1915-10-01
1915-10-0-BP

LE CLAINCHE-Le bon Dieu que j’ai reçu le 8 septembre me protégera sans doute dans les combats que nous allons livrer, ou bien il acceptera le sacrifice de ma vie que je fais de grand cœur. En effet j’espère que la vie assez monotone que nous avons menée depuis quelque temps va finir, et que nous sommes, cette fois, en route pour la victoire. « Mon frère, le Père Eudiste, est en convalescence. Je ne vous ai pas encore dit qu'il avait gagné la médaille militaire et la croix de guerre, en se dévouant pour sauver des blessés. Blessé lui-même, il a dû faire le mort une journée entière entre les deux lignes. Il a passé un mois à Carcassonne, et il a maintenant un mois de convalescence. « .Je ne sais pas si, un jour, votre ancien instituteur aura aussi la croix de guerre ; mais là n'est point l'essentiel ; soyez bien persuadé qu'il fera; en tout cas, tout son devoir, jusqu'à mériter cette citation : « Mort au champ d’honneur, et mort non pas en malheureux qui n'a pas de chance, mais, pour ainsi dire, en volontaire. Car il faut bien donner l'exemple ; il faut enfin que la guerre finisse et finisse par la victoire. Donc, en avant coûte que coûte t « La très sainte Vierge est là pour protéger ses enfants, et pour les recevoir, au moment voulu, dans le ciel. Je ne connais plus que cela depuis longtemps. Aussi j'attends avec impatience l'heure promise oh nous élancerons pour la victoire finale cette fois. « Je me permets, Monsieur le Recteur, de me recommander à vos bonnes prières. J'espère vous donner dans quelque temps d'intéressantes nouvelles... » · JEAN Le CLAINCHE, caporal.