Guichardaye (La)
TRÉAL
56140
Morbihan
56

ette seigneurie dépendant de La Gacilly appartient tour à tour à André de Crévy puis aux Tayart, aux La Touche et aux Carmes. Une tour ronde relie les deux corps de logis qui composent le manoir. Les murs, en petit appareil, sont percés de larges baies, encadrées avec soin. La porte d'entrée, en cintre brisé, est couronnée d'un linteau en accolade. Le manoir de La Guichardaye n'est pas le premier à avoir été construit en cet endroit. En arrivant sur la gauche, il y a encore ce qui reste de la maison noble qui l'a précédée. La porte, une lucarne, un grand évier en schiste encastré dans le mur, une cheminée monumentale portent témoignage qu'une maison existait là (peut-être à étage) avant 1500. Et comme à cette époque une maison était construite pour durer, on peut raisonnablement penser qu'elle existait déjà entre 1300 et 1400 au temps des Papes en Avignon, et des guerres de succession en Bretagne. La maison et le domaine sont relativement grands, le bâtiment en mauvais état. Il faut de l'argent et si l'ensemble n'a pas été acheté cher grâce aux circonstances, l'entretien est onéreux. Six propriétaires se succèderont en 100 ans. Les Rondouins resteront propriétaires une quarantaine d'années. Puis La Guichardaye passera aux mains de François Bcllamy. Un partage judiciaire en 1838 nous apprendra que le plancher de la maison principale au 1er étage est à cette époque en très mauvais état, sinon en ruine. La maison est revendue en 1840. Le couple Décré —Rafflegeau, commerçant en St Germain, canton de Montfoucon près de Beaupréau (49) l'achète. Poursuivis par leurs créanciers, ils doivent revendre deux ans plus tard. Ils auraient acheté La Guichardaye 40 000 frs dont ils ont payé seulement 8 000 frs dit un document. La propriété est acquise par le commandant Henri Vigouroux de Kermorvant, chevalier de la légion d'honneur, capitaine de vaisseau en retraite. C'est à lui qu'on doit probablement la transformation du côté est du manoir en une belle maison bourgeoise. Et puis viendra en 1855, un cinquième acquéreur. Henri Gesland, professeur d'anglais à Cholet. En 1863, la propriété est revendue à la famille Poligné. Les vieux tréalais parlent encore des Poligné : François Poligné fut maire de Tréal de 1871 à 1889. C'est un maire en exercice qui mourût à la Guichardaye à cette époque. Son fils, François, lui succéda comme maire de Tréal (1889-1892). Criblé de dettes (il avait hypothéqué la propriété pour plus de la moitié de sa valeur) il dût s'exiler au Canada à St Claude dans le Manitoba pour essayer de refaire fortune. C'est de là qu'il donna procuration à sa mère, Madame Vve Poligné, pour vendre le domaine. Le Docteur Marcel-Charles Génuit exerçant et habitant à Nantes se porta acheteur en 1894 pour la somme de 76 000 frs. De son second mariage avec Marie Ernestine Bourliaud (née à Bordeaux), le docteur avait un fils le petit Marcel-Paul arrivé à huit ans à La Guichardaye. Le docteur continua à exercer sa profession. Il parcourait la campagne avec une « charrette anglaise » à quatre roues attelée à deux chevaux. Il fit d'assez importants travaux dans la propriété et bâtit entre autres en 1903 une aile nord qui est l'actuelle salle à manger. Son fils, Marcel, se maria en 1922 à Rennes à Marie-Magdeleine Régnault, fille d'un architecte bien connu. Ils eurent deux enfants : L'aîné, Marcel-Arthur, s'est marié en 1948 à Paule Bienvenu, originaire de la Mayenne. Il fut maire de la commune de Tréal pendant une vingtaine d'années. Le cadet, André, est depuis cinquante ans et plus, moine cistercien à l'Abbaye de Meilleraye en Loire-Atlantique. Fidèle à son pays natal, il étudie dans les vieux documents de la bibliothèque l'histoire de la famille de Tréal. Depuis 1983, La Guichardaye n'est plus unitaire en ses bâtiments. Les six enfants de Paule et d'Arthur se les sont partagés. « Tous unis dans l'amour de cette vieille demeure qui a une âme »