Symboles utilisés
o : naissance,
x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

Mathurin (père)
ROBERT
DOMLOUP (35)
GRINSART :: Marie Anne Jacquette (x1791)
 - Mathurin Marie Joseph (o1794)
Enseignement
 - Instituteur | Ville :: LA GACILLY
Administration
 - Adjoint au maire
LA GACILLY :: Ville en ?

Parents de MATHURIN Père= Jean ROBERT, décédé avant 1791 Mère= Julienne Bertrande JARNOUAYS Mathurin est originaire de la paroisse de Domloup en Ille-et-Vilaine, près de Rennes, il épouse, le 12 juillet 1791, alors qu’il est domicilié à Redon, Marie Anne Jacquette Grinsard, fille de Joseph Marie Grinsard dit La Salle et de Marie Élisabeth Simonet ; il devient donc le beau-frère d’Augustin Grinsard, le futur maire de La Gacilly, de Philippe Gatault menuisier et le cousin germain de Joseph-Marie et de Charles-Florentin Seguin. Pour lancer son programme d’instruction publique, le directoire du district de Rochefort met en place des jurys d’instruction dans chaque commune ou groupe de communes. Ces jurys sont composés de trois membres nommés par le directoire et ils sont chargés de trouver un local scolaire, de l’équiper en mobilier et de recruter un instituteur. A La Gacilly, à la fin du mois de janvier 1795, le jury décide de prendre la demeure du citoyen François Clésio de la rue du Pont « prié de partir de chez lui le 1° mars prochain ». Le conseil municipal prend un arrêté expropriant François Clésio de sa maison pour la transformer en école primaire publique de garçons Quant à l’instituteur, un décret de la Convention interdisait aux ecclésiastiques, aux nobles et aux religieuses d’exercer cette profession. Donc le choix était restreint. Le poste fut cependant pourvu le 3 janvier 1795 (14 nivôse an III) ; les membres du jury gacilien ayant proposé la candidature de Mathurin Robert, le district de Rochefort l’accepta avec empressement, car seulement six communes du district réussirent à trouver un instituteur. Sans situation bien définie à Redon, effrayé peut-être par la tournure que prenaient les évènements dans cette ville, Mathurin Robert était arrivé à La Gacilly avec son épouse ; il se réfugia chez son beau-père et accepta la situation plus que modeste à cette époque d’instituteur public de la commune. En février 1795, Charles Florentin Seguin, l’ancien président du comité de surveillance de La Gacilly, devenu membre du comité révolutionnaire de Roche-des-Trois, adresse une lettre aux officiers municipaux de La Gacilly leur enjoignant de faire monter une garde toutes les nuits. Les révolutionnaires de La Gacilly n’avaient pas attendu la lettre de Seguin pour prendre leurs précautions. La garde était montée toutes les nuits. C’est pourquoi le citoyen Mathurin Robert, étant commandant de cette garde dans la nuit du 12 au 13 février « il avait été avec Guillaume Le Roux et Jean Macé, deux des fusiliers de la dite garde en patrouille, qu’étant au Pavillon près le marché de cette ville, il leur avait été lancé un coup de fusil, qu’ils s’étaient repliés en ville, qu’il avait de suite fait battre la générale. Le peuple se rassembla tous sous les halles à attendre l’ennemi, mais il ne vint personne ». Le maire prit la parole et dit : « Citoyens, nous sommes tous les jours menassés de la part des brigands, ils raudent continuellement aux environs de cette ville, nous avons tous à craindre pour notre vie et celle de nos concitoyens, il est nécessaire que nous prenions des mesures pour mettre nos vies et nos propriétés en sureté. Je suis d’avis que nous envoyons de suite une députation des habitants de cette ville vers le général Crique (Krieg) à Redon lui exposer notre danger ». (407G) Décès de Mathurin Robert le 8 juin 1795 a - Récit du garde national Etoré . Le 8 juin 1795, la ville de La Gacilly est encerclée par les Chouans de Glénac, des Fougerêts conduits par de Sol de Grisolles et Caillet de Saint-Jacob et de Saint-Martin-sur-Oust. Ce jour-là, le garde national Etoré, cultivateur à Lestun en Cournon, factionnaire de garde, a raconté à J.M. Seguin, le juge de paix, l’attaque des Chouans. Ce dernier a dressé un procès-verbal quelques jours après. « L’attaque eut lieu à l’aube vers les trois heures du matin dans la nuit du 19 au 20 prairial ; alors qu’il était de garde à La Gacilly, qu’aussitôt que le jour commença à paraître, la garde se retira pour se reposer à l’exception des factionnaires, qu’il était factionnaire avis (près) la porte de Hersart, qu’environ une demie heure après la garde, étant encore en faction, il entendit beaucoup de monde venant de la rue du cimetière armé de fusils, qu’il leur cria : Qui vive ? Qu’on lui répondit : Républicains ; en approchant, qu’il leur répéta : Qui vive ? Halte-là, qu’on lui répondit : Habitants de La Gacilly, que voyant que ce n’étaient pas des habitants de La Gacilly, il se récria : Qui vive ? Halte-là, qu’au même moment, il fut tiré sur lui cinq coups de fusil, qu’alors il se rasa le long des maisons et vint se cacher contre la porte d’écurie de Guillotin, fit passer son fusil par un trou dans l’écurie et se cacha dans la porte ; que les dits royalistes étant entrés chez différents particuliers, il entendit saisir sur la rue un homme qui se nommait Robert et sur lequel on fit feu ; qu’il fut lui-même trouvé par un royaliste qui vint gâter de l’eau contre la porte de la dite écurie, qu’il fut conduit lui-même au milieu de leur troupe dans laquelle il reconnut de Sol de Grisolles, les deux Péreau, ( c’est Pério qu’il veut dire), le nommé Puissant ci-devant volontaire, le nommé La Feuillade, le fils aîné de Jean Potier des Fougerêts, Pierre Le Fresne de Maure, les deux Boutemy de Glénac, le fils de Mathurin Hervé de la Bussonaye en Cournon, domestique à la Grignonnaye ; qu’ayant été relâché sur ce qu’il était étranger lequel venait chercher un chirurgien pour sa femme en couches, il ne resta pas à voir ce qui se passait. Ajoute qu’il y a environ un mois et demi que les Chouans des Fougerêts et de Saint-Martin-sur-Oust lui volèrent un cheval et cinq demés et demi de seigle qui furent amenés par Joseph Belsoeur, Louis Chotard et Noblet de la commune de Les Fougerêts, que de Sol avait promis de lui faire rendre son cheval en retour du voyage de Carentoir, mais qu’il n’en a rien fait. » La relation du factionnaire Etoré qui nous renseigne exactement sur l’arrivée des Chouans, n’a plus la même précision pour le reste du récit et est sur beaucoup de points en contradiction avec les dépositions des autres témoins. Il faut se rappeler qu’Etoré étant de garde ne peut déclarer avoir abandonné son poste après avoir tiré un seul coup de fusil au lieu des trois prévus. C’est pour cela qu’il affirme avoir fait les trois sommations réglementaires alors que Jean Hersart et Anne Provost, femme Denoual, aux portes de qui cela se passait, ont formellement entendu un seul qui vive, halte-là auquel il fut répondu : Royalistes et qui fut suivi de quelques coups de fusil. Caché derrière la porte de l’écurie de Guillotin sur le chemin du Vaugleu, il n’a pu voir ce qui se passait sur la place et la rue devant les Halles, par conséquent la mort de Robert et le pillage des maisons particulières. Les Chouans n’entrèrent chez les particuliers qu’après l’occupation de tous les quartiers. b - Autres témoignages. Les témoignages de Marie-Jeanne Le Roy, aubergiste, de Thérèse Clavier, femme de Georges Poligner, tanneur et de Georges Poligner lui-même sont formels : les Chouans entrant chez eux leur racontent la mort de Robert en regrettant l’erreur qui l’a produite. De l’ensemble de 24 déclarants, il semble que les choses se soient passées de la façon suivante : Entrée des Chouans. Les Chouans débouchant du chemin de Bel-Orient ou dévalant les pentes de Gralia entourent l’église et le cimetière. Pendant qu’un groupe occupe l’ancien presbytère habité par Viviers, et descend s’assurer du pont. Jean Grimaud, laboureur, dès le commencement de l’attaque voit « effoncer (sic) » la porte de la tannerie Dufihol (chamoiserie) et cinq hommes armés tirant sur le citoyen Dufihol qui se sauvait. D’autre part Viviers fait prisonnier sera amené tout à l’heure devant l’état-major des Chouans réuni sur la place. Un autre détachement arrivait par le Pavillon au marché aux vaches, près de la chapelle Saint-Vincent. Le gros de la troupe, contournant le cimetière, s’engageant dans la rue du Pont (rue La Fayette actuelle) se heurtait au factionnaire Etoré placé à l’entrée de cette rue sur la place du Cas Rouge, devant la porte de Jean Hersart (maison Lejout). Etoré ayant fui, après avoir tiré un coup de fusil, pour se cacher dans la rue des Ponts dans la direction du Vaugleu (abattoir J. Epaillard), les Chouans, s’avançant, débouchèrent sur la place en face les halles. Mort de l’instituteur Robert. A ce moment, sortant de la maison Grinsart ou de la maison Seguin qui était voisine, un individu traverse la rue en courant se dirigeant vers le Nord des halles. Les Chouans le prirent-ils pour l’homme de garde qui venait de tirer sur eux ou pour le citoyen Joseph Seguin avec qui les gars de Saint-Martin-sur-Oust et des Fougerêts avaient de vieux comptes à régler car, en sa qualité de juge de paix, il était l’agent naturel de toutes les perquisitions qui leur étaient odieuses et le canal ordinaire des dénonciations faites contre eux ? En tout cas, ils tirèrent et l’homme tomba devant la porte de Denis Chedalleux (emplacement de l’ancienne maison P.Clesio ou J.Renaud, à côté du passage Lasalle). Comme on ne répondait pas à leur fusillade, les Chouans s’avancèrent jusqu’aux halles et ils virent alors leur erreur en reconnaissant dans la victime Mathurin Robert, un des gendres de Joseph Grinsart, homme très modéré et inoffensif au su de tout le monde. La preuve que c’est bien ainsi que se déroulèrent les évènements de cette matinée tragique, est donnée par le procès-verbal dressé par le juge de paix de l’époque, Joseph Seguin dont la rédaction fut faite à son retour car il avait pris la fuite, comme il le reconnaît lui-même, à la première menace du danger. « Moi, Joseph Seguin, juge de paix du canton de La Gacilly, rapporte qu’environ les trois heures du matin de ce jour, 20 prairial, une force armée d’environ 300 hommes étant entrée dans cette ville de La Gacilly par trois endroits différents, suivant le rapport du bruit public et après avoir fait prendre la fuite aux factionnaires placés par la garde nationale, et après avoir entendu 40 à 50 coups de fusil tirés de file par les agresseurs qui criaient hautement : « Vive le Roi », et voyant la garde forcée et en fuite, sans espoir de ralliement, étant debout, sur les clameurs que j’entendais de toutes parts, ayant vu et entendu plusieurs citoyens de l’endroit qui se sauvaient et qui m’ayant aperçu m’ont crié : Sauvons-nous, nous sommes perdus, la ville est prise, tout est forcé, nous n’avons d’espoir que dans la fuite, j’ai suivi ceux qui s’encouraient pour la sûreté de mes jours. Après avoir été longtemps dehors, et ayant aperçu de sur une hauteur, la force armée qui se retirait, je me suis rapproché avec plusieurs citoyens. Nous avons trouvé tout le monde en consternation sur les rues, les plaintes et les clameurs ont de suite retenti de toutes parts. Nous avons trouvé l’arbre de la liberté et celui de l’égalité abattus, différentes voix nous ont appris qu’on avait assassiné Mathurin Robert, instituteur public de cette commune, comme il sortait de chez lui pour s’évader, que différentes portes avaient été enfoncées, qu’on avait pillé, volé et désarmé plusieurs particulier ; ai appelé deux notables de la municipalité Pierre Soulaine et Joseph Guéhenneuc et Jean-Marie Guillotin, officier de santé, pour procéder aux opérations de constat. » La déposition d’Augustin Grinsart, maire, confirme en tous points le rapport du juge de paix : « A entendu ce matin, environ trois heures, tirer 30 à 40 coups de fusil dans les rues Saint-Vincent et du Pont…qu’ayant vu deux factionnaires obligés de se replier sous les Halles aux coups de fusil qui ne cessaient de tirer, il a fait battre la caisse pour appeler les citoyens et une partie de la garde qui s’était retirée pour se reposer, qu’à peine deux coups de tambour ont été frappés, qu’il a apperçu un nombre considérable d’hommes armés arrivant sur la place du Carrouge, tirant de toute part et criant : Vive le Roi ; que n’étant pas en force suffisante pour se défendre, il a été obligé de fuir, luy et le reste de la garde par un chemin détourné, attendu qu’il s’est aperçu que cette troupe de royalistes s’avançait en trois points différents pour envelopper les habitants auxquels on criait de différents lieux : Sauvons-nous !… ». La description du cadavre de Mathurin Robert faite par Jean-Marie Guillotin apporte les précisions suivantes : « Une balle lui a traversé la tête ; deux, la poitrine ; deux l’ont atteint au bas-ventre de part en part ; quatre à la cuisse droite. Il a été tiré par derrière et de costé ». Joseph-Marie Grinsart, beau-père de Mathurin Robert, déclare que le cadavre de son gendre a été trouvé « avis(près) la porte de Denis Chedalleux, après une grande fusillade qu’il a entendu ». Marie Lorgerais, servante de Grinsart, ajoute : «qu’elle a entendu tirer 20 à 30 coups de fusils par des gens qui criaient : Vive le Roi… après que la force armée a été retirée, elle a trouvé le citoyen Robert étendu sur la place, mort. »

Histoire de La Gacilly, page 476