Forêt-Neuve (La)
GLÉNAC
56200
Morbihan
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LA FORÊT-NEUVE FIEF DES RIEUX Leur vieille forteresse incendiée sur ordonnance de la duchesse Anne, pour punir son oncle et tuteur Jean IV de s'être rebellé contre elle, les Rieux se construisirent sur leurs terres de Glénac, voisines du berceau familial de pierre, une nouvelle demeure qui gagnait en plaisance ce qu'elle perdait en fortification : ce fut la Forêt-Neuve, un magnifique manoir de granit rose, percé de grandes fenêtres à frontons et à meneaux, encadré d'une cour d'honneur que gardent deux lions de granit. Château de la Forêt-Neuve ? 1427-A la réformation de 1427 sous l’appellation “Les Alleux”, est cité le manoir et hébergement de la Forestneufve appartenant au sire de Rieux. ? 1448, enqueste faite en la par. de Glennac par Nicolas Le Comte auditeur des Comptes Monsieur le Duc 1 et Me Jehan Prodic secrétaire de mondit sieur le XXIXe jour de Xbre l’an M. IIIIe XLVIII, par commission de mond. sieur du XIIe jour de Xbre derrain passé, touchant les demourans en lad. par. contribuans à fouage par le rapport et déposition de Guillaume Denis, Perrot Saindon, Perrot Bollo, Jehan Desprez et Jehan Raoul fabrique de lad. par. tesmoings jurez sur les Evangiles faire vray et loial raport de tous les demourans en la par. en laquelle a 4 frairies Le hébergement de la Forest Neufve appartenant au sire de Rieux, y sont météers Denis Orain et Jehan Guiot ? A la réformation de 1536 La Forest Neufve (la Forêt Neuve) au sieur de Rieux UNE "VISITE ROYALE A. GLENAC ? 1570-Soyez sans crainte, vous n'avez pas manqué une information dans votre journal favori, il ne s'agit pas du passage du roi d'Espagne, ou de la princesse de Galles, puisque l'événement se situe en mai 1570.A cette date régnait en France Charles IX, fils du roi Henri II et de Catherine de Médicis. Agé de vingt ans, à une époque où la situation du royaume aurait nécessité un pouvoir fort, ce jeune roi était indécis, inconstant et en mauvaise santé. La période particulièrement affreuse: celle des guerres de religion. Embuscades, batailles rangées entre catholiques et protestants, appel aux troupes et aux subsides de l'étranger, assassinats et massacres le plus connu étant celui de la Saint - Barthélemy, rien ne manquait pour rendre la vie de nos ancêtres particulièrement difficile. C'est au cours d'une trêve dans ces années si fertiles en combats que le roi Charles IX décida d'effectuer un voyage en Bretagne. Le premier mai, le roi et sa suite quittèrent Champtoceaux, se dirigeant vers Châteaubriant. Imaginons ce que pouvait être pour les populations rencontrées en ce printemps -1570, la visite du cortège royal. Le jeune roi dispose d'un coche, d'une litière de parade traînée par des mulets et d'un chariot doublé de velours vert à filets dorés. Avec son personnel domestique, dont cinq médecins, cinq officiers de cuisine, cinq sommeliers, il emmène ses musiciens. Le roi est accompagné de sa mère Catherine de Médicis qui voyage dans un coche attelé de six chevaux, divers chariots portent les effets de la reine, son lit, ses draps de soie, sa garde-robes, ses registres, ses papiers, son écritoire... Un bon nombre de personnages sont du voyage :la sœur du roi, Marguerite, qui devait épouser le 18 août 1572 le roi de Navarre, le futur Henri IX, son frère, le duc d'Anjou qui devint en 1574 le roi Henri III, son frère bâtard le chevalier d'Angoulême ,le duc de Guise, le marquis de Mayenne, les comtes du Lude et d'Epernon, le comte de Retz son grand chambellan et son épouse Claude-Catherine de Clermont. Les cardinaux de Lorraine et de Bourbon, les évêques de Nîmes et de digne, etc. ... Quel spectacle coloré et absolument nouveau pour les habitants de la région, que ce somptueux cortège, auquel il faut ajouter le régiment des gardes françaises, créé deux ans plus tôt, et les multiples chariots d'accompagnement. ? Mai 1570-Arrivé à Châteaubriant le trois mai, le roi dîna à Derval le cinq et coucha à Guémené-Penfao. Il arriva le samedi six mai au château de la Forêt-Neuve, en Glénac, où il fut reçu avec tous les honneurs par le châtelain Guy de Rieux-Châteauneuf, lieutenant-général de Bretagne. Arrêtons-nous un instant pour faire la connaissance de ce personnage Guy de Rieux est né à Rochefort en Terre en 1548,il a donc vingt-deux ans, fils de René de Rieux, seigneur de Sourdéac et de Béatrice de la Jonchère, il avait épousé à Rennes le 11 juin 1560, Jeanne de Chastel ; on se mariait jeune à l'époque ll mourut à Châteauneuf 1591 ; on mourait également jeune. La famille de Rieux n'était pas inconnue du roi. La sœur de Guy, Renée de Rieux, surnommée la belle Châteauneuf, remarquable par sa beauté fut la favorite du duc d'Anjou, frère de Charles IX, lequel duc d'Anjou était du voyage. Catherine de Médicis, dont la politique était parfois tortueuse proposa deux ans plus tard au voivode de Transylvanie, beau-frère du roi de Pologne, devenu veuf, la main de la belle Châteauneuf l'affaire ne se fit pas, mais Renée de Rieux avait failli entrer dans la famille royale. Plus tard, tombée en disgrâce, elle épousa un italien, Antinotti ,ayant reconnu que son mari lui était infidèle, elle le tua de sa main ; et se remaria par la suite avec un autre italien Philippe Altovitti. Ce devait être un homme courageux. Revenons à Glénac ; le roi et sa suite y séjournèrent du six au neuf mai. Guy de Rieux donna le dimanche sept mai, une grande chasse, suivie d'une brillante réception. Le neuf mai, le roi et son cortège quittèrent la Forêt-Neuve, et ils se dirigèrent vers Ploërmel où, passant par Malestroit. Ils arrivèrent le onze mai ; ils furent logés au couvent des Carmes. La ville de Ploërmel fit au roi et à sa cour une réception splendide et dut s'endetter à cette occasion d'une somme importante : 18000 livres. Le cortège quitta la Bretagne en passant par Dinan et Saint — Malo, après un dernier dîner le 27 mai, à Cancale. L'histoire ne dit pas s'ils dégustèrent des huîtres. Charles IX s'intéressa une nouvelle fois à la Bretagne en cette même année 1570. Voulant marquer sa gratitude pour les services rendus par Louis de Rohan, il accorda à la seigneurie de Guémené (sur Scorff) le rang de principauté. En même temps, pour soutenir ce nouveau titre il annexa au fief principal la seigneurie de la floche, soit une dizaine de paroisses de la région Plouay-Pont Scorff et celle des fiefs de Léon, qui comprenait Hennebont et sa région, ainsi que la vicomté de Plouhinec et l'ile de Groix. Cette principauté survécut jusqu'à la Révolution. Quant à Charles IX, il ne lui restait plus que quatre ans à vivre ; il s'éteignit le 30 mai 1574 avant d'avoir atteint ses vingt-quatre ans. Après cette courte accalmie, les populations n'avaient pas fini de souffrir des guerres de religion. Vingt ans plus tard, en 1590, les troupes espagnoles du général d'Aguila venues soutenir le duc de Mercoeur et François de Talhouët, chefs de la Ligue, étaient encore cantonnées dans la région Guer, Messac, Redon. Dix ans plus tard, le propriétaire ne voulant rien changer à son train de vie, supérieur cependant à ses revenus, il vend son comté breton à un conseiller du roi, ancien garde des Sceaux sous Louis XIII, messire du Plessix de Guénégaud, qui vient en personne prendre possession de son fief, et comme les administrateurs modernes, soucieux d'expansion économique, il s'occupe de rétablir sur son fief l'ancienne activité commerciale, obtenant de Louis XIV le droit de foires et marchés pour la tenue desquels il restaure et agrandit les halles. Bienfaiteur de l'église, il donne aux Camaldules la chapelle de Roga en Saint-Congard, reprenant à son compte l'action spirituelle des Rieux qui avaient dans le passé donné aux Ordres quelques-uns de leurs enfants : une supérieure du Calvaire à Paris, une abbesse de la Joie à Hennebont, un évêque à Saint-Pol-de-Léon. Satisfait de son ministre, Louis XIV érige le fief de Rieux en comté et confère à Guénégaud le titre de comte de Rieux. II n'y a qu'une ombre à ce tableau : c'est qu'il ne dure pas longtemps, à la mort de Guénégaud (1674), son fils se débarrasse d'un héritage lointain, et le vend pour 400 000 livres au roi de Pologne, Jean Sobieski, pour l'un de ses gentilshommes dont la noblesse est jugée insuffisante par le roi de France, qui refuse son agrément et fait saisir le domaine par un arrêt du Parlement de Bretagne afin de couvrir les dettes de Guénégaud fils. Seulement 25 ans après sa mort, la Forêt-Neuve trouvera un acquéreur en Noë de l'Épine par la descendance duquel les Rieux la retrouveront. Pas pour bien longtemps hélas ! « le dernier des Rieux » comme les chroniqueurs qualifient le jeune Louis de Rieux, va être appelé par le destin à signer de son sang l'une des plus tristes pages de l'histoire bretonne. (voir histoire Château de Sourdéac) La branche d'Assérac, par une alliance heureuse avec l'héritière de la Hunaudaye, avait entre les mains cette antique baronnie, sa vaste forêt et ses droits immenses, et enfin, par un retour passager de la fortune, et peut-être par suite d'une plus riche alliance, Auguste de Rieux, le colonel du Régiment du Perche, pouvait en 1761, faire racheter par sa femme, Marguerite d'Illiers d'Entragues, la terre de Rieux vendue par les Bedoyère. Ce qui n'empêche pas son fils, vers 1780, de vendre la Hunaudaye à son tour. Bref, sitôt cette acquisition faite, il fallut en prendre possession, et c'est cet acte, très long et très curieux, que je veux analyser aujourd'hui A la Forêt-Neuve, on retrouvait traces de beaux entourages, tels que : esplanade, déports à vannes, allées, contrallées, rabines directes et de traverse, coulées, vallées, viviers, et cette maison de plaisance semblait avoir grand air. Mais il n'y avait plus une vitre dans tout le cours du premier étage, ou même beaucoup de carrées de fenêtre étaient absentes. En revanche, à chaque lucarne du château (il y en avait six), on voyait un écusson différent des alliances de Rieux, Rochefort, Bretagne, Penthièvre, Ancenis, Rohan, Rochefort, permettant de suivre sur les murailles leur glorieuse généalogie . Au-dessous de l'écusson de Rieux se voyaient deux béliers affrontés, chargés de bezans sur tout le corps, et surtout on rencontrait une antique porte de bois à curieuse décoration. Elle était « doublée de limandes par-derrière, liées et attachées les unes aux autres par de grands clous écroués, et dont les têtes représentaient des bezans. Cette ornementation originale nous rappelle les tours de Ranrouët, en Herbignac, où à l'aide de gros boulets encastrés dans la maçonnerie extérieure, on a figuré les bezans des armoiries de Rieux de manière à en faire un écusson colossal. Dans une chambre de la Forêt-Neuve, et malgré son état de ruine, le manteau d'une cheminée était décoré d'un écusson en bois des armes de France à couronne non fermée « le dit écusson fort ancien et qui nous a paru être de Charles VIII ou Louis XII. » Dans chaque chambre, le manteau de cheminée était décoré d'un écusson en bois, et dans la dernière un écu en bois, pendant avec un cordon, le dit écu d'azur à 10 bezans d'or, entouré du collier du Saint-Esprit L'importance de cette décoration nous engage adonner le texte même du procureur Minet « Sur la première lucarne du bâtiment du côté du midi, il y a un écusson au haut d'icelle, écartelé aux premiers et troisièmes de Rieux. au 2e et 4e de Rochefort, et sur le tout d'Harcourt, le dit écusson entouré du collier de l'ordre du roi. » M. de Carné compte 7 membres de la maison de Rieux décorés de l'ordre du roi (Le chevalier, bretons de l'ordre de St Michel « Nous avons remarqué qu'à la lucarne prochaine en tirant sur le Nord, en haut d'icelle est un écusson pareil à celui qui vient d'être blazonné et au-des-sous d'icelui, à droite, un écusson des armes d'Harcourt, et à gauche sur autre écusson, mi-parti des armes de Rieux et de Bretagne-Penthièvre, lesquelles armes de Bretagne-Penthièvre sont d'hermines à la bordure de gueules. (Jean IV de Rieux avait épousé en 3es noces isabelle de Brosse, fille de Jean III de Bretagne, comte de. Penthièvre et de Louise de Laval.) « Qu'à la 3' lucarne, est un grand écusson de Rieux, comme aux autres « lucarnes, et au-dessous, à droite, un écusson aux armes d'Ancenis, qui était « de gueules à 3 quintefeuilles d'hermines, et à gauche un écusson mi-parti de « Rieux et Rohan. » (Jean II, Maréchal de Bretagne, avait épousé, en 1374, Jeanne de Rochefort, fille de Jeanne d'Ancenis, et François de Rieux, mort en 1450, avait épousé Jeanne de Rohan.) « Qu'à la 4eme lucarne est un grand écusson de Rieux, comme les autres ci-devant et au-dessous du côté droit un écu chargé des seuls bezans de Rieux, et à gauche un autre écu chargé des seuls vairés de Rochefort. « Qu'à la 5eme lucarne, est un grand écusson de Rieux écartelé comme ceux-ci « devant avec le même collier de l'ordre, et au-dessous deux béliers affrontés « tous chargés de bezans sur le corps, et qu'à la 6 eme lucarne, est un grand « écusson de Rieux, comme ci-devant. » On voit quel majestueux aspect devait avoir ce château portant à son faite cette suite de blasons princiers. On me dit qu'il ne reste plus rien de ces souvenirs, détruits pendant la Révolution. ? 1678 Au commencement de l'année, Louis-François de Rieux et sa jeune épouse Marie de Saulx Tavannes se rendaient aussi à la Forêt-Neuve. Ils firent à Redon une entrée solennelle. Comme les autres biens du comte de Rieux, la Forêt-Neuve fut confisquée par la Nation. M. Joyaut fut d'abord gardien dés scellés apposés par l'État le gouvernement, en les volant ainsi, s'emparait de propriétés d'une valeur, à cette époque, d'un million. Quand la Foret-Neuve fut mise en vente, M.Joyaut se retira volontairement, il s'y trouvait trop malheureux ? 1704-Le mardi 17 juin, Marie-Anne Guyonne Danycan de l’épine se marie à Charles Huchet de la Bédoyère, procureur au Parlement de Bretagne à Rennes et reçoit le château de la Forêt neuve en dot. Devenu veuve, Mme de la Bédoyère vend son comté de Rieux le 11 août 1761 pour 460000 livres à Mme Claude d’Illiers d’Entragues, Baronne de la Hunaudaye, épouse de très haut et très puissant seigneur Louis-Auguste, sire de Rieux, Marquis d’Asserac. ? ? Vers 1770, le château est la propriété de François de Rieux marié à Marie-Anne de Saux-Tavannes Au point de vue révolutionnaire, la bibliothèque nationale conserve le procès-verbal de l'incendie par les républicains de toutes les archives de la Forêt-Neuve. Il est signé par M. Joyaut et plusieurs administrateurs du district de Redon. Le 2 floréal an III (21 avril 1795) de la République française, une et indivisible, une séance publique présidée par le citoyen gentil et où : siégeaient les citoyens Saulnier, Thélohan et Mollié. , administrateurs, et Binel, agent national, était tenue à Redon (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 2483°, folio 102. « S'est présenté le citoyen Julien-Alexis Joyaut, fermier de la terre de Rieux ; lequel déclare que la Foret-Neuve est située dans la commune de Glénac, district de la Roche-des-Trois, département du Morbihan ; qu'après la dernière récolte il se rendit au Directoire de la Roche-des-Trois et y déclara les grains et foins qu'il avait récoltés sur cette terre, environ 175 demés de seigle, 12 demés de froment ; 30 demés d'avoine, le tout mesure de la Gacilly, et 23milliers de foin ; « ‘Que le même jour ou le lendemain les administrateurs de la Roche-des-Trois lui écrivirent de garder les grains et foins sus-référés, parce qu'ils étaient dans l'intention de les faire passer à Redon dans les magasins de la république « Que depuis il a été plusieurs fois à la Roche-des-Trois, et qu'à chaque voyage il a engagé les administrateurs à disposer des grains et foins dont il s'agit ; qu'ils lui ont répondu qu'ils les feraient incessamment conduire à Redon ; « Que le 22 germinal dernier, le citoyen Larsonnier, garde des magasins de la république à Redon, se transporta à la Forêt-Neuve avec des voitures et un détachement et fit enlever les foins qui s'y trouvèrent, à une très petite exception près, que les voitures ne purent charger ; « Que le lendemain, il vint à Redon, vit le citoyen Aubry, fournisseur, et le pria de faire enlever le plutôt possible les grains restés à la Forêt-Neuve, que ce dernier lui répondît qu'il les ferait enlever dans 5 ou 6 jours et que pour cet effet il aurait besoin d'un détachement ; « Que lui Joyaut vint à Redon hier soir à l'effet de presser le citoyen Aubry de faire exécuter cet enlèvement ; mais que le matin, Louise-Thérèse Joyaut, sa sœur, lui a écrit que les grains en question ont été enlevés la nuit dernière par une troupe de brigands qui s'en saisit violemment enfin que le particulier qui commandait cet attroupement a donné une déclaration dont voici les termes. : ‘de parle Roi,'- je me suis transporté chez le nommé Joyaut avec 200 hommes pour enlever les grains destinés à la république. Fait dans la nuit du 21 avril 1795, l'an III du règne de Louis VII roi très chrétien. Signé : Constant, capitaine de l'armée catholique et royale de Bretagne.’ A côté l'empreinte d'un cachet rouge.' Le citoyen Joyaut a signé la présente déclaration et a déposé la lettre ci-dessus, même la lettre de sa sœur de lui : contre-signée. Il a demandé acte du tout, ce que le Directoire, l'agent national entendu, lui a décerné. Joyaut, Gentil, Molié, Thélohan, Saulnier, Binel et Raulin, secrétaire. » Au point de vue révolutionnaire, la bibliothèque nationale conserve le procès-verbal de l'incendie par les républicains de toutes les archives de la Forêt-Neuve. Il est signé par M. Joyaut et plusieurs administrateurs du district de Redon Disparition des archives La Forêt-Neuve possédait des archives magnifiques, ou se trouvaient sans doute, à coté des titres du Comté de Rieux à Peillac, tous ceux des seigneuries de Rieux et de Rochefort. Ces titres concernaient très peu les sires de Rieux dont les parchemins étaient ailleurs ; ils intéressaient beaucoup plus les petits seigneurs du pays de Redon et surtout les cultivateurs et petits propriétaires des environs, car donnaient la situation et les débornements de leurs propriétés. Nous allons voir le cas qu’en fire pourtant avec leur intelligence ordinaire "les vainqueurs de la bastille" Au moment de la Révolution M.Julien Alexis Joyaut de Couësnongle occupait les fonctions d’administrateurs ou pour employer les expressions du temps de fermier général du Comte de Rieux à Peilac ; il habitait à la Forêt-Neuve. On en était au mois de février 1700. Depuis quinze jours des bandes de chauffeurs révolutionnaires se succédaient les unes aux autres et apparaissant a chaque instant, jetaient la terreur dans les campagnes, brûlaient les châteaux et leurs archives, sans doute pour éclairer d’une façon plus particulièrement lumineuse le règne de la Liberté. Le château de Beaumont (en Redon), écrit le comte de Gibon dans ses mémoires étant sur la liste de ceux à brûler, j’ai armé mes gens et passé plusieurs nuits sans me déshabiller et armé de pied en cap ; les patrouilles de la ville venaient souvent dans les cours du château et, un jour on m’a tiré d’une vigne voisine un coup de fusil qui me rasa la figure. M.Joyaut avait reçu vingt avis lui annonçant la visite des brigands. Le 30 janvier il apprenait qu’ils se trouvaient, tout à côté, à Sixt, et que leur intention était de se présenter le soir même à la Forêt-Neuve pour y faire leur visite. Mais nos révolutionnaires comptaient sans la force armée ; les soldats les attendaient à Sixt, le lendemain vers huit heures du soir en fusillèrent un certain nombre et en emmenèrent d’autres en prison à Lohéac et à Guichen. Cet incident n’arrêta pas les incendiaires. Le 3 février ils traversaient Carentoir et se dirigeaient sur la Forêt-Neuve. La bande se composait de 130 hommes armés de fusils, de sabres, de pistolets, de fourches et de haches. Ils se présentèrent vers 2 heures dans l’avenue du Château et déclarèrent à M.Joyaut qui s’était avancé seul et sans armes au-devant eux, que leur intention était seulement de brûler les archives, qu’il fallait les leurs livrer immédiatement, et qu’alors ils ne feraient aucun mal ni à la maison ni à ses habitants. M.Joyaut n’étant pas en état de défendre les archives ; il avait eu bien de la peine à rassembler quelques-uns de ses voisins pour être les témoins de la scène d’horreur qui se préparait ; aussi se vit-il obligé de livrer le chartrier. Huit hommes armés seulement pénétrèrent dans la cour, les autres restant au-dehors. Deux sentinelles gardaient la porte. On monta aux archives et les titres furent jetés par la fenêtre ; les brigands s’en emparèrent en firent un monceau à l’Est de la cour et y mirent le feu ; l’incendie dura trois heures et demie environ et les vainqueurs se retirèrent à 5 heures et demie. Ainsi périrent les archives de Forêt-Neuve ; victimes du fanatisme révolutionnaire, fanatisme aussi stupide que criminel ? 1819, la Forêt-Neuve fut vendue en deux lots à Antoine Bellamy et Élie Dumoustier négociants à Redon, sous la poursuite et diligence de Jean Denis Grébauval, employé, demeurant à Paris, agissant comme curateur de la succession vacante de l'émigré de Rieux. Peu de temps après, la Forêt-Neuve passa aux mains du comte Auguste de Foucher de Careil qui, par des acquisitions successives, a laissé à ses descendants une propriété vraiment seigneuriale de près de 2.000 hectares. ? 1824- Le Comte Auguste-Jean-Marie Foucher de Careil né le 11 aout 1791 épouse le 27 mars 1824 demoiselle Caroline Surcouf, née le 12 mai 1802, fille Marie – Catherine Blaize et de Robert Surcouf, le terrible corsaire. Ce grand marin descendait par sa mère de Duguay-Trouin ; comme lui, il était de la race des intrépides qui ne craignent pas la fureur des tempêtes ni les traîtrises de l'Océan. « Moi, je combats pour la gloire, et vous, pour l'argent» lui dit un jour un amiral anglais, ‘Ce qui prouve, riposta le Malouin que chacun de nous combat pour acquérir ce qui lui manque. Lorsqu'il veinait à la Forêt-Neuve, il aimait à raconter ses exploits. Quelques-uns de ses récits sont demeurés vivaces au pays de Glénac. Il aimait beaucoup venir à Glénac : II appréciait le calme et là solitude des grands bois de la Forêt-Neuve. ‘Le corps de La Comtesse Caroline de F de Careil fille Surcouf repose dans le caveau de la famille Foucher de Careil au cimetière de Glénac’ ? ? 1826-Telle se voit aujourd'hui la Forêt-Neuve, reconstruite en 1826 par son nouvel acquéreur, M. Auguste de Foucher de Careil, gendre du corsaire Surcouf, et cent ans avant lui un autre Malouin, l'armateur Noël Danycan de l'Épine, avait possédé cette demeure, cédée en 1761 par sa fille, Mme de la Bédoyère, aux marquis d'Assérac, une branche authentique des Rieux auxquels l'antique maison familiale faisait retour un siècle après en être sortie. Mais déjà n'était-elle plus semblable à sa fondation initiale, reconstruite au début du XVIII° et décrite par un document de l'époque : ‘autant bien bastie et commode que l'on puisse dire, un grand jardin fermé de murailles contenant 16 arpens joignant ladite maison, la cour, les éscuries bien fermées de murailles, le tout couvert d'ardoises. Proche le dit chasteau une belle fontaine et plusieurs autres sources, un fort beau vivier bien grand, garny de poisson, un bois de haute fustaye de 400 arpens ou environ, y compris 40 arpens de taillis, joignant ledit chasteau. II y a proche ledit chasteau une chapelle de St Jacob, où il y a droit (pour le seigneur de Rieux) de présenter et la messe le mercredy, vendredy et dimanche. II y a haute, moyenne et basse justice... Pour les constructions il faudra abattre 100 arpens de bois dont on aura 400 livres de l'arpent, et est connue nécessaire par ce que la maison est trop couverte si bien que cela rapportera un grand profit et une belle vue à la maison. II y a derrière la maison de quoi faire un fort beau pré capable de nourrir dix à douze chevaux par an... . Vraiment magnifique, cette ‘maison’ substituée à l'ancienne forteresse. La suppression de celle-ci par la duchesse Anne n'avait atteint que les murs ; le fonds social et juridique demeurait intact avec les droits de suzeraineté attachés aux terres, et ils étaient considérables, une trentaine de châtellenies vassales relevant de la sénéchaussée sur laquelle vivaient les sénéchaux, alloués, procureurs, avocats, notaires, greffiers résidant aux trois sièges de Rieux, Peillac et Fégréac, le personnel subalterne dans l'une des quinze paroisses qui couvrent la circonscription. La Forêt-Neuve, comme la plupart des grandes propriétés de l'époque, n'était occupée que par intermittence, ses suzerains plutôt à Paris ou à Versailles, mais au cours de leurs séjours en Bretagne y revenaient-ils de préférence à d'autres résidences, parce que cette maison était ‘autant bien bâtie et commode qu'on puisse dire. Mme- la Comtesse de Foucher de Careil, a su restaurer cette magnifique demeure de la fin du XV° siècle dans le plus pur style de l'époque, tout en l'embellissant encore du confort moderne. ? 1824- M.de Foucher, maire de Glénac, membre du conseil général du Morbihan est décoré ‘officier de l’ordre impérial de la Légion d’honneur’ ? Fait prisonnier de guerre à Dreade en 1813, et détenu en Russie pendant deux ans. ? Vers 1970-1980 La Forêt-Neuve devient propriété du groupe Rocher, enfant célèbre de la Gacilly