2012-01-01
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Un Chef Chouan. Le comte Louis-Charles-René De Sol de Grisolles, né à Guérande le 29 décembre 1761, fils d’Athanase de Sol et de Jeanne de Sécillon, d’abord officier de marine, rejoint Condé en 1791. Puis on le retrouve à Jersey en janvier 1795 ; il rentre en France en mars avec d’Andigné en débarquant près d’un village de Saint-Quay-Portrieux. Aussitôt dénoncés, ils sont arrêtés ; d’Andigné réussit à s’échapper mais de Sol, blessé, est fait prisonnier par les garde-côtes ; lors d’un transfert, il s’échappe lui aussi et rejoint Guérande. Ne trouvant personne de sa famille, il se rend à Béganne au château de Trégoët qui est alors une propriété des de Sécillon. C’est là qu’il décide de relancer les actions des chouans de la région. Très entêté, il sera le dernier des derniers insurgés. Il commence par réorganiser les bandes et les groupe en leur donnant des ordres grâce à des émissaires et se constitue un état-major avec M. de Mondoré comme colonel, deux Sécillon, ses deux cousins, comme chefs de bataillon, l’abbé Panhéleux, ex-recteur de Théhillac pour le ravitaillement et les renseignements. Il commence par attaquer les convois de charrettes qui emmènent le produit des perquisitions ; puis le blé et les autres marchandises sont mis en lieu sûr. Il s’attaque ensuite aux greniers municipaux pas toujours très bien gardés.

C’est la raison pour laquelle, depuis le 10 mai, celui de La Gacilly est gardé militairement jour et nuit. Puis il prend possession de tous les passages d’eau : Branféré est gardé par Gilles Sébilet tout dévoué à M. de Pioger ; le Port-Corbin, sur l’Aff, est généralement desservi par un des Debray de Coquelin. De Sol change souvent de domicile accompagné de ses deux ordonnances Jean et Pierre Jaffredo de Limerzel. Quand il vient dans les environs de La Gacilly, il s’arrête très souvent à la Noë-Cado tenue par M. Boudet qui, à la fin de l’année, est arrêté et incarcéré à Redon puis remis en liberté ; né à Saint-Domingue, ce dernier se faisait passer de nationalité américaine ; il fut pendant longtemps administrateur des Fougerêts et fit même arrêter des prêtres réfractaires. D’un autre côté, on peut se demander pourquoi de Sol n’eut jamais d’ennuis tout en rendant d’énormes services à la chouannerie ; peut-être parce que sa maison constitua le point de correspondance des princes pendant un certain temps.

Après avoir quitté le commandement chouan de la région de l’Aff, on retrouve de Sol, quelques années plus tard, impliqué dans l’affaire de la « machine infernale ». Arrêté et enfermé au Temple à Paris, il sera délivré avec la Restauration et décèdera à Bordeaux le 13 avril 1886 après avoir été nommé gouverneur du château de Pau.

 

Gérard Magré