Seigneurie
Ville-Quéno (La)
QUELNEUC
56910
Morbihan
56

La "colline" La Ville-Quéno se situe effectivement dans la partie basse d'une colline qui culmine à 66 mètres à la Rimaudaie. Cependant, le rapprochement avec les Quesnoy et Quesnay (du gaulois Cassano: chêne) pourrait nous amener à traduire La Ville-Quéno par "hameau de la chênaie" (les chênaies étaient abondantes avant 1'apparition du pin maritime : pour preuve, encore aujourd'hui, le domaine de La Ville-Quéno compte nombre de chênes centenaires).
La seigneurie de La Ville-Quéno fut la plus importante de Quelneuc. Tout comme la seigneurie de Quelneuc, son origine serait du XIIIe siècle. L'ensemble avec la basse-cour, les tourelles d'angles, le porche défensif, la chapelle et le manoir, est unique dans la contrée. Depuis le XVe et XVIe siècle jusqu’à nos jours, chaque époque a apporté sa pierre à l'édifice. L'organisation générale avec le porche et la basse-cour est du XVe ou XVIe siècle. Les bâtiments du Nord-Ouest de la cour datent du XVIIe siècle.
Vers 1660, François de Talhouët construit l'ermitage qu'il n'habitera guère, puisque tous ses biens seront saisis en 1668, suite aux dettes importantes de son frère Louis-Redon. Ce bâtiment situé au Nord-Ouest du manoir actuel, inoccupé depuis sa construction est resté en son état primitif : fenêtres étroites avec grilles de défense, tomettes de terre cuite au sol et surtout un très bel escalier en bois d'origine. L’ermitage fut amputé de son aile Est lors du remaniement du manoir au XIXe siècle. D'après l'abbé Le Claire, l'ancien château aurait été bâti par Louis-Marcel de Talhouët qui, Impliqué dans la conjuration Pontcallec aurait été obligé de s'enfuir brusquement, laissant son œuvre inachevée. S'il fallait en croire cette opinion, le manoir aurait été bâti vers 1720. C'est cet aspect Inachevé qui aurait conduit Henri de Talhouët à remanier ou achever l'œuvre de son ancêtre en 1890. En effet, si la façade Sud date bien de la fin du XIXe siècle, la façade Nord actuelle est rebâtie devant la façade toujours visible du XVIIIe siècle. De même, la partie haute et les lucarnes du XIXe siècle (des façades Est et Ouest), ainsi que la charpente, ont rehaussé les murs du XVIIIe siècle.
En 1740, la chapelle est construite ; elle est bénie par le doyen Hardy le 8 décembre. Les trèviens quelneucois peuvent y assister le dimanche à une messe basse. Au-dessus de la porte d'entrée de cette petite chapelle (côté terrasse), sont gravées les armoiries de la famille de Talhouët à savoir trois pommes de pin suivies de la mention NIL ALTIUS (rien de trop haut ou rien de plus haut).
On retrouve aux archives diocésaines le procès-verbal d'érection du chemin de croix datant du 3 octobre 1915 mentionnant la bénédiction des croix et tableaux faite en présence de la famille de Talhouët et de 240 paroissiens de Quelneuc. L'Indult du 11 mai L 932 (en Latin) autorise pour cinq ans la Sainte-Réserve. Cette autorisation spéciale généralement du ressort du Pape, permet de garder des hosties consacrées (la ''Sainte-Réserve Eucharistique'') dans le tabernacle de la chapelle. Au Sud-Est, se situe un clos de pierres qui abritait la vigne. La ferme actuelle au Nord du manoir est bâtie au début du siècle pour Libérer le corps de ferme de la basse-cour.

Au cours de la deuxième partie du XIVe siècle, la Ville­ Quéno appartient à la famille Couppu. Guillaume Couppu, chevalier, épouse Marie de Liniac qui lui donne une fille nommée Jeanne. Cette dernière hérite des biens de ses parents et épouse Jean Raguenel, neveu de Tiphaine Raguenel (première femme de Duguesclin); Jeanne décède en 1407.
Ainsi, La Ville-Quéno devient propriété de la famille Raguenel. Jean Raguenel, très lié à Duguesclin, meurt en combattant les Anglais à Azincourt en 1415. Son fils, Jean Raguenel Il épouse Jeanne de Malestroit et devient de ce fait Seigneur-Baron de Malestroit dont il prend le nom. La Ville-Quéno devient ensuite propriété de ses fils Jean Raguenel III et Jean Raguenel IV.
Par suite d'alliance et d'absence d'héritier masculin, La Ville-Quéno passe successivement en 1462 à Tanguy du Chastel, seigneur de Renac, chambellan du Duc François II, puis Louis de Montejan, sieur de Sillé­ le-Guillaume, Cholet et Bécon.
En 1528, La Ville-Quéno est achetée par François Thierry seigneur du Pontrouaud et de la Renaudière (chevalier de l'ordre du Roi et Gouverneur de Rennes); ensuite, son fils Julien en hérite.
En 1574, La Ville-Quéno appartient à Antoine de Brie, puis en 1579 à Georges Méhaut, seigneur de Trébun en Tréal.
Enfin à la fin du XVIe siècle, La Ville-Quéno appartient à la famille de Talhouët qui la possède encore de nos jours. François de Talhouët, gouverneur de Redon et époux de Valence du Bois-Orhand l'acquiert en 1590.
En 1659, La Ville-Quéno est la propriété de Gilles de Talhouët puis Valentin de Talhouët seigneur de Bonamour. D'importantes dettes, contractées en 1659 par Louis-Redon de Talhouët, conduisent à la saisie de La Ville-Quéno jusqu'à l'épuration des dettes de Louis-Redon par son fils Germain-Jude en 1696. Vers 1720, La Ville-Quéno est une nouvelle fois saisie, suite aux représailles contre Louis-Marcel de Talhouët impliqué dans la conjuration de Pontcallec. Cependant, l'année même, la famille de Talhouët récupère ses biens. Au milieu du XVIIe siècle, les de Talhouët possèdent le Bois-Orhand, Noyal, Héréal, la Gélinays et la Herviaie ainsi que des terres à la Fannelais, la Gilardaie, Marsac, la Ville-au-Toir, la Ville-Martin, Maupas, Chapon, la Roche-Pélerin et Couëtus.
Leurs possessions comprennent également :
- le moulin à eau de la Fosse toujours en usage,
- le moulin à vent de la Poupinaie,
- le moulin à vent du Vicomte en Carentoir près de l'hôtel Michelot, actuellement entièrement ruiné,
- le moulin à eau de la Perrière en Sixt construit en 1664 par Louis-Redon de Talhouët, et plus tard,
- le moulin du Rocher entre Trémeleuc et la Ville-au-Toir.

Quelques épisodes du passé de La Ville-Quéno sous la Révolution sont relatés ultérieurement L'abbé Le Claire quant à lui, dans son livre sur l'ancienne paroisse de Carentoir, cite : "On lit dans la généalogie de la maison de Talhouët que, dès le mois de janvier, le château de La Ville-Quéno avait été envahi plusieurs fois par les pillards des communes voisines. Ce furent d'abord, paraît-il, les paysans de Comblessac qui vinrent en armes demander qu'on leur livrât les titres conservés dans le charuier. Mais, cette première tentative ne réussit que très incomplètement, interrompue par l'opposition des vassaux de Quelneuc. On ajoute qu'à diverses reprises, les gens de Carentoir et des communes voisines forcèrent les habitants du château à livrer les titres féodaux qui concernaient leurs communes et qu'ils en brûlèrent une grande partie".

1388 – Guillaume I° COUPPU, seigneur de La Ville-Quéno, x Jeanne de RENNES dame de Lanceul (303C)
1400 – Guillaume II COUPPU, fils de Guillaume I°, chevalier, x Marie de LINIAC
1407 – Jeanne COUPPU, fille de Guillaume II, x Jean I° RAGUENEL vicomte de la Bellière , neveu de Tiphaine Raguenel première femme de Du Guesclin
1415 – Jean II RAGUENEL, seigneur de La Ville-Quéno, x Jeanne de MALESTROIT
1430 – Jean III RAGUENEL, seigneur de La Ville-Quéno
1450 – Jean IV RAGUENEL, seigneur de La Ville-Quéno, x Gilette de CHÂTEAUGIRON
1461 – Françoise de MALESTROIT, fille Jean IV, x Jean de RIEUX sire de Rieux et Rochefort qui, veuf, se remaria avec Claudine de Maillé puis avec Isabelle de Brosse
1480 – Jeanne de MALESTROIT, autre fille de Jean IV, dame de La Ville-Quéno, x Tanguy du CHASTEL seigneur de Renac, chambellan du duc François II
1500 – Jeanne du CHASTEL, fille de Tanguy, x Louis de MONTÉJEAN, sieur de Sillé-le-Guillaume, Cholet, Bécon
1527 – Anne de MONTÉJEAN, fille de Louis, dame de La Ville-Quéno
1528 – François THIERRY, seigneur de La Ville-Quéno, de Pontrouaud et de la Renaudière, chevalier, gouverneur de Rennes
1564 – Julien THIERRY, fils de François
1574 – Antoine de BRIE, seigneur de La Ville-Quéno, x Bertranne URVOY
1579 – Georges MÉHAUT, seigneur de La Ville-Quéno, x Louise ERMAR sieur et dame de Trébrun en Tréal
1590 – François I° de TALHOUËT, seigneur de La Ville-Quéno, gouverneur de Redon, x Valence du BOIS-ORHAND
1659 – Gilles de TALHOUËT, fils de François I°, seigneur de La Ville-Quéno, x Jeanne de CHAURAIS
1659 – Valentin de TALHOUËT, frère de Gilles, seigneur de la Ville-Quéno et de Bonamour
1666 – Louis-Redon de TALHOUËT, fils de Gilles, seigneur de La Ville-Quéno, x Jeanne LE LEVIER
1696 – Germain-Jude de TALHOUËT, fils de Louis-Redon, seigneur de La Ville-Quéno
1720 – Louis-Marcel de TALHOUËT, fils de Germain-Jude, seigneur de La Ville-Quéno, x Renée-Françisse PESCHART dame du Bois-Brassu
1750 – Jean-Joseph de TALHOUËT, autre fils de Germain-Jude, seigneur de La Ville-Quéno, de Couëtus et du Boschet, x Françoise LE MÉZEC

Sources 306C et 159C et 196C