Touches (Les)
GUER
56380
Morbihan
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LES TOUCHES. La maison actuelle (1913) des Touches est, en majeure partie, une construction du XVème siècle. La grande porte sur la cour est aussi dans le style du XVème, mais l'autre porte et la fenêtre au-dessus sont du XVIème. Sur la façade du midi on voit un écusson brisé en partie qui portait les armes des du Loquet. Une belle fuie ou pigeonnier se voit encore dans la cour. On y arrive par des allées tracées au milieu de jolis bois. D'après les érudits, « Touche » veut dire bois, alors les Touches sont des bois, au milieu desquels cette maison noble fut construite. Dans le grand salon on voit un magnifique cadran solaire, avec des personnages habillés à la mode du temps, et portant les armes de « de Théhillac ». On y voit encore l'original, avec traduction, de la pièce accordant au seigneur des Touches le droit de garenne et portant la date du 8 août 1391. Ce privilège était octroyé par le Duc de Bretagne à son « cher et féal Jean du Loquet, sieur des Touches, pour lièvres, perdrix, faisans, conis, etc.... dans le domaine de Beautertre, sis entre la rivière d'Oyon et le chemin de la Planchette de Perezac (aujourd'hui Persac), au village de la Vallée-Forcant (aujourd'hui Vallée-Bouillant), jusqu'au ruisseau de Tréfaut et le chemin qui descend de la Planchette de Perezac à la rivière d'Oyon au gué Haldoyon — et aussi sur le pré nommé la Madeleine ». Cette concession était faite à perpétuité et nonobstant toute coutume, et dans la forme réservée à tous ceux de ses féaux sujets que le Duc voulait honorer. L'acte fut fait aux plaids généraux de Ploërmel et signé de : Guillaume de Lesenet. La seigneurie des Touches avait une dîme à la douzième gerbe sur plusieurs champs avoisinant La Priaudais, La Vallée-Bouillant, Le Vaumarquer, La Démardais, Le Busson, etc..., en tout 27 pièces de terre. Le plus ancien des seigneurs connus est Guillot Lucas, époux d'Alix de Trécesson ; tous deux vivaient avant 1350. Alix était fille de Jean et de Catherine de Montauban, mariés par contrat du 30 mars 1336. De ce mariage naquirent trois enfants : 1° Jamet Lucas, l'aîné, qui prit le nom des Touches, décéda sans hoirs après 1371 ; 2° Jeanne des Touches, épouse de Perrot du Pont ; 3° Alix des Touches, mentionnée en 1399 [Note : « Michel des Touches met son sceau, qui est une tête de femme, pour Jeanne de la Lande sur la quittance d'une somme due à la Trésorerie de la Duchesse de Bretagne » (Revue de l'Ouest, fév. 1895)]. De Perrot du Pont et de Jeanne des Touches, naquit une fille unique, « Tiphaine du Pont », qui hérita des Touches, à la mort de Jamet des Touches, son oncle maternel. Tiphaine du Pont épousa : 1° Jean Bouchart, dont elle n'eut point d'enfant ; 2° Jean du Loquet, vers 1387. Jean du Loquet [Note : Le Losquet est en Plogastel-Saint-Germain] était gentilhomme d'ancienne extraction ; ses armes étaient : « de gueules à 3 croix et une bande d'argent chargée de 3 merlettes de sable ». Il se distingua dans les guerres de Montfort ; c'est pourquoi le Duc de Bretagne lui octroya le droit de garenne dont nous avons parlé. Jean du Loquet vivait encore en l'an 1420 ; Tiphaine, son épouse, mourut en 1405 ou 1407. De leur mariage ils avaient eu six enfants : 1° Patry, l'aîné, qui succéda à son père ; on ignore le nom de sa femme ; Patry mourut le 13 novembre 1473. 2° Jean, recteur de Beignon vers 1454 ; 3° Bertrand ; 4° Jeanne, épouse de Pierre Lescouble. De ce mariage naquirent Jeanne, puis Béatrix Lescouble qui épousa Guillaume de Coesplan. 5° Bertranne, épouse de Jean-Olivier de Meslé, sieur de la Payentière, évêché de Nantes ; ce dernier vivait vers 1471 ; 6° Jean du Loquet qui devint chanoine de Rennes, Doyen de Fougerais, Prieur commandataire du Prieuré de Pontchâteau. Il mourut en 1490. Patry du Loquet avait eu deux enfants : 1° Bertrand qui épousa : 1° Amice de Porcaro, par contrat du 16 septembre 1451 ; elle était fille aînée de Jean de Porcaro ; son père lui donna en dot 12 livres de rente. — 2° Jeanne Mauvoisin qui mourut en 1522. Du mariage de Bertrand du Loquet et d'Amice de Porcaro naquirent quatre enfants : 1° Guillaume, fils aîné et successeur ; 2° Ysabeau ; 3° Jeanne ; 4° Jacquette. Guillaume épousa Jeanne du Châtelier, dame de la Pouardière en Foulgerais, fille de Georges et de Jeanne Le Provost, sieur et dame du Châtelier, du Bois-Garnier, soeur utérine de Gilles de Couesnon. Ysabeau épousa Martin Le Potier, sieur de la Vallée. Jeanne épousa, par contrat de 1479, Jean du Fresne, sieur de la Fonchaye. Jacquette fut épouse de Jean de Meisac, sieur de Pommenat, évêché de Vannes, dont est issu Raoul de Meisac. De Jeanne de Mauvoisin Bertrand du Loquet eut cinq enfants 1° Pierre, 2° Guillemette, l'aînée, 3° Guillemette, la jeune, 4° Jeanne, l'aînée, 5° Jeanne, la jeune. Pierre du Loquet fut prêtre ; Guillemette, l'aînée, épousa Raoul Proudic ; Guillemette, la jeune, épousa Georges Le Bastard, sieur du Clos-Perrin ; Jeanne, l'aînée, fut épouse d'Allain du Verger, sieur du dit lieu, dont naquit Julien du Verger. Guillaume du Loquet et Jeanne du Châtellier eurent trois enfants : 1° Pierre Ier ; fils aîné, succéda en la maison des Touches. Il épousa, par contrat du 1er juin 1506, Arthuse de Couédor, fille de Claude de Couédor et de Madeleine Boucel, sieur et dame du Bois-Glé, de la Basse-Bouexière, en Carentoir (aujourd'hui : La Bourdonnaye). Pierre du Loquet mourut en mai 1532 ; Arthuse, son épouse, qui décéda le 19 décembre 1568, fut inhumée dans l'église de Guer. 2° Jeanne du Loquet ; 3° Jacquette, épouse de Nicolas Faruel, sieur de la Ville-Daniel. De Pierre Ier et d'Arthuse de Couédor naquirent six enfants : 1° Pierre, deuxième du nom, fils aîné et héritier principal, épousa, par contrat du 7 mai 1542, Thuriale Peschart [Note : D'autres la font fille de Guillemette de la Ville-Juhel. La généalogie des du Loquet la font fille de demoiselle de Becdelièvre. Mais il est à peu près certain qu'elle était fille de Guillemette de la Ville-Juhel. Celle-ci, en effet, est dite, par la réformation de 1536, dame de la Touche-Peschart, veuve du sieur de la Chohannière, Jean Peschart. Cependant il se peut que Jehan Peschart ait été marié : 1° à Mlle Becdelièvre ; 2° à Guillemette de la Ville-Juhel.], fille puinée de Jean et de X... de Becdelièvre, sieur et dame de la Chohannière, nièce d'Arthur Peschart, sieur du Feugen, et d'Etienne de Becdelièvre ; soeur puinée de Valence Peschart, épouse de Jean Hudelor, sieur de la Grée-Mareuc. Thuriale eut en partage la maison de la Touche-Peschart, en Carentoir ; elle était veuve de Louis de la Bourdonnaye, sieur du Couédic, qu'elle avait épousé, par contrat du 9 juillet 1536, mort en 1538, dont elle avait eu une fille unique, « Claude » ou Claudine de la Bourdonnaye qui épousa Julien du Houx, sieur de Trébulan, le 7 avril 1564. Le deuxième enfant de Pierre premier fut François du Loquet qui devint prêtre. Puis, Madeleine, épouse de Jacques de Trébulan, sieur du dit lieu, dont est issu Jeanne de Trébulan. Ensuite Jacquette du Loquet qui épousa : 1° Gurval Ugues, sieur de la Ville-Hue, lequel mourut en septembre 1583 ; 2° Jacques de Kerbiguet, sieur du dit lieu, qui mourut à Rennes, en 1595, sans laisser d'enfant ; 3° Jean du Val, sieur de la Hattays. Pierre II et Thuriale Peschart eurent trois enfants : 1° François, 2° Arthuse, 3° Jeanne. François, fils aîné, épousa, par contrat de mariage du 27 juillet 1572, Péronnelle de Porcaro, fille de François de Porcaro et de Madeleine du Boisdenatz, sieur et dame de Porcaro et de Sixt. François de Porcaro donnait à sa fille 27 livres de rente en fiefs. François du Loquet mourut en janvier 1585, Péronnelle, son épouse, en août 1638. Arthuse épousa Jean Ugues, sieur de Télestan ; Jeanne, par contrat du 4 janvier 1567, épousa Nicolas de Théhillac, sieur de Beaumont. François Ier du Loquet et Péronnelle de Porcaro eurent deux enfants : 1° François II, 2° Alain Ier. François II mourut jeune, au collège d'Angers. Alain Ier, qui lui succéda, épousa Jeanne de la Tourneraye, fille puînée de Jacques de la Tourneraye et de Julienne Mouassé, sieur et dame de Tréheheuc, soeur germaine de Raoul de la Tourneraye, sieur de Tréheheuc et de Françoise de la Tourneraye, femme de Pierre du Houx, sieur du Vaumarquer, soeur utérine de Julien, François et Françoise de Quergu, enfants de la dite Julienne Mouassé, mariée en 2ème noces à René de Quergu, sieur des Vaux. Alain Ier mourut le 15 mai 1553, Jeanne de la Tourneraye, son épouse, en août 1638. Du mariage d'Alain Ier et de Jeanne de la Tourneraye naquirent quatre enfants : 1° Alain II, 2° Pierre, 3° Louise, 4° Françoise. Alain II du Loquet épousa Renée de Lésenet, fille aînée de Pierre et de Renée Briand, sieur et dame de la Roche-d'Augan. Le mariage se fit en août 1640. Pierre mourut jeune, et sans hoirs, le 3 septembre 1640, étant à Paris à faire les exercices. Louise et Françoise se firent religieuses Carmélites à Ploërmel. Alain II et Renée de Lésenet eurent deux enfants : 1° Renée, 2° Jeanne. Renée, fille aînée, qui succéda à son père en la maison des Touches, naquit le 8 août 1642. Elle épousa, par contrat du 7 février 1655, Jacques de Porcaro, seigneur de Sixt. Jeanne du Loquet, née le 25 février 1644, épousa, le 28 juillet 1665, Pierre le Douarin, sieur de la Touraille, en Augan. Jeanne du Loquet fut inhumée dans le choeur de l'église d'Augan, le 28 août 1668. Jacques de Porcaro et Renée du Loquet eurent un fils nommé Jacques, lequel épousa Geneviève du Matz ; il mourut sans laisser d'enfant. A sa mort, par suite d'arrangement, les Touches furent adjugées, vers 1713, à Pierre-François de Théhillac, époux de Marie-Joseph Le Clavier ; cette dame mourut en 1723. Leur fils, Sébastien de Théhillac, seigneur des Touches, épousa Perrine du Verger de Gohy. De ce mariage naquit une fille, Perrine-Mathilde, qui épousa, à Rennes en 1777, Claude-Louis de la Touche-Limousinière. Perrine-Mathilde mourut à Rennes le 14 avril 1782 [Note : Archives des Touches. La légende des Touches. — Aux quatre chemins, une femme tuée pendant la révolution par les chouans, pour les avoir dénoncés, revient tous les soirs sous la forme de chat noir. La dame de Théhillac revient tous les soirs, habillée de blanc, les cheveux sur les épaules, se promène ainsi dans les corridors et dans deux chambres. Elle revenait à minuit pour habiller sa fille qu'elle voulait très belle. Elle-même avait été belle et très mondaine. Pour expier ses vanités, elle fut condamnée à revenir tous les soirs aux Touches]. Leur fille, Jeanne-Perrine de la Touche-Limousinière, épousa, par contrat du 30 janvier 1808, Joseph-Mathurin Le Provost de la Voltais. Marie-Louise Le Provost de la Voltais épousa Paul de Bellouan. Leur fille, Anne-Marie de Bellouan, épousa, en 1868, Prosper de L'Estourbillon. De ce mariage naquirent quatre enfants : 1° Armel, 2° Louis, 3° Marie-Caroline, 4° Anne. Rôle des Touches et du Vaumarquer. — Guillaume Lochecul, sergent-receveur en 1652. M. Jan Reminiac, sieur du Haut-Couédor, pour terres qui sont fiefs du Vaumarquer : 7 sols. Le même, pour le clos de la ferme, fief de la juveignerie de Vaumarquer : 3 sols. Tenue de la Vallée-Bouillant acquise par le sieur et dame de la Mulotière, à Jan Bouillant : .. Tenue aux Perrot du Busson : 10 sols. Aux Fournier et Guyot de la Touche-Buis : 13 sols. Aux Rebours : 30 sols. Aux de Maupertuis : 11 sols + 3 sols et la dîme à la chapelle des Touches. Du Bignon, aux Tresdaux : 8 sols, 4 deniers, 1 obole. De Saint-Mélan, aux mêmes : 4 sols. Aux Bihard, pour … de la Moissonnière : 4 livres. Aux Mouessaux de la Touche : 50 sols, 1 obole. De la Costière ou de la Croix de Guer : 1 denier. Aux Hardas : 35 sols, 6 deniers. Aux Joly de Besrau : 10 sols, 6 deniers. Aux Martin de Besrau : 7 sols. De Treslaville : 5 sols. Aux Martin : 32 sols. Aux Crusson de Besrau : 2 sols, 5 deniers. De la Desmardais : 2 sols, 6 deniers. Aux Bellouzy du Guiny : 5 sols. Du Plessix-Araut : 5 sols. Robert Coupu : 7 sols. Du Vaufcourt : 17 sols. Aux Robert de la Touche-Etienne : 20 sols. Aux Nouels de la Touche-Etienne : 30 sols. Du Champ-Blanc : 2 sols, 6 deniers. De la Porte-Plestau : 4 sols, 6 deniers. De la Croix-Mahé, par Anne Pélerin, dame de la Moissonnière : 6 sols. De la métairie du Bignon, dépendant des Touches : 8 sols, 4 deniers. D'après ce papier, la seigneurie de Peillac s'étendait en Guer, Maure, Campel, Lieuron et Bruc ; le fief, en Guer, portait sur la maison et métairie de la Roche, en partie, la maison de la Blatière, située près du presbytère, la maison Salgodet, en l'enclos de Guer, etc. La maison des Touches relevait de Peillac, à l'exception du portail et de la grange qui dépendaient de Coesbo. Le 7 février 1578 François du Loquet, sieur des Touches, vend la métairie de la Plataine à Julien de la Houlle, à condition de réméré, c'est-à-dire avec faculté de racheter Le 29 mai 1612, Julien de Quéjau et son épouse, Perrine Ermar, sieur et dame de Trévégat, Ville-Robert, en Ruffiac et y demeurant, vendent, pour 150 livres, la moitié de la métairie du Plessis-Arraud à Alain du Loquet. Cette métairie est restée depuis dans la maison des Touches.