1846-10-24
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À l'autre extrémité du département, des alarmes aussi peu fondées ont provoqué, le 9 octobre des scènes du nième genre. À La Gacilly des négociants d'Hennebont et de la Roche-Bernard ayant voulu faire charger six bateaux, les charrettes qui transportaient le grain ont été arrêtées à l’entrée du port par une soixantaine de personnes, hommes et femmes qui se sont opposées au chargement. M. le juge de paix, assisté de trois gendarmes, a dû se borner à faire des représentations et à dresser procès-verbal contre quelques-uns des récalcitrants. Il est fâcheux que l'on ait été contraint de suspendre le chargement. À son retour, M. le Maire de La Gacilly qui était absent le premier jour, s'est empressé de réunir quelques-uns des meneurs et de leur persuader que les grains qu'on embarquait n'étaient pas destinés à être transportés à l'étranger, mais dans d'autres parties du département ou dans départements voisins où la récolte avait été encore plus mauvaise que dans leur arrondissement ; que l'exportation à l’étranger était interdite ou impossible, aux termes de la loi, au prix où étaient les grains : qu'il était probable au contraire que par suite des arrivages de grains de l’étranger favorisés par le gouvernement, le prix du graine ne tarderait pas à baisser, et que le meilleur moyen de rétablir l’équilibre dans le prix des grains était la libre circulation et la liberté la plus entière du commerce. Ces paroles, pleines de vérité, ont paru produire beaucoup d'effet sur la foule à laquelle elles ont été répétées Le lendemain, le rassemblement s'est dissipé de lui-même. Le dix, au soir, les charretées de grains sont descendues au port et l'embarquement s'est fait sans difficulté.