2004-01-01
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Parmi les blancs, il y a Gilles Davalo du Rocher en Tréal, Pierre Chevalier, venu de Carentoir avec 68 hommes, sous les ordres du lieutenant local Montméjean, un Chouan venu de Rochefort-en-Terre nommé Brière de Peillac (certains pensent plutôt à La Feuillade des Fougerêts), envoyé par Montméjean, arrive à cheval à La Gacilly et somme les habitants de fournir 40 hommes pour le lendemain midi à la garnison improvisée de Rochefort ; L’ordre de Brière étant resté sans réponse, celui-ci arrive avec sa troupe par la rue Saint-Vincent ainsi que les hommes de Chevalier de Carentoir.

C’est alors la première attaque de La Gacilly par les Chouans.
« La ville est vite envahie et ses défenseurs désarmés » dit un rapport officiel. Voici le récit fait par des témoins gaciliens au commissaire de Redon : « Le samedi 23 mars à 8 heures du matin arrive une troupe d’hommes ayant à leur tête Brière de Peillac et Chevalier de Carentoir. Nous savons d’autre part que ceux-ci étaient sous le commandement de Vaillant fils, du Bignon, adjoint au capitaine de Peillac. D’autres atrocités vont être commises, en particulier l’arrestation du chef chouan Pierre Chevalier, responsable du secteur de Carentoir. La guillotine est amenée de Rennes à Carentoir « à grand renfort de publicité » et Pierre Chevalier est exécuté le 26 mai 1794 (4 prairial an II) devant l’église pour servir d’exemple. L’exécution eut lieu sur les cinq heures du soir et sa tête, plantée sur une pique, fut promenée à travers les rues du bourg par les soldats républicains. Il est rapporté qu’un citoyen de La Gacilly qui assistait à ce spectacle fut tellement écœuré par tout ce qu’il voyait eut l’envie de « tirer dans le tas » de la maison de la Poëllerie où il se trouvait.
Suite à cet événement, la guillotine prendra le surnom de Perrine Chevalier. Pierre Chevalier était né au Temple, avait épousé Cécile-Anne-Pauline Tourtal du Bois-Brun en Tréal où il était menuisier. Avant de mourir, il avait demandé une plume, de l’encre et une chemise blanche montrant par-là que sa conscience était pure. D’ailleurs, il semble qu’il refusa le ministère du prêtre assermenté Rubault de La Gacilly. Il est raconté qu’un prêtre réfractaire, posté à un endroit convenu, put lui donner l’absolution avant son exécution.

Trois jours après, le « maystre en chyrurgie », Charles-Marie Hurel, le républicain, fut exécuté sommairement contre le mur du parc du château de la Bourdonnaye en guise de représailles, cette fusillade est encore rappelée par le nom de Porte-Rouge, endroit où eut lieu l’exécution. C’est ainsi que le 25 mai 1794, ayant appris que Pierre Chevalier, un des chefs de l’insurrection paysanne de 1793, vient d’être pris traîtreusement par les soldats républicains et que, pour effrayer les populations, il a été condamné à être guillotiné à Carentoir, sur la place en face de l’église, il va le trouver pour lui offrir les secours de son ministère. Nous ne savons pas comment fut accueillie par le prisonnier cette démarche pourtant courageuse, cette fois, de René Rubault. Il est probable cependant que Pierre Chevalier qui était un catholique convaincu et généreux refusa les offres du prêtre jureur. Nous avons une preuve de ses sentiments intimes dans sa lettre qu’il écrivait, peu de temps avant son arrestation, à un de ses amis républicain de La Gacilly : « Mon cher frère et ami, malgré tes sentiments, tu peux encore venir auprès de moi, pourvu que tu aimes la religion, car c’est pour elle et pour le bien des malheureux que nous combattons, pour Dieu et sa Sainte Mère. » Quoiqu’il en soit de ses rapports avec le curé constitutionnel de La Gacilly, Pierre Chevalier monta courageusement à l’échafaud le 26 mai 1794.

 

Jean-Claude Magré