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exemple : (oca1584) signifie "
naissance en 1584 environ"

Charles
CONIGAN (de)
Seigneur de La Clartière et de la Cruaudais en ?
CONIGAN (de) :: Louis
GIFFART :: Catherine
GAZET :: Claude (x?)
 - 3 enfants (o?)
SAINT-PÈRE-EN-RETZ :: Langle en 1620
LA GACILLY :: Ville-Orion (La) en 1660
FROSSAY :: Cruaudais (La) en 1668
MACHECOUL :: Clartière (La) en 1679

Par achat en 1668 ; ils possédaient déjà la terre noble de la Rousselière en Frossay, et plusieurs autres fiefs importants dans cette paroisse et aux alentours - Seigneur de Cangé près de Tours et de Redon dans les Yvelines, époux de Claude GAZET, il devient propriétaire de la Ville Orion en 1660. Cette seigneurie avait pour dépendances : > La maison, les terres et la métairie de la Ville-Orion, > La métairie de Dramel > L'hébergement de la Ville-Buhan • Le moulin de Galny > La métairie de la Porte- l'Étang en Guer ainsi qu'une maison dans cette même ville. Charles de Conigan Sieur du Cangé, époux de Claude Gazette, il devient propriétaire de la Ville Orion en 1660. Le 11 septembre 1661, il vend les fiefs à François de Carheil puis, le 14 février 1662, par acte passé devant Jehanne et Ricaud, notaires à Carentoir, la maison et la terre de la Ville Orion à Guillaume du Fresche, seigneur dudit lieu, de Launay-Pinel en Renac, sieur de la Cossaye en Carentoir et de la Giraudais en Bains-sur-Oust et à Gillone Danet, son épouse. La prise de possession eut lieu le 19 avril 1663. Mais, à sa mort, ses créanciers firent opposition à cette vente. Ils se réunirent donc en conseil et nommèrent pour directeurs et conservateurs des biens meubles et immeubles du défunt, les sieurs Dreux de Bellefontaine, Desmons et d’Aubigny. Au nombre des créanciers se trouvait Gilles Butault, seigneur, comte de Marzan, conseiller du roi en son parlement de Bretagne, demeurant en son château du Pardo, paroisse d’Avessac. Il était fils de Jacques Butault, seigneur de la Châtaigneraie-Marzan et de Renée Gabart. Or, Charles de Conigan s’était reconnu débiteur de la somme de 10.000 livres envers le sieur de la Châtaigneraie. Voilà pourquoi Gilles Butault faisait opposition à la vente des fiefs et proposait de poursuivre l’acquéreur (25 août 1662). Le 4 mars 1664, Guillaume du Fresche reçut en aveu de François de Carheil pour la terre de la Guichardaye avec foi et hommage comme tenue noble de la Ville Orion. Malgré l’opposition, Gervais de Carheil voulut entrer en possession de l’héritage de sa mère et jouir des fiefs acquis par son père. La sentence rendue le 14 mars 1674 condamna François de Carheil et Guillaume du Fresche à payer solidairement les 10.000 livres. Un arrêt du Parlement du 7 septembre 1676 donna la préférence au sieur de Marzan sur tous les autres créanciers. Guillaume du Fresche décéda et fut inhumé à Carentoir le 23 avril 1689 ; il avait eu huit enfants qui furent baptisés à Carentoir entre 1649 et 1667. L’aîné, Jacques-François du Fresche fut seigneur de la Ville Orion. Le 3 décembre, il rendit hommage à François de Montigny, seigneur de La Gacilly, pour la maison et la terre de la Ville Orion, diverses terres, la chapelle, l’enfeu de sa famille au chanceau de l’église de Carentoir. Il habitait la Ville Orion et épousa, par contrat du 23 avril 1690, Demoiselle Louise Guillou, dame de la Meule en Carentoir. Il reçut le 15 décembre 1692, foi et hommage de Gervais de Carheil pour la terre de la Guichardaye, relevant de la Ville Orion. Il mourut à la Ville Orion à 42 ans, le 31 octobre 1701 et fut inhumé dans l’enfeu de la Ville Orion à côté du chœur, vers la chapelle du Rosaire de l’église de Carentoir. Il avait eu de son mariage trois enfants qui furent baptisés à Carentoir entre 1695 et 1700 Le 1° novembre 1695, les du Fresche furent déboutés de tous leurs droits par arrêt du Parlement de Bretagne. Par sentence du tribunal de Redon rendue le 21 février 1698, le sieur de la Guichardaie dut payer 180 livres pour l’affranchissement et l’amortissement de certaines rentes dues à la Ville Orion par la Guichardaie, aux fins du contrat du 11 septembre 1661 et 3.580 livres que Gilles Butault estimait être la valeur des fiefs vendus. Pour terminer ce différend, on conclut le 28 juin 1697 une transaction en vertu de laquelle il fut convenu que le sieur de la Guichardaie ne payerait que 6.400 livres au lieu de 7.000 en capital ou une rente de 355 livres 11 sols et abandonnerait au sieur de Marzan les fiefs de la Ville Orion et les mouvances de la Guichardaie, comme il en avait déjà abandonné les rentes, en la juridiction de Redon, depuis Pâques 1693. Un arrêt de la cour de Rennes du 17 mars 1701 confirma Gilles Butault dans la possession de ces diverses choses. Mais il ne l’obtint qu’après divers incidents. La transaction du 28 juin 1697 avait contrarié les autres créanciers qui attaquèrent d’abord le sieur de la Guichardaie et firent saisir ses biens par acte du 2 novembre 1699 pour n’avoir pas payé les 8.008 livres 5 sols qu’il leur devait. En même temps, Yves Bourgot, autre créancier, réclamait à la direction la somme de 5.460 livres en principal et intérêt. Il appuyait sa demande sur une dette de 3.600 livres reconnue par Charles de Conigan à Claude de Coupan, contractée le 4 novembre 1654, et transportée à Pierre Boutet, sieur de la Borde, par contrat du 20 octobre 1656 et à Yves Bourgot par jugement du 27 mai 1699, suivant le transport à lui fait par les héritiers de Pierre Boutet le 15 février 1699. De son côté, Gervais de Carheil demandait, par requête du 10 février 1700, la main-levée des saisies faites sur lui, avec une indemnité, le tout s’élevant à 9.034 livres. On vit aussi les directeurs eux-mêmes attaquer Gilles Butault pour avoir vendu la métairie de Porte-Létang et une maison en la ville de Guer, sur Gillonne Danet, épouse de Guillaume du Fresche, pour effectuer le paiement de la maison et terres de la Ville Orion ; de plus, ils lui demandaient compte de l’argent qui avait été versé par l’acquéreur ; enfin, ils voulaient que les 6.400 livres fixées par l’accord du 28 juin 1697 fussent réduites à 5.000 livres et la rente réduite en proportion du capital ; que les fiefs abandonnés, ainsi que la mouvance de la Guichardaie, fussent vendus conjointement avec la terre de la Ville Orion. Enfin, par requête des 10 et 13 février 1700, François de la Bourdonnaye, sieur de Liré, conseiller au parlement, héritier de Jean de la Bourdonnaye, sieur de Bray, René Hervé, bourgeois de Paris, ayant-cause de François Bonneau, avocat à la cour de Rennes, Charles Blanchard, sieur du Bois de la Musse, Pierre Le Bouin, sieur du Plantin, chanoine de Vannes, demoiselle Caourtin, ayant-cause de Joseph Mesnard, sieur du Chastellier, de Françoise Chaussée, sa femme et de Pierre Mesnard, bourgeois de Tours, demandaient : 1. que les 8.500 livres dues par Gervais de Carheil servissent à payer la part du sieur de Marzan avec les 6.000 livres qu’il avait touchées de la vente de la Ville Orion. 2. que toute la succession fût vendue et l’argent distribué aux créanciers. 3. que les directeurs ne fussent pas admis à faire des poursuites contre le sieur de la Guichardaie ou tout autre. 4. que le sieur de Bellefontaine fût révoqué de ses fonctions de directeur des créances et qu’un autre fut nommé à sa place. 5. Jugeant sur tous ces points, la cour de Rennes arrêta, le 17 mars 1701 : 6. que Yves Bourgot serait reconnu créancier d’une somme de 5.400 livres payables par les directeurs. 7. que ceux-ci étaient mal fondés à vouloir faire déclarer nulle la vente des biens de Gillonne Danet, l’épouse de Guillaume du Fresche. 8. que la main-levée était accordée au sieur de la Guichardaie et qu’il ne payerait que 5.200 livres. 9. que le sieur de Marzan resterait propriétaire des fiefs de la Ville Orion et des mouvances de la Guichardaie ; qu’il devrait rendre compte aux directeurs des sommes versées par Guillaume du Fresche pour l’acquisition de la Ville Orion. 10. que le sieur de Bellefontaine ne ferait plus partie de la direction. 11. que tous, et chacun suivant sa condamnation, seraient tenus aux frais et dépens du procès. FAMILLE CONIGAN Dans sa Description de l'Amérique septentrionale imprimée en 1672, Nicolas Denys s'est plaint d'avoir été troublé dans un établissement à Canso par un certain La Giraudière, lieutenant d'un marquis de Cangé qui avait obtenu une concession plus au sud. Le marquis prétendu était Charles de Conigan, seigneur de Cangé, près de Tours. Descendant de Robert de Conigan, capitaine de la garde écossaise de Louis XI, il était établi à Sainte-Croix-de-Machecoul et, marié avec Claude Gazet, héritière de la région nantaise. Charles Baye, sieur de la Géraudière était capitaine dans la marine royale, demeurant à Saint-Père-en-Retz, beau-frère de Christophe Ripault, sieur de La Cafinière, capitaine de vaisseau qui commanda une petite escadre envoyée contre la Nouvelle-Yorck, en 1689. Charles Baye eut comme successeurs en Acadie, son frère, André Baye, aussi officier de marine, un certain de Boispeaud et un certain Huret, paraissant, eux aussi, avoir été originaires de la région nantaise. Il semble que Conigan ait obtenu une concession comprenant une région occupée sans titre de propriété par Denys. Elle fut enlevée par les Anglais et le prétendu marquis mourut, ruiné, malgré l'intervention du Conseil privé qui empêcha longtemps la vente de ses biens. I. Charles de Conigan, dit « le marquis de Cangé » D'après Nicolas Denys (1), un certain La Giraudière qui était venu s'établir depuis quelque temps en la rivière de Sainte-Marie, obtint par surprise une seconde commission de Messieurs de la Compagnie, c'est-à-dire de la Nouvelle France, leur faisant entendre que le cap de Campseaux était au « cap Saint-Louis » qui en est éloigné de plus de 25 lieues. La Giraudière amena 100 hommes à Campseaux où il savait que le navire de Denys devait venir, arrêta ce bâtiment et défendit au capitaine de rien donner à Denys à qui il envoya signifier sa nouvelle concession avec commandement de lui remettre son habitation et tout ce à quoi il prétendait jusqu'au cap Saint-Louis. L'auteur de la Description de l'Amérique septentrionale indique par ailleurs que ce La Giraudière était un des lieutenants d'un certain marquis de Cangé, qui en eut deux autres dans sa concession en Acadie, un certain de Bay, frère de La Giraudière et un certain Huret. Cette entreprise du marquis de Cangé est restée particulièrement mal connue en l'absence d'une autre source imprimée que l'exposé de Nicolas Denys, susceptible d'être tendancieux vis-à-vis de ses concurrents (2), certainement dépourvu de toute précision chronologique portant sur les débuts de l'établissement dont la fin est seulement située en 1669, année au cours de laquelle les Anglais l'auraient enlevé en obligeant Huret à se réfugier avec ses gens à Nepigiguit, habitation de Nicolas Denys. Celui-ci a laissé aussi à ses lecteurs le soin de rechercher le véritable nom du marquis de Cangé ainsi que toute indication complémentaire concernant ses lieutenants. La persistance qui a duré jusqu'à nos jours, dans les travaux portant sur l'histoire d'Acadie, d'incertitudes concernant la personnalité du marquis de Cangé, s'explique pour des raisons particulières, car il s'agit d'un représentant d'une famille écossaise dont le nom fut déformé à la française comme ses armes: « écartelé au 1er et 4e d'argent empairlé de sable, au 2e et 3e d'azur à 3 fermaux d'or, cimier une licorne yssante d'argent, supports 2 licornes de même» (3). Charles de Cunigham ou Cunyningham, habituellement qualifié comme ses ancêtres « de Conigan», descendait de Robert de Conigan, envoyé en 1450 par Jacques II, roi d'Ecosse, comme capitaine de la garde écossaise du roi de France, Charles VII. Celui-ci l'ayant fait emprisonner, Jacques II écrivit en sa faveur une lettre aux termes de laquelle il le qualifia de « consanguineus noster » (4). Le noble écossais fut rétabli dans ses fonctions et les conserva auprès du roi Louis XI pour la défense duquel il se fit tuer dans un faubourg de Liège. Son fils Jean lui succéda dans sa charge et acheta suivant acte du 4 juin 1489 pour 1700 (5) ou 37400 livres (6) à Jean de Saint-Nectaire et Jean de Montmorency, seigneur de Saint-Héran la terre de Cangé pour laquelle il rendit hommage à Robert de Lenoncourt, archevêque de Tours, le 8 août suivant (7). Ce fief de Cangé où fut construit au XVIe siècle un château habituellement considéré comme remontant au XVe siècle relevait de la seigneurie de Larçay. Il se trouvait dans la commune actuelle de Saint-Avertin, dans le canton et l'arrondissement de Tours, département d'Indre-et-Loire. La généalogie de la descendance de Jean de Conigan dont une branche alla s'établir sur la terre d'Arcenay, en Bourgogne (8) est connue jusqu'à Charles de Conigan. C'est vraisemblablement par suite des mariages de son grand-père et de son père qu'il se trouva pourvu d'importants intérêts en Bretagne. Son grand-père, messire Antoine de Conigan, gouverneur de Fougères, avait épousé Jeanne Boudet (91, alias Le Boudet, fille de Jean Boudet, sieur de Redon qui avait partagé avec Louise Le Boudet, sa sœur, veuve de Nicolas Luillier, seigneur de Boullancourt, devant le notaire parisien Herbin, le 29 janvier 1622 (10).Son père, Louis de Conigan, seigneur de Cangé et de Redon, épousa suivant contrat du 26 novembre 1608, damoiselle Catherine Gifart, dame de La Clartière, fille de messire Jean Gifart, chevalier, seigneur du Plessis-Gifart, du Chastelier et de dame Marthe Heaune, issue d'une très noble maison de Bretagne (11). Catherine Gifart reçut, le dernier mars 1636, l'aveu de François de Carduel pour des héritages situés au Cartron (12), et Louis de Conigan s'occupa de questions maritimes, car Charles obtint, le 29 mai 1647, un arrêt du Conseil d'État concernant une adjudication de barques prononcée au profit de son père par jugement, du cardinal de Richelieu statuant comme chef général de la navigation (13).Du mariage de Louis de Conigan et de Catherine Gifart, naquirent au moins trois fils : Charles qui nous intéresse, Roger, abbé de l'abbaye de Sainte-Marie de Pornic et Claude, héritier de ce dernier sous bénéfice d'inventaire. Cette succession qui revint ensuite à Charles, entraîna contre un certain Balthazard de Rousselet de nombreuses et longues procédures qui duraient encore, le 26 mars 1674, date à laquelle le Conseil Privé ordonna, sur sa demande, l'assignation des héritiers et créanciers du marquis de Cangé (14). Né vers 1614 (il était âgé de onze ans en 1625), Charles de Conigan épousa dame Claude Gazet, alias Gazette, fille, non pas, comme on l'a écrit à tort, de Jean (15), mais de Michel Gazet, seigneur de la Briandière (16), de La Tour, en la paroisse de Port-Saint-Père et de Marie Huby, elle-même fille de Julienne Le Gouvello. La famille Gazet fut maintenue dans sa noblesse (17) et Michel Gazet se vit attribuer un droit à un banc seigneurial dans l'église au Port-Saint-Père en Retz (18). Claude Gazet avait un frère, Jean, conseiller au parlement de Bretagne, seigneur de La Tour, au Port-Saint-Père (19) pour la succession duquel elle donna une procuration, le 9 décembre 1653, devant Tardiveau et Boisguillart, notaires en la Cour du duché de Retz et de Machecoul afin de transiger avec Michel 1er Despinoze, alias d'Espinoze, seigneur de La Renaudière qui avait épousé sa sœur Jeanne Gazet (20). Cette dernière mourut dans l'hôtel de son mari, rue Saint-Vincent (21), près de l'église du même nom, à Nantes, et Charles de Conigan obtint 32000 livres pour sa femme, en exécution d'un arrêt du 19 juillet 1653 (22). Claude Gazet qui est prénommée Anne dans certaines généalogies de la famille de Goesbriant avait d'abord épousé un de ses représentants, François II de Goesbriant, fils de François 1er de Goesbriant (23), seigneur de ce lieu, qui demeurait dans son manoir de la Noeverte, alias de la Noueverte, dans l'évêché de Tréguier, lors de son contrat de mariage avec Renée de la Marzelière, le 11 août 1589.Le second mariage de Claude Gazet l'avait ramenée dans la région nantaise, car Charles de Conigan, seigneur de La Clartière et s'intitulant seulement seigneur de Cangé, demeurait en la paroisse de Sainte-Croix-de-Machecoul, dès le 24 juin 1651 et possédait des juridictions du Plessis-Grimaud et des Bretesches en la paroisse de Saint-Viaud, à charge d'hommage en faveur d'Henri de Gondy, duc de Retz pour le lieu et la maison noble du Plessis-Marie dans la paroisse de Saint-Viau et des métairies nobles comprenant celle des Bretesches (24). Il acheta, par contrat passé devant Belon, notaire à Nantes, le 22 novembre 1653, le fief de La Nusse 25', paroisse de Saint-Viau, dans le pays de Retz, à Claude de La Tousche, écuyer et Julienne Simon, sa femme, moyennant douze mille cinq cents livres, demeurait encore à La Clartière, le 6 novembre 1653, lorsqu'il donna une procuration devant le notaire nantais Geneau dont les minutes sont perdues, passa, enfin, une transaction du 16 novembre 1656 devant Lucas, notaire à Nantes, pour les communs du village de La Renaudière (26) avec René Guillou, sieur de La Gicquelais qui s'était permis à tort d'y faire creuser des fossés dans une dépendance de la juridiction du Plessis-Grimaud, à Saint-Viau. Encore intitulé seulement seigneur de Cangé, Conigan s'intéressa, ensuite au Brésil, en achetant, le 29 mai 1657, à Guillaume Bouchardeau, sieur du chapitre, Paul Scarron, conseiller du roi et esprit Cabart, associés de la Compagnie du Cap du Nord, leurs droits en la propriété des rivières des Amazones et de l'Orénoque, avec la terre ferme comprise entre elles (27). Charles de Conigan obtint, le 18 mars 1658, de la Compagnie de la Nouvelle-France, la concession des terres situées entre celles de Le Borgne et de Nicolas Denys sur dix lieues de profondeur, à prendre, à l'est depuis la rivière Théodore ou de l'île-Verte comprise, au nord, jusqu'au bout du petit passage de Canseau (28). Il fut justement considéré comme une personne de naissance ayant le pouvoir de réaliser les dépenses considérables nécessitées par les obligations de passer soixante familles pendant six ans et d'entretenir un nombre suffisant d'ecclésiastiques à peine de révocation de la concession. D'après une lettre missive encore inédite de Nicolas Denys, du 8 août 1664 (29), Cangé ne s'était engagé dans cette entreprise que dans le but de créer une situation au profit de son lieutenant nommé La Girodière, parent de sa femme sans autre précision, mais qui était alors parti pour Cayenne avec Tracy, ayant, lui-même son beau-frère comme lieutenant. Nos recherches portant sur la parenté et les alliances de Claude Gazet n'ont pas permis d'aboutir à un personnage portant le nom ou le surnom de La Girodière, mais la qualité de lieutenant-général de M. le marquis de Cangé, gouverneur et seigneur propriétaire d'une partie de l'Acadie se trouve établie en faveur de Charles Baye, sieur de la Géraudière par sa promesse prise en exécution, le 13 octobre 1661 et rappelée, le 9 janvier 1662, de faire payer à un certain Pierre Le Gaigneur ou à ses ordres, ou à sa première demande, la somme de deux-mille-quatre-vingt-cinq livres quinze sous (30).Charles Baye, qualifié sieur de La Giraudière par d'autres documents, peut donc être considéré comme identifié avec le La Giraudière, alias La Girodière de Nicolas Denys. L'allégation de ce dernier d'après laquelle un établissement pour lui aurait été recherché en Acadie ne paraît pas confirmée par les renseignements recueillis sur sa situation. Charles Baye appartenait à une famille qui semble avoir été originaire de Saint-Michel-Chef-Chef, dans le canton de Pornic (31).Il descendait, vraisemblablement, de noble François Baye et de Jeanne du Verger, seigneur et dame de Menonnet, Beauregard et Romartin, Jeanne du Verger pouvant avoir été dénommée par ailleurs Jeanne Chauvin, dame de Coislin. De ce mariage, naquit Pierre Baye, dont la fille, Françoise, épousa René du Cambout, union d'où naquit François du Cambout, seigneur de ce lieu et de Coislin. Ce dernier soutint contre Jean Baye, sieur de La Gibaudière et sa sœur, Françoise Baye, épouse de Jean Degranot, sieur de Ville-mare, petits-enfants de François Baye et de Jeanne du Verger, un procès terminé par une transaction du 20 décembre 1586 (32).fi est, en tout cas, certain que Charles Baye était capitaine pour le roi en la marine, le 8 février 1654, lorsqu'il fut subrogé dans une créance par Me Pierre Hervé, sieur de Launay (33), puis, le 18 novembre 1656, lorsqu'il passa, comme procureur de noble homme René Guillou, sieur de La Gicquelais avec Charles de Conigan, une convention faisant suite à la transaction du 16 novembre précédent (34). Charles Baye demeurait, alors, à Saint-Père-en-Retz, chef-lieu de canton actuel de l'arrondissement de Paimboeuf. Il épousa Elisabeth, alias Isabelle Ripault, dont il eut un premier fils, Charles II Baye, baptisé à Saint-Père-en-Retz, le 15 juin 1659 (35), avec Charles de Conigan, comme parrain. Qualifié écuyer, sieur de La Giraudière, le prétendu parent à pourvoir était encore capitaine pour le roi en ses armées navales, le 19 avril 1660, alors qu'il demeurait avec sa femme au lieu et maison noble du Cartron, en la paroisse de Saint-Viau, dans le canton actuel de Saint-Père-en-Retz. C'est dans ces conditions que les deux époux reconnurent devant Hervé, notaire de la chatellenie de La Guerche en Saint-Père-en-Retz qu'ils étaient les sujets de messire Claude de La Tousche, seigneur du Plessis-Marié, des juridictions du Plessis-Grimaut et des Bretesches en Saint-Viau. Ils tenaient de lui noblement les biens provenant de N. du Cartron, c'est-à-dire de feu François de Carduel, en son vivant sieur du lieu du Cartron qui avait, comme nous l'avons vu, rendu hommage à Catherine Gifart, femme de Louis de Conigan, seigneur de Rodon. Les biens de François de Carduel avaient, en effet, été partagés entre Elisabeth Ripault et son frère Christophe, enfants de feu René Ripault, en son vivant, sieur de La Cafinière et de défunte demoiselle Anne Payet, aussi, avec leur tuteur, François Ripault, sieur de la Coledenière, les seuls noirs par le sang, de François de Carduel (36). Charles Baye avait, donc, comme l'indiqua Nicolas Denys, un beau-frère en la personne de Christophe Ripault, sieur de La Cafinière qui intervint à la tête d'une petite escadre, en 1689, dans une tentative de conquête de la Nouvelle-Yorck dont le succès aurait mis la France en possession de toute l'Amérique du Nord jusqu'aux territoires espagnols (37). Ce brave marin fut jugé noble de la sénéchaussée de Nantes, suivant arrêt rendu sur le rapport de Deniau, le 21 juin 1669 (38). Petit-fils d'Hiérosme Ripault et d'Anne de Carduel, mariés en 1599, appartenant à une famille portant de gueules au sautoir échiqueté d'or et d'azur contourné de quatre fleurs de lys d'or, représentée aussi par Charles Ripault, fils de François, sieur de La Cathelineau et de Catherine Payet (39), Hiérosme Ripault signa « Ripault de La Caffinière et fut surtout connu sous son surnom. Lieutenant entretenu au port de Brest, le dernier mars 1671, lieutenant sur le vaisseau l'Orgueilleux à Rochefort, le 20 mai 1673, capitaine sur le vaisseau Le Bijou, Le 12 septembre 1677 (40), il ne doit pas être confondu avec son fils, Charles, issu de son mariage avec Charlotte de Naginot. Egalement capitaine de vaisseau, ce dernier fut aussi chevalier de Saint-Louis, capitaine général garde-côtes et inspecteur des milices de Bretagne, commandant pour le roi au département de Bourgneuf, lieutenant de roi de la ville et du château de Guérande (41). Il mourut avant le 13 septembre 1720, date à laquelle sa veuve, Charlotte Froger, demeurant en la maison noble de La Cafinière, paroisse de Frossay(42), passa avec Charles-Timoléon de Cossé, duc de Brissac, devant Bedault, notaire à Nantes, un acte faisant suite à un autre passé devant Beauvais, notaire au Châtelet de Paris (43).De leur mariage, était née une fille, Charlotte-Marie Ripault, dame de La Cafinière qui épousa, suivant contrat du 16 novembre 1724, passé au château de la Caffinière paroisse de Frossay, évêché de Nantes, devant Le Breton, notaire en cette ville, Charles Guichard, chevalier, seigneur d'Orfeuille (44).Charles Baye et Isabelle Ripault s'étaient, eux aussi, fixés à Frossay où il eurent un second fils, Claude Baye, baptisé, le 8 juillet 1666 (45). Charles Baye mourut avant le 30 avril 1669, date à laquelle il fut considéré comme ayant été usurpateur de noblesse, ainsi qu'André Baye, autre représentant de sa famille, portant de gueules à trois cornichons d'argent (46), intitulé alors, lui aussi, sieur de La Giraudière et capitaine pour le roi en ses armées navales. Christophe Ripault parait bien avoir pu accompagner son beau-frère, Charles Baye, au cours de la célèbre croisière commandée par Alexandre de Prouville, marquis de Tracy, mais, la présence de Charles Baye à Saint-Viau, lors du contrat du 19 avril 1660 (47), prouve qu'il ne s'était pas, alors, embarqué pour l'Acadie, bien qu'une requête de Charles de Conigan présentée au Conseil Privé précise que l'expédition partit au mois de mars (48). D'après Nicolas Denys, La Girodière revint en France avec lui à la fin de 1661 et fut remplacé par son frère de Baye. (49) Nous n'avons pas trouvé la preuve d'une parenté aussi proche avec André Baye qui prit le surnom de sieur des Morandières, épousa Elisabeth Charbonneau, fut enseveli à Saint-Père-en-Retz, le 4 juin 1669 (50) et laissa un fils posthume, René Baye, baptisé dans la même paroisse, le 29 octobre suivant (51). Le sieur Huret, troisième lieutenant du marquis de Cangé d'après Nicolas Denys était vraisemblablement originaire de Nantes où l'on trouve, un peu après le milieu du XVIIe siècle, plusieurs personnages du nom de Huré, par exemple, dès le 4 août 1654, noble homme François Huré, sieur de la Havardière, bourgeois de la Fosse de Nantes, frère de nobles Jean et Jacques Huré, marchands (52). Jacques et François Huré pouvaient être les mêmes personnages que nobles gens Jacques Huré, sieur de la Fausinière et François Huré, son frère, le 19 juillet 1656 (53).Jeanne Ernault était veuve; le 28 juin 1660, d'honorable homme Jean Huré, sieur de la Rousinière, demeurant à la fosse de Nantes et avait pour fils Jacques Huré (54). C'est, probablement ce Jacques Huré, curé de la Rousinière, qui acheta, le 15 octobre 1663, une part du vaisseau La Catherine, de 200 tonneaux, ancré à Paimboeuf après son retour de la pêcherie et sécherie de la morue à Terre-Neuve, sous le commandement du capitaine Charles Mornay (55). Jacques Huré, sieur de la Rousinière, fils de Jeanne Ernault, avait pour frère Louis Huré, sieur de la Cultière, le 1er août 1672 (56). L'établissement du marquis de Cangé en Acadie Dans sa correspondance encore inédite, Nicolas Denys (57) a fourni sur le début de ses difficultés avec Conigan des renseignements dont la clarté et l'exactitude demeurent, malheureusement aléatoires. D'après une lettre du 6 janvier 1662, Denys avait réussi dans un établissement où Cangé l'avait troublé, la troisième année, avant de faire entendre à la Compagnie de la Nouvelle-France que Canso et l'habitation établie par Denys à huit lieues de là se trouvaient dans sa concession. Le tenant sur le pied de guerre, Cangé l'avait empêché de traiter, puis avait, la quatrième année, envoyé du renfort. Denys ajouta, le 15 mai 1662, que Cangé l'avait troublé sans raison, lui prenant son habitation comprenant des terres défrichées et munies de bestiaux. Pour établir la chronologie de ces événements ainsi exposés, il paraît nécessaire de rechercher la date de la fondation de l'établissement de Nicolas Denys à Canso. D'après certaines lettres, la quatrième année de cet établissement paraît devoir être située en 1661, la troisième en 1660 et la fondation en 1658, en tout cas, au moins quatre ans avant la correspondance de 1662. L'expulsion de Denys aurait été effectuée en 1661, quatrième année de son établissement, en comptant l'année de l'établissement comme première année. D'autres indications viennent à l'appui d'une fondation en 1658. Denys prétendit, en effet, par lettre du 8 août 1664, qu'il était parti de Paris, pour emmener sa femme à Saint-Pierre, c'est-à-dire au Cap-Breton, l'année où il avait fini de s'accommoder avec la Compagnie de la Nouvelle-France, moyennant 15000 livres payables en quatre termes. Cinq ou six mois après, la Compagnie avait accordé à Canso, une concession au marquis de Cangé qui prétendait bénéficier du port et du havre. Nous savons que la concession de Cangé fut accordée le 18 mars 1658, ce qui permet de situer le départ de Denys en septembre ou octobre 1657. C'est bien en 1657 qu'il termina avec la Compagnie de la Nouvelle-France les difficultés créées par sa concession de 1653, grâce à l'intervention de Christophe Fouquet de Chalain que Denys remercia par lettre du 5 juillet. Une autre lettre indiquant qu'il était encore à Rouen, le 22 décembre 1657, il apparaît qu'il ne s'était pas rendu en Acadie en 1657 ou qu'il n'y avait fait qu'un bref séjour, à une époque de l'année, du reste tardive, pour créer une installation, au lieu qu'on devait appeler plus tard Chedabouctou. Toujours d'après la correspondance de Nicolas Denys, il se plaignit à la Compagnie de la Nouvelle-France qui fit une nouvelle concession à Cangé en portant le cap de Canseau trente lieues encore plus avant sur ses terres, son habitation s'y trouvant comprise.(57) L'année suivante, sans autre précision, Cangé envoya cette concession pour le déposséder sans dédommagement. Sommé de vider les lieux sous peine d'y être contraint par la force, assiégé par La Girodière avec 80 hommes alors qu'il ne disposait que de 11, Denys capitula sous la condition que le litige serait soumis à la Compagnie de la Nouvelle-France et revint en la métropole avant la fin de l'année. Après avoir fait appeler Cangé qui lui envoya son lieutenant La Girodière, la Compagnie décida que le marquis conserverait le port et le havre de Canso sans avoir à payer d'indemnité. Denys écrivit qu'il acceptait cette décision, n'étant pas en état de plaider contre la Compagnie et repartit pour Saint-Pierre, mais il annonça, le 15 mai 1662, que la Compagnie avait annulé tout ce qu'elle avait fait en faveur de Cangé et qu'il partait à la fin du mois avec les vaisseaux de La Rochelle pour se défendre contre son adversaire qui voulait porter l'affaire devant un Conseil du roi. Du fait de sa capitulation, Denys n'était plus alors en possession du futur Chedabouctou et ne pouvait procéder qu'à une contre-offensive. Il apporta, alors, dans sa rédaction une précision chronologique indirecte suivant sa méthode consistant surtout à énumérer ses malheurs en ajoutant qu'aussitôt après son départ, la Compagnie avait accordé à Doublet la concession des îles Saint-Jean et de la Madeleine, événement dont nous connaissons, par ailleurs, la date, 19 janvier 1663 (58). Nous resterions en présence d'indications aussi peu claires si Conigan n'avait, heureusement pour les historiens, fourni des versions un peu plus précises aux termes des requêtes qu'il présenta devant le Conseil Privé pour obtenir deux arrêts des 20 et 27 février 1663 (59). D'après ces documents, nantis d'une concession de la Compagnie de la Nouvelle-France lui accordant une partie de l'Acadie, il y fit partir un vaisseau dès le mois de mars 1660, pour l'établissement d'une belle colonie. Placé sous la conduite du sieur de La Girodière, capitaine de Sa Majesté en la marine, le bâtiment considérable emportait un grand nombre d'hommes avec tout ce qui était nécessaire pour assurer leur subsistance. La seconde requête du seigneur de Cangé précise qu'il s'agissait de cent vingt hommes et que la concession s'étendait depuis la rivière Théodore ou de l'île-Verte, à l'est, jusqu'au cap de Canso exclusivement. La traversée fut heureuse et le navire mouilla l'ancre aux îles de Canso, mais Nicolas Denys qui avait, d'après Conigan, usurpé une partie de sa concession, s'opposa à l'établissement en soutenant que les îles de Canso lui appartenaient. La Girodière se renseigna auprès de personnes habitant la région, fort renseignées en la matière dont il apprit que Denys était seulement aux droits de la Compagnie de Miscou dont les prétentions n'avaient jamais porté plus loin que le cap situé au nord du Petit-Passage de Canso et nommé le cap Saint-Louis. Dans ces conditions, c'était sans raison que Denys avait porté son établissement jusqu'aux îles de Canso qui semblaient constituer la partie la plus favorable de la terre de Canso. La Girodière demanda donc la restitution du territoire usurpé et écrivit à Cangé pour l'inciter à obtenir un jugement de la Compagnie de la Nouvelle-France. Denys qui n'avait pas voulu communiquer ses titres, donna son accord sur ce point et envoya dans la métropole pour défendre ses intérêts un de ses neveux. Celui-ci fit la traversée sur le bâtiment qui avait amené La Girodière. La Compagnie de la Nouvelle-France donna raison à Conigan par jugement du 24 janvier 1661, entérinant les informations recueillies par La Girodière, délimitant les deux concessions et spécifiant que Denys étant aux droits de la compagnie de Miscou n'en avait aucun au-delà de l'extrémité nord du petit passage de Canso, par conséquent, du cap Saint-Louis. Cangé renvoya un vaisseau d'abord retardé jusqu'au milieu du mois de mars par des vents contraires, puis par une traversée si difficile et si longue qu'il parvint à destination seulement au milieu du mois d'août. La Girodière qui l'avait cru naufragé, s'était procuré des vivres comme il avait pu, confusion qui fut à l'origine d'un des deux procès devant le Conseil Privé procès qui constitue une source d'indications sur l'organisation économique des séjours en Acadie à l'époque. La Girodière s'était adressé à Guillaume Hurtin, capitaine d'un bâtiment de La Rochelle venu faire la pêche aux îles de Canso et n'avait obtenu la cession de ses marchandises qu'aux prix fixés par Pierre Gaigneur, marchand de La Rochelle: 80 livres pour une barrique de farine, 190 livres pour une d'eau-de-vie, 50 livres pour une de vin, enfin 190 livres pour un quintal de poudre. Toujours d'après Cangé, les autres marchandises avaient été estimées d'une façon analogue, au double des prix de La Rochelle, d'après la rumeur publique et les fourrures proposées en échange n'ayant été acceptées que pour la moitié de leur valeur, La Girodière avait signé pour 3 500 livres de billets. Le marquis s'était adressé au Conseil privé parce qu'il craignait que Gaigneur n'eût intenté une action en justice. Il prétendait ne devoir que la valeur de La Rochelle augmentée de 50 pour les marchandises sèches et de 75 pour les liquides, mais, comme il offrit d'accepter l'estimation d'un rapporteur, il est probable qu'aucune décision ne fut rendue. L'incident nous a, en tout cas, révélé l'intervention en Acadie de personnages surtout connus jusqu'à présent par leur activité dans la vallée du Saint-Laurent particulièrement importante en ce qui concerne la famille des Gaigneur ou Le Gaigneur. Marchand natif de La Rochelle, Pierre Gaigneur que nous rencontrons ici, bien identifié grâce à son contrat de mariage, était le fils d'honorable homme Louis Gaigneur, marchand de La Rochelle et de Marguerite Baudin, le neveu de Françoise Gaigneur, épouse de Guillaume Feniou, le frère d'un Jean Gaigneur, beau-frère de Jean Le Roy, alias Roy, le cousin germain de Louis Gasse et de maître Jacques Tuffet, sieur de la Nitière, juge au présidial, cousin issu de germains de Georges Le Gaigneur, garde des sceaux au présidial de La Rochelle. Pierre Gaigneur était catholique lorsqu'il pénétra dans un milieu intéressé aux affaires du Canada en épousant suivant contrat du 14 février 1654, passé devant Moreau, notaire à La Rochelle (60), Jeanne Grignon, native de cette ville, fille du sieur Antoine Grignoh, marchand de La Rochelle et de Suzanne Supplet, sœur de Suzanne Grignon, épouse d'Arnaud Péré (61)et de Jean Grignon, dont la fille Louise épousa, suivant contrat du 24 août 1689, Louis Leber, sieur de Saint-Paul, né à Villemarie, du mariage de Jacques Leber et de Jeanne Lemoine (62).Le capitaine rochelais Guillaume Hurtin pouvait être originaire de La Tremblade, car un Jacques Hurtin, marinier de ce lieu, était déjà maître d'une barque nommée La Marie, de vingt-cinq tonneaux frétée par Emmanuel Leborgne et Geoffroy Dusault, le quatre janvier 1634(63).Guillaume Hurtin avait passé, le 12 mars 1661 avec Pierre Gaigneur, marchand avitailleur du navire La Marie, de trois cents tonneaux, une charte-partie (64)pour conduire ce bâtiment à la côte de l'Acadie avec l'aide de Jacques Hurtin, pilote et du contremaître François Nicot, de La Tremblade. Pour en revenir au conflit le plus important avec Nicolas Denys, La Girodière, lorsqu'il fut en possession de la décision du 24 janvier 1661, passa à l'exécution. Denys déclara faire appel, revint en France et obtint de la Compagnie une nouvelle décision du 17 avril 1662 statuant en sens contraire et situant le cap de Canseau aux îles de ce nom. Quoi qu'il en soit, Denys n'était pas rentré en possession le 27 février 1663, lorsque Cangé s'adressa de nouveau au Conseil privé en faisant remarquer que les îles de Canso ne devaient pas être confondues avec un cap. La persistance apportée par Nicolas Denys dans ses doléances donnerait à penser que Conigan obtint satisfaction. Son établissement en Acadie persista, en tout cas, pendant quelque temps. Pierre Gaigneur, réconcilié avec un de ses lieutenants, engagea, le 28 avril 1664, un chirurgien nommé Jean Cadet, natif de Parthenay en Poitou, pour passer à Canso, sur l'Ange-Blanc, de Flessingue, en Zélande, commandé par André Chaviteau. Jean Cadet devait servir pendant un an le commandant de l'habitation de Canso, un sieur de Boispeaud (65), appartenant fort probablement à une famille de Saint-Père-en-Retz où on trouve, le 23 novembre 1635, un François de Boispeau, écuyer, sieur de ce lieu (66)et, le 10 mai 1682, Charles du Boispeau, avec sa femme, Renée Chenay, seigneur et dame de La Rouandière (67). D'après un mémoire attribué à l'intendant de Meules, l'établissement de Cangé, commandé par Huret, aurait été enlevé par les Anglais vers 1666 (68). Ses droits semblent avoir été réservés par la concession faite à Emmanuel Leborgne, le 17 décembre 1667, par la Compagnie des Indes occidentales, des terres allant depuis l'île Verte, jusqu'à la rivière des Mines (69). La sienne fut, en tout cas, renouvelée, comme nous avons vu, le 8 mai 1668. La date de l'attaque anglaise, située par Nicolas Denys en 1669, paraît fort peu vraisemblable, comme postérieure au traité de Bréda, du 31 juillet 1667. La ruine de Charles de Conigan Le seigneur de Cangé demeurait encore à La Clartière, le 27 août 1663, lorsqu'il acheta, pour cent vingt et un mille livres, à dame Renée d'Avaugour, marquise douairière de Vieillevigne, la terre et seigneurie de La Cruaudaie qu'il lui avait d'abord échangée contre les fiefs de Pau, Chateaubriand et Sion (70). Cependant, nous avons vu apparaître des difficultés financières dès le début de 1662 à l'occasion d'un billet de Pierre Gaigneur dont il tenta de retarder tout au moins le payement lorsqu'Antoine François, sieur de la Bréaudière, demeurant à La Fosse de Nantes vint le lui présenter alors qu'il se trouvait chez un sieur Duplessis-Barbier, demeurant à Nantes près du couvent des Pères carmes. Conigan opposa que le billet était payable seulement sur seconde présentation puis, lorsque le porteur revint, Duplessis-Barbier lui répondit que le débiteur était parti avec son épouse (71). Des créanciers plus importants passèrent à l'offensive avant une requête de Cangé devant le Conseil privé qui aboutit à un arrêt du 11 septembre 1665. Celui-ci ordonna l'assignation des créanciers en leur défendant d'exercer aucune contrainte si les intérêts étaient réglés (72). Demandant six ans pour rembourser, Conigan expliquait sa situation par l'obligation où il s'était trouvé de régler des dettes importantes provenant de la succession de ses parents, les frais de procès tendant à défendre les droits de sa femme et par les grandes dépenses engagées dans l'établissement entrepris en Amérique septentrionale. Nous n'avons pas trouvé d'indication assez précise pour établir que cette dernière cause de passif ait entraîné la compétence du Conseil privé. L'arrêt du 11 septembre 1665 fut exécuté par les créanciers, sauf par maître Pierre Ménard, sieur du Ternay, qui se fit subroger sur une saisie du bail de la terre de Cangé. Le débiteur revint devant le Conseil privé qui ordonna, par arrêt, du 21 février 1669, l'audition des parties et le payement de la ferme de Cangé entre les mains des époux Conigan avec défense de passer aucun bail judiciaire de leurs biens (73). Le seigneur de Cangé ne désespérait pas, alors, de l'avenir de son patrimoine et des lettres patentes du mois de juillet 1669 lui accordèrent le droit de créer un marché libre hebdomadaire et quatre foires en plus de celle qui avait lieu le 4 septembre dans sa seigneurie de Frossay, située au village du même nom et comprenant le château de la Rousselière, dans le canton actuel de Saint-Père-en-Retz, arrondissement de Paimboeuf. Il s'agissait d'une des plus importantes seigneuries de Bretagne, comprenant plusieurs beaux fiefs et relevant du roi à cause de son comté de Nantes, s'étendant sur toute la paroisse de Frossay, et sur deux paroisses voisines (74). Les époux Conigan acceptèrent une convention par laquelle ils abandonnaient à leurs créanciers les revenus des terres de La Clartière, de Cangé, de La Rousselière, de La Cruaudais et dix mille livres sur les revenus de leurs autres biens, soit vingt-trois-mille livres de rente. Le mari signa un état de ses dettes, le 10 avril 1671, cependant, un arrêt du Conseil privé, du 21 juillet suivant ordonna l'exécution des arrêts des 11 septembre 1665, 21 février et 12 octobre 1669, en cassant des procédures faites au présidial de Nantes en vertu desquelles le fermage de la terre de La Rousselière avait été payé à un créancier. Le Conseil ordonna que les fermages de Cangé, La Clartière, La Rousselière et Cruaudais seraient versés à un Nantais nommé Nicolas Paulus commis par le roi pour les recevoir. Comme les intérêts des dettes s'élevaient à 20520 livres et le montant des fermages à 21100, Conigan obtint, pour vendre ses terres à l'amiable, un délai de cinq ans expirant en 1675 (75). Le Conseil avait continué d'interdire non seulement au magistrat tenant le présidial de Nantes, mais à tous autres juges de prendre connaissance des prétentions des créanciers. Cela n'empêcha pas Dreux de Bellefontaine de continuer devant le présidial de Tours des poursuites ayant abouti à placer la terre de Cangé sous bail judiciaire, mais, par un nouvel arrêt, du 12 janvier 1672, le Conseil privé ordonna l'assignation de ce créancier avec nouvelle interdiction de poursuivre partout ailleurs que devant lui (76). Sans que les raisons de son intervention soient actuellement connues, le Conseil d'État renvoya l'affaire devant le Parlement de Paris qui rendit un premier arrêt, le 12 septembre 1673. Les époux Conigan passèrent, le lendemain, 13 septembre, devant le notaire parisien Symonnet (77) un contrat d'union et de direction que le parlement de Paris homologua, le 12 décembre suivant (78) et deux autres décisions des créanciers, des dernier septembre 1674 et 11 février 1675, furent homologuées, le 1er mars 1675. Conigan mourut avant le 15 février 1676, date à laquelle le parlement de Paris décida à l'encontre d'Alexandre Le Grand, conseiller au parlement, des autres créanciers et de leurs directeurs que messire François de Rochechouart, chevalier, comte de Rochechouart et de Monpipaut, héritier sous bénéfice d'inventaire demeurerait en possession et propriété de la succession de Charles de Conigan y compris les titres et les papiers, avec défense à tous de l'y troubler (79).François de Rochechouart avait recueilli cette succession avec celle de messire Charles-Stanislas de Rochechouart de Monpipaut qui était le véritable héritier sous bénéfice d'inventaire de Charles de Conigan (80). La terre et seigneurie de La Villorion Qui avait été achetée aux époux Conigan par François de Fresche, père de Jacques de Fresche fut renvoyée aux directeurs des créanciers par arrêts du parlement de Paris des 28 août 1677 et 1er septembre 1698. Elle était alors occupée par un certain René Rado, père de Jean-Baptiste et François Rado (81). La châtellenie, fief et seigneurie de Cangé, près de Tours, fut vendue pour 50000 livres, le 8 avril 1679, par Alexandre Le Grand, messire Guillaume Deharouys et Guillaume Dreux, sieur de Bellefontaine, directeurs des créanciers, à Nicolas Delalondc, écuyer, ingénieur ordinaire du roi, directeur des fortifications des Flandres du côté de la mer, demeurant ordinairement à Tours où il avait passé une procuration, le 20 février précédent devant Champeau et Boulet, notaires en cette ville (82).Claude Gazet était morte avant le 12 juin 1683, date à laquelle Renaud d'Espinoze, son héritier sous bénéfice d'inventaire, dénombra pour les terres de La Cruaudaie et de La Rousselière. Cette dernière maison comprenait corps de logis, pavillon avec chapelle, cour, avant-cour, basse-cour et jardin, le 10 juin 1741, d'après l'aveu de messire Charles-Paul-Augustin d'Espinoze, seigneur de Frossay où il demeurait, comme héritier de son père, messire Jean-Baptiste d'Espinoze, conseiller, décédé le 20 avril 1741 (83). La maison noble de La Cruaudais, pourvue de terres, d'un petit étang et de droits seigneuriaux avait été vendue par les créanciers, pour 150 000 livres à messire Jacques Amproux, seigneur de Lorme, à qui Renaud d'Espinoze et sa femme, Michelle Beneau, l'avaient rachetée. La liquidation du patrimoine de Claude Gazet durait depuis longtemps, car Michel d'Espinoze, mari de N. Renouart et leur fille, Bonne-Elisabeth, épouse de Gabriel-Sebastien de Rosmadec, marquis de Goulaine avaient continué d'agir comme ses héritiers. La situation des terres de La Mazur et de La Villorion, près de Redon, vendues le 21 juillet 1746, ne fut réglée que par un arrêt du parlement de Paris, du 11 août 1747, avec celle des métairies de La Ville buhan et de la Porte-de-l'Étang, cette dernière étant adjugée à Joseph Butant, comte de Maisan, conseiller au Parlement de Bretagne(84). Un autre arrêt intervint encore, le 8 juillet 1749, au nom de Louisde Durfort, comte de Lorge et lieutenant général. Références (1) Cf. Description de l'Amérique septentrionale, Toronto, Champlain Society, 1908, p. 467 .Bibl. nat. 8° Pa 78 (2) (2). Cf. notre article «Les études des historiques sur l'Acadie, dans Revue d'histoire des colonies, 1948. P. 84 et suiv. (3) et (4) CL Lhermitte-Souliers, Histoire généalogique de la noblesse de Touraine, Paris, 1665. (5)Bibl. nat. Dossiers bleus 208, et Cabinetd'Hozier102, art. Conigan. (6)Carré de Busserolle, Dictionnaire géographique, historique et biographique de l'Indre -et-Loire, Tours, 1878.6 volumes-. (7) Cf. Dossiers bleus et Cabinet d Hozier, déjà cités. (8)Cf. Mémoire pour messire Olympe-Philippe de Conigan, Paris, 1766. Bibl. nat. 4° F 7670. (9)Arch. nat. Minutes de Bergeon, acte du 3 août 1650, LI, 306, (1o) Inventaire des biens de Louise Le Boudet, Mottelet, XC, 208, d'après LI, 67, acte signé Boudet. (11)Lhermitte-Souliers, op. Cit. (12)Arch. dép. Loire-Atlantique, E 509. (13)Bibl. nat. Pièces originales838, art. (14) Conigan. Arch. nat. V6612, pièce52. tl5) Frédéric Saulnier. Le Parlement de Bretagne, Rennes. 1909. I. D.420. (16)Arch. dép. Loire-Atlantique, Procuration du 20 août 1663 au profit de noble homme Jean Figureau, Minutes de Belon, 1663, liasse 184. (17)Saulnier, op. Cit. (18)Arch. dép. Loire-Atlantique, E 353. 19 Ibid... E610. 20) Ibid. Minutes de Belon, 1653, liasse168. (21)Arch. nat. Arrêt du Conseil Drivé du 30 mars 1672.V6592.Dièce48. (22)Arch. dép. Loire-Atlantique, Actes des 19 et 22 novembre 1653, Belon, liasse169, déjà cités. (23)Bibl. nat. Pièces originales 1347, Dossiers bleus 318, Cabinet d'Hozier-165. Art. Goesbriant. (24)Arch. dép. Loire-Atlantique, E 505. (25)Ibid., Liasse169des minutes de ce notaire. (26)Ibid. Minutes de ce notaire, à la date (27)Arch. nat. Minutes de Saint-Waast, LXXIII, n° 432. (28)Bibl. nat. N.A.F.21510, fo202, Renouvellement de la concession du 8mai1668-signalé par le R.P. Baudry, «Quelques nouveaux documents sur Nicolas Denys», dans Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 9, n° 1, juin 1955. (29)Arch. dép. Ille-et-Vilaine, 2 E, suppl. 248. (30)Arch. dép. Loire-Atlantique, Minutes de Verger, 1662, liasse1932. (31)Ibid., E 3994 et suivants. (32)Ibid. E705. (33)Ibid., Minutes de Le Breton, liasse1197. (34)Ibid. E506. (35)Ibid. E 2872. (36)Ibid. E509. (37)Cf. notre article: «Une tentative d'hégémonie française en Amérique du Nord», dans Revue d'Histoire des Colonies, XXIV, 1947, p. 22 et suivi (38)Bibi. Nat. Fonds français8319, f° 228, art. (39) Ripault. Ibid., 32540, Fo 1296. (40) Bibl. nat. Pièces originales2490, art. Ripault. (41)Ibid., Nouveaud'Hozier169, art. Guichard d'Orfeuille. (42)Dans le canton de Saint-Père-en-Retz. (43)Bibl. nat. Piècesoriginales2490 déjà cité. (44)Ibid., Nouveaud'Hozier169, art. Guichard d'Orfeuille. (45)Arch. Dép. Loire-Atlantic me. E 3854. (48)Bibl. nat. Fonds français8317, Fo 27. (47) (48) Supra. Arch. nat. arrêt du Conseil privé du 20 février1663, V6454, p. 38. (49)Arch. dép. Ille-et-Vilaine, Lettre du 8 août 1664,2 E sup. 248. (5°)Arch. dép. Loire-Atlantique, E 3873. (51)Ibid. (52)Ibid., Minutes de Verger, liasse1919. (53)Ibid., liasse 1921. (54)Ibid., minutes de Verger, à la date. (55)Ibid., liasse1935. (56)Ibid., Addition en marge de 1acte du 15 octobre166d. (57)Supra (58)Cf. Bréard, Journal du corsaire Jean Doublet de Honfleur. Paris, 1883, p. 281. (59)Arch. nat. V6454, pièce 38, et V6455, pièce145. (60)Bibl. Mun. La Rochelle, ms. 1843, f° 46. (61)Cf. notre article, «Le livre de raison de François Tapie de Monteil dans Revue d'histoire de l'Amérique française, mars 1960, XIII, 4, p. 571. (62)Arch. dép. Charente-Maritime Minutes de Rivière, 1689, fo37. (63)Ibid. Minutes de Teuleron. Registre de 1634. (64)Bibl. Mun. La Rochelle, ms. 1850, f° 65. (65)Cf. Delafosse, dans Revue d'histoire de l'Amérique française, mars 1951, p. 481. (66) Arch. Dép. Loire-Atlantique. E 3849. (67)Ibid., E3875. (68)Cf. Mémoire sur l'Acadie de 1686, Arch. nat. Colonies IID 2, et Extraits, Bibl. nat. N.A.F. 9283, Fo 18. (69)Cf. Couillard-Després, Charles de Saint-Étienne.Arthabaska.1930.P. 446. (70)Arch. dép. Loire-Atlantique, Minutes de Belon, 1663, liasse184. (71)Acte du 5 ianvier1662, déjà cité. (72)Arch. nat. Arrêt du 21 juillet 1671, V6582. (73)Ibid., V6549, pièce42, à la date. (74)Ibid., Arrêt du Conseil privé du 25 février1670, V6562, pièce52. 75) Arch. nat., V6582. (76)Ibid. V6 590, pièce 69. (77)Ibid., LI, 398. (78)Ibid., Acte de vente de la terre de Cangé du 8 avril1679, LI 421. ((8701)1)Ibid., XIA6137, Fo 2. Bibl. nat, Piècesoriginales1304, article Gazet. (81)Ibid., Factum pour Jean-Raoul de Rions et Louis Drouin d'Aubigny, directeurs des créanciers des époux Conigan, Fol. Fm 11369. <82) Acte de vente déjà cité. (83)Arch. dép. Loire-Atlantique, B 1837. (84)Cf. Saulnier, op. cit., I, p. 323. Livre=Actes du 91e congrès national des Sociétés savantes, Rennes, 1966. Section d'histoire moderne et contemporaine LES OFFICIERS BRETONS DU « MARQUIS DE CANGÉ » AU SUD DU SAINT-LAURENT (1658-1666) -Par Robert LE BLANT