le canonnier Chenay-M. Chaumel, Le 51* d’artillerie, revenant du camp de Coêtquidan, cantonnait à Redon jeudi. Dans l'après-midi, les conducteurs, après le passage, s’étaient rendue à l’abreuvoir du canal du Nantes à Brest, pour y faire boire leurs chevaux, lorsque l’attelage monté par le canonnier Herbert, s'étant trop avancé, perdit pied, et fut entraîné par le courant bous la barre en bois qui sépare l'abreuvoir du canal. Le canonnier Herbert avait disparu, et il eût infailliblement péri si, comme s’ils s’étaient concertés, deux courageux témoins de cette scène, le canonnier Chenay, qui se trouvait sur la rive opposée, et de l’autre côté, sur le quai de Brest, M. Chaumel, minotier à la Gacilly ne s'étaient jetés délibérément à l’eau pour se porter à l’aide du malheureux conducteur qu’ils réussirent enfin à ramener sur la berge. Le médecin major du régiment, appelé en toute hâte, prodigua ses meilleurs soins au noyé, qui ne tarda pas à être hors de danger, cependant que son courageux camarade, bien qu'il eût mangé depuis peu de temps, n'hésitait pas à se jeter à nouveau à l’eau, à deux reprises, pour en retirer les chevaux. Le colonel du régiment a vivement félicité l’intrépide sauveteur, et lui a conféré sur le champ les galons de premier soldat. Il se rendit ensuite auprès de M. Chaumel, qui s’était retiré pour changer de vêtements et aussi pour échapper aux ovations de la foule, et lui serra chaleureusement les mains à plusieurs reprises en le remerciant d’avoir contribué à sauver un homme de son régiment.