Symboles utilisés
o : naissance,
x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

Jean Marie
GRASLAND
26 02 1826
1826
MAURON (56)
Saint-Brieuc
 - sans postérité
Culte
 - Recteur 1878 | Ville :: LA GACILLY
Culte
 - Vicaire 1851 | Paroisse :: GUER
LA GACILLY :: Ville en ?

- il fut ordonné prêtre le 20 septembre 1851. Vicaire à Guer le 2 avril 1852 et recteur de St-Raoul le 21 août 1871 puis d’Arzal le 12 octobre de la même année, il est nommé recteur de La Gacilly le 18 janvier 1878 ; il démissionne le 24 février 1899 pour cause de santé et se retire à St-Raoul où il décéde le 13 juin 1900. « Le mardi 12, il avait dit la Sainte Messe comme toujours très dévotement avec une observation encore plus stricte que d’habitude de toutes les rubriques. Saluons, au moment où elle disparaît, cette figure sacerdotale qui ne manquait pas d’originalité. M. Grasland, entré assez âgé au Petit Séminaire, fit des études rapides et quelque peu tronquées ; mais grâce à son intelligence, à son aptitude au travail, au désir de se rendre utile aux âmes, au bon emploi de son temps dans les années de son vicariat à Guer, il combla vite des lacunes qu’il regrettait. Il aimait les livres, les bons et beaux livres qu’il savait choisir avec goût ; il les relisait sans cesse et il acquit en quelques années une forte et saine doctrine. Aussi, dans sa prédication, on sentait l’homme instruit et convaincu : ce n’était pas la mémoire qui débite des phrases faites par d’autres, mais un esprit net qui donne avec abondance et facilité les fruits de son labeur et de ses réflexions. Tout parlait en lui : la voix, le geste, l’attitude, le jeu de la physionomie ; sa figure pâle, émaciée, prenait de la couleur et de la vie ; l’action oratoire le transformait. A Arzal, à La Gacilly, on se rappelle encore la précision et l’éclat qu’il mettait dans l’exposition des vérités dogmatiques, les belles couleurs sous lesquelles il peignait la vertu et les accents d’une énergie incomparable par lesquels il flagellait le vice. Il avait vraiment parfois des mouvements d’éloquence superbes. Dans ses moments d’abandon – ils étaient trop rares – c’était un causeur plein de verve qui, avec une modestie charmante, laissait apercevoir un riche fonds de doctrine. Malheureusement sa mauvaise santé paralysait souvent ses belles qualités. A La Gacilly, il a semé dans les larmes et moissonné dans la joie. Longtemps avant de quitter ce champ de bataille, il a pu constater les progrès accomplis sous sa direction. Avec le secours d’âmes généreuses, - il y en a à La Gacilly – il fonda une école chrétienne qu’il confia à des instituteurs prêtres : il y mit ses petites économies, - non seulement les siennes, mais aussi celles de ses parents. C’était un homme de foi : il savait qu’il faisait l’œuvre de Dieu ; et, dans les moments de détresse, Dieu ne lui fit jamais défaut. En quittant La Gacilly, il laissait l’œuvre florissante : c’était déjà la récompense. Retiré à Saint-Raoul qui fut sa première paroisse comme recteur, il se remit à ses chères études. Dans Saint-Paul, son auteur de prédilection, il a dû retrouver une phrase et la répéter à ses derniers moments : « J’ai combattu le bon combat, j’ai gardé la foi ; je n’attends plus que la couronne que voudra bien me donner le juste juge ». (SR 23-6-1900) Gallica – Répertoire général de bio-bibliographie bretonne par René de Kerviller Il fut injustement dénoncé en 1881 pour avoir fait une instruction sur des matières politiques et défendu la lecture de certains journaux en vue des élections mais il fut mis hors de cause par un jugement fortement motivé en avril 1882 (Petit Breton du 26 avril et du 10 mai 1882) 2 SEPTEMBRE 1883 - INCIDENT DANS L’ÉGLISE Voici le récit de cet incident rédigé le 3 septembre 1883 par M. Grasland, recteur de La Gacilly et envoyé à l’évêque de Vannes : « Hier, pendant la grand’messe, il est arrivé un accident qui a failli donner la mort au célébrant. Au moment où M. le vicaire mettait le vin et l’eau dans le calice, une vitre s’est détachée de la voûte, de l’un des châssis qui éclairent l’église et est tombée sur sa tête, lui faisant au front une blessure de 3 à 4 centimètres. Le sang a jailli abondamment inondant le visage du prêtre et ses ornements. Le haut de la tête avait aussi des égratignures et les mains de légères blessures. Je me suis empressé de bander ses blessures du mieux possible et la messe a pu être terminée par le même célébrant, avec peine et sans chant. Après la messe, un médecin appelé en toute hâte, est venu laver les blessures et en retirer des parcelles de verre. Il a ordonné le repos au blessé. « Espérons, dit le médecin, que ce sera peu de chose. » Aujourd’hui, la blessure principale, celle du front, est enflée et douloureuse. » Ensuite, M. le recteur revient sur la lézarde de l’arc doubleau, sur la nécessité d’entreprendre très rapidement des travaux importants en rappelant à Monseigneur le rapport fait par l’architecte Liberge. A cette occasion, on apprend deux choses importantes : tout d’abord, c’est bien l’abbé Grasland qui a commandé ce fameux rapport à l’architecte nantais et aussi que l’évêque de Vannes était au courant de la démarche puisque M. le recteur parle « du rapport que je vous avais promis. » Mais cet incident de la vitre allait avoir d’autres répercutions car l’évêque s’empresse d’interpeller le préfet qui, lui-même, demande un rapport détaillé au maire gacilien. Comme celui-ci est absent, c’est M. Bourrée, conseiller municipal, qui rédige un compte-rendu de huit pages. Après avoir fait un rappel des conditions de construction de l’église, le pourquoi du tassement des murs, les travaux déjà exécutés, le conseiller municipal conclut : « Ce qui existe actuellement existait il y a trente ans et existera encore certainement dans trois cents. » Avant d’en arriver à la description des faits qui se sont produits, le conseiller municipal expose les raisons qui, selon lui, ont poussé M. le recteur à « gonfler l’affaire ; M. le desservant de La Gacilly a une idée fixe, c’est d’avoir dans son histoire la construction d’une église. A Bains, à Sixt, à Carentoir et dans beaucoup d’autres communes autour de La Gacilly, les curés ont eu leur église. C’est à qui aura la plus belle ; ce sont bien entendu les habitants qui paient. Peu importe qu’ils soient réduits à habiter sous le chaume ou avec leur bétail pourvu que le prêtre puisse officier dans des temples somptueux. » Et la diatribe continue. Puis il en arrive à l’objet du rapport c’est à dire son compte-rendu de l’incident : « Le 2 septembre dernier, par une tempête affreuse, une ardoise, soulevée par le vent, brise une des vitres du châssis qui éclaire le chœur ; un morceau tombe sur l’officiant et lui fait une égratignure au front. Aussitôt, le desservant profite de la circonstance, « c’est parce que les fondations de l’église ne sont pas solides, c’est parce que les murs sont chancelants et les colonnes branlantes qu’une vitre a été brisée. » La tempête qui ailleurs abat des cheminées et enlève des toits entiers, n’est ici pour rien, c’est le mauvais état de l’église qui est cause de l’accident, il faut la rebâtir. Tel est le speech que le desservant adresse à ses ouailles en leur montrant le bandeau ensanglanté qui couvre le front du vicaire. Tel est, Monsieur le Préfet, le rapport que j’ai l’honneur de vous adresser sur un accident fortuit auquel M. le desservant et M. l’évêque veulent donner l’importance d’un événement. » Avant même de recevoir ce rapport, le préfet a déjà demandé à M. Maigné, l’architecte départemental, « de se rendre immédiatement à La Gacilly et de visiter l’église ; vous m’adresserez sans retard un rapport sur son état actuel, son degré de solidité et les mesures à prendre pour éviter le retour de l’accident qui s’est produit, les réparations nécessaires à la consolidation de l’édifice. Vous vous prononcerez, s’il y a lieu, sur la nécessité de la reconstruction. » Le conseil municipal, réunit le 9 septembre, décide de faire les travaux nécessaires aux châssis et même de consolider tout l’édifice en reliant les deux murs de longère au moyen de trois tirants en fer. L’architecte se rend à La Gacilly et déclare que « depuis deux ans, elle n’a rien perdu de sa solidité. » Par contre, il préconise que « les châssis soient vitrés en verre double et non en verre simple et qu’un treillis en fil de fer fut placé dessus et dessous les châssis. » Puis il rappelle que la saillie de la corniche doit être diminuée. Le 11 septembre, le préfet adresse à l’évêque une lettre plutôt virulente pour lui dire que l’incident du 2 septembre est bien dû à la tempête mais surtout pour lui faire comprendre que « l’église de La Gacilly a coûté plus de 100.000fr » et que « si elle a l’architecture de temple grec, c’est une affaire de goût qui prouve que le desservant de 1842 avait d’autres idées architecturales que le desservant de 1883 et cette divergence d’opinion ne peut vous porter à interdire cette église dont la forme, jusqu’à ces dernières années, n’avait pas été critiquée. » Le préfet ajoute que de menus travaux suffiront pour éviter le retour d’un autre incident et qu’il est hors de question de songer à la construction d’une nouvelle église. Une copie de cette lettre fut envoyée au Ministre de la Justice et des Cultes. Le 24 septembre, le Ministre demande un rapport détaillé au préfet sur la situation de l’église de La Gacilly. Ce rapport lui est adressé trois jours après. Début novembre, les cinq châssis ont été remplacés et vitrés en verre double.