Symboles utilisés
o : naissance, x : mariage (x : 1er mariage, xx : 2ème mariage... , + : décès, ca : environ, ? : date évaluée
exemple : (oca1584) signifie "naissance en 1584 environ"
Gilles Davalo, chef chouan de la région de Carentoir, habitait au village du Rocher en Tréal. C'était un braconnier, un malin: dans son sac ne manquait jamais le lièvre désirable ni le bon tour à jouer aux bleus. Joyeux compagnon, brave type ne refusant pas la bolée mais gardant toujours assez de présence d'esprit pour pouvoir échapper à tous les piège qu'on lui tendait. Le district réclama son arrestation. Plusieurs expéditions armées contre lui au village du Rocher furent inutiles. «Un rival en amour» le dénonça alors qu'il devait aller chez le fermier du Préclos pour coucher et couper du blé noir. Les bleus cernèrent la cache de taille où ils le croyaient. Mais l'oiseau s'était envolé. Il fut pris en 1799 mais trouva le moyen de s'échapper. Les patriotes le regardaient comme très dangereux. Il distribuait les armes et les munitions les jours de rassemblement et les gardait dans un magasin quand les chouans rentraient d'expédition. En 1987, un habitant de ce village m'a montré, obturée par une grosse pierre, une cache qui avait servie à dissimuler un fusil. Davalo commande une petite troupe de cavaliers cantonnés aux Fougerêts. Jouvance, le connaisseur du marais, sera son agent de liaison ; facteur, passeur, populaire, sans ennemi même chez les adversaires, c’est lui, dit-on, qui sauva Séguin de La Gacilly en 1795. Bataille de Rochefort De leur côté les chouans étaient commandés par le chevalier de Silz, ancien officier de marine, par Audran «Capitaine de paroisse» de Berric (la paroisse réputée la plus chouanne de la région). Il semble que ce furent Montméjean et Chevalier de Carentoir, venus avec 68 hommes, qui prirent le commandement pour attaquer le château de Rochefort, où étaient réfugiés les républicains. Il y avait également le chef de 25 chouans de Carentoir Constant Cadio et Gilles Davalo qui cachait des fusils et des munitions chez lui au Rocher en Tréal, et qui les distribuait les jours de rassemblement. A cette bataille Davalo était accompagné de sa femme Anna Ayoul. Celle-ci arrêtée quelques mois après sous l'injonction d'Hoëo-Boisgestin à ses sbires «tu feras bien d'arrêter la femme Davalo» déclara le 17 Thermidor (4 août 1794) avec un superbe aplomb, ne pas avoir vu son mari depuis plus de onze mois. Affaire Hurel Charles-Marie Julien Beauregard, laboureur d'une cinquantaine d'années vient d'être arrêté par la Garde Nationale de Malestroit. Il est fortement soupçonné d'être en relation avec le chef chouan Davalo du Rocher en Tréal. Il comparaît devant deux juridictions. Nous avons les deux procès-verbaux malheureusement assez incomplets, mais l'un contenant de fortes présomptions sur le chouan qui aurait servi d'indicateur pour la capture de Charles Marie Hurel. Les deux procès-verbaux sont datés du 14 thermidor de l'an Il (1er août 1794) c'est à dire 3 mois après la mort de Charles Marie Hurel. Le commissaire Hoeo-Boisgestin interroge Julien Beauregard de la métairie des Landiers en la commune de Tréal, commune qui décidément semble être un important repaire de chouans. Il a été arrêté dans la nuit du mardi au mercredi alors qu'il était, malgré l'heure tardive, à ramasser des gerbes dans «sa rue à battre le grain». Quelques membres de la Garde Nationale de Malestroit se saisirent de lui sans ménagement pour lui faire avouer avoir hébergé des chouans, des brigands, comme les nomment les républicains. Ils veulent aussi savoir combien de journaliers travaillaient la veille pour lui dans ses champs à couper le «bled». Beauregard ne se démonte pas pour si peu, en effet, il avait fait appel, en plus des gens de sa maison, à quatre autres ouvriers. Les soudards insistent pour avoir les noms. Beauregard n'y voit pas malice, et indique qu'il y avait Jacques Thétiot, Daniel Danias, Julienne Joubin et Pauline Soulaine. Ils veulent aussi connaître ceux des habitants de la ferme. Il leur répond tranquillement qu'il y avait son frère Joseph, son domestique (Joseph Danet), Marie Anne Olivier sa belle-sœur; et lui-même bien sûr. Ce procès-verbal est très incomplet, il ne comporte pas de signature. L'affaire se Corse pour Julien Beauregard qui comparait cette fois devant les quatre juges du tribunal de Roche des Trois qui eux, ont signé le procès-verbal. Il s'agit de Boudarel, de Dany, de Lasnier juge suppléant, et du célèbre Le Clainche. Charles Marie a bien connu ce dernier puisqu'il représentait le pouvoir royal lors des deux autopsies du cadavre du cordonnier Chesnel de Tréal pratiquées en 1790 et 1791 par les deux chirurgiens Eon de Guer et par lui-même Hurel de Carentoir. L'interrogatoire débute par l'obsédante question: savoir de combien de chouans peut disposer Davalo du Rocher en Tréal. Beauregard répond qu'il n'en sait rien. A-t-il eu connaissance de ceux qui ont assassiné le citoyen Hurel? - On m'a raconté que Davalo était du nombre. - Qui vous a dit que Davalo avait assassiné Hurel? - C'est le citoyen Foulon, son beau-père, qui me l'a dit hier par présomption! - Je vous somme de nommer les personnes du Village de Boligand qui vous dirent que Davalo et sa troupe devait mettre le feu aux maisons de ce village. - Je passais avec ma charrette, je n'ai pas reconnu les voix qui prononçaient ces paroles, et puis je n'y faisais pas attention. - Est-ce que Davalo a menacé de mettre le feu chez vous? Pas de réponse. On présente à Beauregard un bonnet noir et vert surmonté d'un bouton portant un numéro: 95 - Le reconnaissez-vous? - Oui, je l'ai vu porter par mon domestique, - Avez vous plusieurs domestiques? - Non, je n en ai qu'un seul: Joseph Danet; - Connaissez-vous le particulier qui s'échappa de chez vous lorsque votre maison fut entourée par la troupe et avez vous entendu le coup de fusil qu'on tira sur lui? - Oui j'ai bien entendu un coup de fusil, on m'a dit qu'il avait été tiré sur un "brigand". Mais j'ignore celui qui s'est échappé de chez moi. - N'avez-vous pas dit à votre domestique de nier que Davalo fut chez vous et que vous lui avez dit d'affirmer que le bonnet était à lui? Beauregard nie... - Connaissez-vous Montméjean et Davalo? Beauregard nie... - Quels étaient les particuliers qui passèrent mardi dernier près de votre champ en ôtant leur chapeau et faisant signe à Davalo et l'appelant par son nom? - Je ne les connais pas pas plus que Davalo, affirme Beauregard avec une belle assurance. - Connaissez-vous les assassins d'Hurel? Répond négativement Beauregard est sommé de signer le procès-verbal. Comme la plupart des autres il prétend ne pas savoir le faire Il faut noter que cette assertion par présomption vient de la part de Foulon, le nouveau beau-père de Charles Marie, celui-ci s'étant remarié le 5 juillet 1784 avec Perrine Marie Foulon après le décès de sa première épouse Jeanne Marie Françoise Cartron. Est-ce bien Davalo qui aurait donné des indications pour la capture de Charles Marie Hurel ? Charles Marie Hurel aurait-t'il donné des informations sur Davalo ? Le 26 mai du même mois la répression au «Sac de Carentoir» fut elle aussi terrible à Carentoir. 14 jeunes gens de cette commune réfractaires à la conscription furent capturés dans les auberges par Hoeo-Boisgestin, mais ils furent délivrés dans la nuit par l'irruption de Montméjean, de Gilles Davalo, et de Pierre Chevalier «sabre à la main et couteau entre les dents»