Seigneurie ou maison noble
Saint-Jean (Chapelle)
COURNON
56200
Morbihan
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Olivier III de Montauban, après avoir terminé la construction du pont et de l’hospice et afin de respecter les promesses faites au pape Jean XXII, fit élever une chapelle. Jusqu’à la construction de l’église tréviale Saint-Nicolas sur le chemin de Glénac, ce sera le premier et le seul lieu saint de La Gacilly pendant un siècle. Cette chapelle fut construite sur le pignon Est de l’hospice, sur les dernières pentes de la Grée Saint-Jean, à hauteur de l’étage auquel elle était reliée par une galerie qui faisait fonction de vestibule-oratoire ; cette galerie était portée par une arcade sous laquelle passait le chemin de Redon qui se dirigeait alors vers Lestun, construit et entretenu par la corvée. La longueur de cette chapelle correspondait à la largeur de l’Hospice. Comme celui-ci, la fontaine et le pont, elle prit le nom de Saint-Jean. La bulle papale indique clairement qu’elle est à la présentation du seigneur de La Gacilly, c’est à dire que les deux chapelains titulaires sont nommés avec l’avis du seigneur et avec la collation de l’évêque, c’est à dire son accord. Le seigneur, en contrepartie, doit subvenir à l’entretien des deux chapelains: 50 livres par an. Les deux ecclésiastiques assurent une messe quotidienne et les divins offices dans la dite chapelle. C’est donc tout naturellement que le seigneur de La Gacilly avait droit de supériorité et de prééminence dans cette chapelle. D’après l’abbé Chérel, cette chapelle possédait probablement une relique insigne de la Vraie Croix. La chose n’a rien d’étonnant : les Montauban, seigneurs de La Gacilly, avaient pris part aux croisades en Palestine. Ils rapportaient des reliques de saints des premiers siècles conservées en Orient et des souvenirs de la Passion du Christ. Ce sont peut-être ces sentiments pieux des croisés qui expliquent qu’à part Saint Jugon et Saint Vincent-Ferrier, tous les saints honorés à La Gacilly au temps des Montauban, sont des saints d’Orient : Saint Nicolas, évêque de Myre, Saint Cyr et Sainte Julitte dont les corps étaient conservés à Antioche en Asie Mineure. Au-dessus de cette chapelle Saint-Jean et à l’Est de celle-ci, sur un terre-plein dominant le chemin de Redon, devait se situer le cimetière dans lequel s’élevait un très bel if. Ce cimetière avait pu être aménagé car, en 1182, le pape Lucius III publia une bulle en faveur des hospitaliers de Saint-Jean leur permettant de construire des églises entourées de cimetières. La chapelle Saint-Jean fut détruite en 1818 lors de l’ouverture de la nouvelle route de Redon. Le tertre sur lequel elle s’élevait fut abattu en même temps qu’une importante portion du bas de la Grée Saint-Jean elle-même afin de combler le vieux chemin et lui substituer la route qui s’élève dans le cas Saint-Jean, entre les deux collines « où précédemment il n’existait que des bourbiers et un ravin impraticable car alors la voie suivie par les charrettes n’était autre qu’un chemin inégal et escarpé, pratiqué en écharpe sur le rocher schisteux de la colline méridionale ce qui rendait de ce côté tout accès à La Gacilly difficile et même dangereux. Aussi le passage d’une voiture suspendue était à La Gacilly chose fort curieuse et extraordinaire ». Lors de ces travaux et à l’emplacement du cimetière, une très grande quantité d’ossements furent mis à jour. Enfin, il faut signaler que le prieuré Saint-Jean a eu très tôt pour armorial « d’azur à une Notre- Dame d’argent ». Ces armes devaient rester celles de tous les curés de La Gacilly ; elles furent reproduites sur une bannière processionnelle qui existe toujours.