Vieux Bourg (Le)
TRÉAL
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Morbihan
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Une famille bretonne du 11`au 17e siècle chapelle Saint Cornély Famille TRÉAL Que sait-on de la famille de Tréal ? Sans doute peu de choses ; quant à ses origines, elles échappent complètement. Cependant certains textes nous laissent deviner que cette famille jouissait d'une certaine notoriété. Ainsi dans l'introduction à l’édition parue à Rennes en 1896 et reprise dans l'édition critique de 1984 de « La très ancienne coutume de Bretagne », l'auteur nous dit au sujet de Tréal Le Fier qu'il était d’une famille très connue alors que ses deux autres corédacteurs sont pour ainsi dire méconnus. Au sujet de l’abbé Nicolas de Tréal, on nous dit qu'il appartenait à une très ancienne maison de Bretagne possessionnée dans les évêchés de Saint-Malo, Nantes et Vannes. Lors de la prise en otage de l’abbé Jean de Tréal par les troupes de Montfort, il est dit qu'il « était fort connu à cause de sa famille »aussi fut-il élargi sur la caution de plusieurs seigneurs .Aurélien de Courson précise que c'était un homme remarquable dont la famille était alliée aux Rieux, aux Malestroit, aux Châteaubriant. C’est nous soulever un peu le voile qui couvre les origines de noblesse des Tréal, mais ou aimerait en savoir peu plus. Au sujet de l'élévation de Raoul de Tréal à l'évêché de Rennes on précise qu’il était « d'une famille distinguée dans la province et riche en patrimoines (« l'église de Brimer » par l'abbé Tresvaux, 1840, p. 22). On essaiera donc en ces pages de retrouver les traces qu'a laissé dans l'histoire et la tradition la famille de Tréal Tout un passé, qu'on pressent glorieux au cours duquel les Tréal ont conquis leur titre de noblesse. La première mention d'un membre de la famille de Tréal apparat dans une charte entre 1081 et 1083. En 1055, Harscouét, Seigneur de Rays donne à Pérennès, abbé de Redon, les églises de Notre-Dame et de Saint-Jean, près de h ville de Sainte-Croix de Machecoul, en lui recommandant de cultiver surtout le territoire de Notre-Dame., d'y bâtir des cellules et d'y mettre des religieux qui eussent la crainte de Dieu (Abbaye de h Chaume par de la Nicollière, p. 15).Les moines fondateurs de Sainte-Marie de Machecoul ou de la Chaume venaient donc de Saint-Sauveur de Redon et pendant longtemps il n'eut guère de recrutement local. Quelques temps après la fondation entre 1081 et 1083, Renaud de Mortestier fait une donation au monastère sentant la mort approcher, il se convertit et demande aux moines de le recevoir parmi eux. Avec le consentement de son seigneur, Justin de Rays, il confirme la cession de 1'île de Candelamp précédemment faite par ses ancêtres et y ajoute tout ce qu'il possède dans la paroisse de Saint­ Même le Tenu (44), à titre d'héritage partiel. Trois jours après avoir reçu l'habit monastique, il mourût et fut inhumé au cimetière de Sainte-Marie. L’acte de donation avait été signé par Justin de Rays et plusieurs autres témoins qui semblent être les moines de Sainte-Marie: Justin, charge de l'obédience (obéissance d'un religieux par rapport à ses supérieurs), c'est-à-dire le prieur, Glcnmaroc qui allait bientôt ouvrir la série abbatiale, les moines Payen, Etienne, Robert, Huto, Jamogon, de Tréal (dont deux arrières-neveux devaient être abbés), et Coessin. Justin devint, semble-t-il, Abbé de Redon vers 1090 et érigea en Abbaye régulière La Chaume sans doute en 1100 ou 1106. Les XII et XIII siècles sont l'époque des croisades, époque également où apparaissent les blasons seigneuriaux qui symbolisent souvent des faits d'armes. Le croissant d'argent et d'azur des Tréal doit rappeler quelques hauts faits contre l'islam d'un certain vaillant chevalier dont on ignore malheureusement le nom. A quelle date ce chevalier inconnu prit-il la croix ? On ne peut que faire des suppositions. Peut en effet qu'à cette époque Jean de Beaubois, Eudes de Bodegat, Payen Gautron (Plessis-Gautron), Guillaume de Sévigné accompagnèrent le duc Jean Le Roux à la croisade de Saint-Louis. On peut imaginer que durant cette croisade des liens d'amitié se nouèrent entre les Tréal et ces familles, liens qui seront l'origine de futures alliances matrimoniales. Ce n'est qu'une hypothèse, mais qui n'est pas sans quelques fondements. En 1316, on trouve un Eon de Tréal « priseur » (personnage chargé d'évaluer un objet ou autre...) dans un échange entre le Duc et Brient de Châteaugiron. En 1341, Eon de Tréal est mentionné comme Sénéchal de Rennes : « en Nostre court de Régnes... Eon de Real seneschal pour le temps de ladicte court ». En 1321, on signale un Yves de Tréal alloué de Nantes .Yvon de Tréal allocutus Nonnetensis (archives nationales K1151 n°26). Dans l'introduction à la « Très ancienne coutume de Bretagne, édition critique, accompagnée de notices historiques et bibliographiques par Marcel Plannial, on identifie ces personnages à Tréal le fier un des auteurs de la « Très ancienne coutume » (« Esprit fier est un blâme, âme fier est une louange (sentiments nobles) ». Notons en passant que le cartulaire de Redon fait allusion à un Eon de Tréal nommé par le Duc Jean IV, le 7 mai 1369 comme « connétable de la ville et de la tour et du terrouer de Redon ». Est-ce le même que ceux dont nous avons parlé précédemment ? Il y a un écart de date qui pose, peut-être, problème. Quoiqu'il en soit, l'attribution de « la très ancienne coutume de Bretagne » à Capu le Sage, Tréal le fier et Mahé le Léal est des plus vraisemblable. Des trois, c'est Tréal le fier qui est le plus connu par sa famille. Et Eon de Tréal semble répondre au signalement qu'en donne d'Argentré « patricien, homme de justice et gentilhomme ». La « très ancienne coutume » est un recueil législatif d'une grande valeur historique, littéraire et morale. Laissons la parole au rédacteur de son introduction : «Ses auteurs se livrent volontiers ; ils se font connaître au lecteur comme dans une causerie familière, on peut déterminer leurs sentiments, leurs croyances, leurs caractères d'après leur œuvre, et ce que nous en voyons, ne peut que nous inspirer l'estime et la sympathie pour leur personne autant que pour leur talent. On sent qu'on a à faire à de braves gens, pleins de bons sentiments et surtout animés d'une vive commisération pour les faibles et les petits. La « coutume de Bretagne » est presque un catéchisme et un livre de moral en même temps qu'un traité de droit ; cette province ne pouvait désirer un coutumier mieux approprié à son esprit et à son tempérament. Les idées religieuses et les idées morales annoncent des gens pieux, respectueux pour l'église, attachés aux sentiments de famille... On ne trouverait peut être pas dans la littérature du temps, un autre livre qui ait parlé en termes aussi élevés du rôle social de la justice et des devoirs des seigneurs justiciers et de leurs officiers... » Voici à titre d'exemple un extrait du début du premier chapitre : « de qui voult vivre honestement pour avoir l'amour de Dieu et dou monde. Qui vouldrait vivre honestement pour avoir l'amour de Dieu et dou monde doit avoir en soi et en user et non pas du contraire, de vérité, léauté, de abstinance, de diligence et de humilité. Car nature ne pour force nul ne nulle que il ne soit léal, humiliable et véritable, mès nature pour force aucune foi abstinence ». Ne croirait-on pas lire un passage d'une règle monastique ? Rien d'étonnant que l'on trouve dans la lignée des Tréal, des moines et des abbés.Le premier des Tréal connu était, nous l'avons dit, un moine de La Chaume vers 1081, le premier abbé sera un abbé également de La Chaume, vers 1320. Il était stipulé dans les accords de la fondation que si l'Abbé de Redon, fondateur de l'Abbaye, ou ses successeurs, jugeaient à propos d'y établir un abbé il serait tiré de la communauté de Redon et agrée par les seigneurs de Rays, ou si ces derniers nommaient un abbé, ils le présenteraient à la communauté de Redon, mais si les uns et les autres ne pouvaient s'accorder, les religieux de La Chaume éliraient leur abbé conformément à la règle de Saint Benoît. Il est très vraisemblable que ce soit l'abbé de Redon qui ait imposé Nicolas de Tréal comme Abbé de La Chaume. En 1321, il obtient pour son abbaye un droit de chasse, mais en fait, c'était à titre personnel, le droit expirant à la fin de son abbaciat mot latin voulant dire lieu de retraite d'une communauté religieuse), ce qui suppose les bonnes relations qu'il entretenait avec le Seigneur de Rays. Il semble d'ailleurs qu'il avait de hautes relations puisqu'en 1322, il était tuteur des enfants d'Olivier Le Roux. L'abbé Nicolas portait pour armoiries : « de gueules au croissant burelé d'argent et d'azur ». Armoiries que l'on retrouve sur la panoplie de blasons des Abbés de La Chaume, entourant le sceau de l'Abbaye. Il semble même que l'Abbé Nicolas fut le premier des abbés de ce monastère à se choisir un blason. Or, ce blason correspond exactement aux armes de la branche aînée des Tréal On retrouvait ces armes à l'intérieur comme à l'extérieur de l'ancienne église de Tréal (église du vieux bourg démolie en 1887) ainsi que dans la vieille église de Mohon, démolie elle aussi en 1876.Peut-être est-ce à cause de la haute considération qu'on portait à l'Abbé Nicolas, qu'il fut transféré en 1328 au siège abbatial de l'Abbaye de Sainte Melaine de Rennes, une des plus vieilles et des plus importantes Abbaye de Bretagne. L'abbé Tresvaux dans « l'Église de Bretagne » ne fait pas allusion à ce transfert et dans la liste des abbés de Sainte Melaine, on ne sait s'il faut lire Nicolas de Bréal ou de Tréal ? La chose est d'autant plus curieuse qu'il s'inspire de Dom Hyacinte Morice de Beaubois et l'on sait d'autre part qu'une branche cadette de la famille de Tréal était alliée aux Beaubois et que même la branche aine de Beaubois s'est fondue en Tréal. Mais il y avait une autre famille Beaubois : Beaubois (Bourseul) qui est fondu en Tréal puis Nevet et Beaubois (Dréfféac) qui a donné en 1446 un abbé (Hervé) à Saint Gildas de Rhuys. Nicolas de Tréal partant pour le monastère de sainte Melaine fut remplacé à La Chaume par Michel de Tréal, proche parent du précédent, peut-être son frère. Si l'on se fie à la panoplie des armes abbatiales de La Chaume, il serait vraisemblable que les armes de Michel de Tréal serait de : gueules aux trois fers de lance d'argent ce qui évoquerait sans doute un passé glorieux des chevaliers de Tréal durant les croisades. Il semble que l'abbaciat de Michel de Tréal fut pour La Chaume une période florissante, car d'après les comptes publiés par Longnon, La Chaume verse 10 livres, la moitié de l'Abbaye de Vertou ; moins que Villeneuve et Buzay, plus que Saint Gildas des Bois, Béré, Meilleray, lescouét, Notre dame des Moutiers, le double de Sainte Croix de Nantes et de la Trinité de Clisson. Nicolas de Tréal a pris possession de son siège abbatial de Sainte Melaine en 1328. Dès la même année, il échange quelques portions de terre avec Guillaume de Borgon. En 1332, il obtient du Duc Jean Ill, la permission de tenir tous les ans une foire le 14 septembre. Guillaume, évêque de Rennes, se rendant à Rome en 1341, nomma avant de partir trois vicaires généraux : l'Abbé de Sainte Melaine, Guillaume Hequenville, chantre (chanteur) et Jean, archidiacre du Désert. Nicolas mourût le 2 juillet 1352 et fut inhumé au pied du maître-autel de son église abbatiale. Il semble que vers la fin de son abbaciat les temps étaient plutôt difficiles car son successeur dût acheter quelques maisons, rue du Four du Chapître, pour y transférer ses moines et ce qu'il y avait de plus précieux dans son abbaye, cela à cause de la guerre civile et du pillage. Ainsi fut créé pour quelques temps « Sainte Melaine-le-petit » Vers la même époque, on compte un troisième abbé dans la lignée des Tréal. C'est Jean de Tréal, abbé de Saint Sauveur de Redon de 1340 à 1370. Un homme remarquable qui a marqué son temps. Dès le commencement de son administration, il eut le chagrin de voir mourir le Duc Jean III qui ne laissait point d'enfant. Le duché devint la proie de la guerre civile entre Charles de Blois et Jean de Bretagne, comte de Montfort. La guerre dura plus de vingt ans. Jean de Tréal se déclara en faveur de Charles de Blois, qui lui semblait le plus légitime. Charles se recommandait (se faisait estimer) par sa noblesse d'âme et sa valeur morale. Cette prise de position en faveur de Charles de Blois fut la cause de nombreux malheurs pour lui et son abbaye. Voici ce que dit le chroniqueur du monastère :« Ceux de Redon furent les premiers qui se ressentirent de ces temps malheureux ; car s'étant déclaré pour Charles, le droit duquel semblait le plus apparent, les soldats s'approchèrent de Redon, s'en rendirent maîtres, entrèrent de force en l'église, pillèrent tout ce qu'ils peuvent y rencontrer, emportant l'argenterie de la sacristie et commirent mille autres sacrilèges, profanant derechef ce lieu sacré, prétendant la fortifier comme une place déjà acquise au compte de leur maître ; de plus, ils s'emparèrent de terres et possessions de l'abbaye, chassant les fermiers des métairies, ravissant tout ce qu'ils rencontrèrent, abattirent les bois de hautes futaie et commirent toutes les insolences que l'on peut imaginer. Ils retournèrent peu après en l'abbaye enlevant les meubles du monastère, chassèrent les religieux, desquels ils en maltraitèrent quelques-uns, se saisirent de la personne de l'Abbé, qu'ils constituèrent prisonnier avec quelques siens religieux, comme rebelles à l'estât, après avoir commis mille excès sur leurs personnes et ne voulurent rendre sans une grosse rançon qu'ils imposèrent sur le dit Abbé, lequel estant fort connu à cause de sa famille, fût élargi par la caution de plusieurs seigneurs qui le piégèrent à ses religieux » (chronique du monastère de Redon). Lorsque Jean put rentrer dans son monastère, il le trouva dans un piteux état. Pour éviter de nouveaux malheurs, il résolut de clore la ville de Redon de « bonnes et fortes murailles ». « L'abbé Jean à l'assentiment des habitants de la dite ville de Redon, ordonna qu'elle fut close et douvée, et pour ce faire fût ordonné un subside, savoir est d'ouyst deniers par livre de chacune denrée qui serait vendue à la dite ville et port d'icelle ». De plus, Redon eut une garnison et un capitaine qui lui servirent de protection, sous l'autorité de Charles de Blois Après la bataille d'Auray, en 1364, en laquelle fut tué Charles de Blois, Jean de Montfort s'étant présenté devant Redon, l'Abbé Jean de Tréal, sortit de la ville : « accompagné de quelques religieux et habitants principaux ; puis ayant fait fermer les portes derrière lui, il alla au-devant du duc et prononça une harangue(discours solennel) si remplie d'éloquence qu'il gagna les bonnes grâces du prince, lequel promit au dit Abbé, religieux et aux habitants de Redon de leur maintenir gardes, droits et diverses coutumes tant de leur église et monastère que des habitants et demeurant en ladite ville, faubourgs et territoires. Après quoi, les portes de la ville estant ouvertes, le duc fit son entrée solennelle à Redon et fût reçu par l'Abbé, les religieux et les habitants avec tout le contentement possible et témoignage d'une réjouissance publique ». Que l'on ne s'étonne pas du changement d'attitude de l'Abbé Jean de Tréal : depuis la mort de Charles de Blois, Jean de Montfort était officiellement reconnu comme Duc légitime. Depuis ce temps-là, continue le chroniqueur, le duc fit grand estat de l'Abbé de Redon, lequel il créa pour estre l'un de ses conseillers d'estat, titre que depuis resta à ses successeurs abbés, qui ont toujours esté honorés de cette qualité dans les lettres des princes ». L'année suivante, on retrouve Jean de Tréal à Guérande parmi les négociateurs de la paix et de la réconciliation entre le Duc Jean IV et les procureurs de la comtesse de Penthièvre, veuve de Charles de Blois. Jean de Tréal fit enterrer son frère Guillaume de Tréal « chevalier bon proust et léal » décédé en 1341 dans une chapelle absidiale de l'église abbatiale de Redon dite « Chapelle de Tréal » où l'on peut encore voir plusieurs enfeux de cette famille (niche funéraire).Le cartulaire de Redon nous dit que Jean de Tréal était cousin de Raoul de Tréal, évêque de Rennes et d'une famille distinguée dans la Province. Riche en patrimoine, il en employa les revenus à l'embellissement de son église cathédrale, qui venait d'être consacrée par son prédécesseur, et au soulagement des pauvres. Savant théologien et très versé dans la connaissance des Saints Canons, il travailla beaucoup à la réforme de son diocèse et à soutenir les droits de son siège. Il assista, en 1365, au Concile d'Angers où il eût un différend très sérieux avec l'évêque du Mans pour la préséance. De retour dans son diocèse, il s'appliqua à y faire observer les canons de ce concile ce qui lui attira quelques disgrâces même de la part du Duc Jean IV, mais il les surmonta par sa patience et sa charité. Sa fermeté, et peut-être son zèle, lui firent cependant des ennemis durables. Certains allèrent jusqu'à l'accuser, à tort semble-t-il, d'adultère, et de plusieurs autres crimes. Si bien que le pape nomma, le 21 juillet 1383 « des commissaires pour en informer, avec pouvoir de le livrer aux bras séculiers, au cas que l'accusation fût fondée ». On ne sait quelle fut la suite de cette affaire, il est à croire que Raoul confondit ses accusateurs. Il mourut le 13 février 1383, écrasé sans doute par le poids de ces calomnies. Il fut inhumé dans son église cathédrale. Ce fut, en somme, un grand et courageux évêque. Malgré le différend qui avait opposé le Duc à l'évêque Raoul et grâce à l'Abbé Jean, conseiller d'état, il semble que la famille de Tréal avait ses entrées à la cour ducale. Le Duc Jean IV ayant perdu ses deux premières épouses, Marguerite d'Angleterre et Jeanne Roland, dont d n'avait pas d'enfant, songea à se remarier à 47 ans. Il jeta son dévolu sur Jeanne de Navarre, fille du roi Chartes le mauvais, un des pires ennemis de la France qui mourut d'ailleurs peu de temps après le mariage. Le Duc envoya chercher sa fiancée en Espagne où elle était près de son père à Pampelune, capitale de la Navarre. Il fit partir, pour cet effet, du Croisic, vers la fin de 1386, une flottille composée de trois navires. Outre les équipages, ces navires portaient un grand nombre de Seigneurs, Chevaliers écuyers, gens de conseil, au nombre d'une centaine, dont les principaux étaient : Patri de Châteaugiron, Geoffroi du Pontglou, Jean Mahour, Bonabès de Tréal, Régnier de Saint-Liz... La flotte aborda à Verméo en Biscaye le 29 juin 1386.La princesse n'était pas prête ; elle se fit attendre. Elle ne s'embarqua que le 4 septembre. La flotille aborda au Croisic deux jours après, et le mardi 11 du même mois, au beau milieu des marais salants de Guérande, dans la modeste Chapelle de Saillé, envahie par une foule splendide de prélats, de barons, de Seigneurs dorés jusqu'aux yeux, elle épousa solennellement le Duc de Bretagne. Au milieu de cette foule Bonabes a dû retrouver quelques parents et amis de hauts lignage (descendance) auxquels il dû raconter ses escapades avec ses compagnons à travers la Biscaye et la Navarre et ses visites à Verméo et Saint Sébastien en attendant la bonne volonté de la princesse de s'embarquer. Le mariage de Jean W avec la princesse de Navarre fut heureux : huit enfants naquirent au foyer ducal. L'aîné des fils, Pierre, naquit le 24 décembre 1389. Il prit le nom de Jean à la confirmation et devint plus tard le duc Jean V. Jean V épousa Jeanne de France qui lui donna 7 enfants. Le premier, François, devint François Ier de Bretagne, le second fut le futur Pierre II. Le dernier, Gilles, fut connu spécialement pour sa mort tragique. A la naissance du second de ses fils, Pierre manifesta une profonde joie : l'existence de ce second fils garantissait la possession du duché dans la maison des Montfort. Aussi à peine âgé de 8 ans « Pierre-Monseigneur » eût-il sa « maison personnelle » dans l'hôtel ducal. Entre 1426 et 1427, il avait gouverneur, maître-d’ hôtel, écuyers, bouteiller, papetier, maître-queu, etc... Jean de Tréal, fils de Bonabès fut désigné comme maître d'hôtel du jeune « Pierre-Monseigneur ». On mentionne ce Jean de Tréal, héritier des Bodegat, dans un aveu des habitants des Touches en Mohon, en 1419, comme propriétaire de ce village. (article : « Les Sévigné, seigneurs de Bodegat en Mohon » par Robert Mahieux). Car à la fin du XIV siècle la branche aînée des Bodegat disparaît par la suite d'un mariage d'une fille unique des Bodegat avec un membre de la famille de Tréal. En 1421 et en 1428, nouveaux aveux rendus par les habitants de Mohon à ce même Jean de Tréal (aveu : déclaration constatant l'engagement du vassal envers son seigneur).Jean de Tréal étant retenu par ses fonctions à la cour ducale, c'est son fils Bertrand qui parut à la réformation de 1427 pour le domaine de Bodegat et des fiefs en terre nobles de Tréal : « la villeguéhioc et le plessis ». Lorsqu'on parle de Bodegat, on peut se poser le problème du château de Bodégat. Charles de Sévigné dans une lettre à sa sœur Madame de Grignon dira de Bodégat « il n'y a ni château ni manoir sur cette terre » et lorsque Bodégat est vendu en 1732 au Conte du Plessis de Grenédan, celui-ci selon le rite de passation de pouvoir se transporte à l'emplacement de l'ancien château « qui est actuellement en pâtis, ou espèce de prairie enclos par l'eau de la dite rivière de Ninian » (art. « Les Sévigné seigneur de Bodegat en Mohon). Le château a-t-il disparu dans un incendie ou par vétusté ?... On sait par ailleurs que ce château était très vieux. Cette fortification a dû être érigée entre l'époque gallo-romaine et l'époque féodale, c'est-à-dire à l'âge breton primitif... Les mohonnais d'aujourd'hui appellent tout ce système de retranchement le « camp des Rouëts » (Kamp d'er Roué : camp ou château du roi Judicaël — hist. De Bretagne Le Moyne de la Borderie TomeI p.483) En 1432, ce Bertrand de Tréal fait partie d'une ambassade envoyée par Jean V à la cour d'Angleterre dans l'intention d'affermir la paix entre les deux pays. Dans ce but, Jean V envoya son propre fils, Gilles, encore jeune, à la tête d'une délégation pour mieux attirer la bienveillance de la famille royale d'Angleterre ; la grand-mère de petit Gille était en effet la reine douairière d'Angleterre. (Jeanne de Navarre après la mort de son premier mari, le duc Jean IV, avait épousé le roi Henri IV d'Angleterre). Dans cette ambassade, le jeune prince était accompagné du chancelier de Bretagne, Jean de Malestroit et de nombreux chevaliers et seigneurs dont Bertrand de Tréal. A son retour en 1433, Bertrand est nommé gouverneur de Saint Malo. Le Duc Jean V était très généreux en aumônes et dons de toutes sortes, si bien que le trésor ducal, qui était pourtant bien fourni, ne suffisait pas à renflouer toutes ses largesses. Par plusieurs fois, le duc emprunta à ses sujets. C'est ainsi qu'en 1437, le Duc demandait dix mille livres tournois (monnaie frappée à Tours devenue monnaie royale), il en trouva un peu plus de onze mille. A cette occasion, le sieur de Tréal lui prêta 200 livres tournois. Ce seigneur de Tréal était-il Bertrand ou son fils Jean qui épousa Marie, la fille unique de Jeanne de Rohan et de Jean de Romes, seigneur du Buron, qui vivait encore en 1430. Jean de Tréal à la mort de son père et de son beau-père était possesseur d'une certaine fortune puisqu'en plus des terres ancestrales de Tréal, il détenait la seigneurie de Bodégat, le château et le domaine du Buron, la seigneurie des Cléons en Haute-Goulaine, la seigneurie de Laudigère en Vallet, la Pannière, le château et la seigneurie de Bléhéban en Caden et autres terres. Ce fut l'apogée de la lignée des Tréal mais ce fut aussi sa fin... Dans les ajouts, à la nouvelle édition de 1852 du « dictionnaire historique et géographique de Bretagne » par Ogée, on lit ces précisions. « Le château a été habité quelques temps par Mme de Sévigné. Ses parties les plus anciennes datent de 1385. On accède au Buron par une avenue de sapins immenses qui comptent plus de cent années d'existence. A ces pieds, se réunissent les principales sources de la petite rivière du Cens. 11 est habité actuellement par les Hersait de La Villemarqué. Il se trouve aux portes de Nantes dans la commune du Vigneux. La seigneurie et le château de Bléheban en Caden aux Blelieban fondu au XIV` siècle dans les Rames, puis Tréal, Sévigné, et par acquêt avant 1666 aux Carné (nobiliaire). Il existe dans l'église de Vallet la chapelle des Rames ou des Ramées. Par les Tréhal ( ?) Lodigère passa ensuite aux Sévigné, qui s'en dessaisirent toutefois trop tôt pour que la célèbre marquise, se rendant à Vitré, ait l'occasion de venir visiter Vallet... L'Audigère était constitué d'abord par la maison et les bâtiments annexes, puis par le domaine proche ou réser. En 1678, la maison de l'Audigère comportait un grand corps de logis couvert de tuiles, comprenant deux chambres, puis des pressoirs, celliers, une maison de bordier (métayer), des rues et jardins, le tout couvrant une superficie de un journal ?, 17 cordes...5 clos de vignes à quart. 175 journaux (Hist. De Vallet par Jean de Malestroit-1985). Le premier des Tréal que nous connaissons était un moine de La Chaume (abbaye située en la paroisse de Machecoul fondée par les seigneurs de Retz, dont les religieux étaient issus de l'abbaye de Redon). Le dernier, de la descendance masculine, nous le trouverons, semble-t-il encore à La Chaume. Cette fois, ce sera un abbé, Nicolas, deuxième du nom vers 1446. Son existence, il est vrai, est contesté. Cependant, le nobiliaire de Potier de Courcy n'hésite pas à le mentionner et l'abbé Tresvaux dans son « église de Bretagne » fait foi à son sujet d'un acte de Blain. Selon de La Nicollière, une charte de 1449 signée par l'abbé précédant obligerait de rayer du catalogue des abbés deux noms dont celui de Nicolas de Tréal. Mais peut-on se fier au cartulaire des seigneurs de Retz, en ces temps assez troublés, qui a connu le procès et l'exécution de Gilles de Retz (1440) ? Si l'on retient l'existence de l'Abbé Nicolas de Tréal, on serait tenté de lui attribuer parmi la panoplie des armes abbatiales de La Chaume le blason de gueules au croissant d'argent chargé d'hermines, qui se rapproche des armes de la famille de Tréal. Revenons à Jean de Tréal qui s'était marié à Marie des Rames, dernière héritière du nom. Le couple n'eut qu'une fille, Gilette de Tréal qui épousa en 1478 Guy de Sévigné, fils de Guillaume et de Jacquerie de Montmorency, seigneur de Sévigné et des Rochers. On ne sait pas grand-chose sur Jean de Tréal, il dût mourir relativement jeune. Sa veuve, Marie des Rames, épousa en seconde noce Christophe Chabot, sieur de Liré, gouverneur de Brest (nobiliaire de M. De Courcy : la branche de Liré fondue en 1504 dans du Bellay puis du Breil enfin La Bourdonnaye). Cependant tout l'héritage des Rames, qui était assez considérable, passa aux Tréal à Gilette, et à sa mort, qui survint en 1506 aux Sévigné. Guy de Sévigné (ou Guyon) rend aveu au Vicomte de Rohan en 1509 pour les terres de Bodegat, en qualité de garde naturel de son fils Philippe (ou Christophe selon une autre version ?), sieur de Tréal et de Bodegat. Dans le relevé des terres nobles en 1516, la « ville gleio », nouvelle appellation de la « ville-guéhioc » et qui deviendra la « villio », berceau d'origine des Tréal, appartient à « Guyon de Sévigné, agissant comme tuteur de son fils, Philippe de Sévigné, seigneur de Tréal ». A cette époque, le « Plessis-Tréal » ne semble plus appartenir aux Tréal-Sévigné puisqu'en 1500 on y trouve la veuve de Thébaud de La Ruée. La tradition selon laquelle Madame de Sévigné aurait connu le « Plessis-Tréal » ou y serait allée est donc sans fondement. Les seigneuries de Loudinière, La Pannière, les Clions semblent avoir été vendus avant que Madame de Sévigné se rende au château du Buron. Quant au château et à la seigneurie de Bléhéban on n'a aucune date précise de leur vente. Charles de Sévigné ni sa mère n'en font jamais, semble-t-il allusion. On sait seulement qu'ils sont passés par acquêt avant 1666 aux De Carné (Nobiliaire de M. De Courcy) : Les de Trécession étaient une branche des de Carné qui avaient pris par alliance le nom et les armes des Trécessons, Vers cette époque, il y avait, en Tréal, les Trécessons du « Boisbrun »). C'est vers 1671 que la « villelio » appartient aux Dantal. Sans doute, les Sévigné ont-ils désiré garder le plus longtemps possible le fief d'origine des Tréal par une certaine reconnaissance. Nous verrons cependant que Madame De Sévigné ne fait jamais allusion aux Tréal. Henri de Sévigné, seigneurs des Rochers, de Bodégat, de Tréal, de Coëtquen, d'Etrelles et autres lieux, maréchal de camp et gouverneur de Fougères, épousa, le 4 août 1644, en l'église Saint Gervais de Paris, Marie de Rabutin Chantal, âgée de 18 ans, fille de Marie de Coulanges et petite fille de Sainte Jeanne de Chantal. Henri de Sévigné emmena sa femme dans son château des Rochers près de Vitré tandis que lui-même menait la vie à Paris ou ailleurs. « Ce Sévigné, dit Tallement des Réaux, n'était pas un honnête homme, il ruinait sa femme... ». En quelques années il dilapida une partie du patrimoine des Tréal. Sa vie de libertinage, de jeux et de plaisirs trouva sa fin lors d'un duel en 1651. A son cousin le Comte de Boissy Rabutin qui reprochait à Madame de Sévigné d'avoir fait une mésalliance, celle-ci répondait « en étalant sa marchandise à l'exemple de certains, il n'y a que de bonnes et grandes alliances » et elle cite les noms des Quelnec, Montmorency, Baraton et Châteaugiron, et elle ajoute les Rohan, les Clisson, les Guesclin, les Coaquen, les Rosmadec, les Clindon... les du Bellay, les Rieux, les Bodégat, Les Plessis Reul et d'autres qui ne me reviennent pas présentement tout cela est vrai, il faut m'en croire... ». Mais elle oublie de citer les Tréal et les Rames qui, par les biens qu'ils ont apportés en héritage lui permettent de renflouer les dettes contractées par Henri de Sévigné et de garder son rang. Peut-être que Madame de Sévigné a accompagné son fils, Charles, à Bodégat pour percevoir les redevances de ses tenanciers et conférer avec son fermier général. Lettre du 25 mai 1680: « Mon fils avait fort envie que nous allassions à Bodégat, où effectivement nous avons beaucoup à faire » Madame de Sévigné diffère ce voyage. « Présentement je m'en vais aux Rochers, où je ferai venir tous mes gens de Bodégat ». La tradition veut cependant que Madame de Sévigné est allée à Bodégat et qu'elle descendait dans une maison de In Trinité et allait alors prier, dit-on, dans la chapelle de Bodégat, en l'église de Mohon, où se trouvaient les armes de Bodégat et des Tréal. (art. Les Sévigné, seigneur de Bodégat en Mohon par R.Mahieux). Plus tard les armes des Sévigné ont rejoint celles des Bodégat et des Tréal. L'église fut démolie en 1876 pour faire place à une nouvelle église. Des commentaires au sujet des lettres de Madame De Sévigné dit au sujet de Bodégat : « c'est en Basse-Bretagne près du bourg de La Trinité, à peu de distance de Quimper ». Il est encore plus étonnant de trouver la même chose sous la plume de Barthélémy Pocquet qui a rédigé le 4è volume de Histoire de Bretagne « La Marquise de Sévigné avait de grands intérêts en Bretagne, son mari y possédait notamment quatre terres importantes : Sévigné, près de Rennes, Les Rochers, près de Vitré, le Buron, près de Nantes et Bodégat près de Quimper. On est plus renseigné sur ses séjours au Buron. Charles de Sévigné toujours à court d'argent y a fait abattre de beaux arbres, sa mère en est toute peinée. Elle écrit à Madame de Grignan (sa fille) le lundi 27 mai 1680 « Je fus hier au Buron, j'en reviens ce soir ; je pensais pleurer en voyant la dégradation de cette terre : il y avait les plus vieux bois du monde ; mon fils, dans son dernier voyage lui a donné les derniers coups de cognée. Il a encore voulu vendre un petit bouquet qui faisait une assez grande beauté, tout cela est pitoyable ; il en a rapporté quatre cent pistoles, dont il n'eut pas un sou un mois après... Sa main est un creuset qui fut l'argent...ce lieu était un « luogo d'incanto » s'il en fut jamais : j'en reviens toute triste » (dans une bonne partie de la lettre, La Marquise insiste sur les dépenses inconsidérées de son fils Charles. Cette lettre est très belle. Est-ce l'air du Buron qui lui a donné verve et inspiration ?) Charles toujours insatiable d'argent fait dans une lettre écrite à sa sœur, Madame de Grignan, le relevé des dettes (dettes de sa mère et les siennes propres) et des biens et revenus. On s'aperçoit que la valeur de la terre de Bodégat est égale à celle du domaine des Rochers puis vient en valeur le domaine du Buron « bien bâti pour un vieux château » Dans une lettre du 25 juillet 1701, Charles fait savoir que le Buron est vendu à Monsieur Dubreil de Chancartier. Madame de Simiane Pauline, petite fille de Madame de Sévigné, nièce et héritière de Charles de Sévigné vendra le 15 décembre 1732 le fief de Bodégat de 100 000 livres à haut et puissant seigneur Charles-Marie du Pessis, comte de Grénédan pour embellir sa maison et sa résidence secondaire. Ainsi fut réduit à néant en quelques années tout le patrimoine des Tréal. Et le renom de cette illustre famille qui connût de notables juristes, de valeureux chevaliers, des de cour, quatre abbés de gentilhommes monastères, un évêque, fut éclipsé pour toujours par le renom immortel de Madame de Sévigné. 30 la chapelle Saint Cornély duVieux-Bourg Tréal 1 • Actes de naissance et de baptême La commune devient héritière Le livre de Paroisse est plus précis en ce qui concerne l'acte de naissance mais reste discret sur le nouveau saint protecteur : "Le onze mars 1888, quatrième dimanche de carême, bénédiction de la chapelle du Vieux Bourg dont la restauration est dû à Mme de la Ruée, du Prée/os et à Mlle Flavie de la Ruée, du Désert. Outre Le clergé de la paroisse étaient présents M.M. Hillion doyen de Carentoir qui présidait la cérémonie et qui fit une brillante allocution, l'abbé Dréan vicaire de Réminiac et l'abbé de Carheil de Carentoir: Dans cette chapelle dédiée à Saint Corneille a été faite la translation des restes des deux vénérables prêtres pour lesquels les paroissiens de Tréal ont une grande dévotion. Ces restes se trouvent du côté de l'Epître devant une plaque de marbre blanc qui porte leurs noms. Le premier, M. l'abbé Priellec fut fusillé par les bleus en 1793 au village de la Ville Jeanne dans une maison appartenant à Yves Coué. Le plancher porte encore trace des balles. Il fut enterré dans la vieille église de Tréal. Le second, M. Charles Hallier, premier recteur de Tréal après la Révolution mourut pendant une épidémie et fut enterré dans un petit champ à deux cent s mètres du Vieux Bourg." Pourquoi n'avait-on pas conseillé de prendre Saint Nicolas comme patron ? Peut-être, ainsi que nous l'avons déjà supposé, pour spiritualiser une dévotion coutumière se pratiquant parfois sous le manteau celle de Saint Cornély et la placer au grand jour tout en restant fidèle aux anciennes traditions. La chapelle du Vieux Bourg attend cependant une statue de Saint Nicolas par fidélité aussi ! La nouvelle chapelle, bien que restaurée grâce à Mesdames de la Ruée. Restait la propriété de L'Eglise donc de la Fabrique. C'est ce qu'exprima M. l'abbé M.M. Guillaume lorsqu'il répondit au questionnaire des services épiscopaux en 1905 en vue de La préparation des "Inventaires": La partie méridionale du transept de la vieille église a été transformée en chapelle avec les dons de Mlle Flavie de la Ruée en 1887. Elle est regardée comme ·'chapelle de tolérance", appartenant à la Fabrique. Elle est antérieure au Concordat et appartient à la Fabrique par le fait qu’ 'elle faisait partie de la vieille église qui datait depuis plusieurs siècles. Le registre cadastral le constate sous le n°505." (Archives diocésaines de Vannes). Cette constatation faite pour préserver la-propriété fabricienne sur la chapelle du Vieux Bourg ne pesa pas lourd en regard de la Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat qui décréta la Commune de Tréal héritière de la Fabrique dissoute. Les pierres quant à elles n’eurent pas trop à s'en plaindre Ainsi va le cours du temps. 2 - Histoire de la chapelle l - L'environnement de 1888 Lorsqu'en 1888. 1' église paroissiale fut démolie et la chapelle du transept sud conservée, le bourg de Tréal ct ses alentours étaient plus peuplés qu’aujourd’hui. Toutes les maisons encore debout ou en ruine à l'heure actuelle, abritaient familles diverses; charrons, forgerons, Tisserands, épiceries, débits de tabac et de boissons annexe postale : les cloches de l'église sonnaient encore pour les grands offices, les enterrements et quelques baptêmes. Ce n'était pas, comme aujourd'hui un simple carrefour ou par curiosité mais un lieu où l'on attachait les brides pour discuter et faire ses affaires. La ferme de la Marche en contrebas abritait les activités d'une grande métairie car on n’avait pas encore construit la nouvelle Marche sur la route de Réminiac. Les villages alentour éclataient de rires et des bruits du travail que ce soit au Doucet, à la Touche au Roux, aux Grées Basses et Hautes et au Pont-Bouère sans oublier le Bourgneuf, le Cours Chauvel et la Touche si proches Bien sûr le Bourg n'était pas le plus peuplé des villages de la paroisse. Si juge par les offrandes de pain béni entre 1867 et 1872, sur 35 village dénombrés, le Bourg, le Bourneuf et la Marche réunis arrivent en 1ere position avec 27 offrande contre 75 au Plessis, 54 au Rocher,48 au Préclos,46 à la Béraie, 44 au Cleu, 33 à la Chesnaie, 32 à Trigueho,32 à la Villio et juste avant le Bodliguen 24, la Ville-David 23, Bostubois 20. Etc. Une telle statistique n’est pas évidemment pas officielle mais elle donne bien l’image de l’orientation démographique: celle du Bourg avait d'ailleurs dû s'améliorer depuis 1846 où cinq feux y étaient recensé seulement Le·chef-lieu n’était donc pas le premier des villages mais il n'était pas non plus comme aujourd’hui, presque désert. Les routes principales n'avaient pas changé depuis le milieu du siècle et étaient pratiquement les mêmes qu’a l'heure actuelle sauf celle passant sous le chevet de l’église et s'en allant vers les villages de Carentoir, le Doucet, les Grées, la Touche aux Rou.et au-delà; cette route franchissait le Rahun sur le "Pont-Bouère" dont on devine quelques rochers d’assise sur les berges. Certains se souviennent encore d'avoir fait de l'équilibre sur vieilles travées usées de bois usées (50). Les chemins étaient plus nombreux qu'à l'heure actuelle L'ancienne route de Tréal à Malestroit courait encore allègrement sur les Grées et les Lande, héritière des voies antiques foulées par les bandes gauloises et les pas des légionnaires romains: elle commençait à n'être guère plus qu'une simple pente, amorce du chemin mort qu'elle est devenue aujourd'hui. Du Bourgneuf, un chemin de terre remontait à mi pente vers les Cour Chauvel desservant quelques habitations, héritier sans doute de l'ancien chemin de la Maladrerie. D'autres voies serpentaient entre les prés mouillés vers la Touche, le bas de la Lande et La Villio. Les collines environnantes n'avaient pas encore revêtu la couronne verte que nous leur avons connu naguère : l'incendie de 1985 a quelque temps restitué leur physionomie d'il y a cent ans: pierres et landes, mousse et lichens, bruyères et genêts, ajonc, et houx coriaces, petits chênes et châtaigniers au bas des pentes. Ce n'est en effet qu'à partir de 1860 que le Marquis Roger de la Bourdonnaye entreprit de semer des graines de pi ns maritimes sur la lande des Bruyères autour des métairies des Grées : le vent, les oiseaux et l'exemple aidant firent reverdir l'aridité et rendre coiffé ce qui était chauve. Le nom des Cours Chauvel vient de ces landes sèches ou la bru yère et les mousse étouffaient le bruit des sabots (51). Autour de l’église dans l’enclos plus étendu qu'aujourd'hui, il y avait des ifs dont les oiseaux répandaient Les graines dans les haies avoisinantes. On y avait planté quelques sapins de croix qui prospérèrent mal. Il en reste deux, témoins opiniâtres d'une plantation éphémère. Les ifs y vivent encore, toujours verts, Le sommet du muret de l'enclos était simplement maçonné ; Les travaux successifs d'élargissement du carrefour et d'ouverture des routes ne respectèrent pas son tracé car c'est bien mutilé qu’il atteignit les restaurations des années 50/70, la majeure partie de la l i mi te nord-ouest de cet enclos n'était, en particulier constituée que par une haie vive. Au sud du chemin du Pont-Bouère s'élevait un bâtiment mystérieux. On l'a dit verrerie une de ces fabriques où les gentilshommes pouvaient travailler sans déroger sous 1 'Ancien Régime: les sables sont en effet nombreux dans la contrée aussi bien que le bois et les cendres spéciales nécessaires pour la fonte. L'ennui est qu'il n’y a aucune trace de débris de verre autour du bourg ancien. Peut-être s'agissait-il d'un simple magasin de stockage pour des produits élaborés ailleurs. Il peut s'agir tout autant d'un bâtiment administratif où siégeaient sous l'Ancien Régime les représentants des diverses autorités où le pouvoir central se diluait : seigneuries diverses (Tréal, Coëtion, Haute et Basse Bouëxière, baronnie de Malestroit, sénéchaussée de Ploërmel, comté de Rohan : on appelait en effet vairie ou ·verrie, la division d'une seigneurie importante. Il m'a été suggéré aussi que cette construction aurait pu abriter à l'origine une petite industrie locale de tannerie de fourrures, ce fameux vair du Moyen-Age tiré des sauvagines forestières. Le débat reste ouvert, il manque des preuves écrites et tangibles. Une autre bâtisse faisait face à l’église vers l’ouest. Il n’en reste que des pans de mur. Avant que les linteaux, les jambages, les appuis et les de portes et fenêtres, les manteaux dont un était armorié, de ses cheminée fussent aux quatre vents, il y a une trentaine d'années. C'était un manoir. Il était au Moyen-Age finissant la demeure des seigneurs de La Marche: un de leur derniers représentants y habitait encore au milieu du XVI eme siècle ainsi qu'en témoigne un aveu : "Fait au bourg de Tréal en la maison de Jehan de la Marche, le sixième jour de juin mille cinq cent quarante. Un autre aveu précise « Jehan de La Marche, noble homme, seigneur de La Marche". (Documentation Archives Nationales) A la suite de ventes, d'héritages et d'alliances, la demeure changea de mains, devint très probablement au XVIII siècle, la propriété des Tourtal de Pont-Houchard Elle fut ensuite vendue à des familles d'artisans qui s'y succédèrent jusqu'à la fin de l'ancien bourg. Ses dépendances ont disparu, sauf le puits et la ruine où l'on joue au casse-bouteilles à la fête d'été : cc fut l'habitation du dernier facteur de Tréal d'autrefois. Le Bourgneuf a conservé quelques vieux murs mai le lavoir a disparu. Seule la source reste et coule impassible, car rien n'arrête ni l'eau, ni le temps Origine de la Chapelle... La chapelle actuelle n'existait pas telle quelle en 1888. Mais ainsi que nous le pensons le culte de Saint Cornély devait exister depuis longtemps déjà, confondu peut-être avec celui de la sainte de la Fontaine et empreint des mêmes ferveurs champêtres pour la guérison du bétail et l'arrivée de la pluie ou du soleil bienfaisants. La chapelle du transept sud était dédiée à Saint Nicolas, solide pontife oriental dont les églises, les chapelles et les lieux-dits parsèment toute la chrétienté. L'origine du culte de Saint Nicolas à Tréal est probablement est probablement due à une fondation des seigneurs du lieu dont plusieurs membres devenus hauts dignitaires ecclésiastiques se prénommèrent Nicolas citons au XIVème siècle un Nicolas de Tréal évêque de Rennes, et un autre Nicolas de Tréal abbé bénédictin de La Chaume près de Machecoul (52). Si le culte semble avoir disparu avec l’extinction de la branche aînée de Tréal le nom de la chapelle se perpétua jusqu'à la destruction de l'église. Nous allons la découvrir au fur et à mesure de son histoire en commençant par les jours de sa renaissance. La première restauration est due, nous l'avons vu à l’action efficace de M11e de la Ruée des Déserts. C'est elle qui prit en charge les travaux et donna à la chapelle son aspect actuel. Malheureusement ses notes, ses comptes et es archives ont disparu et nous ne possédons par ailleurs aucun descriptif susceptible de nous renseigner sur consultés nous avons pu retrouver ce qui est ancien et ce qui a été refait en 1888. Le plan inclus-en hors texte donne en noir et en grisé ce qui est antérieur à la restauration et provient de la chapelle Saint Nicolas. C'est peu mais grâce à lui nous avons pu reconstituer en entier le plan de 1' édifice. La reconstitution illustrant le chapitre laisse apparaître sur la droite la chapelle Saint Nicolas au bras droit du transept avec la petite porte Saint Nicolas. Cette partie de l'église fut choisie pour servir de témoin car elle était en moins mauvais état que le reste du bâtiment défiguré par l'enlèvement de la porte principale de la grande fenêtre du chœur et des plus belles pierres de granit transférées à La Villio. La chapelle Saint Jean qui lui faisait face raccourcie et déjà bien accommodée, devait être inutilisable. Le mur nord en blanc sur le plan a été élevé en 1888 car il fallait bien clore. L'on y ouvrit la porte d'entrée actuelle rappelant par son style la fenêtre du pignon sud en réutilisant très probablement les vantaux d'une des portes de l'église. Le tout fut raccordé aux murs existants : les attaches sont encore nettement visibles. Les murs ouest et est firent l'objet de travaux en 1614. 1ors de la première de restaurations du XVII siècle. Cette date est gravée sur la pierre surmontant le linteau de la porte emmurée. Ce denier en schiste du pays, œuvré en plein cintre est très caractéristique de ce siècle de même que la fenêtre qui lui fait face sur le mur Est dont la pierre blanche révèle cependant une importation des bords de Loire comme cela se faisait couramment à cette période. Le mur sud comporte quant à lui des pierres de différentes origine paraissant· de réemploi. Il y a même une pierre à inscription dont les lettres gravées révèlent une écriture proche du XV siècle. Or nous savons qu'une deuxième restauration eut lieu en 1692 : il semble donc que la fenêtre ouverte dans ce mur a dû l’être à cette époque car on arc linteau est très révélateur de façons de faire du XVlI siècle rural en en Bretagne: minces claveaux de schiste assurant une grande solidité à l'ensemble. Une partie du mur du sud autour de la fenêtre peut donc dater de 1692 et une partie des murs ouest et est autour des ouvertures a été bâtie 1614. Le reste de ces murs ainsi que les fondations est antérieur et date très probablement de la construction de l’église au XV siècle, certaines fondations pouvant même être plus anciennes encore. Le sol fut dallé de schiste provenant de l’ancienne église. Il ne semble pas qu’on utilisa pour ce faire les pierres tombales dont certaines rappellent encore dans un petit enclos que la pelouse verte entourant la chapelle était autrefois un cimetière (exception faite de la pierre tombale de abbé Priellec et Hallier). Il est probable également que l’on conserva la charpente et les ardoises de l’ancienne chapelle en se contentant d'ajouter un petit clocheton où fut placée une humble et discrète cloche. Le mobilier était des plus restreint afin d'offrir l’abri maximum aux fidèles. Certains devaient d' ailleurs y amener leurs chaises comme cela se faisait dans l'église ancienne. Les deux petits meubles d'angle encore existants à l'heure actuelle devaient constituer la sacristie. Particularités de la Chapelle et de son enclos Notre chapelle est. dans son humilité, semblable à ces oratoires moussus que 1'on découvre soudainement au détour d’un chemin : elle oriente plus vers la réflexion et le souvenir qu’elle ne donne motif a des descriptions savantes Laissons-la révéler quelques bribes du passé et du présent. L'autel L'autel, de forme tronconique inversée, a été offert en 1888 par un fidèle qui a désiré conserver l'anonymat; en marbre très simple, il est surmonté d'un tabernacle en bois sur lequel a été placée la statue de Sainte Kerfcline. Il a été rénové en 1987 par la mairie de Tréal. 2 - La fenêtre de l'est. La porte emmurée et le blason des seigneurs de Tréal La fenêtre Est, qui avait conservé jusqu'alors ses boiseries d'origine, les a perdues lors de la pose des vitraux. Légèrement ébrasée, la courbe plein cintre de ses linteaux intérieurs et extérieurs donne à penser que cette ouverture fut pratiquée au XVII siècle. Il faut cependant noter une originalité: l'intrados extérieur est de tendance brisée, ce qui conserve à l'ensemble un aspect ogival comme si on avait cherché à ne pas heurter le style de la grande fenêtre du chœur ancien de l'église, aujourd'hui transportée dans la tour de l'église du Bourg En face de cette fenêtre, une petite porte est emmurée depuis 1888. Elle s'appelait "petite porte Saint Nicolas". Son linteau monolithe en schiste est plein cintre, ce qui correspond au siècle de datation (XVII siècle) Mais alors que la fenêtre est sans décoration, le linteau de la porte est assorti d'une pierre de schiste ornée d'une sorte de couronne entourant l'écusson des Tréal et datée de 1614. S'agit-il bien d'une couronne ? On peut aussi y voir un motif décoratif sans trop de signification. Mais en matière d'armoiries rien n'est laissé au hasard. Pouvons-nous y trouver un indice du titre nobiliaire des Tréal ? Les textes antérieurs à l'extinction de la branche aînée (fin du XV siècle) présentent des mentions diverses : Messire, Essuyer. Le frère de l'abbé de Saint Sauveur de Redon, Jean de Tréal, fut enterré dans la chapelle seigneuriale du déambulatoire de 1'abbatiale sous une dalle portant la mention "chevalier, bon, proutz et léal". Mais ce Guillaume de Tréal n'était pas l'aîné, et c'était son frère Jean, l'Abbé, qui portait les armes. En 1462, un Tréal fut convoqué par le Duc de Bretagne, François JI, avec les chevaliers bannerets. Enfin, leurs représentants, appelés auprès des ducs pour y remplir d'importantes charges palatines n'étaient pas assortis de leur titre ce qui prouve que ce dernier était parfaitement connu. C'est peu comme indice. Disons que bien des choses tendent à montrer que les Tréal étaient chevaliers bannerets ce qui est déjà un signe de noblesse d'ancienne extraction. Cependant, et pour en revenir à notre problème, le ''tortil" de chevalier est dessiné avec une sorte de nœud qui le ferme et dont la forme déborde réellement de la couronne : il n'en est rien dans la sculpture du Vieux Bourg. Si l'on veut bien voir qu'il s'agit là d'une représentation en plan, c'est à dire, vue en dessus, la couronne sculptée pourrait être celle d'un baron entortillée de son lien garni de perles. Or, en 1614, ne l'oublions pas, ce sont les "Barons de Sévigné" qui étaient "seigneurs de Tréal" et la couronne du Vieux Bourg est celle d'un baron. Le problème du titre nobiliaire des Tréal reste donc posé. Le mur intérieur ouest Il s'agit de la plaque apposée en 1888 pour ce rappeler le souvenir de deux recteurs de Tréal, les abbés Priellec et Hallier le dernier de l’Ancien Régime et le premier du Concordat, dont les restes furent translatés sous une pierre tombale aujourd’hui retournée (54). Messire Yves Priellec fut recteur de 1761 à 1793. Ce fut lui qui accueillit assisté de son curé, Messire Gorbeillé, les notaires du Marquisat de la Bourdonnaye en 1766. Il avait dû auparavant de 1762 à 1764 officiers dans la chapelle Saint Fiacre près du Couédic, l'église ayant été interdite il refusa en 1792 de prêter le serment prévu par la Constitution civile du clergé et vécut dans la clandestinité jusqu'à son assassinat en 1793 à La Ville-Jeanne. Il avait eu, l'année précédente, des démêlés avec le chapelain du Cleu, abbé Michel Robin qui s'était intitulé Maire de Tréal et unissait les époux d'abord comme maire puis comme prêtre car il ne reconnaissait pas la validité du mariage religieux célébré dans la clandestinité par le recteur Priellec, il n'avait d' ailleurs pas, lui non plus prêté le serment... L'autre prêtre dont les restes furent transférés dans la chapelle avait été le premier recteur concordataire de Tréal de 1802 à 1806. Il fut enterré dans le petit cimetière dont on apercevait naguère les chênes a émonde en contre bas de la route de La Villio à deux cents mètres environ du Vieux Bourg!- Ce cimetière servait au moment des épidémies l'abbé Hallier dut être emporté par une d’elles); il devait être ancien car à l’entour il existait une parcelle dénommée ''Maladrerie- et ce terme désignait au Moyen-Age les lieux où l'on soignait les malades contagieux les lépreux en particulier. Ces maladreries étaient situées en général à 1'écart des bourgs mais pas trop loin de façon à rester sous surveillance et proches des églises. Ce vieil enclos servit de cadre à une manifestation surnaturelle : un matin la servante du presbytère et le petit gardien du bétail rectoral s’en allait à la première messe au bourg venant de La Villio et arrivés à la hauteur de la Maladrerie ils entendirent alors une musique d’une telle suavité céleste qu'ils perdirent connaissance; ce furent les paroissiens revenant de la messe qui les retrouvèrent au milieu du chemin et les ramenèrent aux choses de ce monde. Avaient-ils assisté à la messe des prêtres morts dont parlent encore certaines paroissiennes de de Tréal Aucun conteur n’a voulu ajouter quoi que ce soit au récit rappelé ci-dessus