1919-07-01
1909-7-0-BP

fête de Ste-Julitte-LE MOT DU RECTEUR Au moment où je prends la plume pour vous adresser la causerie du mois, j'entends les voitures qui arrivent nombreuses et bruyantes dans notre ville. C'est aujourd'hui le 16 juin ; c’est la foire de sainte Julitte ! Avez-vous remarqué que presque toutes nos foires ont lieu à l'occasion d'une fête religieuse? C'est une nouvelle preuve du rôle que la religion a joué dans notre histoire locale et de son influence dans la vie de la paroisse. Mais parmi les nombreuses personnes qui vont venir ici aujourd'hui, qui donc va penser aux deux martyrs, dont l'Église fait mémoire dans ses offices ? Et pourtant nous avons dans notre église des reliques de saint Cyr et de sainte Julitte, et une fontaine porte leur nom et renferme leur statue dans une niche. Comment le culte de ces deux saints a-t-il été apporté dans notre diocèse et dans notre paroisse ? Je vous le dirai peut-être un jour. Aujourd'hui, je veux seulement vous raconter leur martyre. Il y a bien longtemps, c'était en l'année 804, les empereurs romains persécutaient les chrétiens et faisaient mourir tous ceux qui ne voulaient pas renoncer à la religion de Jésus-Christ. Bien loin d'ici, dans l'Asie-Mineure, une femme nommée Julitte, d'une famille très riche et de race royale prit la fuite avec ses deux servantes et son fils Cyr, âgé de trois ans. Mais en arrivant dans la ville de Tarse, elle fut arrêtée et conduite devant le gouverneur, qui était une sorte de préfet de ce temps-là. On lui demanda son nom, sa qualité et son pays. Elle ne répondit à ces diverses questions que par ces mots : je suis chrétienne. Le gouverneur, irrité de cette réponse, la livra aux bourreaux, pour qu’elle fût battue de verges Il se fit apporter le petit Cyr qu’on eut beaucoup de peine à séparer de sa mère. Rien n'était plus aimable que cet enfant : un certain air de dignité, qui annonçait son illustre naissance, joint à la douceur et à l'innocence du premier âge, intéressait en sa faveur tous ceux qui étaient présents Le gouverneur le prit sur ses genoux pour le caresser ; mais l'enfant faisait tous ses efforts pour échapper à ces caresses. Quand il vit qu'on torturait sa mère, il se mit à frapper le gouverneur et à égratigner son odieux visage. Toutes les fois que, au milieu de ses tortures, la mère s'écriait « Je suis chrétienne » l'enfant de toute la force de sa petite voix, répétait « Je suis chrétien » Alors le monstre furieux saisit l'enfant par un pied et, le précipitant contre les marches du tribunal, il lui brisa la tête. Julitte, ayant vu ce qui s'était passé, remercia Dieu d'avoir accordé à son fils la couronne du martyre. Elle avait craint qu'on n'épargnât la vie de l'enfant pour l'élever dans le culte des idoles. Cela rappelle les belles paroles de Blanche de Castille à saint Louis : « Mon fils, j'aimerais beaucoup mieux vous voir dans le tombeau que souillé d'un seul péché mortel ». Voilà comment les mères vraiment chrétiennes aiment leurs enfants, quand leur amour n'est pas un aveugle égoïsme. Cependant on continua de torturer Julitte avec plus de cruauté encore. On lui criait : « Aie pitié de toi ! Renonce à ton Dieu ; redoute la mort affreuse qui vient de frapper ton fils. Mais la bienheureuse martyre, inébranlable au milieu des supplices, élevait à son tour la voix et répondait : “J'adore le Christ, Fils unique de Dieu. J'ai hâte de retrouver mon enfant ; c'est au ciel qu'il me sera donné de le voir”. Le gouverneur condamna enfin Julitte à avoir la tête tranchée. Conduite au lieu de l'exécution, la sainte se mit à genoux et fit à Dieu cette prière : Je vous rends grâces, Seigneur Jésus, d'avoir appelé mon fils avant moi et d'avoir daigné lui accorder, en échange d'une vie passagère et vaine, la vie éternelle dans le séjour des Bienheureux. Recevez aussi votre indigne servante dans votre Paradis, où mon âme bénira Dieu votre Père, ainsi que l'Esprit-Saint, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ! Comme elle achevait ces mots, le bourreau brandissant son glaive fit tomber la tête de la généreuse martyre. Les deux servantes, qui avaient assisté au supplice, enlevèrent secrètement le corps de leur maitresse avec celui de son fils, et les enterrèrent dans un champ, près de la ville, où on retrouva plus tard leurs reliques. Saint Cyr et sainte Julitte, priez pour nous !