Seigneurie ou maison noble
Abbaye de Bonnais (L’)
CARENTOIR
56910
Morbihan
56

L’ancien château d'Acigné (appelé dès 1240 la Motte d'Acigné). En 1240, Main, seigneur d'Acigné, fit bâtir une chapelle près du château de la Motte, qui était son habitation, et y fonda une chapellenie dotée de revenus suffisants pour entretenir le chapelain. Jean Gicquel, évêque de Rennes, et Mathieu des Ruisseaux, abbé de Saint-Melaine, accordèrent toute permission à ce sujet au sire d'Acigné, qui se réserva la présentation du chapelain. Il fut convenu que ce dernier, après avoir reçu la collation de l'évêque, prêterait serment de fidélité, obéissance et révérence au recteur d'Acigné avant de commencer le service divin dans la chapelle de la Motte ; qu'il n'y dirait point la messe aux fêtes solennelles et qu'il n'y administrerait point de sacrements ; le seigneur d'Acigné s'engagea, de plus, à payer chaque année ? l'église paroissiale 10 sols, à la fête patronale de la Saint-Martin d'hiver, et cela sous peine d'excommunication pour lui et d'interdit pour sa chapelle. Cette fondation fut augmentée en 1411 par Geffroy de la Lande, qui y fonda une autre messe chaque semaine. Dans le siècle dernier, le chapelain de la Motte devait deux messes par semaine et avait 240 livres de rente tant en terres qu'en dîmes levées en Acigné, Servon et la Bouëxière. Mais en 1782 la chapelle de la Motte était tombée en ruine et le chapelain en disait les messes dans l'église paroissiale ; c'était alors René de la Chevière, que venait de nommer, ? la place de Julien Radiguet, décédé, Jean-Jacques de Talhouët, comte de Bonamour et marquis d'Acigné (Pouillé de Rennes). La seigneurie d'Acigné possédait un droit de haute justice; c'était une châtellenie d'ancienneté, érigée en marquisat en 1609. Propriété successive des seigneurs de Vitré (au XIème sicle), puis des familles Acigné (en 1160), Cossé, ducs de Brissac (en 1573), Lambert, seigneurs de la Havardière (en 1657), Freslon (en 1691), Talhouët, seigneurs de Bonamour (en 1720 et 1789) Le marquisat d'Acigné : D'après le P. du Paz, le plus ancien seigneur d'Acigné fut Renaud, fils puîné de Riwallon, premier baron de Vitré (1008-1030) et de Gwen-Argant. Ceci concorde assez bien avec un acte non daté, mais qui doit être de la fin du XIème sicle ou du commencement du XIIème siècle (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I, 542). On y voit que précédemment Renaud de Vitré fut seigneur d'Acigné et fit une donation à Marmoutiers, à l'occasion de l'entrée de Guillaume son frère dans ce monastère, où il prit l'habit religieux. Mais il arriva que, faute d'hoirs, la seigneurie d'Acigné revint au baron de Vitré, et André sire de Vitré de 1090 à 1136, en jouissait à ce titre, quoiqu'il y eut déjà une famille portant le nom d'Acigné représentée à cette même époque par Hamelin et Guillaume d'Acigné (un acte du Cartulaire de Saint-Georges mentionne ces deux personnages en 1105). Le baron de Vitré se dessaisit de nouveau d'Acigné, peut-être en faveur d'un membre de cette famille ; toujours est-il que vers 1160 Raoul d'Acigné, fils de Pierre, semble seigneur d'Acigné ; il se distingua d'abord par des malversations, puis par des aumônes envers l'abbaye de Saint-Georges de Rennes (Cartulaire de l'abbaye Saint-Georges, 116). Payen d'Acigné — que du Paz dit fils d'Hervé d'Acigné et de Maience de Dol — donna vers 1168, au même monastère, sa dîme d'Acigné en faveur de sa mère, qui, devenue veuve, s'était faite religieuse à Saint-Georges (Cartulaire de l'abbaye Saint-Georges, 147). Parmi ses successeurs remarquons Alain, sire d'Acigné, qui fut l'un des barons appelés en 1225 à confirmer les privilèges des habitants de Saint-Aubn-du-Cormier. Il fit en 1240 bâtir une chapelle près de son château de la Motte d'Acigné. Pierre d'Acigné, son fils, confirma en 1263 à l'abbaye de Saint­Melaine le don de la dîme de ses moulins d'Acigné sur la Vilaine. Alain III, sire d'Acigné, épousa Mathilde de Montfort et mourut le 18 octobre 1339 ; il fut inhumé au chapitre du couvent des Cordeliers de Rennes, où reposaient déjà ses ancêtres (Obiit domnus Alanus de Assigneio, miles, sepultus in capitulo cum parentibus suis, année 1336 - Nécrologe mss des Frères Mineurs de Rennes (Bibliothèque Nationales)) — Pierre III d'Acigné, fils des précédents, mort le 21 septembre 1347, fut inhumé au même endroit. Son fils Jean Ier d'Acigné épousa Jeanne de la Lande, qui mourut le 4 janvier 1367 et fut enterrée en l'église Saint-François de Rennes, près de l'autel Saint-Yves (Obiit domna Johanna de Landa, domina de Assigneyo, sepulta cum parentibus juxta altare sancti Yvonis (Nécrol. préc.)) ; lui-même ne décéda que le 8 novembre 1421. D. Morice nous a conservé le sceau de ce seigneur d'Acigné en 1397 : il est rond et présente un écu tenu par deux hommes sauvages nus, portant d'hermines à la face de gueules chargée de trois fleurs de lis d'or ; la légende est : S. JEHAN D'ACIGNE. Jean II, sire d'Acigné, arrière-petit-fils du précédent et fils de Jean d'Acigné, seigneur de la Lande, et de Jeanne de Fontenay, épousa Catherine de Malestroit. Il perdit sa femme le 13 novembre 1434 (Obiit recolend? memoriae Catharina de Malestreet et domna de Assigné et de Fontenay, 1437 (Nécrol. préc.)) et mourut lui-même âgé de 53 ans, en 1462 ; tous deux furent inhumés à Saint-François de Rennes (Obiit domnus Johannes de Assigneyo, miles, qui temporibus suis honorabiliter se habuit in servicio domnae Annae de Brittanniae, reginae Franciae, anno Domini 1525 (Nécrol. préc.)). A cette époque, la famille d'Acigné jouissait d'une grande considération en Bretagne, en particulier à la cour de nos ducs, et cette importance, due en partie à la valeur des sires d'Acigné sur les champs de bataille, ne fit que s'accroître au siècle suivant. Le P. du Paz a raconté leurs hauts faits et mentionné leurs belles alliances dans son Histoire généalogique des principales maisons de Bretagne. Jean III d'Acigné, fils des précédents, épousa Béatrice de Rostrenen. Ce sire d'Acigné mourut vers 1497 et sa veuve en 1501. — Son fils, Jean IV d'Acigné, épousa en 1487 Galette de Coëtmen, fille et héritière de Jean, baron de Coëtmen et vicomte de Tonquédec. Jean IV, décédé le 8 septembre 1525, fut inhumé près de son pré au couvent des Cordeliers de Rennes. C'est de ce seigneur que parle la Réformation de 1513, dans les termes suivants : « Haut et puissant Jean d'Acigné tient (en Acigné) les manoirs nobles de la Motte, Quicampoix, les Préaux et la Villeguy ». — Jean V d'Acigné, fils des précédents, épousa Anne de Montejan. Il mourut le 19 mars 1540, et fut enterré à Saint-François de Rennes («Hac die ab hoc seculo lugubri ac gemebunda nimium morte decessit, perpetua memoria bene meritus, illustris domnus Johannes de Assigneyo, regius amatusque miles, qui suis temporibus sua solertia ac modestia ducatus Britanniae principatu matque gubernaculum meruit, quod strenue gerens neminem gravavit, ac sic omnibus gratus vitam finiit sepultus ad parentes suos » (Nécrol. préc.)). Son fils, Jean VI d'Acigné, épousa Jeanne du Plessix ; il décéda le 7 décembre 1573, ne laissant qu'une seule fille nommée Judith. Inhumé au couvent des Cordeliers de Rennes, il fut le dernier seigneur mâle de la branche aînée d'Acigné (nota : deux branches cadettes d'Acigné s'établirent, l'une en Basse-Bretagne, l'autre en Provence). Judith d'Acigné épousa Charles de Cossé, duc de Brissac et maréchal de France, et lui apporta la terre d'Acigné (nota : le 15 ao?t 1582, les paroissiens d'Acigné s'assembl?rent et résolurent d'acheter une « haquenée bien accoutrée » pour recevoir Mme d'Acigné qui devait prochainement venir en ses terres (Archives paroissiales)). Cette dame mourut le 11 janvier 1598. Son mari se remaria avec Anne d'Oignies, et ne mourut qu'en 1621. — Charles de Cossé, second fils du premier mariage, eut en partage la seigneurie d'Acigné, et la fit ériger en marquisat en 16O9. Il épousa Hélène de Beaumanoir (nota : celle dame fonda 150 livres de rente au couvent des Carmes de Rennes en 1623), fille de Toussaint de Beaumanoir, vicomte du Besso, mais il mourut sans postérité. Sa succession passa à son frère aîné François de Cossé, duc de Brissac et baron de Châteaugiron. Celui-ci, qui avait épousé Guyonne de Ruellan, céda, le 5 septembre 1641, la terre et seigneurie d'Acigné à son fils Louis de Cossé, époux de Marguerite de Gondy. Ces derniers vendirent, le 30 juillet 1657, le marquisat d'Acigné à René Lambert, seigneur de la Havardière en Acigné, et à Renée Pépin, sa femme. La fille de ceux-ci, Renée Lambert, avait épousé Gabriel Freslon, seigneur de la Freslonnière, veuf de Catherine de Francheville ; elle mourut le 24 novembre 1652 et fut inhumée dans l'enfeu de ses ancêtres, en la chapelle Sainte-Anne de l'église d'Acigné. Son fils, Gabriel Freslon, prit le titre de marquis d'Acigné, mais il mourut sans postérité le 31 décembre 1669, et fut inhumé près de sa mère lei 2 janvier suivant. Tout en laissant son petit-fils prendre le titre de marquis d'Acigné, René Lambert conservait néanmoins la propriété de cette seigneurie ; il mourut en 1673 et fut inhumé le 28 février au chanceau de l'église d'Acigné, en qualité de marquis d'Acigné. Arcs la mort de René Lambert, dont la fortune était turcs obérée, les terre et seigneurie d'Acigné furent mises judiciairement en vente et achetées par Claude Freslon, seigneur de la Touche­Trébry, demi-frère de Gabriel Freslon dit marquis d'Acigné. Claude Freslon, qui avait épousé Anne Regnouard, mourut avant de voir terminer cette acquisition, retardée par suite de surenchères ; mais son fils unique, César Freslon, devint marquis d'Acigné vers 1691 ; il avait épousé à Nantes Jeanne Bidé de la Grandville et mourut en 1694. Alexis-César Freslon, fils aîné des précédents, marquis d'Acigné, mourut à Paris le 7 avril 1748, sans enfants de son union avec Françoise Gouyon de Beaufort. La succession passa à sa sœur Eléonore-Rose Freslon, qui avait épousé à Rennes, le 19 juillet 1709, Louis-Germain de Talhouët, comte de Bonamour, mort le 25 mai 1734. Leur fils, Jean-Jacques de Talhouët-Bonamour, fut marquis d'Acigné et épousa Gillette-Esther Tranchant du Tret ; il mourut à Rennes en avril 1789, laissant pour fils Louis-Céleste de Talhouët­Bonamour, dernier marquis d'Acigné ; celui-ci avait épousé Elisabeth Baude de la Vieuville et décéda en 1812. Voyons maintenant en quoi consistait le marquisat d'Acigné. Le marquisat d'Acigné, tel qu'il avait été créé en 1609 par le roi (nota : les lettres d'érection, signées par Henri IV en juillet 1609, ne furent enregistrées au parlement de Bretagne que le 7 juin 1610) pour Charles de Cossé, se composait de deux parties bien distinctes : la seigneurie d'Acigné, dont nous voulons seulement nous occuper ici — et les seigneuries de la Grézillonnaye, la Lande et les Huguetières. Celles-ci, unies à Acigné en 1609 et sises en Guichen, furent d'ailleurs distraites du marquisat ducs 1657. Acigné, châtellenie d'ancienneté, n'avait pas une fort grande étendue ; son domaine proche ne se composait guère que du château de la métairie de la Motte, des moulins d'Acigné, et des halles, auditoire, fours et pressoirs banaux, avec quelques communs ; sa juridiction ne comprenait qu'une dizaine de fiefs relevant, du roi et, se trouvant en Acigné, Noyal-sur-Vilaine et Thorigné (nota : c'était en 1657 les fiefs appelés : le grand bailliage de la ville d'Acigné — les vieilles et nouvelles Baillées — le Boulay — la Marqueraye — le fief l'Ev?que — Iffer — Bourgon — le fief d'au-delà les ponts d'Acigné — et le fief du bourg de Noyal-sur-Vilaine. Les marquis d'Acigné prétendaient tenir ces fiefs directement du roi, mais les barons de Vitré revendiquaient avec raison la mouvance de leur seigneurie). Son chef-lieu était le château de la Motte, situé au bord de la Vilaine ; il ne peut y avoir de doute au sujet de cette position du château d'Acigné. Jean, sire d'Acigné, rendant aveu au roi le 31 mai 1510, déclare posséder « une quantité de terre en place nommée vulgairement le Fort d'Acigné, ou estoient anciennement les édifices du chasteau et forteresse d'Acigné, contenant deux journaux et demie, lesquelles choses sont cernées et environnées de la rivière de Vilaigne ». Les actes d'acquisition et de prise de possession du marquisat d'Acigné en 1657 ne sont pas moins explicites : René Lambert achète « l'ancien emplacement du chasteau d'Assigné appelé la Motte » et prend possession « des ruines de l'ancien chasteau dudit marquisat appelé le Fort de la Motte, cerné d'eau », et pour s'y rendre « il est obligé d'entrer dans un bateau trouvé sur la rivière de Vilaine, au proche et joignant ledit emplacement du chasteau ». Aujourd'hui même on montre, dans la Vilaine, deux îles couvertes d'amoncellements de pierres, à côté de la métairie des Basses-Mottes : l'une d'elles, portant encore le nom de Fort, renfermait le château, et dans l'île voisine la tradition conserve le souvenir de la chapelle de la Motte, bâtie ler en 1240 et existant encore en 1657, mais ruinée complétement depuis. Cependant une vague tradition prétend que le château d'Acigné se trouvait au bourg même de ce nom, là où quelques maisons insignifiantes portent toujours le nom des Châteaux. Il est évident qu'il ne peut s'agir ici de la demeure féodale des premiers sires d'Acigné, mais il peut se faire qu'à une époque plus rapprochée de nous, les marquis d'Acigné — qui habitaient alors leur château de Fontenay en Chartres — aient eu une sorte de pied à-terre dans le bourg d'Acigné. Ce qui semblerait le prouver, c'est qu'en 1619 Charles de Cossé est représenté dans un acte de vente comme « étant à son château d'Acigné ». Or à cette époque la vieille forteresse était depuis longtemps détruite. En tout cas, quelque nom qu'elle portât, aucune maison du bourg d'Acigné n'a pu mériter d'être regardée comme le vrai château du lieu. Le marquis d'Acigné était seigneur supérieur et fondateur de l'église d'Acigné ; aussi y avait-il ses armoiries peintes sur une litre et dans les verrières du chanceau ; l'acte de prise de possession de 1657 rappelle que cette litre entourait « tout le dedans de ladite église, sauf en une chapelle prohibitive dépendant de la seigneurie de Forges, laquelle chapelle est au chanceau du côté de l'évangile ». Quant aux armoiries elles étaient d'hermines à une fasce de gueules chargée de trois fleurs de lis d'or, qui est d'Acigné, et accompagnées d'autres blasons des alliances de cette noble famille. Dans le choeur, René Lambert prit possession en 1657 « de deux bancs et accoudoirs au-devant du balustre du grand autel, l'un du costé de l'évangile et l'autre du costé de l'épître » dépendant du marquisat d'Acigné. Et comme il était aussi seigneur de Forges et de la Havardière, il prit également possession de la chapelle Sainte-Anne, proche le chanceau et des bancs de la Havardière, dans la nef. On y voyait alors les armoiries des anciens sires de Forges, seigneurs dudit lieu : d'azur à une fasce d'hermines accompagnée de trois quintefeuilles d'argent, et celles des Havard, seigneurs de la Havardière : d'argent à deux havets (hameçons) de gueules en sautoir. Le blason d'Acigné se retrouvait également dans les deux chapelles Saint-Julien et Saint-Antoine, se joignant et dépendant du vieil hôpital fondé par les sires d'Acigné près des ponts d'Acigné. Ces derniers seigneurs s'étaient réservé la présentation du chapelain de cet hôpital, aussi bien que celle du chapelain de la Motte. Enfin l'on voyait, au bourg d'Acigné, les halles, les prisons, l'auditoire, les fours et pressoirs banaux dépendant de la seigneurie d'Acigné, qui jouissait des droits de haute-justice, de foires et marchés, etc. Telle était la châtellenie d'Acigné, plus distinguée par le renom de ses anciens seigneurs que par son importance féodale et son étendue territoriale. Quant aux seigneuries de la Grézillonnaye, la Lande et les Huguetières, qu'on y avait jointes en 1609 pour former de tout un marquisat, elles lui demeurèrent si peu d'années unies qu'il est inutile d'en parler ici (abbé Guillotin de Corson). Lors de la Réformation faite en 1427, dans l'évêché de Rennes, par les commissaires Pierre de Romelin et Alain Le Jambu, plusieurs nobles sont mentionnés à Acigné : Le seigneur d'Acigné ; Jean de Bourgon, sgr. Du Haill et de Gresbusden ; Pierre de Beshere (Beschère) ; Mathelin d'Acigné, sr. de Georges sr. de Breon ; La métairie de la Rogeraye (Rougerais) appartenant au sr. d'Iffer ; Les enfants de feu Alain de Bourgon ; Jean Havart, sr. de la Havardière ; Jean de Bourgon, sr. de la métairie du Haill.