1895-01-01
01-01-1895- C

Voici comment finit un brave chouan, Pierre Chevalier

Il était né au Bois-Faux, en la paroisse du Temple, avait épousé Jeanne Tourtal, de la paroisse de Tréal et il exerçait le métier de menuisier. Ce fut, paraît-il, un fameux chouan, car une prime de 100 écus avait été proposée par l'administration pour son arrestation. Traqué de toutes parts, en butte aux dénonciations de gens qui en faisaient un métier, Pierre Chevalier avait réussi à échapper aux pièges qu'on ne cessait de lui dresser.
Il avait pour compagnon un petit chien bien fidèle, mais qui fut la cause involontaire de la mort de son maître ? En effet, un jour que Chevalier traversait le clos nommé le Clisson, tout proche du bourg de Carentoir, le chien se mit à aboyer ; aussitôt les gendarmes, qui étaient en permanence à Carentoir, se précipitèrent sur les pas du fugitif et réussirent à s'en emparer.
Chevalier fut jugé militairement et condamné à mort. Pour frapper de terreur le pays et donner un exemple salutaire, on décida qu'il serait guillotiné sur la place, en face de l'église. Les membres du directoire firent venir de Rennes une guillotine, dont l'arrivée causa une grande émotion dans le pays. Au jour de l'exécution, Chevalier refusa le ministère du prêtre Rubault, vicaire assermenté de la Gacilly. On dit qu'un prêtre fidèle, posté à un endroit convenu d'avance, put lui donner l'absolution. Le condamné à mort ne manqua pas de courage. C'était un fort bel homme, aux larges épaules, à la figure martiale et douce. Il fut exécuté le 24 mai 1794, sur les 5 heures du soir.
Parmi les curieux qui assistaient à l'exécution de Pierre Chevalier se trouvait un jeune homme, Mathurin Hersard, de Bourienne. Il y était venu malgré les recommandations de son voisin Joseph Garel qui, par crainte de la guillotine, resta trois jours caché dans un clos près du Tertre. Mathurin eut le malheur d'être choisi par le bourreau et les membres du directoire pour porter sur une pique la tête de Pierre Chevalier à travers les rues du bourg.

Disparition de Jean Hersard 16 ans

Dans la nuit du 15 au 16 mars 1796, couchant près de son père qui avait eu l'imprudence d'acheter la maison de la Marmillière, Jean Hersard fut réveillé par une bande de chouans commandée par Savigne. Ils saisirent le citoyen acquéreur et le conduisirent, les yeux bandés, jusqu'aux carrières du Silio près Monteneuf, d'où il ne revint plus.

 

Abbé Le Claire