Imprimer
Seigneurie ou maison noble
Jacquary
LA GACILLY
56200
Morbihan
56

Jacquary. Il en est question avec Jacques Caris, voleur redouté à la fin du XIII° ou au début du XIV° siècle qui fut tué par un marchand revenant de Malestroit et qui fut enterré à l’emplacement de la croix dénommée croix Jacquary. Il faut signaler qu’en 1682 des personnes de La Gacilly portaient encore ce nom de Caris ; un certain Julien Caris fit donation (fondation) à l’église Saint-Nicolas d’une maison sise à la Bergerie le 3 mars de cette année-là. Le Chemin de Redon à Malestroit. Jusque sur les hauteurs de la Grée Saint-Jean, ce chemin emprunte le grand chemin du roi puis, ensuite, il suit l’ancienne voie romaine, il passe dans le bourg de La Gacilly ; au carrefour du Cas-Rouge, il prend légèrement sur la gauche par la rue Saint-Vincent, passe derrière le calvaire actuel, monte à la Glouzie et à la croix de Jacquary. Ce chemin desservait aussi Rochefort mais on ignore à quel endroit il quittait la voie romaine pour se diriger sur cette ville. Ce chemin était très fréquenté car beaucoup de villageois de La Gacilly, ceux de la Gazaie, du Pâtis, de la Villouët entre autres, étaient obligés de passer par la Glouzie pour se rendre à La Gacilly à cause de la mare des Brelles et de l’étang de la Bouère qui venait à cette époque jusqu’au Champ de Foire actuel. Forêt-Noire certaines personnes de La Gacilly appellent encore aujourd’hui Grand-Bois la partie de la Forêt-Noire qui s’étend de la croix de Jacquary à la ferme de la Roquennerie et dont la partie la plus haute est appelée la Grée Tegnoux. chapellenie Au XV° siècle, il est fait état d’une chapellenie de Zacharie (c’est ainsi que les anciens Gaciliens appelaient Jacquary). Cette chapellenie comprenait une maison, un cellier, un appentis, une cour murée, un puits et, chose curieuse, un four. Où pouvait se trouver cette chapellenie ? A la Glouzie où une chapelle existait ? Un peu au-dessous de la Glouzie, au lieu-dit la Loge, au carrefour de la voie romaine et du chemin venant de la Glouzie ? Ou alors près de l’auberge de Jacquary, à côté de la croix ? L’abbé Chérel rapporte que « le temps et l’abandon aidés de la pioche, de la charrue et de la herse ont fait en moins de trente ans (de 1890 à 1920) de la chapellenie de Jacquary…un champ cultivé. » A remarquer que cet abbé parle bien de Jacquary. Croix Jacquary. Situation : en partant du village de la Glouzie puis en empruntant l’ancienne voie romaine, la croix se trouve pratiquement à l’intersection de la voie romaine et du chemin partant pour la Roquennerie, la croix fait d’ailleurs face à ce chemin et est donc orientée à l’Est, c’est à dire regardant la ville de La Gacilly. Matériau : le matériau utilisé est le schiste ardoisier. Structure : le fût est droit et à chanfrein, c’est à dire que sa section est rectangulaire mais les angles sont éliminés. Il comporte un empattement triangulaire chanfreiné également qui triple la largeur du fût mais il est sans soubassement ce qui prouve son ancienneté mais qui, par contre, la fragilise ; elle est d’ailleurs tombée plusieurs fois ce qui explique la disparition de la branche gauche du croisillon. Type : c’est une croix pattée ; il faut signaler que des croix identiques se retrouvent sur les communes de Saint-Sulpice-des-Landes et du Grand-Fougeray. Dimensions : hauteur totale : 2,20m empattement : 60cm de long et 15cm de haut. fût : 25cm de large et 9cm d’épaisseur. bras en forme de trapèze, grande base: 53cm, petite base : 20cm (le bras sommital a une grande base de 43cm), hauteur : 22cm, côté 35cm et épaisseur : 5cm. Datation : sans pouvoir donner une date bien précise pour l’édification de cette croix, mais en suivant les critères de certains spécialistes en la matière comme Blécon, Castel, Ducouret et même L. Marsille, il est permis de penser qu’elle fut érigée au XIII° ou au XIV° siècle et donc cette croix pourrait fort bien être templière Décor : une gravure existe sur cette croix, il s’agit d’une croix gravée en T (ou Tau grec) ; ce genre de croix est communément appelé « croix de potence » ; serait-ce le signe qu’en cet endroit eut lieu une pendaison ou qu’un pendu y fut enterré ? Histoire. C’est fort possible car une histoire locale raconte la fin tragique d’un nommé Jacques Caris, du village de Talhuart, voleur autrefois redouté dans tout le pays, qui succomba dans une attaque de nuit contre un marchand qui revenait d’une foire de Malestroit. En effet, l’ancienne voie romaine servait de chemin pour Malestroit et, à Jacquary, existait un carrefour important avec le chemin dit de l’Evêque venant de Buhan et le chemin templier partant vers Nongué en passant par la Roquennerie. Le marchand fut assez heureux pour assommer à coups de bâton ce brigand qui en voulait à sa vie ; il fut aidé par un aubergiste dont la maison était située à ce carrefour. (Les restes de cette bâtisse étaient encore visibles il y a une cinquantaine d’années). Le voleur fut « suivant toute la rigueur des lois existantes, immédiatement roué, pendu, exposé et enterré sur le lieu même de son crime.» Une autre version de cette histoire est donnée par une tradition orale : « Un homme assez âgé dénommé Jacques Caris vivait de braconnage et de vols. Un jour, il fut aperçu dans les environs du Pâtis par un nommé Coué qui le poursuivit et l’assassina au lieu-dit Jacquary. » Il faut faire remarquer que les Gaciliens prononçaient le nom de cette croix « Zacquari » il y a moins d’un siècle. Or, dans les fondations vendues sous la Révolution en 1792, on trouve qu’une fondation de la chapellenie de Zacharie sur La Gacilly, comprenant maison et étables, est achetée par un nommé Julien Morice de La Gacilly. S’agit-il de Jacquary ? Pourquoi parle-t-on de chapellenie à cet endroit ? S’agit-il de la chapelle de la Glouzie ? Il faut savoir qu’au carrefour de la voie romaine et du chemin venant de la Glouzie existait une demeure appelée La Loge, s’agirait-il de cette maison ? Ou serait-ce l’auberge qui existait près de la croix ??? Le Ran. Mot breton qui veut dire « division, part, partage». En latin, il est désigné par « pars terrae ». C’est une portion de terre du Plou ou d’une Villa. A l’inverse du Plou, il avait des limites bien précises. Lorsque le Ran était très étendu, il pouvait prendre le nom de Villa. Beaucoup de Ran portent le nom du premier colon qui les a exploités ou le nom de colons suivants qui le possédèrent longtemps. Plusieurs Ran pouvaient appartenir au même maître. La moyenne de la surface d’un Ran était de quatre muids de grain, quantité nécessaire à son ensemencement, c’est à dire à peu près vingt hectares. Les Ran étaient composés de champs pour les céréales, de prés, de bois, de vergers, de jardins A La Gacilly, il existe un lieu-dit nommé RAMPONO ; il est situé entre le chemin qui part de la Glouzie vers la Roquennerie, la voie romaine jusqu’à la croix de Jacquary et le chemin qui part de cette croix pour la Roquennerie. C’est en fait toute l’extrémité de la Forêt Noire. Il faut faire remarquer que le nom du Ran ci-dessus ressemble fortement à celui de Ramponnet, un Ran de Caro figurant au cartulaire de Redon sous l’appellation de Ran Wonoec qui devint vers 1438 Rampenoec puis Ramprenonet et enfin Ramponnet. Au XVII° siècle, Louis-Anne de la Bourdonnaye, chevalier, était seigneur de Ramponnet entre autres et les pierres plates qui couvrent le muret d’enclos de la chapelle du Vieux-Bourg en Tréal, proviennent des ruines de Ramponnet. Lorsqu’une habitation était construite sur le Ran, il s’appelait alors un Tigran (ty en gallois signifiant maison) et avait une superficie double de celle du Ran. Si celui-ci ne disposait que de peu de terres, il prenait le nom de Bot qui semble désigner plus l’habitation, la résidence d’un homme libre que le territoire. Sa traduction latine est d’ailleurs « villare ». Il existe le village du Bot-Colin en Carentoir et le Bot en Saint-Nicolas-du-Tertre. Si l’étendue des terres était encore plus conséquente, la propriété prenait le nom de Randrennes, ainsi Alarac, en Saint-Just, était un Randrennes valant dix-sept Ran. Quant à l’Alleu, c’était vraiment un tout petit domaine.