponts-Neufs, du Bourg, de la Mariaye, etc. L'une d'entre elles avait été fondée en 1502 par dom Pierre Tréguier, et celle des Ponts-Neufs était de 1506. M. l'abbé Brune mentionne dans son Répertoire archéologique la croix de la Justice ; nous ignorons où elle se trouve, mais nous savons que les fourches patibulaires de l'Adriennaye se dressaient sur la lande de Launay (Pouillé de Rennes). La tour présente les armes des familles du Bouëxic seigneurs de la Driennaye depuis la fin du XVIème siècle et possède aussi un cadran solaire. Les seigneurs de la Bouëxic et de la Fonchaye possédaient jadis des enfeus dans l'église : pour les premiers dans le choeur, pour les seconds au côté sud du choeur. Les seigneurs de Lohéac possédaient dans l'église une litre à leurs armes. Les vitres du choeur renfermaient les mêmes armes qui furent remplacées après les guerres de la Ligue par les armes des seigneurs de Bouëxic ; la chapelle Saint-Joseph (XIXème siècle), dépendance du manoir de La Gaudinelais ou Gaudinelaye ; la chapelle Notre-Dame de Montserrat (1879), située au bourg et édifiée par l'architecte Arthur Regnault pour la famille Bouëxic. Elle a remplacé une ancienne chapelle privée datée du XVIIème siècle. L'ancienne chapelle aurait été édifiée par un du Bouëxic en exécution d'un voeu fait en mer à son retour d'Espagne. On y trouve plusieurs ex-voto de 1910 –1911. Cette chapelle est durant longtemps fréquentée par les pèlerins, qui s'y rendent surtout en très-grand nombre à la fête de la Nativité de la Sainte Vierge. Les registres paroissiaux contiennent le récit de plusieurs guérisons réputées miraculeuses accomplies en ce lieu durant le XVIIIème siècle. L'ancien édifice, absolument insignifiant, ne semble pas remonter au-delà du XVIIème siècle ; il est abandonné. Mme la vicomtesse du Bouëxic, née de Kerret, fait alors construire à côté une très-jolie chapelle, bénite le 8 septembre 1879 par le curé-doyen de Redon. Bâti dans le style ogival fleuri, ce sanctuaire se compose d'un rectangle avec abside polygonale ; sur les clefs de voûte sont les armoiries de la fondatrice, et dans la verrière est représenté le sire du Bouëxic échappant à un naufrage sur les côtes d'Espagne. Un élégant clocher s'élève sur la façade et complète ce charmant édicule (Pouillé de Rennes) ; l'ancien cimetière renfermait jadis deux chapelles : la Chapelle Saint-Jean (démolie en 1732, lorsque le cimetière fut agrandi) et la Chapelle Notre-Dame-de-Pitié, signalée en 1733 (le recteur M. Barbe, en prit possession le 29 mai 1733 et l'on y inhuma plusieurs personnes dans le courant de cette année-là) ; le château de la Driennais ou la Driennaye (XIXème siècle), surnommé autrefois l'Adriennaye. Ce château succède à un manoir du XVIème siècle, remanié au XVIIème siècle. Sa chapelle privée a été remplacée par un oratoire dans le château. L'ancienne chapelle mentionnée en 1663 se trouvait auprès du manoir ; elle était fondée de messes et avait Jean Vallays pour chapelain en 1724, mais elle n'existe plus. Dans la maison même a été disposée une nouvelle chapelle dédiée au Sacré-Coeur et parfois desservie (Pouillée de Rennes). Au XIVème siècle, la seigneurie de La Driennaye appartient aux seigneurs de Guichen, descendants de la famille de Lohéac. Le manoir est la propriété successive de Tristan de La Lande (de 1427 à 1513), de Claude de Châteaugiron, de Bernard de Vaussay ou Vanssay (en 1542), de Pierre Gaultier seigneur de Kerfos en Guérande (en 1568), puis de la famille Bouëxic seigneurs de Baron ; le manoir des Renardières ou Renaudières (XVIIème siècle). Propriété successive de Philippe Martin sieur de La Gesnaye (en 1601), de René Martin sieur des Renardières (en 1631), de Rolland de Rengervé (au XVIIIème siècle), des familles La Mintier, Béru et Vallays ; l'ancien manoir de la Bérangerais (XVIIème siècle). Propriété successive de Jean Martin sieur de La Bérangerais (en 1649), de Charles Le Chauff (en 1693). Ce manoir est détruit en 1886 ; le manoir de La Gaudinelais ou Gaudinelaye (XVIII-XIXème siècle). Il était entouré de quatre douves. Sa chapelle a été restaurée. La chapelle de la Gaudinelaye, voisine de ce manoir, était desservie en 1638 par Pierre Collin. En 1733, François du Fresne, seigneur de Virel et de la Gaudinelaye, présenta Yves Vaucelles pour la desservir en place de Alexandre Le Tort, décédé. Restaurée vers la fin du XIXème siècle et dédiée à Notre-Dame de Lourdes, cette chapelle, parfois desservie, est alors devenue un but de pèlerinage (Pouillé de Rennes). Propriété successive des familles du Fresne (en 1425), des Fossès (en 1513), de la Motte (en 1601), du Fresne seigneurs de Virel (vers 1681), Onfroy ou Onffroy seigneurs de La Rozière (vers 1780), Tanouarn, Hamel de La Bothelière, Kermainguy et du vicomte Jean Du Bouëxic (décédé en 1951). On y fit des baptêmes protestants durant les guerres de Religion ; la maison (1644), située au lieu-dit Le Petit Bouëxic ; la maison (XVIIème siècle), située au lieu-dit La Rivière ; la maison (XVIIème siècle) située au lieu-dit La Perdrilais ; la maison (porte du XVIIème siècle), située au lieu-dit La Driennais ; le four (XVIIIème siècle), situé au lieu-dit La Bellangerais ; les moulins à eau de la Richardière et d'Eval ; A signaler aussi : les premières industries bretonnes de galets éclatés naissent à Saint-Malo-de-Phily ; l'ancien manoir du Port-Neuf. Propriété de la famille le Tort en 1700, puis de la famille Maudet sieurs de la Joue en 1756 et en 1779 ; l'ancien manoir du Tertre. Propriété de la famille Chouart sieurs de la Biardais en 1684 et d'Anne Quillien dame Maudet en 1722 ; l'ancien manoir de la Richardière. Il possédait jadis une chapelle privée, interdite au XVIIIème siècle. Propriété successive des seigneurs de Tréguené (en 1427), de Saint-Gilles (en 1513), Maudet (en 1620 et en 1678) ; le manoir de la Fonchaye. Il possédait jadis une chapelle privée, abandonnée au XVIIIème siècle. Propriété des seigneurs de la Fonchaye en 1427 et en 1413, puis des familles Maudet en 1642 et en 1678 et Lambert en 1714 ; Bretagne : Histoire, Voyage, Vacances, Location, Hôtel et Patrimoine Immobilier ANCIENNE NOBLESSE de SAINT-MALO-DE-PHILY La vicomté de la Driennaye : La seigneurie de la Driennaye (ou Driennais), en Saint-Malo-de-Phily, appartenait au XIVème siècle aux seigneurs de Guignen, issus de la puissante maison de Lohéac. En 1427 Tristan de la Lande, sire de Guignen, possédait la Driennaye ; il devait tenir cette terre de sa mère Jeanne de Guignen, morte en 1425. Dernière représentante du nom de Guignen, cette dame avait apporté la seigneurie de Guignen et ses dépendances à son mari Guillaume de la Lande. Tristan de la Lande, premier seigneur connu de la Driennaye, épousa : - 1° Marguerite de Bruc, et - 2° Jeanne de Téhillac. Il mourut en 1431, selon du Paz (Histoire généalogique de Bretagne, 702). Son fils aîné, nommé aussi Tristan de la Lande et sorti du premier lit, lui succéda comme seigneur de Guignen et de la Driennaye. Il s'unit à Jeanne de Maure et en eut plusieurs enfants, entre autres un fils nommé Jean de la Lande qui continua la succession des sires de Guignen et qui prit aussi le titre de seigneur de la Driennaye — et une fille appelée Jeanne de la Lande qui épousa, vers 1470, Guillaume de Châteaugiron, seigneur de Saint-Jean de Laillé, décédé vers 1497. Ces Châteaugiron étaient issus d'un cadet des barons de Châteaugiron. De son mariage avec Jeanne de la Lande, Guillaume de Châteaugiron, laissa un fils Jean de Châteaugiron, seigneur de Saint-Jean de Laillé, époux de Françoise de Brie. Celle-ci resta veuve en 1518 avec une fille unique Claude de Châteaugiron qui épousa Bernard de Vanssay, seigneur de la Barre-lez-Conflans en pays Vendômois (Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de Laillé). Pendant tout ce temps, que devenait la seigneurie de la Driennaye ? Elle semble être restée encore quelques années entre les mains des sires de Guignen, car la Réformation de la noblesse mentionne qu'en 1513 : « François de la Lande, seigneur de Guignen, a la Driennaye ». Mais il paraît bien que peu de temps après Claude de Châteaugiron devint, par représentation de sa grand-mère Jeanne de la Lande, propriétaire de la seigneurie et du manoir de la Driennaye ; le dernier sire de Guignen, de la maison de la Lande, venait, en effet, de mourir sans postérité, et toute sa succession passa à des parents collatéraux. A noter que lorsque mourut en 1538 Jean de Saint-Amadour, vicomte de Guignen, la Driennaye faisait encore partie de la seigneurie de Guignen. Toujours est-il qu'en 1542 Bernard de Vanssay était seigneur de la Driennaye, du chef de sa femme Claude de Châteaugiron, qu'il avait épousé le 7 octobre 1538. Mais l'un et l'autre moururent jeunes, laissant un fils unique François de Vanssay sous la tutelle de sa grand-mère Françoise de Brie. Cette dernière fournit, le 18 décembre 1549, en qualité de tutrice, un minu de la seigneurie de la Driennaye à la baronnie de Lohéac. François de Vanssay, seigneur de la Driennaye, ne conserva pas longtemps cette terre ; devenu majeur, il la vendit, dès le 12 avril 1568, à Pierre Gaultier, seigneur de Kerfus au pays de Guérande. La seigneurie de la Driennaye ne dut rester que peu d'années entre les mains de ce Gaultier ; elle passa – probablement encore par acquêt — à la famille du Bouexic (Bouëxic) qui la possède toujours au XVIIIème siècle après trois siècles écoulés. Gilles du Bouexic, seigneur de Baron en Lohéac, eut deux fils : Louis du Bouexic, l'aîné, seigneur de la Chapelle en Guignen, auteur de la branche des du Bouexic de Pinieux, et Jean du Bouexic, seigneur de la Jacopière, auteur de la branche de la Driennaye, de laquelle sont sortis les rameaux des du Bouexic de la Pommeraye et de Guichen. Jean Ier du Bouexic, seigneur de la Jacopière et de la Driennaye, habitait ce dernier manoir en 1598 avec Françoise Cascaret, sa femme. Jean de Tehillac, seigneur du Boisduliers, avait hérité d'une moitié de la terre de la Driennaye qu'il vendit à Georges Leziart, seigneur du Matz, lequel la revendit en 1608 à Jean Ier du Bouexic, seigneur de la Jacopière (Archives du château de la Driennaye). De son mariage, Jean Ier du Bouexic eut plusieurs enfants, entre autres : Jean, qui suit ; Guillaume, qui devint seigneur de la Pommeraye en Messac, autre Jean, bénédictin à Saint-Melaine, etc. Les du Bouexic furent confirmés dans leur noblesse par lettres royales du 29 janvier 1635, accordée aux deux frères Jean et Guillaume du Bouexic, seigneur de la Driennaye et de la Pommeraye. Les considérants de ces lettres méritent d'être cités ; il y est dit que le roi Henri IV avait « honoré le sieur de la Jacopière de la charge de gentilhomme ordinaire de la Chambre et de plusieurs belles et honorables charges dans ses compagnies d'ordonnances, tant auprès de S. M. que pendant les guerres civiles auprès du duc de Montpensier, du maréchal d'Aumont et de Saint-Luc, lesquels services ont été continués par ses enfants, tant au dedans que dehors le royaume, où estoit mort le sieur de la Barre, leur frère, sous les armes, portant une cornette dans l'une des compagnies des ordonnances du roi en Allemagne ; et le sieur de la Driennaye a continué vingt ans entiers l'exercice de magistrature dans la ville de Rennes, a rendu plusieurs services dans la province pendant les mouvements derniers, a pris les armes pour le service du Port-Louis à l'attaque qu'y firent les Rochellois, et a été employé vers le roi aux députations générales des Etats de la province ; est le dit sieur de la Pommeraye à présent retenu au service du roi comme gentilhomme servant à la venerie et ordinaire de sa chambre » (Parlement de Bretagne). Ce Jean II du Bouexic succéda donc à son père et fut le premier vicomte de la Driennaye. Il fut d'abord conseiller au présidial de Rennes, échevin de cette ville, et, en 1643, procureur général syndic des Etats de Bretagne. Il épousa Lucresse Roucheran, mais mourut sans postérité à la Driennaye le 29 juillet 1671 ; son corps fut inhumé dans le chanceau de l'église de Saint-Malo-de-Phily au pied du grand autel ; sa veuve lui survécut dix ans et mourut à l'âge de 72 ans à la Coudraye, le 17 octobre 1681 ; elle fut enterrée en l'église des Pères Minimes de Rennes. La succession de Jean du Bouexic fut recueillie par son neveu Julien du Bouexic, seigneur du Châteaublanc en Guipry, fils aîné de Guillaume du Bouexic et de Gillette Aulnette, seigneur et dame de la Pommeraye. Mais Julien du Bouexic ne jouit pas longtemps de la vicomté de la Driennaye, car il mourut dès 1678 ; il avait épousé Renée Tempé dont il laissait un fils nommé Luc qui lui succéda. Luc du Bouexic, vicomte de la Driennaye, rendit aveu au roi pour cette seigneurie en 1680. Il épousa à Saint-Etienne de Rennes, le 21 mai 1685, Thérèse Bossart, fille de Jean Bossart, seigneur du Clos. Il en eut plusieurs enfants, tant à Rennes qu'à la Driennaye, et mourut à l'âge de 52 ans ; son corps fut inhumé le 21 mars 1703, « au tombeau de ses ancêtres en l'enclos du balustre de l'église de Saint-Malo-de-Phily ». Luc-François du Bouexic, vicomte de la Driennaye, fils des précédents et né en 1694, épousa - 1er en 1716 Perrine de la Piguelaye, fille unique de Pierre de la Piguelaye, seigneur dudit lieu, morte en couches et inhumée le 12 septembre 1719 ; - 2° Renée du Boberil, fille du seigneur du Molant, décédée à la Driennaye à l'âge de quarante ans, le 10 février 1734 et inhumée par humilité et sur ses ordres dans le cimetière de Saint-Malo-de-Phily ; - 3° le 22 janvier 1738 Marie-Louise-Elisabeth de Vaucouleurs de Lanjamet. Il eut plusieurs enfants de ces deux dernières femmes et mourut le 25 juillet 1749, à la maison des Charitons en Cendres, âgé de 55 ans (Registres paroissiaux de Cendres). Georges-Elisabeth-Luc du Bouexic, issu du troisième mariage du précédent et né en 1739 à Rennes, devint vicomte de la Driennaye et en fit hommage au Roi, à sa majorité, le 21 mars 1759. Il épousa à Riaillé, le 18 janvier 1765, Françoise de Lavau, fille de François de Lavau, seigneur de la Piardière (Registres paroissiaux de Riaillé). De cette union sortirent au moins deux garçons : Georges-Luc, reçu conseiller au Parlement de Bretagne en 1788 et décédé sans postérité, et Pierre-Prudent né à la Driennaye en 1768 ; fait prisonnier à Quiberon en 1795, celui-ci s'échappa providentiellement des prisons de Vannes, épousa Françoise du Quesnoy et continua la descendance de sa famille. Quant au dernier vicomte de la Driennaye avant la Révolution, Georges-Elisabeth-Luc du Bouexic, père des précédents, il ne mourut qu'en 1801 à son château de la Driennaye. Vers la fin du XIXème siècle, la Driennaye appartient à Mme la vicomtesse du Bouexic, Cécile-Marie de Kerret, veuve d'Albert-Prudent, vicomte du Bouexic (fils de Pierre-Prudent), et à ses enfants qui habitent avec elle cette belle propriété remarquables surtout par les grands bois qui environnent le château. La Driennaye était un démembrement de la baronnie de Lohéac ; elle avait été vraisemblablement donnée par les barons de ce nom eux-mêmes à leurs puînés, les sires de Guignen. Comme seigneurie la Driennaye ne devait pas avoir à l'origine une grande importance, mais elle s'arrondit peu à peu : en 1599 Jean Ier du Bouexic acheta d'avec la dame de Bossac les fiefs de Renac-à-Macaire et de Bossac en Saint-Malo-de-Phily ; plus tard, vers 1650, Jean II du Bouexic acquit d'avec le marquis d'Acigné une partie de la châtellenie des Huguetières, belle juridiction s'étendant en Guipry. Lohéac et Saint-Malo-de-Phily (Archives de Loire-Inférieure). Ce fut en 1654 que Jean du Bouexic obtint de Louis XIV des lettres patentes datées du mois de septembre, unissant en sa faveur les « chastellenies de la Driennaye et des Huguetières » et érigeant le tout en vicomté sous le nom de la Driennaye. Ces lettres furent enregistrées au Parlement de Bretagne le 7 décembre de l'année suivante (Archives du Parlement de Bretagne, Reg. XXI, 399). La vicomté de la Driennaye se composait de bon nombre de fiefs, s'étendant sur le territoire de Saint-Malo-de-Phily, Saint­Senou (Saint-Senoux), Guipry, Lohéac, Guignen et autres paroisses voisines. Elle avait une haute justice avec ceps et collier au bourg de Saint-Malo­de-Phily et fourches patibulaires à quatre piliers élevés sur la lande de Launay, à côté d'une croix qui porte encore le nom de Croix de la Justice — sur les paroissiens de Guipry, vassaux de ses fiefs de Bossac et de Macaire un droit de quintaine courue tous les sept ans par les nouveaux mariés — et sur les paroissiens de Saint­Malo-de-Phily droit d'exiger sous peine d'amende tous les ans, à la nuit de Noël, des derniers mariés, une soule de cuir noir pesant sept livres présentée au banc seigneurial à l'issue de la messe de minuit (Archives Nationales, P 1710). Le vicomte de la Driennaye était seigneur fondateur de l'église de Saint-Malo-de-Phily et y prétendait même à la supériorité ; mais les barons de Lohéac lui contestaient ce dernier privilège, et en 1748 Mme de Rosnyvinen de Piré, baronne de Lohéac, obtint du Parlement de Bretagne un arrêt reconnaissant ses droits de dame supérieure et première prééminencière de l'église de Saint-Malo-de-Phily (Archives d'Ille-et-Vilaine, fonds de Piré). Néanmoins le vicomte de la Driennaye conserva son enfeu et son banc à queue dans le chanceau de son église paroissiale, et ses armoiries « ès vitres et endroits éminents d'icelle église » ; on reconnaît encore actuellement au-dessus de la grande porte de l'église de Saint-Malo-de-Phily - quoiqu'il ait été martelé par la Révolution — son écusson tenu par deux lions et sommé d'un casque à lambrequins ; il porte les armes des Bouexic : d'argent à trois arbres de buis de sinople. Enfin de la vicomté de la Driennaye dépendaient en Saint-Malo-de-Phily deux chapelles : celle du manoir de la Driennaye, fondée de messes par les seigneurs du lieu, mais actuellement remplacée par un oratoire dans le château même — et celle de Montserrat dont la légende terminera cette notice. A une époque déjà lointaine, probablement au XVIIème siècle, un vicomte de la Driennaye fit un voyage en Espagne et s'y trouva sur mer exposé aux plus grands dangers ; se recommandant alors à la sainte Vierge, le chevalier breton fit voeu, s'il échappait au péril d'élever, de retour en ses terres, une chapelle en l'honneur de Notre-Dame de Montserrat. On sait assez quelle pieuse renommée est attachée à ce sanctuaire d'au-delà les Pyrénées. Revenu en Bretagne le seigneur de la Driennaye se montra fidèle à sa parole, et sur une colline déserte, lui rappelant vaguement les hauteurs de Montserrat, il construisit une petite chapelle, humble monument qui rappelait tout à la fois les saintes merveilles des Espagnols et la simplicité confiante de la foi des Bretons. Notre-Dame de Montserrat vient d'être reconstruite avec beaucoup de goût par la famille du Bouexic, et l'édifice a été béni le 8 septembre 1879. Dans les verrières, ornées des écussons en alliance du Bouexic et de Kerret, figure la légende, et l'on y voit représenté le vicomte de la Driennaye échappant au naufrage sur les côtes d'Espagne par la protection de la sainte Vierge. C'est au milieu d'un terrain inculte, au sommet d'un rocher abrupte et escarpé, à une assez grande hauteur au-dessus du cours de la Vilaine que s'élève ce joli sanctuaire de Notre-Dame de Montserrat ; il est depuis longtemps très fréquenté des pèlerins à la fête de la Nativité de la Vierge. La chapelle apparaît au loin, toute blanche avec son élégant clocher gothique, entourée de landiers et s'élevant sur un tapis de fougères. Il y a dans cet aspect quelque chose de sévère et de touchant, de pieux et de gracieux : la religion ennoblit la rudesse du paysage et l'on se surprend à aimer presque involontairement cette sainte solitude (abbé Guillotin de Corson). Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence de 4 nobles de Saint-Malo-de-Phily : Jehan DE LA LANDE de Guygnen (2000 livres de revenu), époux de Jehanne Hingant : comparaît comme homme d'armes ; Guillaume DE LA SOUCHAYE de Souchaye (160 livres de revenu), remplacé par son fils Jehan : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ; Olivier DE TREGUENE de Tréguéné (1000 livres de revenu) : défaillant ; Veuve de Messire Robert DE TREGUENE de Richardière (100 livres de revenu), aveu au duc en 1474 : défaillante ;